J’ai grandi à la campagne, puis j’ai déménagé en région parisienne et étudié sur Paris. J’ai eu un parcours similaire au tiens : magasins, restaurants, courses, marques citées etc … tout me parle ! Je suis en école de commerce post-prépa donc avec des camarades de classes CSP++, qui font des rallyes, sont membres de clubs privés et élitistes, ont des parents PDG ou DG … Avant tout, sache que je suis un cas « extrême » mais je ne pense pas être la seule à avoir vécu cette expérience… Je me suis totalement perdue dans cet entre-deux avec d’un côté ma famille issue de la classe moyenne-basse (qui s’est sacrifié pour m’offrir ce train de vie) et de l’autre mes camardes de classes que je fréquente au quotidien. Vivre dans cet entre-deux a généré différents sentiments chez moi : sentiment de ne pas être à sa place, honte de l’endroit où je vis/de ma famille, complexe d’infériorité, sensation d’injustice et d’envie vis à vis de mes camarades de classe/amis … Je me suis fait happée par ce train de vie, j’ai dépensé toutes mes économies en vivant au dessus de mes moyens pour atteindre le train de vie que mes amis et je me suis retrouvée dans une situation financière très délicate (en y emportant mes parents qui voulaient juste mon bonheur). J’avais le sentiment de devoir mentir aux autres et de devoir jouer un rôle pour être accepté alors je me suis inconsciemment renfermée sur moi-même et éloignée de mes camarades. Tout cela a engendré beaucoup de frustration, de honte et a eu un impact désastreux dans ma vie. Aujourd’hui j’essaie d’accepter, de me pardonner mes erreurs et de travailler sur moi-même afin de trouver un équilibre. J’aurais aimé garder les pieds sur terre comme toi haha !
Il est important de mentionner le conditionnement social dans le concept de transfuge de classe. Certains pensent, à tort, être des transfuges de classes, or ils disposent de capitaux culturel, économique, social important permettant l'ascension de classe. Par exemple, un enfant de prof ne peut pas parler de transfuge de classe car il dispose de capitaux culturels depuis tout petit lui permettant un accès facilité aux études et à l'ascension sociale. On parle surtout de transfuge de classe pour des personnes issues des classes populaires, paysans, ouvriers, personnes n'ayant pas fait d'études comme tu l'as mentionné. De plus, grandir en banlieue peut accentuer l'effet des conditions sociologiques empêchant un transfuge de classe, idem pour les paysans en campagne, même si je l'accorde, la géographie à un conditionnement économique.
Coucou Eva, je ne sais pas si tu me reconnais mais on a déjà discuté ensemble sur insta et je trouve ta vidéo extrêmement pertinente ! J’ai le même profil que toi, j’ai fait toute ma vie y compris ma prépa en « province » et je suis arrivée en école de commerce, j’ai eu l’impression de découvrir un autre monde. Chez moi on « mange », en école de commerce on « dej » ou on « dîne ». Ce n’est qu’un petit exemple mais j’ai l’impression de me reconnaître vraiment dans ce que tu dis! J’aimerais ajouter un élément/une critique constructive qui est la dévalorisation du diplôme. Aujourd’hui beaucoup de gens pensent être transfuge de classe (par exemple l’influenceuse Soneeeel) car ils ont un master et pas leurs parents. Pour moi ils se trompent. Avoir un master en 2023 équivaut à avoir le bac voire bac +2 il y a 30 ans. On assiste à un phénomène de nivellement par le bas que tu as étudié également en prépa je pense ce qui fait qu’avoir un diplôme supérieur à ses parents ne fait pas de nous des transfuges de classe mais bien une normalité. Enfin bref on peut débattre dessus encore une fois mais pour moi il faut absolument prendre en compte la dévalorisation du diplôme 😊
Coucou Eloïseee ! Contente de voir ton commentaire :) Tout a fait d’accord, j’ai repris la notion de transfuge de classe car c’est un sentiment disons mais en effet en terme purement sociologique et dans le contexte actuel, je ne pense pas que cela soit exactement approprié. Merci pour l’explication !
Vidéo super intéressante ! Comme toi, j'ai grandi une petite ville de "province" (dans l'Oise). Bien qu'assez proche de Paris (30 min en TER), c'est une ville assez rurale de 9000 habitants où tout se fait en voiture. Il n'y a qu'un supermarché, 3 pharmacies, 2 boulangeries et 5-6 restaurants corrects. Je suis contente d'avoir connue cette réalité : le plaisir de vivre dans une maison, d'aller faire son jogging dans la nature, de respirer l'odeur de la nature, de se faire réveiller par le chant des oiseaux, de prendre des bains de soleil dans le jardin l'été... Je n'allais à Paris que rarement pour faire les magasins ou pour certains soins dentaires. J'idéalisais beaucoup le côté facile et rapide de Paris. Et depuis que je suis entrée dans la vie active et que j"y vis pour mon travail (mars 2022), j'ai compris que je n'étais pas faite pour cette vie sur le long terme. Quand on est jeune (j'ai 24 ans), c'est super pour sortir, pour faire plein d'activités et ça donne une ouverture d'esprit incroyable de vivre à Paris. Mais à terme, je ne me vois pas vivre en couple ou élever mais enfants dans cette ville. D'ailleurs, ce serait intéressant de savoir comment tu vis Paris en tant qu'hypersensible ? (étant hypersensible aussi, il y a certains moments où je supporte très mal les bruits, le monde, le métro etc. je trouve ça épuisant !) Hâte de la prochaine vidéo, bisous Eva 😘
Merci pour ton message et je comprends totalement :) Perso j’ai quand même toujours souhaité vivre à Paris et pour le moment je ne m’en lasse pas ! Au contraire ! Merci pour l’idée de vidéo je la note
Je suis mal à l'aise avec le concept de transfuge de classe ; beaucoup de personnes se qualifient ainsi mais ne le sont pas - j'avais d'ailleurs vu la vidéo d'une youtubeuse assez connue se qualifier ainsi alors qu'elle ne l'est pas du tout (apparemment, grandir à la campagne, ne pas connaître sciences po et déménager en ville pour faire des études = transfuge de classe. Dans ces cas là, quasiment tout le monde est transfuge de classe...) Il est normal de se sentir mal et différent quand on intègre un nouveau milieu mais ça n'a rien à voir avec le fait d'être transfuge. D'ailleurs, comme tu l'as mentionné au début de la vidéo, pour être transfuge, il faut venir des classes populaires (famille qui ne connait même pas le concept de faire des études) et faire une ascension assez spectaculaire (genre CSP++++++++++...) Ajd, j'ai l'impression que les gens pensent qu'il suffit d'avoir grandi à la campagne et d'aller étudier en ville pour se qualifier de transfuge et ça m'irrite. Je suis issu des classes populaires (père au chômage, handicapé, mère qui bosse à l'usine, CAF qui sponsorise l'IPHONE 14 de ma soeur, etc.) Dans ma famille, personne n'a fait d'études ; à 16 ans, tu pars bosser et c'est tout. Les études pour eux, ça ne sert à rien (et comment est-ce que ça pourrait être utile dans un milieu où tu dois avant tout penser à ta survie ? Les études ne rapportent pas d'argent immédiatement alors qu'un travail, si. Comment pourraient-ils valider cela alors qu'ils ont eux-mêmes été évincés du système scolaire dès le collège ? La sélection s'opère très tôt, d'ailleurs. Si t'es enfant d'ouvrier, on va te proposer dès la cinquième de partir en apprentissage. Cela m'est arrivé alors que je n'étais pas forcément mauvais élève - j'étais moyen, 13 de moyenne. A côté, des camarades de classe des classes moyennes ou ++ qui avaient les mêmes notes que moi n'ont jamais reçu de telles propositions. Les profs savent très bien que les parents de ces classes sociales n'accepteraient pas. Pas les mêmes chances, nous sommes triés dès le départ sans le savoir.) J'ai eu la chance de pouvoir continuer mes études malgré tout car pas intéressé par ce qu'on m'avait proposé, même si mes parents me demandaient toujours à quoi ça allait servir, quand est-ce que j'allais gagner de l'argent, etc. Toutes les classes moyennes (notamment basses) valorisent les études car elles voient ça comme un moyen pour leurs enfants d'obtenir ce qu'elles n'ont pas eu et de s'émanciper. Quand tu viens des classes populaires, tu peux laisser tomber. Je constate que les gens ont du mal à se ranger correctement dans des classes sociales ; ils voient avant tout l'argent et pas tout le reste (le capital culturel est en fait le plus important. Les profs ne sont pas les plus riches mais connaissent tous les rouages du système, ont un capital culturel valorisé et transmettent ça à leurs enfants.) Si tes parents te poussent depuis petit à faire des études, qu'ils t'aident dans tes devoirs, qu'ils t'achètent des livres, etc., tu es déjà extrêmement privilégié et il est fort probable que tu ailles au moins jusqu'au master. Je comprends que les personnes qui grandissent à la campagne et viennent étudier à paris ressentent un décalage (j'ai fait une prépa BCPST à Paris et je viens d'un petit village dans la diagonale du vide, ahah.) Mais ce qu'ils ressentent n'a rien à voir avec ce qu'on ressent quand on est transfuge de classe. Je suis actuellement interne en médecine et chaque jour, je constate le fossé qui existe entre moi et le reste du monde. Quand tu viens d'un milieu populaire, tu ne peux pas l'effacer : c'est une façon de parler, d'écrire, des connaissances, une culture, la musique que t'écoutes, ce que tu lis (ou plutôt, ce que tu ne lis pas), ta façon de dépenser ton argent, de manger, etc. Aujourd'hui, beaucoup de personnes peuvent faire des prépas, tout est beaucoup plus accessible. Encore plus l'université, avoir un master c'est un peu la norme. Je trouve ça dommage que ces personnes se qualifient ainsi, parce que la souffrance des personnes concernées est encore une fois invisibilisée. Les personnes des classes pop n'ont pas la parole dans l'espace public et voir des personnes qui ne viennent pas de classes pop se qualifier ainsi et s'approprier nos vécus, j'avoue trouver ça insupportable. Personne ne s'y retrouve et personne n'ose rien dire, parce que c'est tjrs aux mêmes de se taire. Ce que ces personnes ressentent existe et est légitime, bien sûr, mais ça n'a rien à voir avec le fait d'être transfuge. Pdt longtemps, j'ai culpabilisé car je me disais que whaou, tous ces transfuges de classe quand même, qui adoptent si vite les codes de leur nouveau milieu, qui ont une expression orale incroyable, des parents qui les soutiennent, une culture que je peine à acquérir, alors que moi j'ai tant de mal à intégrer tous les codes, que j'écoute du rap, que Jul est ma référence, que je m'habille en jogging et que je mets encore des sacoches nike en pensant que c'est vraiment stylé. Bref, à mon sens, normal de se sentir dépaysé quand on va à paris de toute façon (surtout dans certains coins), c'est un autre univers pour n'importe quel français. Un pote à l'ENS que j'ai rencontré en prépa et qui vient de "province" comme moi (mais fils d'un médecin généraliste et d'une infirmière) ressent aussi un décalage et je ne pense pas que ça fasse de lui un transfuge de classe. vidéo très intéressante sur le sujet qui m'a ouvert les yeux, je recommande : ua-cam.com/video/mVS7kAAhB1I/v-deo.html
Merci pour ce commentaire ! Je suis actuellement en Terminale et je ressens tout ce que vous racontez. Le pire c'est que plus on avance dans le système et moins on voit de gens issus des milieux populaires.... Ils sont tous envoyés en pro/technologique. Heureusement j'ai eu la chance d'avoir des professeurs qui m'ont poussé à aller en générale en me disant que je ferais une erreur si j'allais en pro alors que j'avais 17 de moyenne générale. Aujourd'hui je m'oriente vers une classe préparatoire mais je sens que la claque va me faire très mal. Outre l'environnement, avoir des parents qui ne comprennent pas le système scolaire et les enjeux ça complique les choses. Votre commentaire m'a, pour une raison que j'ignore, inspiré.
Je pense que ce décalage peut aussi s'observer, bien que dans un autre style, chez les personnes avantagées socialement. Par exemple là je vais rentrer en DFGSM3/D1 sauf que mes deux parents sont professeurs agrégés de mathématiques. Du coup, j'ai vraiment du mal a me dire que ma réussite scolaire n'a ne serait-ce qu'un soupçon de mérite et c'est dommage parce que ça donne l'impression de ne pas vraiment avoir pu "prouver" à ses parents de quoi on était capable. Ils félicitent beaucoup moins par exemple. Après je pense que ce "sentiment" est assez risible lorsqu'on le compare à la violence symbolique que l'on peut ressentir lorsque l'on est transfuge de classe...
Moi aussi, je suis une transclasse sauf que j'ai vécu en région île de France. Je me reconnais dans les situations que tu cites darah (sur youtube) en parle aussi. Sa vision pourrait t'intresser
Coucou, ta vidéo est super intéressante mais dans ce que tu dis, on dirait qu'à Paris, tout le monde vit dans un milieu social élevé et je pense tu as côtoyé seulement ce milieu à Paris. Bien sûr que les gens gagnent plus que dans d'autres villes de France (et encore, cela dépend des professions) mais la vie y est plus chère. Il y a aussi beaucoup de précarité à Paris, tous les gens qui viennent y travailler et qui habitent dans des banlieues précaires, mais aussi certaines personnes vivant dans Paris intra muros. Pour ma part, j'ai grandi en banlieue parisienne avec des gens de milieux sociaux très précaires et d'autres bourgeois. J'ai des amis qui devaient dormir dans la même chambre que leurs parents parce qu'ils vivaient dans des appartements trop petits, je connais des mères de famille seules qui travaillent en tant qu'agent de nettoyage et qui doivent nourrir tous leurs enfants. J'ai déménagé à Strasbourg (qui reste aussi une grande ville) et j'ai d'ailleurs eu cette impression qu'il y a moins de précarité qu'en région parisienne. Dans le RER, on ne voit certainement pas que des bourgeois. Je pense que c'est important de préciser qu'à Paris, c'est un endroit avec des inégalités extrêmement importantes, on peut y retrouver des bourgeois qui ont des maisons secondaires partout en France et d'autres qui vivent avec le RSA et qui doivent nourrir leur famille.
Je te suis depuis ta vidéo de comparaison avec la Suède. Mais que dire, habitant dans un petit village du nord de la France et ayant fais des études en région parisienne et aux US. Je partage ton point de vue, quand je suis revenu j’ai vu la vrai France. Mais expliquer mon point de vue à mes proches est compliqué Ça ce vois que tu es très intelligente, bonne continuation. Je vois que tu as arrêté la chaine, tout à une fin….
J’ai grandi à la campagne, puis j’ai déménagé en région parisienne et étudié sur Paris. J’ai eu un parcours similaire au tiens : magasins, restaurants, courses, marques citées etc … tout me parle !
Je suis en école de commerce post-prépa donc avec des camarades de classes CSP++, qui font des rallyes, sont membres de clubs privés et élitistes, ont des parents PDG ou DG …
Avant tout, sache que je suis un cas « extrême » mais je ne pense pas être la seule à avoir vécu cette expérience…
Je me suis totalement perdue dans cet entre-deux avec d’un côté ma famille issue de la classe moyenne-basse (qui s’est sacrifié pour m’offrir ce train de vie) et de l’autre mes camardes de classes que je fréquente au quotidien.
Vivre dans cet entre-deux a généré différents sentiments chez moi : sentiment de ne pas être à sa place, honte de l’endroit où je vis/de ma famille, complexe d’infériorité, sensation d’injustice et d’envie vis à vis de mes camarades de classe/amis …
Je me suis fait happée par ce train de vie, j’ai dépensé toutes mes économies en vivant au dessus de mes moyens pour atteindre le train de vie que mes amis et je me suis retrouvée dans une situation financière très délicate (en y emportant mes parents qui voulaient juste mon bonheur).
J’avais le sentiment de devoir mentir aux autres et de devoir jouer un rôle pour être accepté alors je me suis inconsciemment renfermée sur moi-même et éloignée de mes camarades.
Tout cela a engendré beaucoup de frustration, de honte et a eu un impact désastreux dans ma vie.
Aujourd’hui j’essaie d’accepter, de me pardonner mes erreurs et de travailler sur moi-même afin de trouver un équilibre. J’aurais aimé garder les pieds sur terre comme toi haha !
Il est important de mentionner le conditionnement social dans le concept de transfuge de classe.
Certains pensent, à tort, être des transfuges de classes, or ils disposent de capitaux culturel, économique, social important permettant l'ascension de classe.
Par exemple, un enfant de prof ne peut pas parler de transfuge de classe car il dispose de capitaux culturels depuis tout petit lui permettant un accès facilité aux études et à l'ascension sociale.
On parle surtout de transfuge de classe pour des personnes issues des classes populaires, paysans, ouvriers, personnes n'ayant pas fait d'études comme tu l'as mentionné.
De plus, grandir en banlieue peut accentuer l'effet des conditions sociologiques empêchant un transfuge de classe, idem pour les paysans en campagne, même si je l'accorde, la géographie à un conditionnement économique.
Si tes parents t on payé tes études et que tu es simple salarié tu n en es pas une.
Coucou Eva, je ne sais pas si tu me reconnais mais on a déjà discuté ensemble sur insta et je trouve ta vidéo extrêmement pertinente ! J’ai le même profil que toi, j’ai fait toute ma vie y compris ma prépa en « province » et je suis arrivée en école de commerce, j’ai eu l’impression de découvrir un autre monde. Chez moi on « mange », en école de commerce on « dej » ou on « dîne ». Ce n’est qu’un petit exemple mais j’ai l’impression de me reconnaître vraiment dans ce que tu dis!
J’aimerais ajouter un élément/une critique constructive qui est la dévalorisation du diplôme. Aujourd’hui beaucoup de gens pensent être transfuge de classe (par exemple l’influenceuse Soneeeel) car ils ont un master et pas leurs parents. Pour moi ils se trompent. Avoir un master en 2023 équivaut à avoir le bac voire bac +2 il y a 30 ans. On assiste à un phénomène de nivellement par le bas que tu as étudié également en prépa je pense ce qui fait qu’avoir un diplôme supérieur à ses parents ne fait pas de nous des transfuges de classe mais bien une normalité. Enfin bref on peut débattre dessus encore une fois mais pour moi il faut absolument prendre en compte la dévalorisation du diplôme 😊
Coucou Eloïseee ! Contente de voir ton commentaire :) Tout a fait d’accord, j’ai repris la notion de transfuge de classe car c’est un sentiment disons mais en effet en terme purement sociologique et dans le contexte actuel, je ne pense pas que cela soit exactement approprié. Merci pour l’explication !
Vidéo super intéressante ! Comme toi, j'ai grandi une petite ville de "province" (dans l'Oise). Bien qu'assez proche de Paris (30 min en TER), c'est une ville assez rurale de 9000 habitants où tout se fait en voiture. Il n'y a qu'un supermarché, 3 pharmacies, 2 boulangeries et 5-6 restaurants corrects. Je suis contente d'avoir connue cette réalité : le plaisir de vivre dans une maison, d'aller faire son jogging dans la nature, de respirer l'odeur de la nature, de se faire réveiller par le chant des oiseaux, de prendre des bains de soleil dans le jardin l'été... Je n'allais à Paris que rarement pour faire les magasins ou pour certains soins dentaires. J'idéalisais beaucoup le côté facile et rapide de Paris. Et depuis que je suis entrée dans la vie active et que j"y vis pour mon travail (mars 2022), j'ai compris que je n'étais pas faite pour cette vie sur le long terme. Quand on est jeune (j'ai 24 ans), c'est super pour sortir, pour faire plein d'activités et ça donne une ouverture d'esprit incroyable de vivre à Paris. Mais à terme, je ne me vois pas vivre en couple ou élever mais enfants dans cette ville.
D'ailleurs, ce serait intéressant de savoir comment tu vis Paris en tant qu'hypersensible ? (étant hypersensible aussi, il y a certains moments où je supporte très mal les bruits, le monde, le métro etc. je trouve ça épuisant !)
Hâte de la prochaine vidéo, bisous Eva 😘
Merci pour ton message et je comprends totalement :) Perso j’ai quand même toujours souhaité vivre à Paris et pour le moment je ne m’en lasse pas ! Au contraire ! Merci pour l’idée de vidéo je la note
"You've got the best of both world" !
J'ai adoré t'écouter, je pense que ce type de contenu te correspond parfaitement 🥰
Adorable merci 😊
Je suis mal à l'aise avec le concept de transfuge de classe ; beaucoup de personnes se qualifient ainsi mais ne le sont pas - j'avais d'ailleurs vu la vidéo d'une youtubeuse assez connue se qualifier ainsi alors qu'elle ne l'est pas du tout (apparemment, grandir à la campagne, ne pas connaître sciences po et déménager en ville pour faire des études = transfuge de classe. Dans ces cas là, quasiment tout le monde est transfuge de classe...)
Il est normal de se sentir mal et différent quand on intègre un nouveau milieu mais ça n'a rien à voir avec le fait d'être transfuge. D'ailleurs, comme tu l'as mentionné au début de la vidéo, pour être transfuge, il faut venir des classes populaires (famille qui ne connait même pas le concept de faire des études) et faire une ascension assez spectaculaire (genre CSP++++++++++...)
Ajd, j'ai l'impression que les gens pensent qu'il suffit d'avoir grandi à la campagne et d'aller étudier en ville pour se qualifier de transfuge et ça m'irrite. Je suis issu des classes populaires (père au chômage, handicapé, mère qui bosse à l'usine, CAF qui sponsorise l'IPHONE 14 de ma soeur, etc.) Dans ma famille, personne n'a fait d'études ; à 16 ans, tu pars bosser et c'est tout. Les études pour eux, ça ne sert à rien (et comment est-ce que ça pourrait être utile dans un milieu où tu dois avant tout penser à ta survie ? Les études ne rapportent pas d'argent immédiatement alors qu'un travail, si. Comment pourraient-ils valider cela alors qu'ils ont eux-mêmes été évincés du système scolaire dès le collège ? La sélection s'opère très tôt, d'ailleurs. Si t'es enfant d'ouvrier, on va te proposer dès la cinquième de partir en apprentissage. Cela m'est arrivé alors que je n'étais pas forcément mauvais élève - j'étais moyen, 13 de moyenne. A côté, des camarades de classe des classes moyennes ou ++ qui avaient les mêmes notes que moi n'ont jamais reçu de telles propositions. Les profs savent très bien que les parents de ces classes sociales n'accepteraient pas. Pas les mêmes chances, nous sommes triés dès le départ sans le savoir.)
J'ai eu la chance de pouvoir continuer mes études malgré tout car pas intéressé par ce qu'on m'avait proposé, même si mes parents me demandaient toujours à quoi ça allait servir, quand est-ce que j'allais gagner de l'argent, etc.
Toutes les classes moyennes (notamment basses) valorisent les études car elles voient ça comme un moyen pour leurs enfants d'obtenir ce qu'elles n'ont pas eu et de s'émanciper. Quand tu viens des classes populaires, tu peux laisser tomber.
Je constate que les gens ont du mal à se ranger correctement dans des classes sociales ; ils voient avant tout l'argent et pas tout le reste (le capital culturel est en fait le plus important. Les profs ne sont pas les plus riches mais connaissent tous les rouages du système, ont un capital culturel valorisé et transmettent ça à leurs enfants.) Si tes parents te poussent depuis petit à faire des études, qu'ils t'aident dans tes devoirs, qu'ils t'achètent des livres, etc., tu es déjà extrêmement privilégié et il est fort probable que tu ailles au moins jusqu'au master.
Je comprends que les personnes qui grandissent à la campagne et viennent étudier à paris ressentent un décalage (j'ai fait une prépa BCPST à Paris et je viens d'un petit village dans la diagonale du vide, ahah.) Mais ce qu'ils ressentent n'a rien à voir avec ce qu'on ressent quand on est transfuge de classe. Je suis actuellement interne en médecine et chaque jour, je constate le fossé qui existe entre moi et le reste du monde. Quand tu viens d'un milieu populaire, tu ne peux pas l'effacer : c'est une façon de parler, d'écrire, des connaissances, une culture, la musique que t'écoutes, ce que tu lis (ou plutôt, ce que tu ne lis pas), ta façon de dépenser ton argent, de manger, etc.
Aujourd'hui, beaucoup de personnes peuvent faire des prépas, tout est beaucoup plus accessible. Encore plus l'université, avoir un master c'est un peu la norme.
Je trouve ça dommage que ces personnes se qualifient ainsi, parce que la souffrance des personnes concernées est encore une fois invisibilisée. Les personnes des classes pop n'ont pas la parole dans l'espace public et voir des personnes qui ne viennent pas de classes pop se qualifier ainsi et s'approprier nos vécus, j'avoue trouver ça insupportable. Personne ne s'y retrouve et personne n'ose rien dire, parce que c'est tjrs aux mêmes de se taire. Ce que ces personnes ressentent existe et est légitime, bien sûr, mais ça n'a rien à voir avec le fait d'être transfuge.
Pdt longtemps, j'ai culpabilisé car je me disais que whaou, tous ces transfuges de classe quand même, qui adoptent si vite les codes de leur nouveau milieu, qui ont une expression orale incroyable, des parents qui les soutiennent, une culture que je peine à acquérir, alors que moi j'ai tant de mal à intégrer tous les codes, que j'écoute du rap, que Jul est ma référence, que je m'habille en jogging et que je mets encore des sacoches nike en pensant que c'est vraiment stylé.
Bref, à mon sens, normal de se sentir dépaysé quand on va à paris de toute façon (surtout dans certains coins), c'est un autre univers pour n'importe quel français. Un pote à l'ENS que j'ai rencontré en prépa et qui vient de "province" comme moi (mais fils d'un médecin généraliste et d'une infirmière) ressent aussi un décalage et je ne pense pas que ça fasse de lui un transfuge de classe.
vidéo très intéressante sur le sujet qui m'a ouvert les yeux, je recommande :
ua-cam.com/video/mVS7kAAhB1I/v-deo.html
C'est le nouvel HPI
Merci pour ce commentaire ! Je suis actuellement en Terminale et je ressens tout ce que vous racontez.
Le pire c'est que plus on avance dans le système et moins on voit de gens issus des milieux populaires.... Ils sont tous envoyés en pro/technologique. Heureusement j'ai eu la chance d'avoir des professeurs qui m'ont poussé à aller en générale en me disant que je ferais une erreur si j'allais en pro alors que j'avais 17 de moyenne générale.
Aujourd'hui je m'oriente vers une classe préparatoire mais je sens que la claque va me faire très mal. Outre l'environnement, avoir des parents qui ne comprennent pas le système scolaire et les enjeux ça complique les choses.
Votre commentaire m'a, pour une raison que j'ignore, inspiré.
Je pense que ce décalage peut aussi s'observer, bien que dans un autre style, chez les personnes avantagées socialement. Par exemple là je vais rentrer en DFGSM3/D1 sauf que mes deux parents sont professeurs agrégés de mathématiques. Du coup, j'ai vraiment du mal a me dire que ma réussite scolaire n'a ne serait-ce qu'un soupçon de mérite et c'est dommage parce que ça donne l'impression de ne pas vraiment avoir pu "prouver" à ses parents de quoi on était capable. Ils félicitent beaucoup moins par exemple. Après je pense que ce "sentiment" est assez risible lorsqu'on le compare à la violence symbolique que l'on peut ressentir lorsque l'on est transfuge de classe...
J❤Eva, vraiment vous êtes claire.
Merci pour ce commentaire plein de bon sens !
I have been waiting for it since T'as fais l'annonce sur insa, thanks 😍😘
ouiiiiii
Moi aussi, je suis une transclasse sauf que j'ai vécu en région île de France. Je me reconnais dans les situations que tu cites
darah (sur youtube) en parle aussi. Sa vision pourrait t'intresser
Coucou, ta vidéo est super intéressante mais dans ce que tu dis, on dirait qu'à Paris, tout le monde vit dans un milieu social élevé et je pense tu as côtoyé seulement ce milieu à Paris. Bien sûr que les gens gagnent plus que dans d'autres villes de France (et encore, cela dépend des professions) mais la vie y est plus chère. Il y a aussi beaucoup de précarité à Paris, tous les gens qui viennent y travailler et qui habitent dans des banlieues précaires, mais aussi certaines personnes vivant dans Paris intra muros.
Pour ma part, j'ai grandi en banlieue parisienne avec des gens de milieux sociaux très précaires et d'autres bourgeois. J'ai des amis qui devaient dormir dans la même chambre que leurs parents parce qu'ils vivaient dans des appartements trop petits, je connais des mères de famille seules qui travaillent en tant qu'agent de nettoyage et qui doivent nourrir tous leurs enfants. J'ai déménagé à Strasbourg (qui reste aussi une grande ville) et j'ai d'ailleurs eu cette impression qu'il y a moins de précarité qu'en région parisienne. Dans le RER, on ne voit certainement pas que des bourgeois.
Je pense que c'est important de préciser qu'à Paris, c'est un endroit avec des inégalités extrêmement importantes, on peut y retrouver des bourgeois qui ont des maisons secondaires partout en France et d'autres qui vivent avec le RSA et qui doivent nourrir leur famille.
Tout à fait, merci de préciser et évidemment je ne nie pas cette réalité ! :)
Mouais…. T’es juste quelqu’un qui a grandi à la campagne et ça s’entend quand tu parles. Bosser dans le marketing n’a rien d’extraordinaire désolé 😅
Je te suis depuis ta vidéo de comparaison avec la Suède. Mais que dire, habitant dans un petit village du nord de la France et ayant fais des études en région parisienne et aux US. Je partage ton point de vue, quand je suis revenu j’ai vu la vrai France. Mais expliquer mon point de vue à mes proches est compliqué
Ça ce vois que tu es très intelligente, bonne continuation. Je vois que tu as arrêté la chaine, tout à une fin….