de sorte que mon monde est trop petit et le poème jamais assez Merci pour ce voyage en un corps soudain bien étrange - une voix, sa musique, et toujours ce passage de la couleur vers son autre ... Je vous souhaite un beau moment d'émotion et de ravissement. Et le trac qui fait que le cœur bat ! Bien à vous, Marie-Noëlle
Merci Marie-Noëlle pour ce retour et d’avoir à votre façon complété le titre… car il s’agit bien de cela : mes films sont une proposition en forme ouverte ou chacun peut tenter de retrouver un peu de l’autre ou de soi-même. C’est étonnant que vous parliez de trac… car c’est un sujet en ce moment tout spécialement chez moi. Il faut apprendre à vivre avec, pour ceux dont la carapace n’a pas sa place. L’émotion surgit et c’est ici…
Ce petit film divise la parole et la répète comme une déclinaison. En fait il met à nu la parole et la langue comme une chose répétitive vidée de sens. Quelquefois cette perception arrive dans des vieux couples ou dans des échanges entre deux personnes ou le contenu de l'échange n'est plus important. Expérimentation intéressante ce film... Tu arrives presque à une mélodie mantrique. Mathias
Merci Mathias. Et ce qui est étonnant, c’est que cette voix était celle d’une jeune femme de 25 ans (qui lisait son propre texte) mais dont peut-être les répétitions venaient de l’accumulation des souffrances des générations précédentes ! A la fin, c’est comme une prière… quelque chose qu’on envoie au ciel pour espérer la paix ?
J’ai eu du mal à rentrer dedans mais, à la fin, je trouve que l’avis qu’a laissé sur UA-cam l’un des spectateurs est très intéressant, c’est très finement analysé et ressenti. Je me suis retrouvé dans le regard qu’il porte sur ce film. Je vais donc m’associer à ses louanges. Bernard J.
Merci Colette. Le début c’est le texte de Laura Vazquez lu par elle-même… Son poème était effectivement en boucle, fait de répétitions… Les pouces ont été filmés dans le même temps que la lecture…
@@christopheschaeffermovies Merci pour les précisions : les pouces m'ont évoqué un souvenir agaçant, dans un cinéma, récemment : j'avais à un siège de moi un gars qui faisait cliqueter les ongles de ses pouces en les faisant chevaucher (je ne sais pas comment expliquer autrement) et de l'autre côté quelqu'un qui mangeait des pop-corn...
Ahhhh terrible les popcorns, ça me rend dingue ! Les gens confondent le cinéma avec leur canapé… je change de place mais un autre arrive… donc je ne fréquente plus que les petites salles mais c’est pas gagné car l’épidémie gagne…
Bien vu « De sorte que » : lorsque les mains deviennent des jambes… Quant à la sérénade de Schöenberg, c’est une des plus belle réussites du compositeur, effectivement. Patrice M.
Wouah, quel voyage...!! J'ai eu l'impression de partir loin, longtemps... Du mental, verbal, percutant, perturbant, au corps qui réagit avec une acuité et une cohérence qui dépassent toute volonté. Et au-delà de ça, un espace. Vaste. Où tout peut exister. Au-delà de la raison et pourtant bien tangible. Cette danse tactile ralentie, ces jeux d'ombre et de lumière ainsi que les sons nous transportent au cœur de l'infiniment petit et de l'infiniment grand. Lien? Contradiction? Porte de sortie - ou d'entrée? Tu nous emmènes dans cette apesanteur où, si nous acceptons de nous perdre, nous pouvons peut-être bel et bien nous retrouver... Sensation de plonger au cœur de l'indicible qui, malgré son accès faussement dissimulé, serait peut-être le coeur de l'expérience humaine...? Magnifique !! 💫
Merci Béatrice. Danse tactile, très beau… L’expérience humaine aurait pu aussi être le titre. Le film parle de corps, d’espace, du vécu à travers les mots. Je ne sais pas si inconsciemment j’ai cherché une évasion, une sortie à cet acte poétique à sa façon emprisonné dans les maux du corps. Cette femme qui écoute, à travers le mouvement de ses doigts, une autre qui lit à travers ceux de sa langue. Sous mes yeux, le mécanisme des pouces comme une façon d’être avec et aussi de ponctuer l’espace. Il y avait une tension palpable dans l’attention, les gestes devenaient un rouage de l’esprit, le compte à rebours d’une existence en péril. Mais c’était peut-être aussi une façon d’accompagner, de résister ?
"Cette femme qui écoute, à travers le mouvement de ses doigts". J'adore... Et, un peu dans le même sens, si cette femme écoutait et que ses doigts entendaient et exprimaient? Entendaient quoi... l'expérience humaine justement, peut-être...? Ce que l'esprit ne perçoit pas, ou pas tout de suite, hors du contrôle mental. Dans leur vitesse "normale", ces gestes m'évoquaient une forme d'angoisse alors que ralentis, j'y voyais plutôt une danse suave et réconfortante. Peut-être qu'un peu des deux s'entremêlent dans cette ponctuation corporelle...?
Passionnant sujet que la perception à travers le mouvement des images : accéléré, lent, ralenti extrême. Ce que tu dis correspond selon moi au passage entre le réel et l’imaginaire, une porte d’entrée vers un autre monde où la perception et les affects sont modifiés, altérés. C’est exactement ici que je souhaite me situer, dans l’archéologie des couches perceptives en relation à la temporalité. C’est pourquoi les films de Chantal Akerman sont si importants, non par leur contenu désenchanté, mais par l’ouverture qu’ils proposent à travers une forme temporelle inouïe. La plupart du temps (c’est le cas de le dire), nous passons à côté du temps (même si le temps lui ne se gêne pas pour passer à travers nous) : nous éludons cette dimension par peur de l’ennui… donc de la mort (causalité rapide j’en conviens). Tout doit être rempli. Dans Jeanne Dielmans, le paradoxe, c’est que le personnage principal comble le temps et l’espace par la répétition maniaque d’un quotidien apparemment vide de désirs (et de sens ?), donc élude le temps à sa façon (la peur de mourir) mais celui qui regarde le film se trouve dans la position de l’ouverture totale face à ce qui est forclos pour le personnage. C’est le génie du film… En ralentissant les images, je cherche à ma façon une dimension altérée et alternative à la perception intime de l’être et du temps. J’augmente la durée par le ralentissement, ce qui est une manière de flirter avec le poétique mais aussi l’ennui (?)
Oui c'est exactement ce que j'ai perçu: "les passage entre les réel et l'imaginaire". À ce moment-là du film, lorsque les mouvements ralentissent, que l'image se rapproche des doigts, que la couleur disparaît, on se sent vraiment amené ailleurs. Les formes et les mouvements ne revêtent plus leur sens premier et nous y voyons presque ce que nous voulons. (Cela m'a même fait penser à une danse nuptiale entre deux animaux marins, genre concombres de mer, belle et poétique! :D ) Décalage de perception en effet. C'est réussi... :) Quant au flirt avec l'ennui, je ne l'avais pas vu ainsi mais c'est vrai que le ralenti crée une agitation mentale qui cherche tout d'abord à comprendre, trouver un sens. Jusqu'à ce que l'on puisse lâcher peu à peu ces attentes et se laisser aller à ce qui est là, finalement peut-être pas (du tout?!) si ennuyeux...?
C’est drôle car j’ai pensé également à des animaux marins, du pouce au concombre des mers, j’avoue que ce n’était pas prémédité ;) Le macro (pas le maquereaux) permet aussi de confondre l’image, de la découvrir sous la forme d’un monde étrange, inattendu. La pexillisation à l’extrême permet aussi cette touche impressionniste. Ce qu’on peut faire avec la technologie numérique engendre une forme impossible à réaliser avec l’argentique, à savoir décomposer l’image en atomes afin de créer des modèles de représentation où l’imaginaire s’engouffre aisément. Par rapport à l’ennui, c’est vrai que je lui accorde un statut particulier, plutôt positif en fait : l’antichambre de la présence. Tout se vide et quelque chose apparaît. Ce temps peut paraître long, inefficace mais, de mon point de vue, il est la condition de possibilité pour être présent au monde et à soi, car l’agitation et la confusion tendent à se calmer (un peu). En ce sens, l’ennui est une propédeutique à faire l’expérience du monde tel qu’il est. Il est aussi valorisé dans la pratique de la méditation ;)
oui, je regarde souvent les jeux de mains qui parfois s'accordent ou contredisent la parole et les regards aussi en disent long sur les vraies émotions ressenties. Une conteuse africaine me disait combien en voyant les mains bouger et que même parfois cela changeait sa façon de raconter à l'instant où elles les voyaient elles aussi palabrer en quelque sorte comme si le message du conte était ou non entendu. Yannick L.
Il y a les jeux de mains comme il y a les jeux de mots. Finalement on ne viendrait à penser que tout ça joue ensemble. Très intéressante et symptomatique cette histoire du point de vue du conteur car en effet on parle et on ressent avec les mains. Les pouces sont ici une sorte de grammaire intime à la personne. C’est un balai chorégraphique qui danse avec les mots. Merci Yannick.
Hi Christophe, Here are my first thoughts about "De sorte que". This video is quite a journey, a multidimensional psychological portrait, irritating and obsessive, uncomfortable for the viewer, becoming sensual and almost erotic with the change from voice and color to B&W with music then going deeper into memory and abstraction, dancing with the music. It does not look for resolution but it explores and reveals further depths. Voila! What a great project you are working on, fifty minutes and seven movements! Congratulations! All the best, Herb P.S. "This is movement 3, but this version is supplemented by images and audio (voice) that will not be present in the concert version". I cannot quite get what the other version is like.
Thank you Herb. There are indeed several levels in this film, like in a rocket. Initially, it is a text read by a poet (her own text) and then I see these thumbs dancing at the same time... Suddenly, the world changes… perceptions too. The film in its concert version is also composed of images of the painting by Nicolas de Stael, the painting is called The Concert. This is his ultimate and unfinished work. There is no text part in this film.
Merci Hyacinthe. C’est un texte lu par la femme qui l’a écrit. Cette femme s’appelle Laura Vasquez, c’est une jeune poétesse qui commence à être assez reconnue aujourd’hui. C’est en effet un texte assez douloureux, pourrait-on dire, qui parle d’elle et de l’expérience de son corps.
Salut Christophe, J'aimerais voir ou entendre s'il existe le plan (?) d'ensemble, voir quel est ton système de notations J'ai particulièrement aimé la première minute, le raccord entre la première et la seconde séquence, le milieu de celle-ci, le raccord chevauchement entre la seconde séquence et la troisième. Bien à toi, g
Tout est parti de cette femme poète entendue au Printemps des P. Laura Vazquez. Une femme devant moi avec son fils et ses mains en contrepoint des mots. L’image est prise en direct en même temps que la lecture… et puis après… c’est ce que je nomme transposition ou doublure du réel, une plongée dans l’ailleurs, une lecture de la lecture… qui m’embarque là où je ne décide pas toujours d’aller.
@@christopheschaeffermovies Mais après ? Comment en arrives-tu à un film de 50 minutes. J'ai dans la tête les propos de Godard sur le montage et le cadrage. Comment en arrives-tu aux 7 mouvement et à leur ordre de de succession ? Je sui intéressé par ta réponse (quelle qu'elle soit) car en écriture je suis de ceux qui pensent que les poètes ne sont pas ceux qui savent écrire mais ceux qui savent se relire et donc faire quelque chose de... l'embarquement
Je n’avais pas compris que tu me questionnais à propos du film de 50 minutes. En fait, sur le processus d’écriture, dans ce cas précis, c’est assez simple dans la mesure où j’ai une partition qui est proposée. C’est un travail différent de ce que je fais d’habitude, puisque la durée des films correspond à la durée musicale. Sur sur la totalité, en rapport à la musique, il y a une forme, on pourrait dire fragmentaire, mais quelque part narrative qui prend le temps de se développer. Ce que tu dis du travail de relecture me parle beaucoup. C’est ce que je nomme comme le temps incompressible du processus de création qui est une forme de relecture différée et multiple. La plupart de mes films ne sont jamais diffusés dans un premier temps, mais sont « mis au repos », avant que je les reprenne, avant que je ne les « relise » à nouveau pour les publier après x temps. Je les modifie avec ce regard et cette oreille vides à nouveau, prêt à recevoir. Je ne pense pas qu’il y ait quelque chose ici d’extraordinaire. C’est un processus d’écriture qui me semble assez couramment employé. le premier jet est matière brute ou esprit, au sens d’un style, d’une forme déjà posé. Il est fort possible que dans un second temps, je détruise tout, mais il est aussi vraisemblable que je garde cette forme et creuse à l’intérieur pour découvrir ce que je ne pensais sans doute pas trouver au départ. Mon travail consiste finalement à laisser remonter les choses à la surface du réel. Naturellement. Mais c’est un temps qui nécessite justement de le prendre… ce temps comme un processus géologique propre à l’image et à l’écriture qui se dévoile par couches sédimentées. La durée du film est finalement contingente à ce processus, mais ne le modifie pas. Voilà donc ce que je pourrais en dire ce matin, autour d’un café… Mais demain ce pourrait être autre chose ?
@@christopheschaeffermovies Une petite précision. Quand je parle de relire, je ne parle pas de la relecture pour se corriger; de relire pour corriger. J'ai la conviction( elle ne colle pas avec mes lectures de linguistique) que la langue que nous utilisons est faite d'un ensemble de forces et de potentialités que nous censurons pour avoir des résultats de communication. J'ai fait l'expérience à la suite d'une commotion de ce que j'ai appelé le langage profond. Savoir se relire, c'est savoir repérer les manifestation de celui-ci dans le langage habituel. En ce qui me concerne, ce langage profond (qui ne se manifestait pas dans mon expression orale) a disparu quand je me suis remis du choc initial. Le théâtre, la danse, certains voix de chanteurs, certaines images font que je me demande si cela existe aussi en dehors des mots. En poésie, les langage profond est pour moi radicalement différent du langage voulu (celui qui obéit au compte et à la rime, à des critères esthétiques), et du langage automatique. G.
La voix, l'image, la musique. Le caractère obsédant de la voix. Le glissement de l'image dans la musique vers la fin : on a l'impression de déchiffrer les hiéroglyphes de la musique, non exprimés en notes mais en signes. Très étrange. Alain R.
Merci Alain. Ces mots me vont bien car dans l’idée de hiéroglyphes il y a effectivement l’idée de recherche et de découverte d’un langage. Je tente de travailler les couches successives sédimentées du réel pour traduire ce dernier à ma façon.
Belle expérimentation visuelle et sonore! Je vois cela comme la représentation d’une errance de l’esprit lorsque le moment est venu de choisir… choisir quoi? Un chemin dans sa vie? Les mouvements du corps, notamment ceux des pouces, traduisent bien une émotion intense ou plutôt une tempête cérébrale. C’est un moment décisif qui passe en boucle. Le temps n’est plus linéaire. Il y a comme une lutte à première vue entre eux puis on se rend compte qu’il s’agit en fait de tendresse, de caresse pour chercher un apaisement peut-être? Mais le doute est bien là, la panique même,.. amplifiée ou générée par ce débit de mots récité à grande vitesse. Puis arrive l’image du sable jonché de traces de pas dans de multiples directions et des ombres, des silhouettes de personnes avançant . Le temps redevient linéaire, la direction des corps elle aussi. Le choix a été fait?
Merci… Le descriptif du ballet des pouces est joliment décrit, je trouve. Le mettre en rapport au temps m’avait échappé (il y a tant de choses qui m’échappent !) mais c’est vrai que dans cette gestuelle il y a l’idée d’un éternel recommencement, un cycle. On se retrouve dans la pensée grecque face au temps chrétien linéaire. Tu poses ici la question d’un choix… Mais sur quoi porterait-il en effet ? Entre les deux temps ? Il y a quelque chose qui dans le mouvement cherche à ne pas perdre le sillon des mots comme si le pouce était une tête de lecture (ce qu’on dit parfois !?) Le dérapage ou le beugage n’est jamais très loin. Pour le lecteur ou l’auditeur.
@@christopheschaeffermovies bien vu 👍 ce débattement des pouces… comme lorsque l’on se débat pour ne pas se noyer dans l’eau. Garder l’attention en éveil permanent pour ne pas perdre le fil et ne pas s’égarer…
Oui, en quelque sorte un geste de survie… Il y a quelque chose de ça. Un rythme peut-être aussi, comme une respiration. Ou alors un moulin à café qui broie les mots pour mieux les digérer !!!
De sorte que est très intéressant ! J'ai bien aimé la façon dont cette logorrhée verbale finit par être happée par la musique et le ralentit des images (et tente de revenir sur la fin!), ainsi que les ombres étranges dans le noir et blanc. Cela m'a évoqué le travail de Ghérassim Luca sur son poème Passionnément; est-ce que ça vous parle ? ua-cam.com/video/16ltchO5Vpw/v-deo.html Merci en tout cas de me partager ces travaux. William A.
Oui, je connais le poème et la vidéo de Luca. Je ne sais pas si cette jeune poète a été influencée par lui, mais en tout cas il y a en effet quelque chose de cette recherche sur la sonorité du mot. La prise de son a été faite en même tant que l’image…. Le film parle également de ça, mais comme vous l'avez saisi, il s’agit d’une sortie hors langage, et qui, en quelque sorte, constitue une résonance au poème, à travers l’espace, et le mouvement. L’étrangeté est mon domaine ;)
le temps s'écoule, et nous disparaissons... Il est puissant celui-là!!! Bravo !
Très beau ces mains sans visage , au milieu du tissu coloré ! Et les ombres noires d’un homme marchant, aussi ! Frédéric
Merci... C'est vrai ça. Le visage des mains et de l'ombre à suivre... et à deviner ?
de sorte que
mon monde est trop petit
et le poème jamais assez
Merci pour ce voyage en un corps soudain bien étrange - une voix, sa musique, et toujours ce passage de la couleur vers son autre ... Je vous souhaite un beau moment d'émotion et de ravissement. Et le trac qui fait que le cœur bat !
Bien à vous,
Marie-Noëlle
Merci Marie-Noëlle pour ce retour et d’avoir à votre façon complété le titre… car il s’agit bien de cela : mes films sont une proposition en forme ouverte ou chacun peut tenter de retrouver un peu de l’autre ou de soi-même.
C’est étonnant que vous parliez de trac… car c’est un sujet en ce moment tout spécialement chez moi. Il faut apprendre à vivre avec, pour ceux dont la carapace n’a pas sa place. L’émotion surgit et c’est ici…
Ce petit film divise la parole et la répète comme une déclinaison.
En fait il met à nu la parole et la langue comme une chose répétitive
vidée de sens. Quelquefois cette perception arrive dans des vieux couples
ou dans des échanges entre deux personnes ou le contenu de l'échange
n'est plus important. Expérimentation intéressante ce film...
Tu arrives presque à une mélodie mantrique.
Mathias
Merci Mathias.
Et ce qui est étonnant, c’est que cette voix était celle d’une jeune femme de 25 ans (qui lisait son propre texte) mais dont peut-être les répétitions venaient de l’accumulation des souffrances des générations précédentes ! A la fin, c’est comme une prière… quelque chose qu’on envoie au ciel pour espérer la paix ?
J’ai eu du mal à rentrer dedans mais, à la fin, je trouve que l’avis qu’a laissé sur UA-cam l’un des spectateurs est très intéressant, c’est très finement analysé et ressenti. Je me suis retrouvé dans le regard qu’il porte sur ce film. Je vais donc m’associer à ses louanges. Bernard J.
Ah l'influence des commentaires... Une façon aussi de changer de point de vue. Egalement pour moi !
Très hypnotique. Très beau ! Floriane
Merci Floriane.
Je n'ai pas trop apprécié le début avec le texte en boucle mais j'aime beaucoup la suite. Très belle association son et image.
Colette
Merci Colette.
Le début c’est le texte de Laura Vazquez lu par elle-même… Son poème était effectivement en boucle, fait de répétitions… Les pouces ont été filmés dans le même temps que la lecture…
@@christopheschaeffermovies Merci pour les précisions : les pouces m'ont évoqué un souvenir agaçant, dans un cinéma, récemment : j'avais à un siège de moi un gars qui faisait cliqueter les ongles de ses pouces en les faisant chevaucher (je ne sais pas comment expliquer autrement) et de l'autre côté quelqu'un qui mangeait des pop-corn...
Ahhhh terrible les popcorns, ça me rend dingue ! Les gens confondent le cinéma avec leur canapé… je change de place mais un autre arrive… donc je ne fréquente plus que les petites salles mais c’est pas gagné car l’épidémie gagne…
Bien vu « De sorte que » : lorsque les mains deviennent des jambes…
Quant à la sérénade de Schöenberg, c’est une des plus belle réussites du compositeur, effectivement. Patrice M.
Merci Patrice.
Joli clin d’œil poétique : le corps n’a pas de lieu en soi. Tout est une question de point de vue.
Wouah, quel voyage...!! J'ai eu l'impression de partir loin, longtemps...
Du mental, verbal, percutant, perturbant, au corps qui réagit avec une acuité et une cohérence qui dépassent toute volonté.
Et au-delà de ça, un espace. Vaste. Où tout peut exister. Au-delà de la raison et pourtant bien tangible.
Cette danse tactile ralentie, ces jeux d'ombre et de lumière ainsi que les sons nous transportent au cœur de l'infiniment petit et de l'infiniment grand.
Lien? Contradiction? Porte de sortie - ou d'entrée? Tu nous emmènes dans cette apesanteur où, si nous acceptons de nous perdre, nous pouvons peut-être bel et bien nous retrouver...
Sensation de plonger au cœur de l'indicible qui, malgré son accès faussement dissimulé, serait peut-être le coeur de l'expérience humaine...?
Magnifique !! 💫
Merci Béatrice.
Danse tactile, très beau… L’expérience humaine aurait pu aussi être le titre. Le film parle de corps, d’espace, du vécu à travers les mots. Je ne sais pas si inconsciemment j’ai cherché une évasion, une sortie à cet acte poétique à sa façon emprisonné dans les maux du corps. Cette femme qui écoute, à travers le mouvement de ses doigts, une autre qui lit à travers ceux de sa langue. Sous mes yeux, le mécanisme des pouces comme une façon d’être avec et aussi de ponctuer l’espace. Il y avait une tension palpable dans l’attention, les gestes devenaient un rouage de l’esprit, le compte à rebours d’une existence en péril. Mais c’était peut-être aussi une façon d’accompagner, de résister ?
"Cette femme qui écoute, à travers le mouvement de ses doigts". J'adore... Et, un peu dans le même sens, si cette femme écoutait et que ses doigts entendaient et exprimaient? Entendaient quoi... l'expérience humaine justement, peut-être...? Ce que l'esprit ne perçoit pas, ou pas tout de suite, hors du contrôle mental. Dans leur vitesse "normale", ces gestes m'évoquaient une forme d'angoisse alors que ralentis, j'y voyais plutôt une danse suave et réconfortante. Peut-être qu'un peu des deux s'entremêlent dans cette ponctuation corporelle...?
Passionnant sujet que la perception à travers le mouvement des images : accéléré, lent, ralenti extrême. Ce que tu dis correspond selon moi au passage entre le réel et l’imaginaire, une porte d’entrée vers un autre monde où la perception et les affects sont modifiés, altérés. C’est exactement ici que je souhaite me situer, dans l’archéologie des couches perceptives en relation à la temporalité. C’est pourquoi les films de Chantal Akerman sont si importants, non par leur contenu désenchanté, mais par l’ouverture qu’ils proposent à travers une forme temporelle inouïe. La plupart du temps (c’est le cas de le dire), nous passons à côté du temps (même si le temps lui ne se gêne pas pour passer à travers nous) : nous éludons cette dimension par peur de l’ennui… donc de la mort (causalité rapide j’en conviens). Tout doit être rempli. Dans Jeanne Dielmans, le paradoxe, c’est que le personnage principal comble le temps et l’espace par la répétition maniaque d’un quotidien apparemment vide de désirs (et de sens ?), donc élude le temps à sa façon (la peur de mourir) mais celui qui regarde le film se trouve dans la position de l’ouverture totale face à ce qui est forclos pour le personnage. C’est le génie du film… En ralentissant les images, je cherche à ma façon une dimension altérée et alternative à la perception intime de l’être et du temps. J’augmente la durée par le ralentissement, ce qui est une manière de flirter avec le poétique mais aussi l’ennui (?)
Oui c'est exactement ce que j'ai perçu: "les passage entre les réel et l'imaginaire". À ce moment-là du film, lorsque les mouvements ralentissent, que l'image se rapproche des doigts, que la couleur disparaît, on se sent vraiment amené ailleurs. Les formes et les mouvements ne revêtent plus leur sens premier et nous y voyons presque ce que nous voulons. (Cela m'a même fait penser à une danse nuptiale entre deux animaux marins, genre concombres de mer, belle et poétique! :D )
Décalage de perception en effet. C'est réussi... :)
Quant au flirt avec l'ennui, je ne l'avais pas vu ainsi mais c'est vrai que le ralenti crée une agitation mentale qui cherche tout d'abord à comprendre, trouver un sens. Jusqu'à ce que l'on puisse lâcher peu à peu ces attentes et se laisser aller à ce qui est là, finalement peut-être pas (du tout?!) si ennuyeux...?
C’est drôle car j’ai pensé également à des animaux marins, du pouce au concombre des mers, j’avoue que ce n’était pas prémédité ;) Le macro (pas le maquereaux) permet aussi de confondre l’image, de la découvrir sous la forme d’un monde étrange, inattendu. La pexillisation à l’extrême permet aussi cette touche impressionniste. Ce qu’on peut faire avec la technologie numérique engendre une forme impossible à réaliser avec l’argentique, à savoir décomposer l’image en atomes afin de créer des modèles de représentation où l’imaginaire s’engouffre aisément. Par rapport à l’ennui, c’est vrai que je lui accorde un statut particulier, plutôt positif en fait : l’antichambre de la présence. Tout se vide et quelque chose apparaît. Ce temps peut paraître long, inefficace mais, de mon point de vue, il est la condition de possibilité pour être présent au monde et à soi, car l’agitation et la confusion tendent à se calmer (un peu). En ce sens, l’ennui est une propédeutique à faire l’expérience du monde tel qu’il est. Il est aussi valorisé dans la pratique de la méditation ;)
oui, je regarde souvent les jeux de mains qui parfois s'accordent ou contredisent la parole et les regards aussi
en disent long sur les vraies émotions ressenties.
Une conteuse africaine me disait combien en voyant les mains bouger et que même parfois cela changeait sa façon de raconter à l'instant où elles les voyaient elles aussi palabrer en quelque sorte comme si le message du conte était ou non entendu. Yannick L.
Il y a les jeux de mains comme il y a les jeux de mots. Finalement on ne viendrait à penser que tout ça joue ensemble. Très intéressante et symptomatique cette histoire du point de vue du conteur car en effet on parle et on ressent avec les mains. Les pouces sont ici une sorte de grammaire intime à la personne. C’est un balai chorégraphique qui danse avec les mots.
Merci Yannick.
Hi Christophe,
Here are my first thoughts about "De sorte que".
This video is quite a journey, a multidimensional psychological portrait, irritating and obsessive, uncomfortable for the viewer, becoming sensual and almost erotic with the change from voice and color to B&W with music
then going deeper into memory and abstraction, dancing with the music. It does not look for resolution but it explores and reveals further depths.
Voila!
What a great project you are working on, fifty minutes and seven movements!
Congratulations!
All the best,
Herb
P.S.
"This is movement 3, but this version is supplemented by images and audio (voice) that will not be present in the concert version".
I cannot quite get what the other version is like.
Thank you Herb. There are indeed several levels in this film, like in a rocket. Initially, it is a text read by a poet (her own text) and then I see these thumbs dancing at the same time... Suddenly, the world changes… perceptions too.
The film in its concert version is also composed of images of the painting by Nicolas de Stael, the painting is called The Concert. This is his ultimate and unfinished work. There is no text part in this film.
Merci et bravo.
Est-ce que ce texte est l’expression d’une femme en difficulté ou un texte écrit ?
Hyacinthe
Merci Hyacinthe.
C’est un texte lu par la femme qui l’a écrit. Cette femme s’appelle Laura Vasquez, c’est une jeune poétesse qui commence à être assez reconnue aujourd’hui. C’est en effet un texte assez douloureux, pourrait-on dire, qui parle d’elle et de l’expérience de son corps.
merci beaucoup! Dis-donc, tu changes d’échelle là! Je vais visionner ça avec attention. Hervé
Y a intérêt !
Salut Christophe, J'aimerais voir ou entendre s'il existe le plan (?) d'ensemble, voir quel est ton système de notations J'ai particulièrement aimé la première minute, le raccord entre la première et la seconde séquence, le milieu de celle-ci, le raccord chevauchement entre la seconde séquence et la troisième. Bien à toi, g
Tout est parti de cette femme poète entendue au Printemps des P. Laura Vazquez. Une femme devant moi avec son fils et ses mains en contrepoint des mots. L’image est prise en direct en même temps que la lecture… et puis après… c’est ce que je nomme transposition ou doublure du réel, une plongée dans l’ailleurs, une lecture de la lecture… qui m’embarque là où je ne décide pas toujours d’aller.
@@christopheschaeffermovies Mais après ? Comment en arrives-tu à un film de 50 minutes. J'ai dans la tête les propos de Godard sur le montage et le cadrage. Comment en arrives-tu aux 7 mouvement et à leur ordre de de succession ? Je sui intéressé par ta réponse (quelle qu'elle soit) car en écriture je suis de ceux qui pensent que les poètes ne sont pas ceux qui savent écrire mais ceux qui savent se relire et donc faire quelque chose de... l'embarquement
Je n’avais pas compris que tu me questionnais à propos du film de 50 minutes. En fait, sur le processus d’écriture, dans ce cas précis, c’est assez simple dans la mesure où j’ai une partition qui est proposée. C’est un travail différent de ce que je fais d’habitude, puisque la durée des films correspond à la durée musicale. Sur sur la totalité, en rapport à la musique, il y a une forme, on pourrait dire fragmentaire, mais quelque part narrative qui prend le temps de se développer. Ce que tu dis du travail de relecture me parle beaucoup. C’est ce que je nomme comme le temps incompressible du processus de création qui est une forme de relecture différée et multiple. La plupart de mes films ne sont jamais diffusés dans un premier temps, mais sont « mis au repos », avant que je les reprenne, avant que je ne les « relise » à nouveau pour les publier après x temps. Je les modifie avec ce regard et cette oreille vides à nouveau, prêt à recevoir. Je ne pense pas qu’il y ait quelque chose ici d’extraordinaire. C’est un processus d’écriture qui me semble assez couramment employé. le premier jet est matière brute ou esprit, au sens d’un style, d’une forme déjà posé. Il est fort possible que dans un second temps, je détruise tout, mais il est aussi vraisemblable que je garde cette forme et creuse à l’intérieur pour découvrir ce que je ne pensais sans doute pas trouver au départ. Mon travail consiste finalement à laisser remonter les choses à la surface du réel. Naturellement. Mais c’est un temps qui nécessite justement de le prendre… ce temps comme un processus géologique propre à l’image et à l’écriture qui se dévoile par couches sédimentées. La durée du film est finalement contingente à ce processus, mais ne le modifie pas.
Voilà donc ce que je pourrais en dire ce matin, autour d’un café… Mais demain ce pourrait être autre chose ?
Merci, l'ami
@@christopheschaeffermovies Une petite précision. Quand je parle de relire, je ne parle pas de la relecture pour se corriger; de relire pour corriger. J'ai la conviction( elle ne colle pas avec mes lectures de linguistique) que la langue que nous utilisons est faite d'un ensemble de forces et de potentialités que nous censurons pour avoir des résultats de communication. J'ai fait l'expérience à la suite d'une commotion de ce que j'ai appelé le langage profond. Savoir se relire, c'est savoir repérer les manifestation de celui-ci dans le langage habituel. En ce qui me concerne, ce langage profond (qui ne se manifestait pas dans mon expression orale) a disparu quand je me suis remis du choc initial. Le théâtre, la danse, certains voix de chanteurs, certaines images font que je me demande si cela existe aussi en dehors des mots. En poésie, les langage profond est pour moi radicalement différent du langage voulu (celui qui obéit au compte et à la rime, à des critères esthétiques), et du langage automatique. G.
La voix, l'image, la musique. Le caractère obsédant de la voix. Le glissement de l'image dans la musique vers la fin : on a l'impression de déchiffrer les hiéroglyphes de la musique, non exprimés en notes mais en signes. Très étrange. Alain R.
Merci Alain. Ces mots me vont bien car dans l’idée de hiéroglyphes il y a effectivement l’idée de recherche et de découverte d’un langage. Je tente de travailler les couches successives sédimentées du réel pour traduire ce dernier à ma façon.
Merci beaucoup Christophe ✨
Merci à vous
Belle expérimentation visuelle et sonore! Je vois cela comme la représentation d’une errance de l’esprit lorsque le moment est venu de choisir… choisir quoi? Un chemin dans sa vie? Les mouvements du corps, notamment ceux des pouces, traduisent bien une émotion intense ou plutôt une tempête cérébrale. C’est un moment décisif qui passe en boucle. Le temps n’est plus linéaire. Il y a comme une lutte à première vue entre eux puis on se rend compte qu’il s’agit en fait de tendresse, de caresse pour chercher un apaisement peut-être? Mais le doute est bien là, la panique même,.. amplifiée ou générée par ce débit de mots récité à grande vitesse. Puis arrive l’image du sable jonché de traces de pas dans de multiples directions et des ombres, des silhouettes de personnes avançant . Le temps redevient linéaire, la direction des corps elle aussi. Le choix a été fait?
Merci…
Le descriptif du ballet des pouces est joliment décrit, je trouve. Le mettre en rapport au temps m’avait échappé (il y a tant de choses qui m’échappent !) mais c’est vrai que dans cette gestuelle il y a l’idée d’un éternel recommencement, un cycle. On se retrouve dans la pensée grecque face au temps chrétien linéaire. Tu poses ici la question d’un choix… Mais sur quoi porterait-il en effet ? Entre les deux temps ? Il y a quelque chose qui dans le mouvement cherche à ne pas perdre le sillon des mots comme si le pouce était une tête de lecture (ce qu’on dit parfois !?) Le dérapage ou le beugage n’est jamais très loin. Pour le lecteur ou l’auditeur.
@@christopheschaeffermovies bien vu 👍 ce débattement des pouces… comme lorsque l’on se débat pour ne pas se noyer dans l’eau. Garder l’attention en éveil permanent pour ne pas perdre le fil et ne pas s’égarer…
Oui, en quelque sorte un geste de survie… Il y a quelque chose de ça. Un rythme peut-être aussi, comme une respiration. Ou alors un moulin à café qui broie les mots pour mieux les digérer !!!
De sorte que est très intéressant ! J'ai bien aimé la façon dont cette logorrhée verbale finit par être happée par la musique et le ralentit des images (et tente de revenir sur la fin!), ainsi que les ombres étranges dans le noir et blanc.
Cela m'a évoqué le travail de Ghérassim Luca sur son poème Passionnément; est-ce que ça vous parle ?
ua-cam.com/video/16ltchO5Vpw/v-deo.html
Merci en tout cas de me partager ces travaux.
William A.
Oui, je connais le poème et la vidéo de Luca.
Je ne sais pas si cette jeune poète a été influencée par lui, mais en tout cas il y a en effet quelque chose de cette recherche sur la sonorité du mot. La prise de son a été faite en même tant que l’image….
Le film parle également de ça, mais comme vous l'avez saisi, il s’agit d’une sortie hors langage, et qui, en quelque sorte, constitue une résonance au poème, à travers l’espace, et le mouvement. L’étrangeté est mon domaine ;)
Reste donc dans l'étrangeté, c'est vraiment votre truc, et ça fait du bien de rêver avec votre travail, par les temps qui courent.