La référence finale à Gustav Meyrinck était tout à fait bienvenue ; cet extraordinaire auteur étant bien trop méconnu. La portée métaphysique et ésotérique de toute son oeuvre, comme celle de Machen, est immense. Un grand merci pour cette video et longue vie à Art Chaos
En voyant l’extrait de Machen dans Le Peuple Blanc, ça m’a fait penser à un extrait de Huysmans « Si l’au-delà du Mal, l’au-delà de l’Amour est accessible à certaines âmes, l’au-delà du mal ne s’atteint pas. Excédé de stupres et de meurtres il ne pouvait aller dans cette voie plus loin ». Il évoque Gilles de Rais dans cet extrait. Et tout le long de son livre « Là-bas » il évoque aussi des cercles ésotériques (qu’il a probablement connu à son époque même si c’est censé être un roman). Je l’avais lu à une époque où je ne m’intéressais pas à l’ésotérisme, je pensais qu’il s’agissait d’une condamnation simplement morale. Avec le recul, ne serait-ce pas de son point de vue, une façon de mettre en garde à propos de la Voie de la Main gauche ? Une façon de dire qu’en essayant de « chevaucher les passions » sans distance ni discipline (et cette discipline est accessible à peu de monde) beaucoup s’enfoncent plus encore dans la matière voire la folie, plutôt que s’élever dans « l’au-delà » ou pour reprendre les termes de la vidéo, dans « l’envers » ? Je vais relire Huysmans du coup ^^
Une remarque tout à fait pertinente. Le suivi de la Voie de la Main Gauche exige en effet la capacité, que peu possèdent, de s'imposer une discipline, donc de vivre la spiritualité sénestre en tant qu'ascèse, au sens d'un effort continu pour se porter toujours plus loin et dépasser toute finitude. Faute de cette discipline, il ne reste guère davantage, pour reprendre une formule de Huysmans lui-même, que : "le choix entre les pieds de la croix et le canon du revolver". Il est certain que Huysmans connaissait et fréquentait des cercles ésotériques et des milieux occultistes, et il est probable qu'arrivé à un certain point de lucidité, il a, comme beaucoup, été incapable d'assumer totalement ce qui s'ouvrait à lui sous les espèces d'une liberté anomique. La lecture comparative de "Là-bas" et de "A rebours" est, de ce point de vue, très instructive.
J'explore depuis mon enfance le monde du réel, la pensée qui précède l'existence. Et je pense que dans l'exploration du réel se trouve une philosophie d'interaction avec la réalité qui est peu communément comprise, mais nullement moins importante, elle est le monde de la magie...
Merci bien d'exprimer mon pt de vue, les œuvres fantastiques peuvent être tout autant profondes que les œuvres dites classiques. Cela m'agace d'entendre pdt mes études des profs rabâcher, en le sous entendant, que les récits fantastiques n'ont pas la même protée d'analyse que les œuvres dites plus littéraires. Et je ne suis pas au bout de mes peines parce que j'adore la littérature et du coup, je suis en études de Lettres Modernes (Licence 1)
C'est un fait malheureusement facile à constater dans les milieux universitaires français. Il y règne trop souvent un snobisme dépréciateur, non seulement entre les diverses disciplines (ce qui est déjà regrettable), mais à l'intérieur même de chacune d'entre elles, entre spécialistes de tel ou tel segment culturel. Minorer la portée, tant littéraire que sapientielle, des œuvres fantastiques constitue une erreur méthodologique car cette attitude interdit d'emblée toute recherche et toute réflexion sur ce qui apparaît dès lors, bien à tort, comme indigne de retenir l'attention intellectuelle. De plus, c'est faire peu de cas des auteurs considérés comme des classiques (""sérieux", dans la terminologie habituelle) qui ont écrit des textes relevant du fantastique et de ce que l'on nomme souvent "l'imaginaire". Ceci relève de la Doxa bien davantage que du Logos; mais il est dans les habitudes des spécialistes et autres experts ("ceux qui savent à peu près tout sur à peu près rien", selon la formule plaisante) de refuser d'ouvrir leur champ de réflexion, comme si un élargissement des paradigmes conceptuels devait nécessairement avoir pour corollaire une remise en cause de la légitimité de leur statut de "savants". Bon courage pour la suite de tes études, pousse-les au maximum possible en termes de diplôme, sans oublier que l'Université mène à tout, à condition d'en sortir après en avoir épuisé les potentialités.
@@artchaos6895 merci de cette réponse très détaillée et oui, je fais ce que je peux pour faire en sorte d'aller très loin. Je me doutais de ce qui m'attendais, du snobisme de leur part concernant la littérature fantastique parce que je regarde ou j'écoute aussi en dehors des cours des émissions sur la littérature et j'avais déjà remarqué cette dépressiation envers la littérature relvant du merveilleux, fantastique, science fiction etc... Je pense qu'ils veulent prendre en compte des œuvres qui font d'eux des personnes "sérieuses" et donc ils ne prennent pas le risque de s'aventurer ailleurs que dans la littérature classique. Après, j'ai remarqué qu'en tant qu'adultes, aborder des genres qui sont plutôt considérés pour les plus jeunes ou les adolescents, cela leur fait peur de passer pour leur pairs pour des personnes qui resteraient bloquées dans une forme d'enfance. Il y a vraiment quelque chose comme ça. Cela relève presque du mépris pour certains. J'avais eu une professeure qui disait des œvres fantaisistes que c'est des œuvres "fermées sur elles-mêmes" tandis que les œuvres plus classiques ne relevant pas trop de la fiction étaient "ouvertes sur le monde" ou je ne sais plus exactement ce qu'elle disait mais je suis presque sûr à cent pour cent que ça relève d'une théorie qu'elle a apprise.
Je viens de trouver deux livres de Gustav Meyrink au fond de ma bibliothèque : Le visage vert, et L'ange à la fenêtre d'occident. Par lequel commencer ?
Je dirais que le second titre est peut-être d'un abord un peu plus simple pour qui n'est pas habitué à ce type de littérature, mais la différence est mince. Pour débuter avec Meyrink, le plus aisé est probablement "Le Golem".
La référence finale à Gustav Meyrinck était tout à fait bienvenue ; cet extraordinaire auteur étant bien trop méconnu. La portée métaphysique et ésotérique de toute son oeuvre, comme celle de Machen, est immense. Un grand merci pour cette video et longue vie à Art Chaos
Enfin un nouvel épisode... Merci
J'ai hâte😊
En voyant l’extrait de Machen dans Le Peuple Blanc, ça m’a fait penser à un extrait de Huysmans « Si l’au-delà du Mal, l’au-delà de l’Amour est accessible à certaines âmes, l’au-delà du mal ne s’atteint pas. Excédé de stupres et de meurtres il ne pouvait aller dans cette voie plus loin ». Il évoque Gilles de Rais dans cet extrait. Et tout le long de son livre « Là-bas » il évoque aussi des cercles ésotériques (qu’il a probablement connu à son époque même si c’est censé être un roman).
Je l’avais lu à une époque où je ne m’intéressais pas à l’ésotérisme, je pensais qu’il s’agissait d’une condamnation simplement morale. Avec le recul, ne serait-ce pas de son point de vue, une façon de mettre en garde à propos de la Voie de la Main gauche ? Une façon de dire qu’en essayant de « chevaucher les passions » sans distance ni discipline (et cette discipline est accessible à peu de monde) beaucoup s’enfoncent plus encore dans la matière voire la folie, plutôt que s’élever dans « l’au-delà » ou pour reprendre les termes de la vidéo, dans « l’envers » ?
Je vais relire Huysmans du coup ^^
Une remarque tout à fait pertinente. Le suivi de la Voie de la Main Gauche exige en effet la capacité, que peu possèdent, de s'imposer une discipline, donc de vivre la spiritualité sénestre en tant qu'ascèse, au sens d'un effort continu pour se porter toujours plus loin et dépasser toute finitude. Faute de cette discipline, il ne reste guère davantage, pour reprendre une formule de Huysmans lui-même, que : "le choix entre les pieds de la croix et le canon du revolver". Il est certain que Huysmans connaissait et fréquentait des cercles ésotériques et des milieux occultistes, et il est probable qu'arrivé à un certain point de lucidité, il a, comme beaucoup, été incapable d'assumer totalement ce qui s'ouvrait à lui sous les espèces d'une liberté anomique. La lecture comparative de "Là-bas" et de "A rebours" est, de ce point de vue, très instructive.
J'explore depuis mon enfance le monde du réel, la pensée qui précède l'existence. Et je pense que dans l'exploration du réel se trouve une philosophie d'interaction avec la réalité qui est peu communément comprise, mais nullement
moins importante, elle est le monde de la magie...
❤
Merci bien d'exprimer mon pt de vue, les œuvres fantastiques peuvent être tout autant profondes que les œuvres dites classiques. Cela m'agace d'entendre pdt mes études des profs rabâcher, en le sous entendant, que les récits fantastiques n'ont pas la même protée d'analyse que les œuvres dites plus littéraires. Et je ne suis pas au bout de mes peines parce que j'adore la littérature et du coup, je suis en études de Lettres Modernes (Licence 1)
C'est un fait malheureusement facile à constater dans les milieux universitaires français. Il y règne trop souvent un snobisme dépréciateur, non seulement entre les diverses disciplines (ce qui est déjà regrettable), mais à l'intérieur même de chacune d'entre elles, entre spécialistes de tel ou tel segment culturel. Minorer la portée, tant littéraire que sapientielle, des œuvres fantastiques constitue une erreur méthodologique car cette attitude interdit d'emblée toute recherche et toute réflexion sur ce qui apparaît dès lors, bien à tort, comme indigne de retenir l'attention intellectuelle. De plus, c'est faire peu de cas des auteurs considérés comme des classiques (""sérieux", dans la terminologie habituelle) qui ont écrit des textes relevant du fantastique et de ce que l'on nomme souvent "l'imaginaire". Ceci relève de la Doxa bien davantage que du Logos; mais il est dans les habitudes des spécialistes et autres experts ("ceux qui savent à peu près tout sur à peu près rien", selon la formule plaisante) de refuser d'ouvrir leur champ de réflexion, comme si un élargissement des paradigmes conceptuels devait nécessairement avoir pour corollaire une remise en cause de la légitimité de leur statut de "savants".
Bon courage pour la suite de tes études, pousse-les au maximum possible en termes de diplôme, sans oublier que l'Université mène à tout, à condition d'en sortir après en avoir épuisé les potentialités.
@@artchaos6895 merci de cette réponse très détaillée et oui, je fais ce que je peux pour faire en sorte d'aller très loin. Je me doutais de ce qui m'attendais, du snobisme de leur part concernant la littérature fantastique parce que je regarde ou j'écoute aussi en dehors des cours des émissions sur la littérature et j'avais déjà remarqué cette dépressiation envers la littérature relvant du merveilleux, fantastique, science fiction etc... Je pense qu'ils veulent prendre en compte des œuvres qui font d'eux des personnes "sérieuses" et donc ils ne prennent pas le risque de s'aventurer ailleurs que dans la littérature classique. Après, j'ai remarqué qu'en tant qu'adultes, aborder des genres qui sont plutôt considérés pour les plus jeunes ou les adolescents, cela leur fait peur de passer pour leur pairs pour des personnes qui resteraient bloquées dans une forme d'enfance. Il y a vraiment quelque chose comme ça. Cela relève presque du mépris pour certains. J'avais eu une professeure qui disait des œvres fantaisistes que c'est des œuvres "fermées sur elles-mêmes" tandis que les œuvres plus classiques ne relevant pas trop de la fiction étaient "ouvertes sur le monde" ou je ne sais plus exactement ce qu'elle disait mais je suis presque sûr à cent pour cent que ça relève d'une théorie qu'elle a apprise.
Je viens de trouver deux livres de Gustav Meyrink au fond de ma bibliothèque : Le visage vert, et L'ange à la fenêtre d'occident. Par lequel commencer ?
Je dirais que le second titre est peut-être d'un abord un peu plus simple pour qui n'est pas habitué à ce type de littérature, mais la différence est mince. Pour débuter avec Meyrink, le plus aisé est probablement "Le Golem".
Ce qui est dommage, pour nous, comme disait Paul Morand, c'est que la langue française tue les fantômes.