DEBUSSY Petite suite - Eric LE SAGE Frank BRALEY

Claude Debussy (1862-1918)
Petite Suite
I. En bateau : Andantino
II. Cortège : Moderato
III. Menuet : Moderato
IV. Ballet : Allegro giusto
FRANK BRALEY &
ÉRIC LE SAGE
Claude Debussy

Petite Suite
Composition : 1886-1889.
Création : Paris, 1er mars 1889,
par Jacques Durand et le compositeur.
Claude Debussy jouait lui-même avec grande
virtuosité du piano, auquel il consacra des pièces
au langage et à l’interprétation complexes, qui
révolutionnèrent le répertoire et le toucher de
l’instrument. Mais il aimait aussi les petites pièces
de caractère, et l’univers du jeu et de l’enfance.
Dans la Petite Suite, destinée à être jouée à quatre
mains, il compose de petits tableaux musicaux
qui offriront aux pianistes complices un plaisir
immédiat à partager le même clavier.
Les titres des mouvements, courts et imagés,
orientent l’imaginaire de l’auditeur vers des
atmosphères connotées et des rythmes de danse,
mais laissent aussi transparaître en filigrane
l’influence de Paul Verlaine : En bateau et Cortège
s ont en effet des poèmes des Fêtes galantes.
Ce recueil, paru en 1869, s’inspire de l’univers
pictural de Jean-Antoine Watteau (1684-1721)
pour décrire de petites scènes bucoliques de
marivaudage. Debussy s’en inspira à plusieurs
reprises, aussi bien dans des mélodies sur des
poèmes du recueil que dans d’autres pièces
instrumentales. C’est le cas de son fameux «Clair
de lune», tiré de la Suite bergamasque, dont le titre
fait lui-même référence à ce poème («Votre âme
est un paysage choisi / Que vont charmant masques.
et bergamasques»).
«En Bateau» invite à une douce rêverie avec
son balancement ternaire, ses fluides arpèges
ascendants en doubles croches, et sa mélodie
suspendue dans l’aigu. «Cependant la lune se lève
/ Et l’esquif en sa course brève / File gaîment sur
l’eau qui rêve…» C’est tout un monde désuet
et charmant qui semble reprendre vie dans le
pétillant «Cortège», comme dans les vers de
Verlaine tirés du poème homonyme : «Un singe
en veste de brocart / Trotte et gambade devant elle /
Qui froisse un mouchoir de dentelle / Dans sa main
gantée avec art.» Le «Menuet» poursuit dans la
même veine légèrement archaïque : une courte
introduction semble présenter la révérence des
danseurs avant qu’ils n’entament une élégante
danse lente à trois temps. Le «Ballet» contraste
par son caractère sautillant et joyeux. Au coeur
de ce dernier mouvement, un rythme de valse
fait office d’intermède plus lyrique. Le premier
thème et celui de la valse s’entremêlent enfin
dans un retour au tempo guilleret du début du
«Ballet». En résumé, on pourrait dire de cette
Petite Suite, comme Rimbaud des Fêtes galantes :
«C’est fort bizarre, très drôle ; mais vraiment, c’est
adorable. »
La Petite Suite est moins connue dans sa version
originale que dans la version orchestrée en 1907
par Henri Büsser, qui valut à ce musicien les
compliments de Debussy.
-M
. S.

[@leiladode]

I. En bateau : Andantino : 00:00
II. Cortège : Moderato : 03:13
III. Menuet : Moderato : 06:14
IV. Ballet : Allegro giusto 08:55