Alizé Lorsque mes flacons sont vides, que tout a un goût d'eau stagnante. Que mes pensées tournoient autour de moi comme les vents autour de l'œil du cyclone. Lorsque les mots que j'extirpe de mon désespoir se mêlent aux embruns de mon angoisse. Lorsque mon bonheur n'est même plus un souvenir. Lorsque j'ai l'impression de n'avoir pas encore vécu mais d'être déjà mort. Lorsque le mot espoir est la page blanche de mon dictionnaire inachevé. Je me fais un chemin entre les livres et les bouteilles vides qui jonchent le sol de ma chambre encombrée d'anxiété et je gravis, chancelant, le morne qui surplombe mon abri. Je vide mes poumons et écarte les bras comme le Cristo Redentor qui domine Rio. Et j'attends le vent. Non ! je n'attends pas le vent du Nord, qui dessèche nos âmes et fait sortir les fous. Non ! je n'attends pas le vent d'Ouest qui s'aplatit dans nos vallées, cherchant en vain où naît le soleil. Non ! je n'attends pas le vent du Sud, parfumé des terres arides, dont le souffle couvre la complainte des tambours. Non ! je n'attends que le vent qui alimente nos cœurs, le vent chargé des rumeurs de l'océan ! Je n'attends que le vent qui est nourri des chants de nos pères. J'attends le vent qui a frôlé les cuisses de nos muses. Oui ! J’attends l'Alizé ! J'attends sa tiédeur rafraîchissante. J'attends l'Alizé, parce que c'est pour lui que l'air à inventé le vent. J'attends l'Alizé, parce qu'avec lui, la flûte, seule, peut chanter.
Alizé
Lorsque mes flacons
sont vides,
que tout a un goût
d'eau stagnante.
Que mes pensées
tournoient
autour de moi
comme les vents
autour de l'œil du cyclone.
Lorsque les mots
que j'extirpe
de mon désespoir
se mêlent
aux embruns de mon angoisse.
Lorsque mon bonheur
n'est même
plus un souvenir.
Lorsque j'ai l'impression
de n'avoir pas encore vécu
mais d'être déjà mort.
Lorsque le mot espoir
est la page blanche
de mon dictionnaire inachevé.
Je me fais un chemin
entre les livres
et les bouteilles vides
qui jonchent
le sol de ma chambre
encombrée d'anxiété
et je gravis, chancelant,
le morne qui surplombe
mon abri.
Je vide mes poumons
et écarte les bras
comme le Cristo Redentor
qui domine Rio.
Et j'attends le vent.
Non ! je n'attends pas
le vent du Nord,
qui dessèche nos âmes
et fait sortir les fous.
Non ! je n'attends pas
le vent d'Ouest
qui s'aplatit
dans nos vallées,
cherchant en vain
où naît le soleil.
Non ! je n'attends pas
le vent du Sud,
parfumé des terres arides,
dont le souffle couvre
la complainte des tambours.
Non ! je n'attends que le vent
qui alimente nos cœurs,
le vent chargé
des rumeurs de l'océan !
Je n'attends que le vent
qui est nourri
des chants
de nos pères.
J'attends le vent
qui a frôlé
les cuisses de nos muses.
Oui ! J’attends l'Alizé !
J'attends sa tiédeur rafraîchissante.
J'attends l'Alizé,
parce que c'est pour lui
que l'air à inventé le vent.
J'attends l'Alizé,
parce qu'avec lui,
la flûte,
seule,
peut chanter.