Conversation // Le risque avec Étienne Bimbenet, Thierry Consigny et Patrick Savidan

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  • Опубліковано 19 вер 2022
  • Avec
    Étienne Bimbenet
    Thierry Consigny
    Patrick Savidan
    « Risquer » n’est pas très loin de racler, ni de râper : resecum (de resicare), c’est ce qui coupe, écorche, ce contre quoi on peut s’égratigner, s’érafler, un mur granuleux, un rocher escarpé, un écueil (risco, en espagnol). Autrement dit, le risque a à voir avec la distance : trop près d’une haie de ronces, je pourrais cueillir les mûres, mais aurais les bras ensanglantés, trop loin, rien ne me piquerait, mais le panier de mûres serait vide. Le risque, ce n’est pas se tenir loin du danger, ni l’affronter de près quand il est certain qu’il sera mortel (pour mes biens, mes économies, ma réputation, ma carrière, etc.). C’est s’y tenir au plus près, en sachant qu’il sera mortel, et en pariant qu’il ne le sera pas pour moi, qui n’aurai que des égratignures (au bras, à l’âme, au portefeuille…). Risquer, c’est donc choisir d’effectuer l’action malgré tout - bien que l’on sache que ses conséquences pourraient n’être que négatives ou à l’avenir empêcher une autre action. C’est donc oser. Mais qui peut « oser »? Uniquement la personne qui peut envisager de se lancer aux delà des limites de sa propre action et de son propre jugement, autrement dit la personne libre, la personne qui de façon autonome « décide » (soit coupe le nœud qui attachait la délibération à l’effectuation) d’agir en acceptant par avance tous les effets-boomerang, y compris les pires, de son action. Aussi le seul moyen sûr d’éviter le risque est-il de renoncer à sa liberté - ce qui est assez… risqué !
    #philomonaco

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