3/19 (Tome 2) Satprem. CARNETS D'UNE APOCALYPSE (1978-1982). pp. 39-49

Поділитися
Вставка
  • Опубліковано 15 вер 2024
  • 1er septembre 1978
    (Lettre personnelle)
    [...] Au fond, j’ai une foi formidable quelque part dans le corps, sinon je n’aurais jamais tenu. Et puis, depuis ce 15 août au soir où quelque chose a basculé dans ma conscience, je vis dans un état d’abandon total (au fond, même ma jambe ne me préoccupe pas, sauf qu’elle m’embête !) On dirait que tout a foutu le camp de tous les côtés, le naufrage complet, on est tranquille, il n’y a plus rien à « sauver ». Si je mourais dans trois minutes, ce serait très bien ; si je continue cinquante ans, c’est tout pareil - de n’importe quel côté c’est le même truc infernal tant que ça n’aura pas changé totalement, matériellement - tant qu’on ne sera pas dans l’autre espèce. Et je comprends bien ceci : rien ne changera vraiment, ni les cieux ni les enfers, tant que la Matière ne sera pas changée. C’est là que ça se passe, c’est la clef de tous les paradis et tous les enfers, aussi faux l’un que l’autre, c’est le lieu où la Chose se passe, où, peut-être, le vrai paradis s’élabore, sans extase nulle et sans phlébite idiote. Passer de l’autre côté ne change rien, voilà des milliers de milliards d’années que ça dure.
    Tu comprends, ce poison-là, celui que j’ai avalé pendant près de cinq ans à Pondichéry, c’est ça l’horreur du monde à abolir. Tant que la racine de cette horreur-là ne sera pas extirpée, rien ne sera jamais guéri ni parfait, dans aucun ciel et dans aucun univers. C’est clair pour moi maintenant. Je veux dire que je comprends matériellement, avec mes sens si je puis dire... ...
    Oh ! je ne voudrais jamais revivre ces cinq années d’enfer depuis 73 - Mauthausen et Buchenwald, c’est charmant à côté. Je comprends maintenant pourquoi je suis passé par là. Que ça n’existe plus sur la terre.
    Mais alors, c’est une drôle de période... J’ai passé toute une nuit - sept heures, c’est long - dans un état qui n’était pas du tout du sommeil parce que j’avais exactement l’impression d’une nuit blanche, sans une seconde de sommeil ni de repos, et qui, pourtant, n’était pas un état éveillé puisque j’étais incapable de sortir de la situation - un sommeil qui n’était pas du sommeil du tout, et une veille qui ne ressemblait pas à l’état éveillé. Et la situation qui a duré sept heures continues, d’où j’étais incapable de sortir, était celle-ci : j’étais dans une pièce qui semblait être ma chambre ? assez nue, grande, propre, avec un sol jaune, et il y avait un individu, qui ressemblait au grand boutiquier du village, qui faisait entrer dans ma chambre un certain nombres d’objets indescriptibles (c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas de sens dans ma conscience extérieure de veille, c’était comme des chaises ou des tables retournées dont je voyais surtout les pieds), enfin des objets dont je ne voulais pas dans ma chambre. Alors je les sortais de ma chambre, il les re-rentrait, je les re-sortais, il les re-re-rentrait - et ainsi de suite pendant sept heures ! !... À devenir fou. Et je ne dormais pas ! Et je n’arrivais pas à sortir de là !
    On dirait que c’est le mental physique. Mais quelle gymnastique de fou ! Et pourquoi je fais tout ça, ou pourquoi je vis tout ça ? On dirait que je ne traverse qu’une affreuse négativité, sans jamais voir le positif de ces divers cauchemars - et tout est un cauchemar, sous une forme ou une autre. Voilà la situation. Alors ces gens qui ont des « illuminations » ou des « expériences spirituelles », je commence à les regarder avec des yeux de hibou éberlué - je ne comprends plus rien à deux mille cinq cents ans de spiritualité. Et je ne comprends rien à l’autre chose. Entre les deux, je déménage et redéménage des objets insensés de ma chambre. Et je n’arrive pas à me dire honnêtement que je suis en transit vers une autre espèce parce que je ne vois rien, pas le moindre petit poil de la bête suivante, sauf que celle-ci se dégrade et donne toutes les apparences d’un formidable échec - mais retentissant, tu sais, et détaillé...
    --------------------
    11 septembre 1978
    (Lettre personnelle)
    - on n’a pas les yeux qu’il faut pour voir dans cette « nuit-là », qui est seulement la nuit de nos yeux physiques actuels. Si c’était clair, ce serait probablement la vieille routine dans les sentiers battus du vieux monde. À l’Ashram, tout est parfaitement « clair » ! tu penses, ils ont attrapé la Mère éternelle avec leurs pinces à linge - eh bien, la Mère éternelle, Elle me fait marcher sans que je voie le bout de son petit doigt - probablement c’est Elle qui me tient au bout de ses pinces à linge !
    Excuse mon langage, mais je ne sais plus parler du tout, ça aussi ça ne fonctionne plus littérairement ni spirituellement, c’est tout chaotique. Enfin on marche, même sans jambe - c’est tout à fait cela. Mais vraiment Elle nous fait faire des choses assez impossibles. Et Elle doit rire par-dessus le marché. Je suis sûr qu’Elle se moque de moi. Si seulement je la tenais...

КОМЕНТАРІ • 2

  • @pascalh.387
    @pascalh.387 28 днів тому

    Plus on avance, plus le changement va à l inverse de ce que l'on a souhaité !
    Merci c'est aussi ce sud je ressens en ce moment.

  • @CM-M
    @CM-M Місяць тому

    🙏🌹🌸🌷🦋🙏