Ce serait cool d'avoir une vidéo sur les risques de confusion et les conséquences possibles des biais avec des exemples de bonnes et mauvaises pratiques :)
Merci beaucoup pour cette vidéo! Je trouve que ça se rapproche beaucoup de la thématique de la laïcité et des différentes interprétations qui en sont faites.
Selon-moi, le problème se situe dans le fait que nous confondions trop facilement le jugement (jugement objectif valide) avec le préjugé (jugement primaire, rapide et inconsidéré)... Il faut à tout prix éviter le préjugé dans la recherche, mais le jugement n'est-il pas au fond l'objectif d'une recherche ? Bref, la recherche vise justement à passer du préjugé au jugement . . .
il suffit de regarder les recherches sur le bigbang pour s'en convaincre, combien de chercheurs soviétiques et allemands ont fini exécutés ou enfermés.... tout ça pour éviter de parler d'une éventuelle preuve en faveur d'un "créationnisme divin"...
Top ! ça fait plaisir de voir que, sans avoir vu le bouquin, (mais en écoutant pas mal de points de vue philo-politiques, en argumentant avec des haters dans les com..) j'ai fini par aussi arriver à cette réponse "tenter de faire croire à l'existence de la neutralité, c'est tenter de faire passer son idéologie pour un (ou encore récupèrent des symboles de résistance ou de la gauche) ou, / " Il existe pas mal de noms de chaine youtube, d'assos, partis, ou autres entités qui font ce pari. Souvent elles sont très à droite. "Conspiracy Watch", "Reporter sans frontières", "Front Populaire" de Onfray mieuxdlafermer, Média pour tous de Soral, Manif pour tous, Les républicains, le CNR, le CNNR, la liste est longue comme le bras... (Et mes chevilles aussi ^^)
Vidéo qui introduit bien le sujet : propos très orientés sur un thème qui se veut neutre. On choisit les exemples sciemment. On ne présente aucun cas concret. On parle non pas de comment cela est dans les faits mais de comment cela devrait être. On use de vernis historique qui nous sert d'argument d'autorité. De plus, vidéo trop longue par rapport à ce qu'elle contient. Pour déterminer à quelle point la contingence est présente dans les sciences molles, car le sujet est là en réalité, il faudrait vérifier la pluralité des points de vue (et des valeurs, comme dit dans la vidéo) pour ces disciplines
Il me semblait qu'il s'agissait plus d'un devoir que d'un état. C'est à dire que le chercheur de gauche doit être conscient qu'il est de gauche (et tant mieux si ça le motive à chercher) mais doit favoriser les arguments de droite dans son étude, car il a naturellement tendance à les sous-estimer. Et inversement avec un chercheur de droite, évidemment. Conscient de ses biais et rapports aux valeurs, le chercheur doit privilégier les arguments qui invalident sa thèse. La garantie de cet effort est en principe fournie par la communauté des pairs, qui doit donc être politiquement plurielle. Le vice se manifeste quand une coalition politique réclame l'unanimité (par exemple, discréditer tous les chercheurs dont les conclusions ne serviraient pas la cause militante) ou que des chercheurs ouvertement politisés revendiquent délibérément le droit de ne pas écouter les arguments du camp adverse. Une science perd en crédibilité quand elle devient un sport de combat et l'assume au mépris de toute déontologie épistémique. On sait qu'on n'a plus là que de la propagande. Pour un militant, la neutralité est déjà une trahison. D'où les contorsions rhétoriques extravagantes de certains vulgarisateurs pour revendiquer le droit au travail à moitié fait.
Bonne vidéo, j’apprécie beaucoup ce format d’analyse conceptuelle ! Par ailleurs, est-ce que vous pensez traiter les nouvelles sorties en sciences sociales autrement que dune façon thématique, à la manière de feu Avis Critique ?
Merci pour votre travail très intéressant. Je ne vous suis pas de manière très fréquente, mais je m’aperçois que j’y retourne régulièrement (1 à 2 foispar mois). Et je perçois que vos présentations d’analyse me semblent justes. Mais qu’est-ce donc qui me fait dire qu’elles me semblent justes ? Encore merci !
J'ai beau sentir aisément ce qui nous sépare dès qu'on approche de champs objectivement subjectifs et/ou d' opinions, je trouve tes présentations claires , pédagogiques et dignes de confiance . J'ignore si c'est de la neutralité axiologique ou une certaine aptitude à l'objectivité par l'émetteur et le récepteur ( oui, je me flatte un peu mais des panzani). Mais faut-il que le chercheur neutre ait droit à un lecteur neutre pour être axiologique ? Merci pour tes vidéos.
Comme d'autres l'ont dit : très clair, merci. Un détail : le son est excellent, mais le micro qui masque le bas du visage, ça me fait bizarre. J'ai envie de pousser le truc qui gêne ;-)
La neutralité axiologique conduirait nécessairement aux règles de Crocker. c'est donc faire abstraction complètement du moins soupçon d'égo qui n'est jamais nul et qui ferait qu'on ne serait aucunement "gentil" avec l'interlocuteur qu'exigeait le moindre vivre-ensemble de la société.... Qu'en pensez vous?
Merci, comme toujours c'est passionnant. Peut-on dire que la démarche scientifique, vu qu'elle remet en question ce qui semble acquis et relever du "bon sens", est en elle-même politique, par construction, anti-conservatrice ?
Je pense pas car là tu as déjà une vision située de ce qu’est « la démarche scientifique » (on ne fait pas de la science de la même manière partout et à toutes les époques - la science a notamment servis historiquement à pouvoir appuyer des positions conservatrices et fascistes notamment au XIXe siècle avec l’ethnologie, la sociologie, la psychologie etc). Aujourd’hui c’est vrai que la science s’est unifiée, mondialisée et standardisée (un des effets du capitalisme) mais d’ici dix / vingt ans rien ne peut prédire comment ça se fera, ni dans quel contexte politique on sera… :)
Je pense que le manque de neutralité axiologique n est pas tant décrié dans le choix des thèmes étudiés (même si ce serait intéressant de voir le pourcentage d études sur certains themes...), que dans la méthode et la rigueur scientifique de l analyse. Si les études ne servent qu'à essayer de confirmer ce que l on pense déjà à priori alors on a un réel problème.
La vidéo explique très bien que c’est un faux problème. Si la tentative de confirmation procède d’une méthode scientifiquement rigoureuse, il n’y aura pas de souci dans la mesure où le dispositif devrait permettre de trancher (et s’il ne le permet pas, on change de dispositif). Même en « sciences dures » (maths, physique et même biologie), on commence souvent par des conjectures qu’on essaie de vérifier.
J'ai eu du mal avec l'idée que « La description scientifique de la réalité n'implique aucune décision pour agir sur cette réalité. » Je pourrais dire, hors contexte, que par principe, c'est faux. Le seul fait d'observer un phénomène implique de moi-même une décision : celle d'observer l'objet. Et même, ma décision influe sur la réalité, si la description que je donne apporte à d'autres « une manière de voir » l'objet que j'ai décrit. Mais, en soi, pour revenir dans le contexte, l'objet de la recherche est toujours déterminé a priori par les « besoins » de la société. L'idée même de « décrire la réalité » et plus encore de produire de la science renvoie nécessairement à un choix de société préalable. Je veux dire par là qu'on produit de la science. L'idée de production éclaire bien le fait que la science est issue d'une « décision ». La production humaine est aussi toujours en un sens une activité planifiée. Dans la mesure où la donnée de fait, qui pour l'individu vient en quelque sorte du « dehors » s'ajouter à la théorie, est un produit de la société, il doit être possible, en conséquence, d'y retrouver une rationalité, même réduite. De fait, le savoir disponible est toujours immanent, sous forme d'application, à la praxis sociale, et la donnée perçue est donc, antérieurement même à l'élaboration théorique que l'individu connaissant lui fait subir, déterminée en partie par des représentations et des concepts humains. Cela ne s'applique pas seulement à l'expérimentation dans le domaine des sciences de la nature. Cette « objectivité pure » dans le déroulement de l'expérience, à laquelle la procédure expérimentale prétend atteindre, est bien sur liée à des conditions techniques dont le rapport au processus matériel de production est immédiatement évident. Mais il est difficile de distinguer le problème de la médiatisation des données factuelles par la praxis sociale dans son ensemble, et celui de l'influence exercée sur l'objet observé par l'instrument de mesure en tant que procédé particulier d'observation. D'ailleurs, pourquoi faudrait-il faire de la science ? N'y a-t-il pas là certaines considérations morales ? C'est comme si l'« utilité », - et quelques soient les raisons qui la justifie (autoconservation de l'espèce, profit, bonheur, etc.), - était déliée de toute question morale par son seul fait d'être. C'est comme si on occultait que le programme des Lumières ne s'étaient pas donné pour but de libérer l'homme de la magie et de la superstition. « Ose te servir de ton propre entendement ! » relève tout de même d'un certaine orientation, d'un choix, d'une décision. Le combat contre l'obscurantisme n'existe que dans la perspective sociale d'un projet politique. À mon sens, la conception scientifique du monde et la critique de la métaphysique sont, de manière générale, inséparables d'un projet d'émancipation politique et sociale. Sinon très bonne vidéo :)
La première idée qui est celle de la distinction « is-ought ». Même si on en vient à décrire une oppression, ça ne suffit pas à prendre une décision. Il faut une norme comme « il faut combattre l’oppression » ou « tous les humains doivent être traités de manière égale » pour indiquer ce qui doit être fait à lumière de la description. Avant ces normes ou valeurs, l’esclavage comme fait social décrit, codifié et reconnu était considéré comme une institution parmi d’autres. Des théories normatives ( comme la classification des âmes pour Aristocrate, racisme et droits de l’homme) ont tour à tour jugé cet état de fait acceptable, désirable ou indésirable dictant ainsi ce qui doit être fait. Le fait lui-même existe et ne génère pas de jugement moral à priori. C’est la valeur morale qui se surajoute au fait pour donner un jugement moral (on peut aussi utiliser des exemple esthétiques).
@@HolyAvatar88 Salut, ce n'était pas là le propos de mon commentaire. Mais merci quand même pour votre réponse. Je n'ai jamais prétendu qu'il était du ressort de la science de prendre une décision politique. Toutefois, il faut être prudent, et ne pas confondre science (production de la théorie) et technique (production de biens, méthodes, savoir-faire, etc.) dans une argumentation - bien qu'il existe un lien immédiatement évident : l'évolution technique suit naturellement l'évolution scientifique et réciproquement ; la technique est la finalité de la science. La science utilise la technique pour ses fins propres. Mais il faut les différencier pour ne pas tomber dans l'erreur. Quand vous prenez des exemple tels que « l’esclavage comme fait social ». On parle ici d'une technique et non d'une science. Toute technique de façon nécessaire est porteuse de valeurs, car c'est à la fois un moyen et une fin de l'action. « Le fait lui-même existe et ne génère pas de jugement moral à priori. » Cela m'apparaît évident si on considère un fait comme un « objet en soi » - et je n'ai jamais nié cela - cependant, on peut tout autant considérer un fait comme porteur de valeur, étant donné que c'est l'homme qui établit la norme sur ce qu'il observe. Peut-être que fait et norme sont consubstantiel dans la mesure où le fait ne peut être compris qu'à travers le prisme d'un jugement sur le fait. D'après les empiristes logiques, penser scientifiquement en intégrant l'« objet en soi » serait une erreur de ce qu'il appelait la « philosophie scolaire », c'est-à-dire la tradition platonicienne des Idées ou l'idée qu'il existe un « en-dehors » indiscernable par la raison. Quelque chose qui ne dépend pas de notre jugement sur le fait, de notre projection sur la nature. C'est d'ailleurs toute la difficulté posée aujourd'hui à la philosophie du langage... Est-ce qu'un langage peut être dénué de tout fondement moral ? Pour mieux me faire comprendre sur ce que je viens de dire, prenons l'exemple d'un résultat obtenu par un instrument de mesure. Ce que mesure l'instrument renvoie nécessairement à des concepts humains qui correspondent à ce que l'on considère comme juste par convention (c'est-à-dire une norme ; bon, bien). 1+1=2 est vrai aussi pour d'autres raisons que celles formellement logiques. La vérité qui sous-tend 1+1=2 émane à la fois de sa « constitution » qui nous est connue, de sa mise en correspondance des signes, sans ambiguïté, avec un seul objet ou un seul état de choses ; que de sa spécificité normative qui correspond à ce que nous considérons comme vrai selon l'état de la science à une époque donnée. Mais la science ne s'intéresse guère à la question de la normativité. Cependant mon propos de départ n'était pas celui là. Ce que je m’efforçais à montrer, c'est qu'il existe un caractère moral propre à la science. Pour paraphraser Guy Debord, la science est l'affirmation du choix déjà fait dans la production. Il est évident qu'on ne se pose pas la question si oui ou non, il faut faire de la science, et on reléguerait cette question dans le domaine de l'éthique du fait que la science est déjà un fait social. Pourtant il est évident que l'avènement de la science s'explique par sa victoire dans une lutte politique contre le dogmatisme religieux. Ce qui montre bien qu'il existe certaines valeurs : la valeur de vérité par exemple. La valeur concernant la méthode, parce que la science c'est avant tout une méthode... Mais l'argument que je n'ai pas explicité et qui montre assez bien la relation qu'il existe entre le pouvoir politique (et donc jugement moral) et la science : c'est le scientisme du XIXe et XXe siècle. Les intrications entre le politique et la science sont visibles. Par exemple, l'invention du « darwinisme social », de la « phrénologie », ne furent qu'un moyen de faire correspondre l'état de la réalité sociale et ses valeurs - tout en les considérant comme un « fait neutre » - avec des données d'observations. Ps : J'aimerais vous conseiller l'ouvrage « Le Mythe de l'État » de Ernst Cassirer. L'ouvrage retrace l'histoire de la lutte de la Raison contre le Mythe dans l'histoire occidentale. Bien qu'il laisse quelques zones d'ombres car c'est un essai qui tente avant tout d'expliquer l’avènement du fascisme. Il montre bien les relations qui existe entre Mythe et Raison ainsi que le cheminement historique. Toutefois, je trouve qu'il fait bien transparaître ce que j'ai énoncé dans mon commentaire.
@@oddwoke4206 je vous remercie pour votre réponse détaillée, j’avais mal saisi l’angle par lequel vous attaquiez la distinction. Ça me rappelle également Putman qui fait un cheminement similaire.
@@HolyAvatar88 C'est moi qui vous remercie. Oui Putnam ! Sûrement car il eut comme professeur Reichenbach et Carnap, qui furent tous les deux des personnalités importantes de l'empirisme logique. Toutefois, je vous avoue ne jamais l'avoir lu.
"Avoir des valeurs différentes", c'est la clé mais il y a peu de diversité au sein des universités. L'aspect militant devient problématique car il influence la rigueur scientifique et le sérieux des articles. Le souci des recherches sur l'intersectionnalité c'est justement le manque de sérieux, démontré par de nombreux universitaires aux USA.
Est-ce que le fait de prôner la « neutralité axiologique » n’engage pas lui-même un certain nombre de valeurs ? Vouloir la neutralité axiologique, c’est vouloir une certaine vision de la science en un sens non ?
À quoi ressemblerait la science sans neutralité axiologique ? Si l'on introduit l'idée que la validité d'un résultat dépend de sa compatibilité avec un système de valeurs, l'universalité du projet scientifique se prend un plomb dans l'aile.
@@jeanf6295 oè c'est bien vrai, il me semble que ça fait partie de ce qu'une bonne définition de la science doit contenir, mais lorsqu'il s'agit de choisir un sujet de science plutôt qu'un autre il n'y a plus de neutralité axiologique qui tienne non ?
@@gregoiremartinetti2745 dans une certaine mesure oui, c'est ce que l'on retrouve dans l'exemple du chercheur en droit anarchiste et de ses pairs, et c'est pourquoi la diversité des profils est importante.
Neutralité axiologique c'est plus pour le champs scientifique à mon avis, ça serait plus un sophisme comme l'appel à la tradition (Vlanx en parle dans sa vidéo sur "'l'appel au futur")
@@shafouingue Il me semble que c'est un appel à la nature. Car l'appel à la tradition, ce serait de dire : « on a toujours innové donc c'est désirable. » Ceci dit, la neutralité axiologique peut s'appliquer à toute production intellectuelle y compris l'information médiatique. En prenant l'exemple des médias, la neutralité axiologique serait pour un journaliste ou un expert, du fait de son autorité, de s'abstenir d'énoncer un jugement de valeurs sur les faits présentés. Et, pour tout dire, dans de telle condition, les débats seraient vite déprogrammés.
Bonjour cher ami. J'au vu seulement trois de tes videos et il me semblen magnifiques. J'ai cherche si tu avait parlé de Foucault et de Bourdieu, et j'ai teste que tu as dedié plusieurs chapitres ou des videos sur ces personnes. Ja vais regarder, car surtout Bourdieu m'interessem en l'ocurrence, ses ecrits sur le champ et les habitus "la hexis corporel". Il me semble un philosophe très inteligent et coherente. A mon avis, il sait, il a su en tirer les mecanismes caches qui conforment les habitus de l'individu. Je te remercie si tu peux parler, aproffondir un peu plus dans sa sociologique, surtout le composant linguistique et comme ce facteur façconne l'individu et comme le discours ( dans ce cas aussi on recourir Foucault) a une influence trascendent dans l'individu. Merci mon cher ami.
Intéressante généalogie de la neutralité axiologique cependant l'honnêteté n'est pas la chose la mieux partagée dans le monde universitaire. Et c'est souvent les rapports de forces en faveur de certaines approches militantes qui imposent leurs diktats sur les esprits.
Tu te bases sur quoi pour dire ça ? Perso de ce que j'ai vu c'est surtout les financements Europe qui ont un pouvoir décisionnel et donc idéologique fort.
Oui c'est vrai le financement Européen est un grand vecteur idéologique. Par ailleurs, mon expérience sur le terrain m'a fait entrevoir le manque d'honnêteté de certains.
Militance et recherche, opinion et sa généalogie, institution de ce qui doit être et la compréhension de ce qui est. La science humaine est ce nœud gordien entre morale et épistémologie que tranche impunément tout militant. Sur l'économie, pardon, mais lisez plutôt André Orléan si vous voulez atteindre une plus grande « rigueur scientifique » sur les valeurs.
Merci pour cet historique de la notion. Cependant, la déontologie dans les sciences me semble nécessaire et essayer de minimiser la neutralité en valorisant sa critique comme étant heuristique me semble destiné à valoriser les nouvelles idéologies ultra-gauchiste.
Merci pour cette vidéo pas mal du tout, mais un peu confuse sur la manière dont les "termes" peuvent "véhiculer des valeurs" (notamment vers 10:27). Je trouve qu'en entrant dans ce sujet de la neutralité axiologique en sciences il aurait fallu plus explicitement et méthodiquement distinguer : (1) la question du mode d'énoncé (indépendant des termes referant aux notions théoriques utilisés, mais caractérisé par l'emploi de verbes comme "être" ou "devoir être"), et qui est en général clair et pas si problématique, et (2) la question, vers laquelle on glisse à la fin un peu sans prévenir, du caractère potentiel de fiction ou d'idéalisation de certaines hypothèses ou cadres conceptuels, dont le choix de se fonder sur eux peut paraître relever d'un choix arbitraire fondé sur des valeurs (l'exemple tarte à la crème étant en effet celui des hypothèses de rationalité en économie, mais dans d'autres sciences ça peut être beaucoup plus dur à déterminer, et ça pose à mon avis la question de niveaux d'analyse si fondamentaux qu'ils en deçà de l'opposition entre descriptif et prescriptif, mais ça se discute). Et notez que ces deux dimensions sont indépendantes de (3) la question de l'influence de la situation sociale dans l'application des contraintes méthodologiques d'une discipline particulière dans (4) le choix du sujet, comme bien expliqué à la suite de Weber... Du coup je trouve dommage de finir sur "toute recherche est investie par des valeurs" car c'est un cliché qui même s'il n'est pas faux recouvre plusieurs (au moins 4) enjeux assez différents les uns des autres comme j'espère l'avoir fait sentir. Bref le sérieux philosophique aurait requis une analyse plus méthodique mais c'est quand même bien de faire connaître mieux les vraies positions de Weber. Même si, dernier bémol, sa parenté sur la notion de neutralité axiologique (formulée comme telle) n'en disqualifie pas *a priori* d'autres interprétations. Le genre de scientistes un peu simples visés par cette vidéo pourraient simplement dire qu'ils ne l'entendent pas au même sens et que le rappel d'histoire de la philosophie sur Weber est superflu.
Vu mon pseudo et ta dernière recommandation "n'oubliez pas d'être neutre", je me sens obligé de commenter. J'aimerais savoir de quoi tu parles quand tu dis que des recherches scientifiques sont censurer en France? De ce que j'ai pu voir et c'est le cas des recherches intersectionnelles disons, elles sont plutôt de plus en plus financées qu'autre chose. Ce que je trouve personnellement dramatique dans l'état de la recherche que j'ai d'ailleurs quitté, ce n'est pas le traitement scientifique de sujet comme le "wokisme" ou autres, mais c'est l'imposition des thématiques "wokes" dans tous les champs de la science. Quand pour obtenir une bourse type Marie Curie, tu dois justifier en quoi ta recherche en physique sur les déplacements d'atomes dans des verres peut aider à accroître la visibilité des femmes dans les sciences, je suis perplexe.
Le monde de la recherche n'est pas exempte de biais cognitifs militants et il ne faut pas se leurrer sur la supériorité de ce microcosme comme le faisait dans une première approche le héros du roman fleuve' Les Pasquier 'de Georges Duhamel. Un rappel à la neutralité axiologique n'est pas de trop vis à vis des brebis galeuses qui militent pour des idéologies à la mode...
Des exemples précis, désolé je ne serais pas un scycophante. Cependant mon expérience sur le terrain m'a fait connaître les derniers marxistes dans l'université et les nouveaux idéologues qui pourraient tous recevoir aisément un prix Lyssenko...
@@remipapp9883 Moi non plus je n’ai pas d’exemple mais je pense le contraire de toi et mon expérience sur le terrain le prouve également et puis voilà j’ai raison, et je m’autopouce aussi tiens 👍
theorie dont la critique est faite par les deux fondateurs de la psychologie evolutionniste en 1992. Theorie soutenue par aucun/aucune sociologue, c'est un homme de paille grossier pour se donner l'air critique a peu de frais. La psycho evolutionniste adopte des raisonnements pseudoscientifiques par contre, et prend ses racines dans la sociobiologie de Wilson (ils preferent sauter cette filiation evidente en parlant de Darwin...)
@@julienselignac9434D'un point de vue épistémologique, même si la psychologie évolutionniste tire ses racines de la sociobiologie de Wilson, elle n'a rien avoir avec cette dernière au niveau de la méthodologie et des conceptes. La sociobiologie de Wilson avait fait l'erreur méthodologique de se basé sur le fameux "déterminisme génétique" pour expliquer les comportements. Une vision réductrice et fausse des mécanismes moléculaires. À l'inverse, la psychologie évolutionniste n'est pas essentialiste et prend en compte les données épigénetiques. Pour ce qui est de la théorie de "la table rase" elle est malheureusement dominante en sociologie, ethnologie et dans certaines branches de la psychologie. Pour vous en faire une idée, le prestigieux sociologue Bernard Lahire a dit dans une interview France Culture quand cursus de sociologie ont apprenaient à "dénaturaliser" le comportement humain car considèré comme incompatible avec l'aphorisme Durkeimien (socle structurel de toute les sciences sociales). Une sorte de "néobehaviorisme"si je puis dire qui par phobie ou incompréhension de la biologie de l'évolution et des mécanismes de l'épigènese (decouvert en 1963 par Lerhman) nie les bases biologique de certains comportements sociaux. Nature et culture ne forme qu'un! Il s'agit là d'un vieux débat philosophique qui a contaminé la philosophie occidentale et les sciences humaines et sociales en France. Heureusement que les travaux en éthologie, paléoanthropologie, psychologie cognitive, archéologie prehistorique, génétique comportementale et écologie comportementale s'oppose à cette aberration scientifique qu'est l'aphorisme Durkeimien. Je précise que je ne suis pas 100% d'accord avec la psychologie évolutionniste mais elle me semble plus robuste sur le plans méthodologique que les SHS françaises pour étudier le comportement humain par le simple fait qu'il s'agit d'une discipline transdisciplinaire qui permet de surcroît, la consilliance des savoirs.
Merci Karim pour cet exposé clair et salutaire.
J ai appris plein de choses, merci ça fait du bien
Ce serait cool d'avoir une vidéo sur les risques de confusion et les conséquences possibles des biais avec des exemples de bonnes et mauvaises pratiques :)
Merci beaucoup pour cette vidéo! Je trouve que ça se rapproche beaucoup de la thématique de la laïcité et des différentes interprétations qui en sont faites.
Le retour tant attendu ! Bon courage.
Une vidéo très instructive, merci beaucoup !!!
C'était extrêmement intéressant, merci!
Salut, merci pour ce rappel des bases sur le sujet, pas facile à faire passer au grand public...
Selon-moi, le problème se situe dans le fait que nous confondions trop facilement le jugement (jugement objectif valide) avec le préjugé (jugement primaire, rapide et inconsidéré)... Il faut à tout prix éviter le préjugé dans la recherche, mais le jugement n'est-il pas au fond l'objectif d'une recherche ? Bref, la recherche vise justement à passer du préjugé au jugement . . .
plusieurs fois que je revois cette vidéo et elle est fantastique même la musique est top
merci pour le partage et le taff
salut, joie et Révolution
il suffit de regarder les recherches sur le bigbang pour s'en convaincre, combien de chercheurs soviétiques et allemands ont fini exécutés ou enfermés.... tout ça pour éviter de parler d'une éventuelle preuve en faveur d'un "créationnisme divin"...
Attention cet énoncé n'est pas neutre.
Top ! ça fait plaisir de voir que, sans avoir vu le bouquin, (mais en écoutant pas mal de points de vue philo-politiques, en argumentant avec des haters dans les com..) j'ai fini par aussi arriver à cette réponse "tenter de faire croire à l'existence de la neutralité, c'est tenter de faire passer son idéologie pour un (ou encore récupèrent des symboles de résistance ou de la gauche) ou, / " Il existe pas mal de noms de chaine youtube, d'assos, partis, ou autres entités qui font ce pari. Souvent elles sont très à droite. "Conspiracy Watch", "Reporter sans frontières", "Front Populaire" de Onfray mieuxdlafermer, Média pour tous de Soral, Manif pour tous, Les républicains, le CNR, le CNNR, la liste est longue comme le bras...
(Et mes chevilles aussi ^^)
Merci beaucoup, indispensable en ces temps troublés ! :)
Vidéo qui introduit bien le sujet : propos très orientés sur un thème qui se veut neutre. On choisit les exemples sciemment. On ne présente aucun cas concret. On parle non pas de comment cela est dans les faits mais de comment cela devrait être. On use de vernis historique qui nous sert d'argument d'autorité. De plus, vidéo trop longue par rapport à ce qu'elle contient.
Pour déterminer à quelle point la contingence est présente dans les sciences molles, car le sujet est là en réalité, il faudrait vérifier la pluralité des points de vue (et des valeurs, comme dit dans la vidéo) pour ces disciplines
C'est un éclaircissement vraiment bienvenu !
Excellent et précieux, merci ! :)
Il me semblait qu'il s'agissait plus d'un devoir que d'un état. C'est à dire que le chercheur de gauche doit être conscient qu'il est de gauche (et tant mieux si ça le motive à chercher) mais doit favoriser les arguments de droite dans son étude, car il a naturellement tendance à les sous-estimer. Et inversement avec un chercheur de droite, évidemment. Conscient de ses biais et rapports aux valeurs, le chercheur doit privilégier les arguments qui invalident sa thèse. La garantie de cet effort est en principe fournie par la communauté des pairs, qui doit donc être politiquement plurielle. Le vice se manifeste quand une coalition politique réclame l'unanimité (par exemple, discréditer tous les chercheurs dont les conclusions ne serviraient pas la cause militante) ou que des chercheurs ouvertement politisés revendiquent délibérément le droit de ne pas écouter les arguments du camp adverse. Une science perd en crédibilité quand elle devient un sport de combat et l'assume au mépris de toute déontologie épistémique. On sait qu'on n'a plus là que de la propagande. Pour un militant, la neutralité est déjà une trahison. D'où les contorsions rhétoriques extravagantes de certains vulgarisateurs pour revendiquer le droit au travail à moitié fait.
Sympa le forma face caméra. J'aime bien la musique de fin aussi. Évidemment le fond est premier.
Je l'attendais celle-là ! Bravo ;)
C'est super clair, la vidéo est génial :)
super video j ai passe un moment tres agréable
Clair et précis, merci !
Conseil de lecture : "L'économie morale des sciences modernes: jugements, émotions et valeurs" de Lorraine Daston.
Cordialement
Ça change le format mais c'était cool frr et tkt on va grave être neutre
Super de vous réentendre
Thanks 4 sharing
Bonne vidéo, j’apprécie beaucoup ce format d’analyse conceptuelle ! Par ailleurs, est-ce que vous pensez traiter les nouvelles sorties en sciences sociales autrement que dune façon thématique, à la manière de feu Avis Critique ?
Merci pour votre travail très intéressant. Je ne vous suis pas de manière très fréquente, mais je m’aperçois que j’y retourne régulièrement (1 à 2 foispar mois). Et je perçois que vos présentations d’analyse me semblent justes. Mais qu’est-ce donc qui me fait dire qu’elles me semblent justes ? Encore merci !
J'ai beau sentir aisément ce qui nous sépare dès qu'on approche de champs objectivement subjectifs et/ou d' opinions, je trouve tes présentations claires , pédagogiques et dignes de confiance . J'ignore si c'est de la neutralité axiologique ou une certaine aptitude à l'objectivité par l'émetteur et le récepteur ( oui, je me flatte un peu mais des panzani).
Mais faut-il que le chercheur neutre ait droit à un lecteur neutre pour être axiologique ?
Merci pour tes vidéos.
Bordel c'que t'es bon! Merci l'Ami !
Merci !
Super vidéo ! Clair et pourtant pas trivial. Je pense que je pourrais facilement en reprendre quelques points dans une discussion.
Merci 😊
Bonne vidéo et rappel utile 👌
Ahii passionnant ! Et enrichissante pour l'amateur de contenu sceptique que je suis 👌
On t’aime
Le problème c'est pas la non neutralité mais que cette non neutralité soit toujours la même.
Comme d'autres l'ont dit : très clair, merci.
Un détail : le son est excellent, mais le micro qui masque le bas du visage, ça me fait bizarre. J'ai envie de pousser le truc qui gêne ;-)
Vraiment cool !
La neutralité axiologique conduirait nécessairement aux règles de Crocker. c'est donc faire abstraction complètement du moins soupçon d'égo qui n'est jamais nul et qui ferait qu'on ne serait aucunement "gentil" avec l'interlocuteur qu'exigeait le moindre vivre-ensemble de la société.... Qu'en pensez vous?
En tant qu'étudiant en L2 de socio, c'est très intéressant ! Merci ! 🙂
Merci, comme toujours c'est passionnant.
Peut-on dire que la démarche scientifique, vu qu'elle remet en question ce qui semble acquis et relever du "bon sens", est en elle-même politique, par construction, anti-conservatrice ?
Je pense pas car là tu as déjà une vision située de ce qu’est « la démarche scientifique » (on ne fait pas de la science de la même manière partout et à toutes les époques - la science a notamment servis historiquement à pouvoir appuyer des positions conservatrices et fascistes notamment au XIXe siècle avec l’ethnologie, la sociologie, la psychologie etc). Aujourd’hui c’est vrai que la science s’est unifiée, mondialisée et standardisée (un des effets du capitalisme) mais d’ici dix / vingt ans rien ne peut prédire comment ça se fera, ni dans quel contexte politique on sera… :)
Bon timing
Merci
Je pense que le manque de neutralité axiologique n est pas tant décrié dans le choix des thèmes étudiés (même si ce serait intéressant de voir le pourcentage d études sur certains themes...), que dans la méthode et la rigueur scientifique de l analyse.
Si les études ne servent qu'à essayer de confirmer ce que l on pense déjà à priori alors on a un réel problème.
La vidéo explique très bien que c’est un faux problème. Si la tentative de confirmation procède d’une méthode scientifiquement rigoureuse, il n’y aura pas de souci dans la mesure où le dispositif devrait permettre de trancher (et s’il ne le permet pas, on change de dispositif). Même en « sciences dures » (maths, physique et même biologie), on commence souvent par des conjectures qu’on essaie de vérifier.
J'ai eu du mal avec l'idée que « La description scientifique de la réalité n'implique aucune décision pour agir sur cette réalité. »
Je pourrais dire, hors contexte, que par principe, c'est faux. Le seul fait d'observer un phénomène implique de moi-même une décision : celle d'observer l'objet. Et même, ma décision influe sur la réalité, si la description que je donne apporte à d'autres « une manière de voir » l'objet que j'ai décrit.
Mais, en soi, pour revenir dans le contexte, l'objet de la recherche est toujours déterminé a priori par les « besoins » de la société. L'idée même de « décrire la réalité » et plus encore de produire de la science renvoie nécessairement à un choix de société préalable. Je veux dire par là qu'on produit de la science. L'idée de production éclaire bien le fait que la science est issue d'une « décision ».
La production humaine est aussi toujours en un sens une activité planifiée. Dans la mesure où la donnée de fait, qui pour l'individu vient en quelque sorte du « dehors » s'ajouter à la théorie, est un produit de la société, il doit être possible, en conséquence, d'y retrouver une rationalité, même réduite. De fait, le savoir disponible est toujours immanent, sous forme d'application, à la praxis sociale, et la donnée perçue est donc, antérieurement même à l'élaboration théorique que l'individu connaissant lui fait subir, déterminée en partie par des représentations et des concepts humains. Cela ne s'applique pas seulement à l'expérimentation dans le domaine des sciences de la nature. Cette « objectivité pure » dans le déroulement de l'expérience, à laquelle la procédure expérimentale prétend atteindre, est bien sur liée à des conditions techniques dont le rapport au processus matériel de production est immédiatement évident. Mais il est difficile de distinguer le problème de la médiatisation des données factuelles par la praxis sociale dans son ensemble, et celui de l'influence exercée sur l'objet observé par l'instrument de mesure en tant que procédé particulier d'observation.
D'ailleurs, pourquoi faudrait-il faire de la science ? N'y a-t-il pas là certaines considérations morales ? C'est comme si l'« utilité », - et quelques soient les raisons qui la justifie (autoconservation de l'espèce, profit, bonheur, etc.), - était déliée de toute question morale par son seul fait d'être. C'est comme si on occultait que le programme des Lumières ne s'étaient pas donné pour but de libérer l'homme de la magie et de la superstition. « Ose te servir de ton propre entendement ! » relève tout de même d'un certaine orientation, d'un choix, d'une décision. Le combat contre l'obscurantisme n'existe que dans la perspective sociale d'un projet politique. À mon sens, la conception scientifique du monde et la critique de la métaphysique sont, de manière générale, inséparables d'un projet d'émancipation politique et sociale.
Sinon très bonne vidéo :)
La première idée qui est celle de la distinction « is-ought ». Même si on en vient à décrire une oppression, ça ne suffit pas à prendre une décision. Il faut une norme comme « il faut combattre l’oppression » ou « tous les humains doivent être traités de manière égale » pour indiquer ce qui doit être fait à lumière de la description. Avant ces normes ou valeurs, l’esclavage comme fait social décrit, codifié et reconnu était considéré comme une institution parmi d’autres. Des théories normatives ( comme la classification des âmes pour Aristocrate, racisme et droits de l’homme) ont tour à tour jugé cet état de fait acceptable, désirable ou indésirable dictant ainsi ce qui doit être fait. Le fait lui-même existe et ne génère pas de jugement moral à priori. C’est la valeur morale qui se surajoute au fait pour donner un jugement moral (on peut aussi utiliser des exemple esthétiques).
@@HolyAvatar88 Salut, ce n'était pas là le propos de mon commentaire. Mais merci quand même pour votre réponse.
Je n'ai jamais prétendu qu'il était du ressort de la science de prendre une décision politique. Toutefois, il faut être prudent, et ne pas confondre science (production de la théorie) et technique (production de biens, méthodes, savoir-faire, etc.) dans une argumentation - bien qu'il existe un lien immédiatement évident : l'évolution technique suit naturellement l'évolution scientifique et réciproquement ; la technique est la finalité de la science. La science utilise la technique pour ses fins propres. Mais il faut les différencier pour ne pas tomber dans l'erreur.
Quand vous prenez des exemple tels que « l’esclavage comme fait social ». On parle ici d'une technique et non d'une science. Toute technique de façon nécessaire est porteuse de valeurs, car c'est à la fois un moyen et une fin de l'action.
« Le fait lui-même existe et ne génère pas de jugement moral à priori. »
Cela m'apparaît évident si on considère un fait comme un « objet en soi » - et je n'ai jamais nié cela - cependant, on peut tout autant considérer un fait comme porteur de valeur, étant donné que c'est l'homme qui établit la norme sur ce qu'il observe. Peut-être que fait et norme sont consubstantiel dans la mesure où le fait ne peut être compris qu'à travers le prisme d'un jugement sur le fait. D'après les empiristes logiques, penser scientifiquement en intégrant l'« objet en soi » serait une erreur de ce qu'il appelait la « philosophie scolaire », c'est-à-dire la tradition platonicienne des Idées ou l'idée qu'il existe un « en-dehors » indiscernable par la raison. Quelque chose qui ne dépend pas de notre jugement sur le fait, de notre projection sur la nature.
C'est d'ailleurs toute la difficulté posée aujourd'hui à la philosophie du langage... Est-ce qu'un langage peut être dénué de tout fondement moral ?
Pour mieux me faire comprendre sur ce que je viens de dire, prenons l'exemple d'un résultat obtenu par un instrument de mesure. Ce que mesure l'instrument renvoie nécessairement à des concepts humains qui correspondent à ce que l'on considère comme juste par convention (c'est-à-dire une norme ; bon, bien). 1+1=2 est vrai aussi pour d'autres raisons que celles formellement logiques. La vérité qui sous-tend 1+1=2 émane à la fois de sa « constitution » qui nous est connue, de sa mise en correspondance des signes, sans ambiguïté, avec un seul objet ou un seul état de choses ; que de sa spécificité normative qui correspond à ce que nous considérons comme vrai selon l'état de la science à une époque donnée. Mais la science ne s'intéresse guère à la question de la normativité.
Cependant mon propos de départ n'était pas celui là. Ce que je m’efforçais à montrer, c'est qu'il existe un caractère moral propre à la science. Pour paraphraser Guy Debord, la science est l'affirmation du choix déjà fait dans la production. Il est évident qu'on ne se pose pas la question si oui ou non, il faut faire de la science, et on reléguerait cette question dans le domaine de l'éthique du fait que la science est déjà un fait social.
Pourtant il est évident que l'avènement de la science s'explique par sa victoire dans une lutte politique contre le dogmatisme religieux. Ce qui montre bien qu'il existe certaines valeurs : la valeur de vérité par exemple. La valeur concernant la méthode, parce que la science c'est avant tout une méthode...
Mais l'argument que je n'ai pas explicité et qui montre assez bien la relation qu'il existe entre le pouvoir politique (et donc jugement moral) et la science : c'est le scientisme du XIXe et XXe siècle. Les intrications entre le politique et la science sont visibles. Par exemple, l'invention du « darwinisme social », de la « phrénologie », ne furent qu'un moyen de faire correspondre l'état de la réalité sociale et ses valeurs - tout en les considérant comme un « fait neutre » - avec des données d'observations.
Ps : J'aimerais vous conseiller l'ouvrage « Le Mythe de l'État » de Ernst Cassirer. L'ouvrage retrace l'histoire de la lutte de la Raison contre le Mythe dans l'histoire occidentale. Bien qu'il laisse quelques zones d'ombres car c'est un essai qui tente avant tout d'expliquer l’avènement du fascisme. Il montre bien les relations qui existe entre Mythe et Raison ainsi que le cheminement historique. Toutefois, je trouve qu'il fait bien transparaître ce que j'ai énoncé dans mon commentaire.
@@oddwoke4206 je vous remercie pour votre réponse détaillée, j’avais mal saisi l’angle par lequel vous attaquiez la distinction. Ça me rappelle également Putman qui fait un cheminement similaire.
@@HolyAvatar88 C'est moi qui vous remercie.
Oui Putnam ! Sûrement car il eut comme professeur Reichenbach et Carnap, qui furent tous les deux des personnalités importantes de l'empirisme logique. Toutefois, je vous avoue ne jamais l'avoir lu.
"Avoir des valeurs différentes", c'est la clé mais il y a peu de diversité au sein des universités. L'aspect militant devient problématique car il influence la rigueur scientifique et le sérieux des articles. Le souci des recherches sur l'intersectionnalité c'est justement le manque de sérieux, démontré par de nombreux universitaires aux USA.
On ne saurait mieux dire!
Est-ce que le fait de prôner la « neutralité axiologique » n’engage pas lui-même un certain nombre de valeurs ? Vouloir la neutralité axiologique, c’est vouloir une certaine vision de la science en un sens non ?
oui mais le scientifique doit obéir à son maître qui n'est pas un scientifique et qui lui impose la neutralité axiologique voyons
Bah ça s'appelle "norme de scientificité".
À quoi ressemblerait la science sans neutralité axiologique ? Si l'on introduit l'idée que la validité d'un résultat dépend de sa compatibilité avec un système de valeurs, l'universalité du projet scientifique se prend un plomb dans l'aile.
@@jeanf6295 oè c'est bien vrai, il me semble que ça fait partie de ce qu'une bonne définition de la science doit contenir, mais lorsqu'il s'agit de choisir un sujet de science plutôt qu'un autre il n'y a plus de neutralité axiologique qui tienne non ?
@@gregoiremartinetti2745 dans une certaine mesure oui, c'est ce que l'on retrouve dans l'exemple du chercheur en droit anarchiste et de ses pairs, et c'est pourquoi la diversité des profils est importante.
Quelles sont les trois problématiques épistémologiques que Max Weber a développé dans son ouvrage : Essai sur la théorie de la science ( 1904-1917) ?
Un défaut de neutralité axiologique soulant dans le discours politique actuel : l'innovation, présentée comme désirable par nature.
Neutralité axiologique c'est plus pour le champs scientifique à mon avis, ça serait plus un sophisme comme l'appel à la tradition (Vlanx en parle dans sa vidéo sur "'l'appel au futur")
@@shafouingue Oui, effectivement.
@@shafouingue Il me semble que c'est un appel à la nature. Car l'appel à la tradition, ce serait de dire : « on a toujours innové donc c'est désirable. »
Ceci dit, la neutralité axiologique peut s'appliquer à toute production intellectuelle y compris l'information médiatique. En prenant l'exemple des médias, la neutralité axiologique serait pour un journaliste ou un expert, du fait de son autorité, de s'abstenir d'énoncer un jugement de valeurs sur les faits présentés. Et, pour tout dire, dans de telle condition, les débats seraient vite déprogrammés.
ha, rien que le sujet et l'intro = pouce bleu.
Merde mais il n'est plus bleu du tout ce pouce !!! oO ^^
4:48 - Les oreilles de certains professeurs ont dû siffler...
Bonjour cher ami. J'au vu seulement trois de tes videos et il me semblen magnifiques. J'ai cherche si tu avait parlé de Foucault et de Bourdieu, et j'ai teste que tu as dedié plusieurs chapitres ou des videos sur ces personnes. Ja vais regarder, car surtout Bourdieu m'interessem en l'ocurrence, ses ecrits sur le champ et les habitus "la hexis corporel". Il me semble un philosophe très inteligent et coherente. A mon avis, il sait, il a su en tirer les mecanismes caches qui conforment les habitus de l'individu. Je te remercie si tu peux parler, aproffondir un peu plus dans sa sociologique, surtout le composant linguistique et comme ce facteur façconne l'individu et comme le discours ( dans ce cas aussi on recourir Foucault) a une influence trascendent dans l'individu. Merci mon cher ami.
Intéressante généalogie de la neutralité axiologique cependant l'honnêteté n'est pas la chose la mieux partagée dans le monde universitaire. Et c'est souvent les rapports de forces en faveur de certaines approches militantes qui imposent leurs diktats sur les esprits.
Tu te bases sur quoi pour dire ça ?
Perso de ce que j'ai vu c'est surtout les financements Europe qui ont un pouvoir décisionnel et donc idéologique fort.
Oui c'est vrai le financement Européen est un grand vecteur idéologique.
Par ailleurs, mon expérience sur le terrain m'a fait entrevoir le manque d'honnêteté de certains.
@@Palmier_nain Ton animal-totem, c'est le lion de mer ? lol. 80% de sociologues adeptes de la théorie discréditée du #BlankSlate, ça te parle ?
@@remipapp9883 Tu as bossé dans quelle labo de socio ?
Le Miniver 🙂
Mais mince Politikon, je suis perdu de toutes parts dans ce que je veux faire plus tard maintenant je veux faire juriste anarchiste, oskour ouin
Militance et recherche, opinion et sa généalogie, institution de ce qui doit être et la compréhension de ce qui est. La science humaine est ce nœud gordien entre morale et épistémologie que tranche impunément tout militant. Sur l'économie, pardon, mais lisez plutôt André Orléan si vous voulez atteindre une plus grande « rigueur scientifique » sur les valeurs.
Le son est un peu trop aride, ça manque d'une ambiance (pas une musique d'ambiance juste les micros son que chaque environnement a naturellement).
Un "qu" a été oublié dans le titre :) : "axiologique" et pas "axiologie"
Merci ! C'est corrigé :)
On minimise trop souvent la valeur ajoutée d'une citation de M. Valls dans une vidéo sérieuse...
Merci pour cet historique de la notion. Cependant, la déontologie dans les sciences me semble nécessaire et essayer de minimiser la neutralité en valorisant sa critique comme étant heuristique me semble destiné à valoriser les nouvelles idéologies ultra-gauchiste.
Merci pour cette vidéo pas mal du tout, mais un peu confuse sur la manière dont les "termes" peuvent "véhiculer des valeurs" (notamment vers 10:27).
Je trouve qu'en entrant dans ce sujet de la neutralité axiologique en sciences il aurait fallu plus explicitement et méthodiquement distinguer :
(1) la question du mode d'énoncé (indépendant des termes referant aux notions théoriques utilisés, mais caractérisé par l'emploi de verbes comme "être" ou "devoir être"), et qui est en général clair et pas si problématique, et
(2) la question, vers laquelle on glisse à la fin un peu sans prévenir, du caractère potentiel de fiction ou d'idéalisation de certaines hypothèses ou cadres conceptuels, dont le choix de se fonder sur eux peut paraître relever d'un choix arbitraire fondé sur des valeurs (l'exemple tarte à la crème étant en effet celui des hypothèses de rationalité en économie, mais dans d'autres sciences ça peut être beaucoup plus dur à déterminer, et ça pose à mon avis la question de niveaux d'analyse si fondamentaux qu'ils en deçà de l'opposition entre descriptif et prescriptif, mais ça se discute).
Et notez que ces deux dimensions sont indépendantes de (3) la question de l'influence de la situation sociale dans l'application des contraintes méthodologiques d'une discipline particulière dans (4) le choix du sujet, comme bien expliqué à la suite de Weber...
Du coup je trouve dommage de finir sur "toute recherche est investie par des valeurs" car c'est un cliché qui même s'il n'est pas faux recouvre plusieurs (au moins 4) enjeux assez différents les uns des autres comme j'espère l'avoir fait sentir.
Bref le sérieux philosophique aurait requis une analyse plus méthodique mais c'est quand même bien de faire connaître mieux les vraies positions de Weber. Même si, dernier bémol, sa parenté sur la notion de neutralité axiologique (formulée comme telle) n'en disqualifie pas *a priori* d'autres interprétations. Le genre de scientistes un peu simples visés par cette vidéo pourraient simplement dire qu'ils ne l'entendent pas au même sens et que le rappel d'histoire de la philosophie sur Weber est superflu.
Propos intéressant. Dommage, j'ai envie de critiquer le fait de parler derrière cet énorme micro
Vu mon pseudo et ta dernière recommandation "n'oubliez pas d'être neutre", je me sens obligé de commenter. J'aimerais savoir de quoi tu parles quand tu dis que des recherches scientifiques sont censurer en France? De ce que j'ai pu voir et c'est le cas des recherches intersectionnelles disons, elles sont plutôt de plus en plus financées qu'autre chose.
Ce que je trouve personnellement dramatique dans l'état de la recherche que j'ai d'ailleurs quitté, ce n'est pas le traitement scientifique de sujet comme le "wokisme" ou autres, mais c'est l'imposition des thématiques "wokes" dans tous les champs de la science. Quand pour obtenir une bourse type Marie Curie, tu dois justifier en quoi ta recherche en physique sur les déplacements d'atomes dans des verres peut aider à accroître la visibilité des femmes dans les sciences, je suis perplexe.
Le monde de la recherche n'est pas exempte de biais cognitifs militants et il ne faut pas se leurrer sur la supériorité de ce microcosme comme le faisait dans une première approche le héros du roman fleuve' Les Pasquier 'de Georges Duhamel.
Un rappel à la neutralité axiologique n'est pas de trop vis à vis des brebis galeuses qui militent pour des idéologies à la mode...
Tu as des exemples précis en tête ? Où tu n'a juste pas écouté la vidéo ?
Des exemples précis, désolé je ne serais pas un scycophante.
Cependant mon expérience sur le terrain m'a fait connaître les derniers marxistes dans l'université et les nouveaux idéologues qui pourraient tous recevoir aisément un prix Lyssenko...
@@Palmier_nain Ton animal-totem, c'est le lion de mer ? lol. 80% de sociologues adeptes de la théorie discréditée du #BlankSlate, ça te parle ?
@@remipapp9883
Moi non plus je n’ai pas d’exemple mais je pense le contraire de toi et mon expérience sur le terrain le prouve également et puis voilà j’ai raison, et je m’autopouce aussi tiens 👍
@@antoinetastchat8187 bon je te pouce aussi. Pas de sectarisme 🙂 c'est bien d'avoir une opinion et de la partager.
Les 80% de sociologues adeptes de la théorie décrédibilisée du #BlankSlate, on en parle ?
theorie dont la critique est faite par les deux fondateurs de la psychologie evolutionniste en 1992. Theorie soutenue par aucun/aucune sociologue, c'est un homme de paille grossier pour se donner l'air critique a peu de frais. La psycho evolutionniste adopte des raisonnements pseudoscientifiques par contre, et prend ses racines dans la sociobiologie de Wilson (ils preferent sauter cette filiation evidente en parlant de Darwin...)
@@julienselignac9434D'un point de vue épistémologique, même si la psychologie évolutionniste tire ses racines de la sociobiologie de Wilson, elle n'a rien avoir avec cette dernière au niveau de la méthodologie et des conceptes.
La sociobiologie de Wilson avait fait l'erreur méthodologique de se basé sur le fameux "déterminisme génétique" pour expliquer les comportements. Une vision réductrice et fausse des mécanismes moléculaires.
À l'inverse, la psychologie évolutionniste n'est pas essentialiste et prend en compte les données épigénetiques.
Pour ce qui est de la théorie de "la table rase" elle est malheureusement dominante en sociologie, ethnologie et dans certaines branches de la psychologie. Pour vous en faire une idée, le prestigieux sociologue Bernard Lahire a dit dans une interview France Culture quand cursus de sociologie ont apprenaient à "dénaturaliser" le comportement humain car considèré comme incompatible avec l'aphorisme Durkeimien (socle structurel de toute les sciences sociales).
Une sorte de "néobehaviorisme"si je puis dire qui par phobie ou incompréhension de la biologie de l'évolution et des mécanismes de l'épigènese (decouvert en 1963 par Lerhman) nie les bases biologique de certains comportements sociaux. Nature et culture ne forme qu'un! Il s'agit là d'un vieux débat philosophique qui a contaminé la philosophie occidentale et les sciences humaines et sociales en France.
Heureusement que les travaux en éthologie, paléoanthropologie, psychologie cognitive, archéologie prehistorique, génétique comportementale et écologie comportementale s'oppose à cette aberration scientifique qu'est l'aphorisme Durkeimien.
Je précise que je ne suis pas 100% d'accord avec la psychologie évolutionniste mais elle me semble plus robuste sur le plans méthodologique que les SHS françaises pour étudier le comportement humain par le simple fait qu'il s'agit d'une discipline transdisciplinaire qui permet de surcroît, la consilliance des savoirs.
Merci