Merci pour toutes tes paroles instructives. Je suis comédienne et en pleine recherche autour du jeu, tes vidéos me mâchent le travail c'est plus qu'agréable haha ! Merci encore et belle continuation !
Vidéo bien équilibrée, bien jouée avec suffisamment de sérieux pour que je trouve à son sujet un intérêt majeur, vive le jeu ! Vive mon je... ;-) Vive les auteurs et vive cette filière même si elle est parfois difficile d'approche... Merci
découvert par Simon du passe temps via Sly de l'école du jeu, je découvre donc avec cette première vidéo que je check, peut être pas très futé de ma part de choisir le HS mais la curiosité... Et bien c'est du lourd, posé, on se laisse embarquer, ça change ce décorticage, et si bien amené. Je m'attend à d'autres héhé :p en tout cas c'est un abonnement pour ma part, Pour ma part je vais essayer de résumé au plus court: "l'art déclenche/provoque/entraine des sensations qui sont perçu différemment par chacun, variant selon les humeurs et les états, mais on reste passif, on "subit" l'art. Le jeu(tout l'ensemble) procède de la même manière, mais avec un facteur supplémentaire: on se doit d'être actif pour faire vivre l'art, même mieux, participatif. La définition de la performance artistique est plus exacte, ainsi que le coté éphémère qui rend le tout encore plus beau. Au final, chaque "représentation" est unique accompagnée de sensations toujours différentes, même si souvent similaires. Et c'est tout ce que je demande à l'Art, quel qu'il soit. bon je m'attendait à plus court, mais une fois lancé, pas si évident de synthétiser ma pensée. et encore bonne continuation pour votre chaine ;)
Sincèrement ta vidéo est vraiment excellente je prends énormément de plaisir à te suivre un grand merci. Je trouve que l’analogie faite avec le théâtre est vraiment intéressante. Un moment de la vidéo j’aurais pu comprendre que la conclusion était que le jeu n’était pas de l art mais au final en fin de vidéo je ne suis plus très sûre d’avoir compris ceci. L’argument évoqué étant l’absence de public. Je pense que j’ai un point de désaccord sur le public dans un jeu. Une pièce de théâtre est fixe elle est écrite et immuable les acteurs ne sont là que pour retranscrire le plus fidèlement l’œuvre mais pour autant généralement il ne s’en écarte pas tout reste figé et dans une ligne continue. Le jeu fournit un cadre mais comme tu l’as dit un espace de liberté les joueurs sont là pour tordre cet espace, le public dans ce cas là et ni plus ni moins que les autres joueurs chacun essayons de comprendre ce que fait l’autre soir pour essayer de l’aider soit pour faire mieux que lui nous ne pouvons pas dans un jeu occulter les autres joueurs nous sommes donc tous le public de nos partenaires de jeux. Ce qui se rapproche de l’art selon moi c’est la règle écrite par le créateur pour justement définir un cadre mais permettant quand même un espace de liberté et de multiples voies possibles pour tordre cet espace. Je tends à être d’accord sur le faite qu’il ne faudrait pas considérer un jeu comme étant de l’art sur le simple jugement de son graphisme par exemple pour autant le graphisme d’un jeu renforce l’immersion et l’expérience ce qui est une des composantes fondamentales du game design peut-être que l’écriture d’une règle est plus important que les illustrations mais je pense que c’est bien un ensemble qui forme un jeu. Dans ce cas le jeu vidéo est-il de l’art ? Il reprend la musique, l’écriture, la photographie, la vidéo, la mise en scène, du game design, des règles écrites, et un espace de liberté que les joueurs peuvent tordre comme les jeux de société. Sur ce principe ça n’est pas de l’art pour autant je considère justement que c’est l’art ultime pour moi car il a justement la faculté de pouvoir tout regrouper Enfin pour revenir au sujet je considère les jeux de société comme étant bel et bien de l’art pour moi, enfin du moins quelques titres ;)
Je me demande également ce matin dans quelle mesure les spectateurs d’un film, d’une série, d’une pièce de titre ou lecteurs d’un livre ne pourraient également pas tordre ce qu’ils viennent de regarder et jouer avec l’œuvre . Quand on voit certains trucs fascinant comme twin peaks oú il est quasi impossible de ne pas réfléchir ou débattre avec d’autres spectateurs , est ce que ce process d analyse et tentative de compréhension ne serait pas du jeu ? Lynch lui même se plait à dire (lorsqu’on lui demande d expliquer twin peaks ), que dans un bouquin ancien oú l’auteur est mort on n’aura jamais de réponse, le spectateur reste avec ses doutes et doit se débrouiller avec ça. Est ce qu’un auteur ne créer pas parfois des règles conduisant à un jeu alors,que ce n’est à la base pas un jeu ? De cette manière , un jeu à t il pour seules vocation de faire jouer ? Est-ce que les illustrations, le matériel ou l’expérience ne peuvent pas être aussi importants que les règles ? On s’écarte un peu du sujet mais ça me parait lié à ce que tu disais par rapport aux spectateurs d’une pièce :)
Tu fais la première critique qui ne remets pas en cause le lien que je crée entre art et spectateur. Non, toi tu t’attaques à la différence que je fais entre joueur et spectateur. Pour toi, si j’ai bien compris, lorsqu’un joueur joue ce sont les autres joueurs à sa table qui sont les spectateurs. Donc le joueur est à la fois artiste et spectateur. Artiste quand il manipule les règles du jeu de l’auteur (quand il les “tord” comme tu dis) et spectateur quand il regarde les autres les tordre. C’est intéressant, et ça demande réflexion, mais est-ce que tu crois vraiment que, quand on observe les autres jouer, on se met dans la même posture, dans le même état d’esprit, que le spectateur ? “Dans ce cas le jeu vidéo est-il de l’art ? Il reprend la musique, l’écriture, la photographie, la vidéo, la mise en scène, du game design, des règles écrites, et un espace de liberté que les joueurs peuvent tordre comme les jeux de société. Sur ce principe ça n’est pas de l’art pour autant je considère justement que c’est l’art ultime pour moi car il a justement la faculté de pouvoir tout regrouper.” Si on se place du point de vue de la définition, je ne vois pas de différences fondamentales entre le jeu vidéo et le jeu de société. Néanmoins, j’ai remarqué que je ne jouais pas de la même manière à un jeu de société sur support vidéo. Pour l’expérience ludique, l’interface et le contexte change beaucoup de choses. Mais objectivement, le joueur fait la même chose : manipuler (ou “tordre”, choix de verbe étonnant) des règles. Si le game design vidéoludique permet certaines choses (comme faire tout un tas de calculs que le joueur n’aura pas à poser lui-même), il limite aussi les possibilités de l’auteur. Il ne pourra pas laisser autant de “blanc”, de libertés, au joueur comme dans le cas d’un jeu de rôle papier ou de The Mind, par exemple. En parlant d’expérience de jeu, j’aimerais revenir sur une chose. Comme je le disais dans l’épisode sur Keyforge, l’expérience de jeu c’est le plus important. Et la forme a autant d’influence sur l’expérience de jeu que le fond. Le travail de l’éditeur est essentiel dans mon expérience ludique future. Le choix des illustrations, du matériel, même de la taille de la boite est primordial. Si on voit les règles d’un jeu comme un diamant brut, l’éditeur est le joallier qui va lui donner sa forme et son écrin. Autrement dit, je ne fais aucune hiérarchie entre matériel, illustration et règles. Je répond à ton commentaire suivant dans mon commentaire suivant. ^^
Encore une excellente vidéo! Personnellement le jeu m'a amenée à l'art (du petit art). En fait, je prends autant de plaisir à jouer qu'à embellir mes jeux. Grâce au jeux, pour plus d'immersion, je me suis mise au modelage : changer les meeples en petits bonshommes en s'imprégnant du thème, des bûches remplaçant les cubes marrons, etc... Bon, ce n'est pas de la philo comme dans ta vidéo, simplement de la pâte Fimo!
Bonjour, Video super intéressante qui a soulevée plein de réflexions chez moi alors je les partages ici. En espérant que ce ne sera pas trop long ni trop plein de fautes. Si je suis d'accord avec les règles comme spécificité du medium jeu par rapport aux autre médium, je pense qu'il est important de faire la nuance entre "les règles" et "la règle". - Les règles ce sont l'ensemble des contraintes que les joueurs vont s'imposer volontairement de suivre pour s'amuser, elles peuvent être très nombreuses ou que quelque uns (voir qu'une seule pourquoi pas même si je ne connais pas de jeu n'ayant qu'une seule règle mais ce serait un sujet intéressant à creuser. On pourrais aussi s'amuser à trier sa ludothèque en fonction du nombre de règles que les jeux ont. Il y aurait matière à faire quelques découvertes surprenantes je suis sûr. Mais je m'égare). - La règle c'est le document sur lequel les règles ont été rédigé pour que les joueurs y aient accès. C'est important de faire la distinction je pense parce que si les règles sont bien une spécificité ludique, la règle, elle, s'apparente plutôt à l'art littéraire et il y a d'ailleurs des jeux aux règles excellents qui sont malheureusement ruiné par la règle qui les énoncent. C'est d'ailleurs un "avantage" que les jeux vidéos possèdent pour l'instant encore sur les jeux de sociétés. Nombreux sont ceux qui se passent d'une règle pour faire découvrir les règles aux joueurs. Certains jeux de sociétés (comme Unlock ou la gamme des Fabulosa de Friese) tentent de s'en inspirer mais, pour le moment, ils ne font que reproduire le principe des tutoriel; à savoir une règles dont ont joue immédiatement les différents point pour mieux les assimiler. Ceci dit le fait de se passer de la règle pour expliquer les règles n'est pas forcément un but à atteindre absolument. C'est juste un bon moyen de s'assurer de ne pas altérer la compréhension de son médium en passant par un autre médium. A ce sujet, un ami me demandait si, en tant que "gros joueur", il m'était déjà arrivé de ressentir les sensation que procure un jeu avant même d'y avoir jouer, juste par la lecture de ses règles. Et si il y a bien des jeux dont, en lisant les règles, je suis certain de la nullité ou de la stylitude et où j'arrive très bien à m'imaginer une partie, jamais la lecture d'une règle de jeu (ou même la vision d'une partie sur tric trac) n'a été pour moi une expérience équivalente au fait de jouer. J'aurais donc tendance à corriger légèrement ce que vous dites sur le jeu : sa spécificité ce sont ses règles mises en applications par les joueurs. Ça peux paraître évident mais je ne suis pas sûr que ce soit le cas pour tout le monde. Si elles ne sont qu'énoncées, les règles ne sont que de la littérature, c'est dans leur application que réside le jeu. C'est intéressant cet exercice qui consiste à se demander quel sont les spécificité de chaque médium (je dis médium à défaut de dire art parce que, pour le coup, la question de savoir si tout cela et de l'art ou pas ne m'intéresse pas beaucoup). Pour reprendre l'analogie de la vidéo, la spécificité du théâtre ce sont les acteurs (Il y a des acteurs ailleurs qu'aux théâtre je sais, mais ce ne sont que des empreints que d'autre médium font. De même qu'un jeu n'est pas un art pour ses illustrations, un film par exemple, n'est pas un art pour ses acteurs. Une pièce, en revanche, si. Le cinéma à ses propres spécificités que sont le temps et le mouvements mais c'est une autre histoire). Ainsi, celon moi et n'en déplaise à Alfred de Musset et à son "Spectacle dans un fauteuil" écrit exprès pour ne pas être jouer; il n'y a pas de pièce sans acteurs. Et c'est là qu'on en arrive à l'argument du vase clos. A la différence du théâtre ou de tout les autres arts qui ont besoin d'un publique pour être art, le jeu se suffirait à lui même. C'est le koan zen bien connu : "quel bruit fait l'arbre qui tombe dans une forêt où il n'y a personne pour l'entendre". Sauf qu'on pourrait voir les joueurs comme les spectateurs de leur propres pièces. Considérer alors comme deuxième spécificité au médium ludique que c'est le seul dans lequel le moteur est aussi spectateur. Ou peut être que ce n'est pas le seul dans ce d'ailleurs. Pour reprendre l'analogie du théâtre, on pourrait se demander si l'acteur sur scène qui interprète la pièce n'est pas, lui aussi, spectateur de la pièce qu'il joue. Les émotions qu'il ressent sur scène sont certainement très différentes des spectateurs dans la salle mais il n'en reste pas moins que ces émotions sont suscitées par cet art qu'est le théâtre. Ainsi, à 3min 32 de la vidéo, je crois que personnellement je dirais : "Le théâtre c'est une pièce (Ou pas. On peux penser aux théâtre d'improvisation par exemple) joué par des comédiens et vue par des spectateurs. L'activité ludique c'est des règles, joués par des joueurs pour des spectateurs qui se trouvent être les joueurs eux même. Quand on commence à rajouter des spectateurs non joueurs, on parle plus de jeux. Comme du sport par exemple. " Du coup, a la question" le jeu est il un art ? " j'aurais tendance à répondre que oui, il est un art mais un art particulier où le spectateur se doit être également acteur pour pouvoir en profiter.
Rawls et d'autres auteurs ayant travaillé sur la notion de règles (pas forcément les ludiques) en ont catégorisés quelques unes. Si on suit leur catégorie, les règles du jeu sont des règles créatrices. Elles ne servent à contraindre une activité pré-existante ou à l'améliorer. Elles cherchent à créer une activité de toute pièce : L'activité ludique. Tu as tout à fait quand tu affirmes que la spécificité du jeu, c'est ce qu'il produit quand ses règles rencontrent des joueurs. La langue française peine à expliquer ça : La spécificité d'UN jeu, c'est LE jeu qu'il produit quand il est joué par des joueurs. L'anglais est plus parlant : La spécificité du GAME, c'est le PLAY. Même chose pour la distinction sémantique entre la règle et les règles. Je la trouve très pertinente, j'y ferais attention à l'avenir. Merci à toi pour ton commentaire ^^
Théâtre et jeu ! Bravo mec ! J'ai jamais entendu ça ailleurs. C'est exactement ce que je développe dans ma deuxième vidéo sur le sujet... que j'ai pas encore sorti ^_^' True story !
Merci pour cette vidéo. Ça fait un moment déjà que je considère le jeu de société comme une discipline artistique à part entière. Bien sûr il est difficile de définir le jeu car les frontières peuvent être floues et poreuses, mais ça l'est tout autant dans d'autres disciplines, il n'y à qu'à visiter une expo d'art contemporain pour voir que les limites de la peinture peuvent être explosées de bien des manières. À propos du jeu, je considère que la règle, le matériel et les illustrations forment un tout indissociable. La règle est très importante évidemment, elle est au cœur du jeu, mais je pense que le matériel et les illustrations participent d'une manière indispensable à l'expérience de jeu. À propos du spectateur et du joueur, j'ai du mal à les opposer, pour moi il n'y a pas de différence. En fait, pour moi il y a un problème avec le terme spectateur, parce que le spectateur n'est jamais un simple spectateur. Même devant un film ou tout autre œuvre, il n'est jamais passif. Un film, au fond ça n'est qu'une succession d'images proposée par l'artiste, et le spectateur de par son regard actif va interpréter ces images avec son cerveau et va créer du sens. Le spectateur n'est donc pas passif mais va participer activement à la construction de l'œuvre, à la création de sens. Bien sûr le jeu semble demander une participation plus importante au joueur, mais finalement je ne vois pas de différence fondamentale entre le joueur et le spectateur d'un film, d'un concert, d'une pièce de théâtre, d'une peinture ou d'un livre.. En tout cas encore merci pour cette vidéo qui donne à y réfléchir et à y penser.
Je tiens juste à faire une précision. Evidemment que le jeu est la conjonction d'une règle, de matériel et d'illustrations (sans parler du thème) et ils ont tous une influence sur l'expérience de jeu. Mon propos, dans cette vidéo, se résume à dire que, si le jeu veut être considéré comme un art ce n'est pas au travers de ces illustrations qu'il doit l'être. On ne devient pas un art par l'intermédiaire d'un autre art. Je pense pas en rajouter sauf si tu veux que je réagisse à tes autres arguments. Si c'est le cas, je répondrais avec plaisir.
C'est effroyablement angoissant de prendre conscience de la profondeur de tes questions et en même temps rassurant de te comprendre en un claquement de doigt. Est-ce que tu arrive à mesurer le degré d'implication ( l'immersion) d'un joueur dans le jeu ? ou si tu as une méthode un peu comme le test de Voight-Kampff pour le mesurer ? J'aime bien ce format 10/11 minutes pour traiter un sujet, merci à vous deux...
Peut-on diagnostiquer si on est en "état de jeu" ? C'est délicat mais il y a des indices. Pour ça on peut s'inspirer des travaux de Caillois et Brougère. On pourrait déterminer une liste de "symptômes" : _ le joueur est à la recherche de plaisir. _ le joueur s’impose des contraintes sans intérêts. _ le joueur fait des actions en apparence inutiles. (ou les actions du joueur n’ont de sens que dans le cadre du jeu) _ le joueur est incertain du résultat de ses actions. _ les actions du joueur sont librement consenties. _ les actions du joueur n’ont pas d’impact sur la réalité. La présence d’un ou deux ne suffit pas pour diagnostiquer à coup sûr un état de jeu mais plus on en observe, plus il y a de chances que l’individu soit en état de jeu.
@@ludiculture567 par la liste de symptômes, que tu décris, tu m'as fait réfléchir à des attitudes qui m’étais difficiles de cerner et qui finalement regroupe un ensemble d'investissements, de réactions signifiant une attitude de jeu. C'est particulièrement le cas quand tu essaye quelque-chose, que tu test une hypothèse, ou soumet à la règle une action qui peux ne pas être un succès mais qui néanmoins porte en elle une information. Et donc lorsque tu observes une personne jouer, ton hypothèse est que le joueur ne peut pas dépasser l'objet jeu pour produire une oeuvre d'art. Tu suppose alors que la personne joue.
Vidéo très intéressante sur un sujet tellement vaste ! Mais je dois révéler que tu brasses tellement de sujets en évitant de répondre frontalement à la question titre de l'épisode qu'on peine un peu à savoir quel sont tes réelles positions :) Je suis pour ma part partisan de définitions très ouvertes du jeu et de l'art. Je résume l'art à une réception émotionnelle. Elle nécessite un diffuseur (ou au moins à la croyance en un diffuseur), un objet (une expression transmise dans toutes les formes possibles et inimaginables) et un récepteur. Au théâtre, les comédiens reçoivent l'art de l'auteur, l'art du costumier, l'art des autres acteurs. Le public reçoit l'art de l'auteur, du costumier, des acteurs, etc. Dans le jeu, le joueur reçoit l'art de l'auteur, de l'illustrateur, et même pourquoi pas des autres joueurs, etc. Un spectateur d'une partie reçoit l'art de l'auteur, de l'illustrateur, des joueurs et je me répète. Je ne suis donc pas du tout d'accord pour dire que le jeu est en vase clos. Bien sûr, on ne qualifie pas toute expérience d'expérience artistique, il faut un certain niveau (complètement subjectif) de ressenti émotionnel, de "sublimation" et de "vertige", pour y voir de l'art. Le propre du jeu c'est l'interaction encadrée (plus que les "règles" qui existent dans toutes les formes d'interactions) et surtout d'après moi une oscillation constant entre le sérieux et le futile, entre l'immersion et la distance. Cette richesse incroyable du jeu qui se regarde en permanence jouer peut faire vivre des expériences et susciter des émotions que ne pourraient pas faire vivre d'autres formes d'expression. Le jeu devient de l'art quand les joueurs y vivent là quelque chose qui les remue au plus profond. Et enfin, je ne suis pas du tout adepte de penser que les jeux chez l'adulte sont une extension de la pratique ludique enfantine. C'est pour moi au contraire une pratique qui sonne comme la parfaite réponse à la condition humaine, dont les adultes sont les victimes conscientes bien davantage que les enfants. Mais là aussi c'est un très très vaste débat. Merci en tout cas pour cette vidéo et toutes celles de la chaîne, je suis votre premier fan !
Voilà une réponse à la fois intéressante et terriblement frustrante parce que tu ne fais que résumer tes points de vue. C'est logique, hein, la zone de commentaire de YT n'est pas forcément l'endroit propice pour étaler ces arguments philosophiques. Je suis pratiquement à l'opposé de tout ce que tu affirmes ^^. Je pense que pour parler sérieusement d'une chose, il faut la distinguer le plus précisément possible du reste du réel (même si cette distinction sera, forcément, artificielle). Je pense que résumer l'art aussi grossièrement permet de tout et rien dire même en y incorporant un garde-fou aussi flou. Règles de jeu - interaction encadrée : même combat. Tout est règle mais les règles ludiques ont des spécificités que je n'ai pas abordé car ce n'était pas le sujet. Je les aborderais plus tard, dans une vidéo sur la définition du jeu par exemple. Enfin, sur l'héritage du jeu de l'enfant, je pense, par contre, que nos opinions sont assez proches là-dessus. Le jeu de l'enfant et celui de l'adulte sont très différents notamment dans leurs motivations. Après, je suis pas sûr que les joueurs soient si conscient que ça des raisons qui les poussent à jouer... Si tu veux discuter plus avant d'un sujet en particulier, je serais ravi de le faire par mail (chaineludiculture@gmail.com) ou autre...
Vidéo très intéressante et qui soulève une question que je ne mettais jamais posé! Pour apporter quelques réflexions sur la question du jeu, je pourrai dire que le jeu peux être aussi tout l'inverse de ça ( le joueur s’impose des contraintes sans intérêts/le joueur fait des actions en apparence inutiles/ou les actions du joueur n’ont de sens que dans le cadre du jeu ect... en reprenant vos propos en commentaire). Je m'explique : je suis chirurgien et un des moyens d'être plus efficace, plus précis et concentré est de considérer "l'acte chirurgical" comme un jeu. On s'impose des temps, des techniques nouvelles, des voies d'abords différentes . Mais pourtant mes contraintes ont un intérêt, ont un réel impact sur le réel ect... En ce sens le jeu peux s'appliquer à la chirurgie et doit s'imposer au chirurgien pour apprécier son métier. Ce que je voudrai dire par là c'est que, pour moi, le jeu est une idée au même titre que la liberté, la vérité ou la beauté. En ce sens elle ne peut pas être un art. Mais ses applications dans le réel le peuvent comme l'exemple que je vous ai donné (la chirurgie peut être considérer comme un art, tout comme la peinture pour la beauté, ect ...) C'est avec un grand plaisir que je découvre votre chaîne et j'espère pouvoir voir bientôt d'autres vidéos.
J'ai beau avoir fait ces vidéos, je m'interroge toujours sur les questions de la nature du jeu et de ses liens avec l'art. Votre retour est extrêmement intéressant et fait s'agiter encore mes cellules grises. Je pense que ce qu'on appelle "jeu" se divise en réalité en trois parties distinctes. L'attitude, l'activité et l'objet. L'objet ludique est le plus simple à définir. Pourtant ses limites restent floues. Il regroupe tout ce qui nous sert à jouer ou ce qui a été conçu pour cet usage. L'activité ludique, c'est ce qu'on fait quand on joue. S'imposer des contraintes inutiles dans l'intérêt d'y trouver du plaisir. L'attitude ludique, c'est notre état d'esprit qui nous fait passer d'individu (ou, dans votre cas, de chirurgien) à joueur. C'est cette attitude qui est capable de transformer toute activité en activité ludique, tout objet en objet ludique. Huizinga en décrivait sa capacité à absorder totalement le joueur. Bateson parlait quand à lui de second degré, comme une prise de recul avec la réalité. En fait, je ne connais pas de mots pour la décrire. Je sais juste qu'elle existe. Ce qui est drôle, c'est que j'ai pu lire tous les livres que j'ai pu traitant du sujet. J'ai beau consulter tous les articles, toutes les études qui me tombent sous la main, je n'en sais pas plus sur le jeu que n'importe qui. Car tout le monde le connaît. Tout le monde est, à un moment dans sa vie, un joueur. J'avoue que c'est quelque part assez frustrant d'essayer de faire de son domaine d'expertise, une chose connue par tous aussi intimement. Merci encore pour votre commentaire.
Merci pour le partage de ces réflexions très inspirantes. Je me demande si la spécificité du média « jeu vidéo » ne résiderait pas dans l’interactivité et non pas le jeu. Interactivité au sens d’interaction sur des images vidéos. Le mot jeu dans l’expression « jeu vidéo » masquerait ainsi les possibilités de ce média. J’ai l’impression que ce média inclut les caractéristiques/qualités des films, de la musique et de la littérature, et par conséquent peut pencher plus vers l’un ou les autres en fonction de l’interactivité proposée. Elle permet aussi d’aller au delà de ce que ces média peuvent proposer. Si vous avez le temps je serai heureux de lire vos commentaires éclairés sur cette question. Merci.
Bonjour, Quand vous dites que l’une des caractéristiques essentielles du jeu vidéo est “l'interactivité sur des images vidéos” je ne peux qu’être d’accord. Là où nos avis divergent c’est quand vous distinguez l’interactivité et le jeu. C’est justement l’aspect ludique du jeu vidéo qui apporte cette interactivité. Un jeu (a game) pourrait être défini la plupart du temps comme un ensemble de contraintes qui crée une interactivité inédite entre deux ou plusieurs joueurs. Quand il n’est pas multijoueur un jeu vidéo, bien souvent, simule l’adversité. Dans un FPS, rien ne différencie vraiment un monstre (en solo) d’un autre joueur (en multi) mis à part que l’un est maîtrisé par une IA tandis que l’autre par une intelligence humaine. De la même manière, je suis d’accord pour dire que le jeu vidéo partage les mêmes supports que le film (l’image animée), la musique (le son) ou la littérature (le texte) mais à mon sens il ne va pas au-delà, il est autre chose. Le jeu s’inspire du cinéma et, récemment, l’influence commence même à être réciproque. Pour autant, le jeu vidéo a ses spécificités (notamment ludiques) qui rendent nécessaire le développement d’une forme de narration unique. Le jeu vidéo n’est pas un film interactif et les tentatives de le traiter de cette manière restent marginales et, à mon sens, décevantes (je pense notamment aux productions de David Cage, comme Heavy Rain). D’autant qu’il n’est pas obligé d’aller dans cette direction. Des jeux sans narration (ou presque) peuvent être de vrais chefs-d’oeuvre. Je pense notamment à Super Mario, qui ne va pas bien loin avec son histoire de princesse à sauver, mais qui a pourtant marqué fortement les joueurs. Je n’aime pas bien l’idée que l’aspect ludique du jeu vidéo cacherait son potentiel. Le jeu en lui-même est bourré de potentiel. D’ailleurs, le jeu vidéo est foisonnant d’idées et d'innovations. Ce qui nous les cachent c’est plutôt notre manière de voir le jeu. Nous ne sommes pas encore tout à fait séparés de l’idée que le jeu est une activité futile, frivole et infantile. Je pense sincèrement que le jeu, vidéo ou non, n’a pas à se comparer à un autre média. Il n’est ni plus, ni moins qu’un autre. Il peut s’inspirer de ce qui se fait ailleurs mais sans jamais oublier ses spécificités qui font de lui un média unique.
Très bonne vidéo et très stimulantes réflexions ;) Petite question sur un point de ta vidéo : J'aimerais bien savoir pourquoi tu considères que nos jeux d'enfants ne sont pas les mêmes que nos jeux d'adultes. D'après mon expérience, je n'y vois pourtant aucune différence. Et ayant aujourd'hui des enfants, je ne vois pas non plus de différences entre leurs activités ludiques et les miennes. Et j'irai même plus loin : je ne vois pas de différences entre leurs activités "tout-court" et les miennes. Au plaisir de lire ton point de vue ;)
J'en ferais une vidéo mais, selon moi, la différence fondamentale entre activité ludique de l'enfant et de l'adulte est l'existence ou non d'une règle prédéfinie.Le jeu de société qui est une forme de jeu foncièrement adulte. Sauf exceptions, ce ne sont pas les enfants qui créent les jeux de société, ce sont les adultes. Parce que la manière de jouer de l'adulte nécessite de poser les règles avant de commencer à jouer. Alors que l'enfant, lui, se lance à corps perdu dans le jeu. Il réfléchira aux règles plus tard, quand viendra une difficulté. Ca n'a l'air de rien mais c'est une différence d'approche qui change fondamentalement son rapport au jeu.
@@ludiculture567 Alors, je me permets d'exprimer mon vif désaccord envers ton argumentation ;) Et je m'excuse par avance du ton de ma réponse, car sache que ce n'est que par amour du sujet que je cherche à y voir un peu plus clair en échangeant nos points de vue, et pas du tout pour être celui qui aura le dernier mot. Mais dans tout débats honnête, il faut parfois dire ouvertement ce que l'on pense et malmener les idées, ce qui ne veut pas dire malmener ceux qui les expriment ;) Donc, J'ai l'impression que tu parts du fait qu'il va de soi de faire l'amalgame "jeu d'enfants"/"jeu sans règle" et "jeu d'adulte"/"jeu de société". Et bien je suis désolé mais il y a de nombreux exemples qui déconstruisent ce postulat : jouer aux billes et à Cache-cache sont considéré être des jeux d'enfants et pourtant ce sont bien des jeux avec des règles. Faire une improvisation musicale ou flâner en ville ou dans la nature sont des activités ludiques pratiquées par les adultes et pourtant elles n'ont pas de règle (sauf pour les simulacres d'improvisation musicales). Ensuite tu dis que ce ne sont pas les enfants qui créent les jeux de société, et donc que cela serait une preuve que ce n'est pas une activité d'enfant. Mais tu confonds un peu tout là ! Car ce n'est pas une activité ludique que de créer un jeu de société mais c'est, sinon un métier, tout du moins une activité intellectuelle qui n'a rien de ludique (bien qu'elle utilise des mécanismes ludiques) ! Et donc je peux te répondre que ce ne sont pas non-plus les joueurs adultes qui créent les jeux de sociétés mais les auteurs (qu'ils soient adultes ou, plus rarement en effet, enfants). J'ai bien l'impression que ta réponse est nourrie d'amalgames erronés et part du postulat malheureux qu'il y aurait un monde pour les enfants et un monde pour les adultes. Je veux bien comprendre que dans une société consumériste ce postulat soit pratique pour expliquer sagement à chacun ce qu'il doit faire et surtout acheter, mais il en va, heureusement pour l'humain, bien autrement dans la réalité ;)
@@julesmessaud Pas de soucis pour le ton. Un débat contradictoire avec des arguments de fond ne me dérange jamais. D'ailleurs, si on se lance dans un débat, je définirais bien les notions principales pour voir si on parle bien des mêmes choses... L'activité ludique, d'abord. En France, on utilise généralement les critères de Caillois (un jeu est une activité libre, improductive, incertaine, gratuite, réglée et fictive) Personnellement, j'ai une préférence pour la définition de Suits pour qui jouer consisterait à "s'imposer des obstacles inutiles". Ces définitions disqualifient le fait de "flâner" car elles supposent toutes deux une forme de contrainte volontaire. Et je suis plutôt d'accord avec elles. Le jeu est une activité hédonique (que l'on fait dans le but de rechercher du plaisir) mais toutes les activités hédoniques ne sont pas du jeu. Sinon cela voudrait dire que se masturber ou manger un gâteau devrait être considéré comme du jeu. Ce qui ne l'est pas le cas, ni à mon sens, ni dans le sens commun. Ensuite l'enfant. Déjà, considérons une tranche d'âge qui va de 2 ans environ à 8-9 ans. Pas plus tôt car ce qu'on apprend en psychologie du développement c'est que le bébé et le nourrisson ne maîtrisent pas encore le second degré. Ils sont incapables de représentation symbolique, autrement dit ils ne savent pas faire la différence entre faire la cuisine et jouer à faire la cuisine. Au-delà de 9 ans, par contre, on arrive à la pré-adolescence ou l'adolescence selon avec qui on parle et, là, c'est plus du tout la même histoire. L'enfance est une étape de la vie humaine entre la petite enfance et l'adolescence puis l'âge adulte. Si l'enfant est une personne qui a des besoins affectifs, ce n'est pas un adulte et il ne doit pas être considéré comme tel. En ce qui concerne les différentes formes de jeux, les ludothécaires utilisent un système de classification appelés ESAR hérité des travaux de Piaget. Si les théories piagétiennes sont, par la plupart, obsolètes l'idée que les compétences physiques et cognitives de l'être humain s'étoffent graduellement reste relativement vraie. ESAR est basée sur cette idée d'ordre d'apparition graduelle du jeu. Le jeu d'exercice, puis le symbolique, puis le jeu d'assemblage et enfin le jeu de règles. Les jeux d'exercice seraient les jeux de manipulation sensible (agiter son hochet pour faire du bruit ou empiler des cubes) et apparaîtrait très tôt. Je soutiens le psychologue Georges Reddé dans l'idée qu'il ne s'agit pas d'activité ludique pour les raisons que j'ai évoqué ci-dessus. Donc le jeu commencerait avec le symbolique. Le symbolique c'est le jeu de faire semblant en se mettant soi-même en jeu (comme jouer au papa ou à la maman), soit en mettant cela en scène via des figurines. Ce jeu-là n'a pas de règles préétablies. Pour moi c'est véritablement LE jeu de la période infantile car il apparaît spontanément et disparaît (presque) totalement à l'âge adulte. Et ça dans toutes les sociétés. La pratique de jeux de règles durant l'enfance, elle, est spécifique à notre culture. On peut la retrouver ailleurs mais pas de tout temps et pas partout. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose si on ne cherche pas à aller trop vite et qu'on laisse l'enfant s'épanouir dans son jeu symbolique (ce qui n'est malheureusement pas souvent le cas pour plein de raisons que je développerais si cela t'intéresse). Le jeu de règles, càd l'ensemble des jeux ayant des règles prédéfinies, est la forme ludique qui apparaît le plus tard dans le developpement cognitif de l'Homme. Elle est spécifique à l'espèce humaine et nécessite un haut degré d'abstraction. Mon fils de bientôt 4 ans joue avec moi aux jeux de société. Il est capable de comprendre les mécaniques de jeux conçus pour sa tranche d'âge et prend plaisir dans ce moment partagé avec l'adulte. Parfois, il lui arrive de vouloir créer ses propres règles. Des règles qui n'ont aucune logique interne et aucune stabilité (elles changent au grès de ses désirs et de ses humeurs). Tout simplement parce que mon fils n'a ni l'envie, ni les capacités de créer un ensemble de contraintes cohérentes qu'on appelle une règle de jeu. Cette capacité là vient tardivement. Pratiquement à l'âge adulte. Et si l'enfant joue aux jeux de société c'est culturel et non spontané. De nombreuses observations personnelles et professionnelles (j'ai une formation et ai exercé en tant ludothécaire) me font dire qu'enfant et adulte ne jouent pas de la même manière. D'abord, comme je l'ai expliqué plus haut parce qu'ils ont des formes de jeux différentes mais également par tout un tas de petits détails. En animant des séances de jeu de rôles pour les enfants j'ai, par exemple, remarqué qu'ils entraient bien plus rapidement dans le jeu que n'importe quel adulte, même un habitué. Je me demande du coup si le statut du "joueur" n'est pas plus naturel pour eux. J'ai remarqué aussi qu'ils "vivaient" le jeu plus intensément que l'adulte. Ce qui fait penser à bon nombre de personnes qu'ils ne savent pas bien faire la différence entre réel et imaginaire (ce qui n'est pas du tout le cas). J'ai également l'intuition que les motivations ludiques des enfants et des adultes ne sont pas du tout les mêmes. Et ce serait logique car, à ces deux périodes de la vie, nos besoins sont très différents. Je doute, par exemple, qu'on puisse définir le jeu de l'enfant comme du "divertissement". Ce qui se joue dans le jeu de l'enfant tient généralement de l'apprentissage informel. Pas toujours mais généralement. J'espère que tu comprends que, pour moi, ce ne sont pas des distinctions consuméristes mais bien des différences fondamentales d'approches ludiques qui tiennent plus à des besoins et capacités spécifiques des différentes étapes de la vie que sont l'enfance et l'âge adulte.
@@ludiculture567 J'ai précisément cité la flânerie pour illustrer une activité sans règle, en réponse à ton affirmation comme quoi il n'y avait que les enfants qui avaient des jeux sans règle. Donc pourquoi me réponds-tu que "non la flânerie n'est pas un jeu car elle n'a pas de règle" ? Ce n'est pas toi qui vient justement de définir ainsi ce qui est propre au jeu de l'enfant ? J'apprécie ta réponse argumentée mais si tu veux que l'on puisse avoir un débat constructif il serait bien de prendre le temps de d'abord lire ma réponse ;) Ensuite, je te rejoins pour considérer que lorsque l'on parle d'enfants c'est en effet à la tranche des 2-9 ans que l'on se réfère. Et bien, comme tu le dis par la suite, dans cette tranche d'âge il y a effectivement des enfants de 2 ans qui jouent avant tout à des jeux sans règles, mais aussi des enfants de 7-9 ans qui jouent avant tout à des jeux avec règle et cela, contrairement à ce que tu affirmes, quelque soit la culture si par "jeu à règle" on considère aussi les parties de cache-cache, de chat, de billes, de comptine associée à des gestes. Donc définir le jeu d'enfant par une partie seulement de leurs jeux est une démarche peu sérieuse, dont je perçois clairement le coté pratique à l'élaboration d'un discours, mais dont je déplore l'usage chez le chercheur. Dernier point de ta réponse sur lequel j'aimerais revenir : tu dis douter que l'on puisse définir le jeu de l'enfant comme du divertissement, et le rapproche plutôt de l'apprentissage informel. Et bien, de nouveau, tout cela ne sont que des cases un peu simplistes, car chez l'enfant le jeu est bien sûr un moyen d'apprentissage formidable mais également une manière de se divertir, et chez l'adulte je doute que cela soit un divertissement pur qui écarte tout besoin d'apprendre. Si je peux prendre mon cas personnel en exemple, je n'ai jamais joué que pour apprendre et si, la plupart du temps, cela s'avère être aussi un divertissement, c'est un effet certes appréciable mais non recherché. Mais tout mon argumentaire n'est qu'une accumulations de détails qui ne sont là que pour illustrer un propos plus large : je perçois que mettre ses sujets d'observation dans des cases puissent sembler être, pour le chercheur, la finalité de son travail car il produit ainsi du contenu, mais tout ceci n'est qu'un biais très nocif à l'activité même de la recherche. Et pour ma part je remarque plutôt qu'il n'y a pas d'activité intellectuelle propre à l'enfant et à l'adulte, bien que l'on puisse observer des degrés de développement de ces activités différents selon l'expérience (et non l'age !) du sujet.
@@julesmessaud Jeu symbolique et jeu à règles sont toutes les deux des activités organisées par des contraintes inutiles. La différence entre les deux c'est l'existence dans le second d'un ensemble de règles cohérentes et surtout prééxistantes. Comme je te disais je ne perçois pas la flânerie comme une activité ludique en raison de l'absence de ces contraintes inutiles. J'expliquais que si on retire ce critère là (que Caillois nomme "réglé") il était impossible de distinguer le jeu de tout autre activité dont l'objectif est de procurer du plaisir. Il faut bien comprendre que le jeu symbolique est pour moi un élément prouvant la différence fondamentale d'approche du joueur enfant et du joueur adulte. Être joueur est comme une seconde peau pour l'enfant. Pour l'adulte, c'est plus compliqué. Il y a plus de barrières à franchir. La manière d'appréhender le jeu est différent également. Le joueur adulte cherche immédiatement la finalité de ce qu'il est en train de faire ("quel est le but du jeu"), l'enfant joue pour jouer. Je prends l'exemple de l'explication de règle. Avec l'enfant, il est possible d'expliquer un jeu de société en y jouant. C'est même souvent préférable. L'enfant va accepter de ne pas tout comprendre tout de suite tant qu'il est dans l'action. Tant qu'il joue. Pour l'adulte, cette approche est souvent problématique. L'adulte veut souvent tout comprendre tout de suite, avoir toutes les clés en main. Il veut savoir où il va, où on l'emmène. Je pense que tu minimises trop l'importance des différences entre l'adulte et l'enfant. Un enfant n'est pas un adulte miniature, il ne raisonne pas de la même manière qu'un adulte. Il n'a pas non plus les mêmes capacités cognitives. Si la culture ludique d'un individu (enfant comme adulte !) est important pour lui conseiller un jeu, ne pas prendre en compte l'âge de l'enfants peut s'avérer problématique. Penser qu'un enfant de 9 ans peut jouer à tout tant qu'il a accumuler assez de culture ludique, par exemple, est une erreur selon moi. Il pourra donner l'impression en manipulant les pièces correctement, il pourra même y prendre du plaisir, mais l'essence de certains jeux ne lui seront pas accessibles. Un enfant dans cette situation joue, certes, mais ne joue pas vraiment le même jeu que toi. Toi tu joues à Scythe (par exemple), lui joue à jouer à Scythe.
Je découvre la chaîne avec grand plaisir ! Et ça me fait aussi penser à Olivier Caïra et les dimensions multiples de l'engagement ludique. J'aimerais beaucoup échanger avec toi là dessus car j'organise une semaine thématique autour du jeu en mars à Rennes ! A bientôt j'espère ! @gabriel_trouve
Je me souviens, il y a quelques années, d'une exposition à Lyon. Des oeuvres qui avaient toutes en commun une chose, c'est qu'elles n'étaient "complètes", "finies", qu'en présence des spectateurs. Sans eux il manquait quelque chose. J'avais trouver cela extrêmement curieux et j'en reparle à la fin de mon message. Mais dans ce cas qui est le spectateur de l'oeuvre ? Ne peut-on pas être à la fois acteur et spectateur ? Ces interrogations sont un peu à côté du sujet mais il est pour moi indubitable que oui. J'en viens au jeu. Je ne peux considérer la création de jeu autrement que comme un art. Pourquoi ? Pour plein de raisons. Tout d'abord parce que ma démarche reste la même. Créer un vecteur d'émotions. Parce que mon ressenti durant la création est comparable. Ma réflexion également. Parce que peut-être que le spectateur existe mais qu'il s'ignore. Jouer à un jeu et découvrir avec émerveillement tout ce que l'on ressent en y jouant est tout à fait comparable à tomber en admiration devant un Rembrandt. Parce que l'on peut aussi se dire, en tant qu'initié, "c'est un génie" en lisant une règle de jeu comme on pourrait lire une partition. L'auteur jongle avec les mécanique comme le peintre avec ses couleur et le cuisinier avec ses ingrédients. La palette est la même pour tous les artistes, elle est juste reliée à un autre emplacement du cerveau du spectateur. Le jeu est un art, cela ne fait aucun doute, pour moi. Et si je parle de moi c'est parce que cette vision est forcément personnelle. Ensuite, il faut également comprendre ce qu'est un spectateur. Et j'en reviens à l'expo dont je parlais au début. J'avais trouvé cela curieux car une oeuvre n'existe que si elle est vécue. Une oeuvre est forcément incomplète tant qu'il n'y a pas de spectateur, car l'oeuvre ce n'est pas le tableau, la statue, le roman ou la musique. L'oeuvre c'est comment ceci parait via les sens du spectateur, comment le contenu se diffuse, se mue, engendre des idées, des émotions. Il faut plonger dans un tableau pour le voir, il faut se laisser envelopper par la musique pour la comprendre, tout comme il faut goûter le plat, rire et pleurer au théâtre, jouer au jeu. Merci beaucoup pour cette vidéo.
Ton commentaire a le mérite de me faire réfléchir et met en lumière des points pas ou peu abordés par la vidéo. J’ai fait le choix d’un format plus court pour décourager le moins de personnes possibles et c’est bien de la compléter dans les commentaires. Effectivement la démarche de création artistique et ludique si très très proches. Mais n’est-ce pas le cas de la plupart des démarches de créations ? Quand un enfant dessine pour son parent, quand un boulanger pétri son pain, quand un footballeur fait une belle action, tous sont créateur d’émotions et cherche volontairement à l’être. Font-ils quelque chose d’artistique pour autant ? Pourquoi pas ? Mais il faudrait alors étendre l’art à toutes les activités artificielles qui peuvent susciter en nous de l’émotion et une telle extension du concept poserait d’autres soucis je pense. La relation entre joueur et spectateur est le point de mon argumentation qui a été le plus critiqué. Je comprends pourquoi mais je ne suis toujours pas convaincu de revoir mon jugement. Et ta remarque sur le spectateur aurait tendance à renforcer mon opinion. Tu dis que pour être spectateur il faut se plonger dans l’oeuvre. Comme le joueur le fait dans le joueur. Et là dessus je suis complètement d’accord. Pour qu’un individu devienne joueur, il faut un implication très puissante. Le problème c’est justement de faire cohabiter deux attitudes aussi prenantes. Un joueur ne peut pas être un spectateur, les états d’esprit dans lesquels doivent se mettre l’un et l’autre ne sont pas compatibles.
Quand je me lance dans ce type de questionnements philosophiques, je respecte quelques principes simples. D'abord, je redéfinis les termes en me basant sur leur étymologie. Après un rapide coup d'oeil dans un bon dictionnaire, j'apprends, non sans amusement, que «Jeu» vient du latin classique «jucus» qui veut dire ...«plaisanterie». J'imagine, qu'il faut comprendre «plaisanterie» dans le sens d'«activité ludique», «récréation» ou encore «distraction». Ce qui en dit déjà long sur la raison d'être du jeu. Quant l'art, je vois plusieurs entrées : il s'agit de sélectionner la bonne. On ne parle pas de l'art dans le sens de la «maîtrise», comme dans «l'art de la guerre». On ne parle pas nom plus du médium de l'art, comme la sculpture, la peinture, etc. : c'est un abus de langage qui désigne plutôt des moyens plutôt que les fins de l'art à proprement parler. Je remarque, par contre, que toutes autres définitions du terme comprennent le terme d'«expression». L'«Art», avec un grand A, c'est donc une «expression», un langage utilisé par un artiste pour s'adresser à un spectateur. Ensuite, pour éviter toute confusion, j'établis une grammaire des termes qui pourrait faire l'objet d'interprétation. Cette grammaire doit être subjective et exclusive... ce n'est pas très sympa, mais il faut le faire pour ne laisser aucune chance au recours au relativisme (sinon, on compare tout avec tout et tout se vaut...et donc, il n'y a plus de pensée). Pour le terme d'«art», donc, je propose la définition suivante : l'art est un langage par lequel un artiste transmet sa vision du monde à un tiers dans le but d'exalter le beau et la vérité. Voilà, ça, c'est le cadre dans lequel rentre 90% des œuvres. Le reste n'est qu'exceptions ou remises en question des normes, ça sort donc du cadre et fera l'objet de discutions séparées. C'est beaucoup plus simple comme ça pour se faire comprendre. Maintenant que toutes ambigüités est écartées, je réponds. Compte tenu de ce à quoi les notions de «jeu» et d'«art» renvoient, la question semble vouloir associer deux notions de natures complètement différentes, voir presque opposées. «Le jeu est il un art» sonne un peu comme «les chats sont-ils des chiens?». Je comprends et j'adhère à l'idée développée dans la vidéo selon laquelle le jeu d'enfant est inscrit dans l'ADN du processus artistique. Le jeu pourrait donc être un moyen de l'art. J'ai vu aussi de l'art qui créait des jeux, mais c'est rare! Extrêmement marginale. Une réponse facile consisterait à dire que ni le jeu ni l'art n'a besoin de l'autre pour exister. Ils sont complètement dissociables. Donc l'un ne peut pas être l'autre. Pour finir, quelques contre-arguments, histoire de couper l'herbe sous le pied des sophistes. 1. La présence d'un quelconque parti-pris esthétique ne fait pas d'un jeu un art. Ça en fait un jeu ...joli. 2. Il ne faut, au contraire, pas éluder la question de l'intérêt des acteurs du marché du jeu dans ce débat. Faire du jeu un art, c'est valoriser le jeu et porter préjudice à l'art. Ce qui fait la joie de l'industrie du jeu Le souligner, est légitime. 3. Jamais deux sans trois, il faut tout de même rappeler que cette question est dans l'air depuis que les joueurs de jeux vidéo sont devenus adultes. Allons bon,...tout le monde le sait : il y a toute une générations d'adultes vivant un adolescence prolongée qui cherchent à ce convaincre que leur pratique continue du jeu vidéo n'est pas un enfantillage, mais un truc sérieux d'adulte : de l'art! Il est temps de remettre chaque chose à sa place. Voilà.
Est-ce que votre vidéo est issue du livre de Michel Lalet:" Auteur de jeux de société, un art à part entière" ? Si non, je vous conseil de le lire :) Ce petit hors-sujet m'a convaincu de m'abonner Ah sinon, n'oubliez pas de rajouter les crédits pour le fond sonore ;)
Non, je n'ai pas lu le livre de Lalet et c'est dommage ne serait-ce que pour soutenir les éditions Ilynx qui ont un projet très intéressant. Concernant le fond sonore, nous payons un abonnement au site "Epidemic sound" pour avoir accès librement à différentes pistes. Nous pourrions néanmoins citer les musiques que nous utilisons dans les crédits. Je verrais ça avec boubou, c'est plutôt lui qui gère cet aspect là. Merci en tout cas de ton intérêt pour la chaîne, ça me motive pour faire d'autres hors-séries ^^
Après notre discussion je me pose une question sur ta comparaison Théatre/jeu de société. Tu présentes les joueurs comme des acteurs et tu montres donc ainsi l'absence de spectateurs qui disqualifierait donc le jeu de société de la qualification d'art. Les joueurs ne sont ils pas plutôt les spectateurs de la production artistique de l'auteur? Tu me dira sûrement que les joueurs influent sur le déroulement d'une partie et sont donc acteurs. Mais cette influence se limite au cadre posé par l'auteur. Je vois un peu ça comme le dernier épisode de black mirror ou le spectateur influe sur la création des auteurs mais tout en restant dans les limites imposées. Du coup si il y bien des spectateurs, le jeu est il un art?
@@ludiculture567 On entend les comédiens se présenter comme des artistes, mais bon, ils sont censés suivre les demandes du metteur en scène, être des interprètes, des acteurs, mais pas des créateurs, ni des auteurs : les artistes, eux sont des auteurs d'une création. L'auteur de la pièce de théatre, lui, est artiste
Pourquoi "Hors-sujet" ? J'ai l'impression qu'on est pourtant en plein dans le sujet du jeu et de la culture, non ? Sur le fond, très intéressant. Je reviendrai pour un plus long commentaire quand ça aura mûri un peu !
Merci pour toutes tes paroles instructives. Je suis comédienne et en pleine recherche autour du jeu, tes vidéos me mâchent le travail c'est plus qu'agréable haha ! Merci encore et belle continuation !
Très bon propos et surtout très intéressant !
Ravi que ça t'ait plu !
Une autre vidéo qui met un poil plus en perspective l'ART dans le cadre du jeu vidéo.
Enjoy ;-)
ua-cam.com/video/7yJ4XbigtPM/v-deo.html
Trop cool ! J'irais voir ça demain !
Vidéo bien équilibrée, bien jouée avec suffisamment de sérieux pour que je trouve à son sujet un intérêt majeur, vive le jeu ! Vive mon je... ;-) Vive les auteurs et vive cette filière même si elle est parfois difficile d'approche... Merci
découvert par Simon du passe temps via Sly de l'école du jeu, je découvre donc avec cette première vidéo que je check, peut être pas très futé de ma part de choisir le HS mais la curiosité...
Et bien c'est du lourd, posé, on se laisse embarquer, ça change ce décorticage, et si bien amené. Je m'attend à d'autres héhé :p en tout cas c'est un abonnement pour ma part,
Pour ma part je vais essayer de résumé au plus court: "l'art déclenche/provoque/entraine des sensations qui sont perçu différemment par chacun, variant selon les humeurs et les états, mais on reste passif, on "subit" l'art. Le jeu(tout l'ensemble) procède de la même manière, mais avec un facteur supplémentaire: on se doit d'être actif pour faire vivre l'art, même mieux, participatif. La définition de la performance artistique est plus exacte, ainsi que le coté éphémère qui rend le tout encore plus beau. Au final, chaque "représentation" est unique accompagnée de sensations toujours différentes, même si souvent similaires. Et c'est tout ce que je demande à l'Art, quel qu'il soit.
bon je m'attendait à plus court, mais une fois lancé, pas si évident de synthétiser ma pensée.
et encore bonne continuation pour votre chaine ;)
Merci beaucoup !!
Sincèrement ta vidéo est vraiment excellente je prends énormément de plaisir à te suivre un grand merci.
Je trouve que l’analogie faite avec le théâtre est vraiment intéressante.
Un moment de la vidéo j’aurais pu comprendre que la conclusion était que le jeu n’était pas de l art mais au final en fin de vidéo je ne suis plus très sûre d’avoir compris ceci.
L’argument évoqué étant l’absence de public.
Je pense que j’ai un point de désaccord sur le public dans un jeu.
Une pièce de théâtre est fixe elle est écrite et immuable les acteurs ne sont là que pour retranscrire le plus fidèlement l’œuvre mais pour autant généralement il ne s’en écarte pas tout reste figé et dans une ligne continue.
Le jeu fournit un cadre mais comme tu l’as dit un espace de liberté les joueurs sont là pour tordre cet espace, le public dans ce cas là et ni plus ni moins que les autres joueurs chacun essayons de comprendre ce que fait l’autre soir pour essayer de l’aider soit pour faire mieux que lui nous ne pouvons pas dans un jeu occulter les autres joueurs nous sommes donc tous le public de nos partenaires de jeux.
Ce qui se rapproche de l’art selon moi c’est la règle écrite par le créateur pour justement définir un cadre mais permettant quand même un espace de liberté et de multiples voies possibles pour tordre cet espace.
Je tends à être d’accord sur le faite qu’il ne faudrait pas considérer un jeu comme étant de l’art sur le simple jugement de son graphisme par exemple pour autant le graphisme d’un jeu renforce l’immersion et l’expérience ce qui est une des composantes fondamentales du game design peut-être que l’écriture d’une règle est plus important que les illustrations mais je pense que c’est bien un ensemble qui forme un jeu.
Dans ce cas le jeu vidéo est-il de l’art ?
Il reprend la musique, l’écriture, la photographie, la vidéo, la mise en scène, du game design, des règles écrites, et un espace de liberté que les joueurs peuvent tordre comme les jeux de société.
Sur ce principe ça n’est pas de l’art pour autant je considère justement que c’est l’art ultime pour moi car il a justement la faculté de pouvoir tout regrouper
Enfin pour revenir au sujet je considère les jeux de société comme étant bel et bien de l’art pour moi, enfin du moins quelques titres ;)
Je me demande également ce matin dans quelle mesure les spectateurs d’un film, d’une série, d’une pièce de titre ou lecteurs d’un livre ne pourraient également pas tordre ce qu’ils viennent de regarder et jouer avec l’œuvre . Quand on voit certains trucs fascinant comme twin peaks oú il est quasi impossible de ne pas réfléchir ou débattre avec d’autres spectateurs , est ce que ce process d analyse et tentative de compréhension ne serait pas du jeu ?
Lynch lui même se plait à dire (lorsqu’on lui demande d expliquer twin peaks ), que dans un bouquin ancien oú l’auteur est mort on n’aura jamais de réponse, le spectateur reste avec ses doutes et doit se débrouiller avec ça. Est ce qu’un auteur ne créer pas parfois des règles conduisant à un jeu alors,que ce n’est à la base pas un jeu ?
De cette manière , un jeu à t il pour seules vocation de faire jouer ? Est-ce que les illustrations, le matériel ou l’expérience ne peuvent pas être aussi importants que les règles ?
On s’écarte un peu du sujet mais ça me parait lié à ce que tu disais par rapport aux spectateurs d’une pièce :)
Tu fais la première critique qui ne remets pas en cause le lien que je crée entre art et spectateur. Non, toi tu t’attaques à la différence que je fais entre joueur et spectateur. Pour toi, si j’ai bien compris, lorsqu’un joueur joue ce sont les autres joueurs à sa table qui sont les spectateurs. Donc le joueur est à la fois artiste et spectateur. Artiste quand il manipule les règles du jeu de l’auteur (quand il les “tord” comme tu dis) et spectateur quand il regarde les autres les tordre.
C’est intéressant, et ça demande réflexion, mais est-ce que tu crois vraiment que, quand on observe les autres jouer, on se met dans la même posture, dans le même état d’esprit, que le spectateur ?
“Dans ce cas le jeu vidéo est-il de l’art ?
Il reprend la musique, l’écriture, la photographie, la vidéo, la mise en scène, du game design, des règles écrites, et un espace de liberté que les joueurs peuvent tordre comme les jeux de société.
Sur ce principe ça n’est pas de l’art pour autant je considère justement que c’est l’art ultime pour moi car il a justement la faculté de pouvoir tout regrouper.”
Si on se place du point de vue de la définition, je ne vois pas de différences fondamentales entre le jeu vidéo et le jeu de société. Néanmoins, j’ai remarqué que je ne jouais pas de la même manière à un jeu de société sur support vidéo. Pour l’expérience ludique, l’interface et le contexte change beaucoup de choses. Mais objectivement, le joueur fait la même chose : manipuler (ou “tordre”, choix de verbe étonnant) des règles. Si le game design vidéoludique permet certaines choses (comme faire tout un tas de calculs que le joueur n’aura pas à poser lui-même), il limite aussi les possibilités de l’auteur. Il ne pourra pas laisser autant de “blanc”, de libertés, au joueur comme dans le cas d’un jeu de rôle papier ou de The Mind, par exemple.
En parlant d’expérience de jeu, j’aimerais revenir sur une chose. Comme je le disais dans l’épisode sur Keyforge, l’expérience de jeu c’est le plus important. Et la forme a autant d’influence sur l’expérience de jeu que le fond. Le travail de l’éditeur est essentiel dans mon expérience ludique future. Le choix des illustrations, du matériel, même de la taille de la boite est primordial. Si on voit les règles d’un jeu comme un diamant brut, l’éditeur est le joallier qui va lui donner sa forme et son écrin.
Autrement dit, je ne fais aucune hiérarchie entre matériel, illustration et règles.
Je répond à ton commentaire suivant dans mon commentaire suivant. ^^
Encore une excellente vidéo! Personnellement le jeu m'a amenée à l'art (du petit art).
En fait, je prends autant de plaisir à jouer qu'à embellir mes jeux. Grâce au jeux, pour plus d'immersion, je me suis mise au modelage : changer les meeples en petits bonshommes en s'imprégnant du thème, des bûches remplaçant les cubes marrons, etc...
Bon, ce n'est pas de la philo comme dans ta vidéo, simplement de la pâte Fimo!
Bonjour,
Video super intéressante qui a soulevée plein de réflexions chez moi alors je les partages ici. En espérant que ce ne sera pas trop long ni trop plein de fautes.
Si je suis d'accord avec les règles comme spécificité du medium jeu par rapport aux autre médium, je pense qu'il est important de faire la nuance entre "les règles" et "la règle".
- Les règles ce sont l'ensemble des contraintes que les joueurs vont s'imposer volontairement de suivre pour s'amuser, elles peuvent être très nombreuses ou que quelque uns (voir qu'une seule pourquoi pas même si je ne connais pas de jeu n'ayant qu'une seule règle mais ce serait un sujet intéressant à creuser. On pourrais aussi s'amuser à trier sa ludothèque en fonction du nombre de règles que les jeux ont. Il y aurait matière à faire quelques découvertes surprenantes je suis sûr. Mais je m'égare).
- La règle c'est le document sur lequel les règles ont été rédigé pour que les joueurs y aient accès.
C'est important de faire la distinction je pense parce que si les règles sont bien une spécificité ludique, la règle, elle, s'apparente plutôt à l'art littéraire et il y a d'ailleurs des jeux aux règles excellents qui sont malheureusement ruiné par la règle qui les énoncent. C'est d'ailleurs un "avantage" que les jeux vidéos possèdent pour l'instant encore sur les jeux de sociétés. Nombreux sont ceux qui se passent d'une règle pour faire découvrir les règles aux joueurs. Certains jeux de sociétés (comme Unlock ou la gamme des Fabulosa de Friese) tentent de s'en inspirer mais, pour le moment, ils ne font que reproduire le principe des tutoriel; à savoir une règles dont ont joue immédiatement les différents point pour mieux les assimiler. Ceci dit le fait de se passer de la règle pour expliquer les règles n'est pas forcément un but à atteindre absolument. C'est juste un bon moyen de s'assurer de ne pas altérer la compréhension de son médium en passant par un autre médium.
A ce sujet, un ami me demandait si, en tant que "gros joueur", il m'était déjà arrivé de ressentir les sensation que procure un jeu avant même d'y avoir jouer, juste par la lecture de ses règles. Et si il y a bien des jeux dont, en lisant les règles, je suis certain de la nullité ou de la stylitude et où j'arrive très bien à m'imaginer une partie, jamais la lecture d'une règle de jeu (ou même la vision d'une partie sur tric trac) n'a été pour moi une expérience équivalente au fait de jouer.
J'aurais donc tendance à corriger légèrement ce que vous dites sur le jeu : sa spécificité ce sont ses règles mises en applications par les joueurs.
Ça peux paraître évident mais je ne suis pas sûr que ce soit le cas pour tout le monde. Si elles ne sont qu'énoncées, les règles ne sont que de la littérature, c'est dans leur application que réside le jeu.
C'est intéressant cet exercice qui consiste à se demander quel sont les spécificité de chaque médium (je dis médium à défaut de dire art parce que, pour le coup, la question de savoir si tout cela et de l'art ou pas ne m'intéresse pas beaucoup).
Pour reprendre l'analogie de la vidéo, la spécificité du théâtre ce sont les acteurs (Il y a des acteurs ailleurs qu'aux théâtre je sais, mais ce ne sont que des empreints que d'autre médium font. De même qu'un jeu n'est pas un art pour ses illustrations, un film par exemple, n'est pas un art pour ses acteurs. Une pièce, en revanche, si. Le cinéma à ses propres spécificités que sont le temps et le mouvements mais c'est une autre histoire). Ainsi, celon moi et n'en déplaise à Alfred de Musset et à son "Spectacle dans un fauteuil" écrit exprès pour ne pas être jouer; il n'y a pas de pièce sans acteurs.
Et c'est là qu'on en arrive à l'argument du vase clos. A la différence du théâtre ou de tout les autres arts qui ont besoin d'un publique pour être art, le jeu se suffirait à lui même. C'est le koan zen bien connu : "quel bruit fait l'arbre qui tombe dans une forêt où il n'y a personne pour l'entendre".
Sauf qu'on pourrait voir les joueurs comme les spectateurs de leur propres pièces. Considérer alors comme deuxième spécificité au médium ludique que c'est le seul dans lequel le moteur est aussi spectateur. Ou peut être que ce n'est pas le seul dans ce d'ailleurs. Pour reprendre l'analogie du théâtre, on pourrait se demander si l'acteur sur scène qui interprète la pièce n'est pas, lui aussi, spectateur de la pièce qu'il joue. Les émotions qu'il ressent sur scène sont certainement très différentes des spectateurs dans la salle mais il n'en reste pas moins que ces émotions sont suscitées par cet art qu'est le théâtre.
Ainsi, à 3min 32 de la vidéo, je crois que personnellement je dirais :
"Le théâtre c'est une pièce (Ou pas. On peux penser aux théâtre d'improvisation par exemple) joué par des comédiens et vue par des spectateurs. L'activité ludique c'est des règles, joués par des joueurs pour des spectateurs qui se trouvent être les joueurs eux même. Quand on commence à rajouter des spectateurs non joueurs, on parle plus de jeux. Comme du sport par exemple. "
Du coup, a la question" le jeu est il un art ? " j'aurais tendance à répondre que oui, il est un art mais un art particulier où le spectateur se doit être également acteur pour pouvoir en profiter.
Rawls et d'autres auteurs ayant travaillé sur la notion de règles (pas forcément les ludiques) en ont catégorisés quelques unes. Si on suit leur catégorie, les règles du jeu sont des règles créatrices. Elles ne servent à contraindre une activité pré-existante ou à l'améliorer. Elles cherchent à créer une activité de toute pièce : L'activité ludique. Tu as tout à fait quand tu affirmes que la spécificité du jeu, c'est ce qu'il produit quand ses règles rencontrent des joueurs. La langue française peine à expliquer ça : La spécificité d'UN jeu, c'est LE jeu qu'il produit quand il est joué par des joueurs. L'anglais est plus parlant : La spécificité du GAME, c'est le PLAY.
Même chose pour la distinction sémantique entre la règle et les règles. Je la trouve très pertinente, j'y ferais attention à l'avenir.
Merci à toi pour ton commentaire ^^
Théâtre et jeu ! Bravo mec ! J'ai jamais entendu ça ailleurs. C'est exactement ce que je développe dans ma deuxième vidéo sur le sujet... que j'ai pas encore sorti ^_^'
True story !
Merci pour cette vidéo. Ça fait un moment déjà que je considère le jeu de société comme une discipline artistique à part entière. Bien sûr il est difficile de définir le jeu car les frontières peuvent être floues et poreuses, mais ça l'est tout autant dans d'autres disciplines, il n'y à qu'à visiter une expo d'art contemporain pour voir que les limites de la peinture peuvent être explosées de bien des manières.
À propos du jeu, je considère que la règle, le matériel et les illustrations forment un tout indissociable. La règle est très importante évidemment, elle est au cœur du jeu, mais je pense que le matériel et les illustrations participent d'une manière indispensable à l'expérience de jeu.
À propos du spectateur et du joueur, j'ai du mal à les opposer, pour moi il n'y a pas de différence. En fait, pour moi il y a un problème avec le terme spectateur, parce que le spectateur n'est jamais un simple spectateur. Même devant un film ou tout autre œuvre, il n'est jamais passif. Un film, au fond ça n'est qu'une succession d'images proposée par l'artiste, et le spectateur de par son regard actif va interpréter ces images avec son cerveau et va créer du sens. Le spectateur n'est donc pas passif mais va participer activement à la construction de l'œuvre, à la création de sens.
Bien sûr le jeu semble demander une participation plus importante au joueur, mais finalement je ne vois pas de différence fondamentale entre le joueur et le spectateur d'un film, d'un concert, d'une pièce de théâtre, d'une peinture ou d'un livre..
En tout cas encore merci pour cette vidéo qui donne à y réfléchir et à y penser.
Je tiens juste à faire une précision. Evidemment que le jeu est la conjonction d'une règle, de matériel et d'illustrations (sans parler du thème) et ils ont tous une influence sur l'expérience de jeu. Mon propos, dans cette vidéo, se résume à dire que, si le jeu veut être considéré comme un art ce n'est pas au travers de ces illustrations qu'il doit l'être. On ne devient pas un art par l'intermédiaire d'un autre art. Je pense pas en rajouter sauf si tu veux que je réagisse à tes autres arguments. Si c'est le cas, je répondrais avec plaisir.
C'est effroyablement angoissant de prendre conscience de la profondeur de tes questions et en même temps rassurant de te comprendre en un claquement de doigt. Est-ce que tu arrive à mesurer le degré d'implication ( l'immersion) d'un joueur dans le jeu ? ou si tu as une méthode un peu comme le test de Voight-Kampff pour le mesurer ? J'aime bien ce format 10/11 minutes pour traiter un sujet, merci à vous deux...
Peut-on diagnostiquer si on est en "état de jeu" ? C'est délicat mais il y a des indices. Pour ça on peut s'inspirer des travaux de Caillois et Brougère. On pourrait déterminer une liste de "symptômes" :
_ le joueur est à la recherche de plaisir.
_ le joueur s’impose des contraintes sans intérêts.
_ le joueur fait des actions en apparence inutiles. (ou les actions du joueur n’ont de sens que dans le cadre du jeu)
_ le joueur est incertain du résultat de ses actions.
_ les actions du joueur sont librement consenties.
_ les actions du joueur n’ont pas d’impact sur la réalité.
La présence d’un ou deux ne suffit pas pour diagnostiquer à coup sûr un état de jeu mais plus on en observe, plus il y a de chances que l’individu soit en état de jeu.
@@ludiculture567 par la liste de symptômes, que tu décris, tu m'as fait réfléchir à des attitudes qui m’étais difficiles de cerner et qui finalement regroupe un ensemble d'investissements, de réactions signifiant une attitude de jeu.
C'est particulièrement le cas quand tu essaye quelque-chose, que tu test une hypothèse, ou soumet à la règle une action qui peux ne pas être un succès mais qui néanmoins porte en elle une information.
Et donc lorsque tu observes une personne jouer, ton hypothèse est que le joueur ne peut pas dépasser l'objet jeu pour produire une oeuvre d'art. Tu suppose alors que la personne joue.
Vidéo très intéressante sur un sujet tellement vaste ! Mais je dois révéler que tu brasses tellement de sujets en évitant de répondre frontalement à la question titre de l'épisode qu'on peine un peu à savoir quel sont tes réelles positions :)
Je suis pour ma part partisan de définitions très ouvertes du jeu et de l'art. Je résume l'art à une réception émotionnelle. Elle nécessite un diffuseur (ou au moins à la croyance en un diffuseur), un objet (une expression transmise dans toutes les formes possibles et inimaginables) et un récepteur. Au théâtre, les comédiens reçoivent l'art de l'auteur, l'art du costumier, l'art des autres acteurs. Le public reçoit l'art de l'auteur, du costumier, des acteurs, etc. Dans le jeu, le joueur reçoit l'art de l'auteur, de l'illustrateur, et même pourquoi pas des autres joueurs, etc. Un spectateur d'une partie reçoit l'art de l'auteur, de l'illustrateur, des joueurs et je me répète. Je ne suis donc pas du tout d'accord pour dire que le jeu est en vase clos.
Bien sûr, on ne qualifie pas toute expérience d'expérience artistique, il faut un certain niveau (complètement subjectif) de ressenti émotionnel, de "sublimation" et de "vertige", pour y voir de l'art.
Le propre du jeu c'est l'interaction encadrée (plus que les "règles" qui existent dans toutes les formes d'interactions) et surtout d'après moi une oscillation constant entre le sérieux et le futile, entre l'immersion et la distance. Cette richesse incroyable du jeu qui se regarde en permanence jouer peut faire vivre des expériences et susciter des émotions que ne pourraient pas faire vivre d'autres formes d'expression. Le jeu devient de l'art quand les joueurs y vivent là quelque chose qui les remue au plus profond.
Et enfin, je ne suis pas du tout adepte de penser que les jeux chez l'adulte sont une extension de la pratique ludique enfantine. C'est pour moi au contraire une pratique qui sonne comme la parfaite réponse à la condition humaine, dont les adultes sont les victimes conscientes bien davantage que les enfants. Mais là aussi c'est un très très vaste débat.
Merci en tout cas pour cette vidéo et toutes celles de la chaîne, je suis votre premier fan !
Voilà une réponse à la fois intéressante et terriblement frustrante parce que tu ne fais que résumer tes points de vue. C'est logique, hein, la zone de commentaire de YT n'est pas forcément l'endroit propice pour étaler ces arguments philosophiques. Je suis pratiquement à l'opposé de tout ce que tu affirmes ^^. Je pense que pour parler sérieusement d'une chose, il faut la distinguer le plus précisément possible du reste du réel (même si cette distinction sera, forcément, artificielle). Je pense que résumer l'art aussi grossièrement permet de tout et rien dire même en y incorporant un garde-fou aussi flou. Règles de jeu - interaction encadrée : même combat. Tout est règle mais les règles ludiques ont des spécificités que je n'ai pas abordé car ce n'était pas le sujet. Je les aborderais plus tard, dans une vidéo sur la définition du jeu par exemple. Enfin, sur l'héritage du jeu de l'enfant, je pense, par contre, que nos opinions sont assez proches là-dessus. Le jeu de l'enfant et celui de l'adulte sont très différents notamment dans leurs motivations. Après, je suis pas sûr que les joueurs soient si conscient que ça des raisons qui les poussent à jouer... Si tu veux discuter plus avant d'un sujet en particulier, je serais ravi de le faire par mail (chaineludiculture@gmail.com) ou autre...
Vidéo très intéressante et qui soulève une question que je ne mettais jamais posé! Pour apporter quelques réflexions sur la question du jeu, je pourrai dire que le jeu peux être aussi tout l'inverse de ça ( le joueur s’impose des contraintes sans intérêts/le joueur fait des actions en apparence inutiles/ou les actions du joueur n’ont de sens que dans le cadre du jeu ect... en reprenant vos propos en commentaire).
Je m'explique : je suis chirurgien et un des moyens d'être plus efficace, plus précis et concentré est de considérer "l'acte chirurgical" comme un jeu. On s'impose des temps, des techniques nouvelles, des voies d'abords différentes . Mais pourtant mes contraintes ont un intérêt, ont un réel impact sur le réel ect... En ce sens le jeu peux s'appliquer à la chirurgie et doit s'imposer au chirurgien pour apprécier son métier.
Ce que je voudrai dire par là c'est que, pour moi, le jeu est une idée au même titre que la liberté, la vérité ou la beauté. En ce sens elle ne peut pas être un art. Mais ses applications dans le réel le peuvent comme l'exemple que je vous ai donné (la chirurgie peut être considérer comme un art, tout comme la peinture pour la beauté, ect ...)
C'est avec un grand plaisir que je découvre votre chaîne et j'espère pouvoir voir bientôt d'autres vidéos.
J'ai beau avoir fait ces vidéos, je m'interroge toujours sur les questions de la nature du jeu et de ses liens avec l'art. Votre retour est extrêmement intéressant et fait s'agiter encore mes cellules grises.
Je pense que ce qu'on appelle "jeu" se divise en réalité en trois parties distinctes. L'attitude, l'activité et l'objet. L'objet ludique est le plus simple à définir. Pourtant ses limites restent floues. Il regroupe tout ce qui nous sert à jouer ou ce qui a été conçu pour cet usage. L'activité ludique, c'est ce qu'on fait quand on joue. S'imposer des contraintes inutiles dans l'intérêt d'y trouver du plaisir. L'attitude ludique, c'est notre état d'esprit qui nous fait passer d'individu (ou, dans votre cas, de chirurgien) à joueur.
C'est cette attitude qui est capable de transformer toute activité en activité ludique, tout objet en objet ludique. Huizinga en décrivait sa capacité à absorder totalement le joueur. Bateson parlait quand à lui de second degré, comme une prise de recul avec la réalité. En fait, je ne connais pas de mots pour la décrire. Je sais juste qu'elle existe.
Ce qui est drôle, c'est que j'ai pu lire tous les livres que j'ai pu traitant du sujet. J'ai beau consulter tous les articles, toutes les études qui me tombent sous la main, je n'en sais pas plus sur le jeu que n'importe qui. Car tout le monde le connaît. Tout le monde est, à un moment dans sa vie, un joueur. J'avoue que c'est quelque part assez frustrant d'essayer de faire de son domaine d'expertise, une chose connue par tous aussi intimement. Merci encore pour votre commentaire.
Merci pour le partage de ces réflexions très inspirantes. Je me demande si la spécificité du média « jeu vidéo » ne résiderait pas dans l’interactivité et non pas le jeu. Interactivité au sens d’interaction sur des images vidéos. Le mot jeu dans l’expression « jeu vidéo » masquerait ainsi les possibilités de ce média. J’ai l’impression que ce média inclut les caractéristiques/qualités des films, de la musique et de la littérature, et par conséquent peut pencher plus vers l’un ou les autres en fonction de l’interactivité proposée. Elle permet aussi d’aller au delà de ce que ces média peuvent proposer. Si vous avez le temps je serai heureux de lire vos commentaires éclairés sur cette question. Merci.
Bonjour,
Quand vous dites que l’une des caractéristiques essentielles du jeu vidéo est “l'interactivité sur des images vidéos” je ne peux qu’être d’accord. Là où nos avis divergent c’est quand vous distinguez l’interactivité et le jeu. C’est justement l’aspect ludique du jeu vidéo qui apporte cette interactivité. Un jeu (a game) pourrait être défini la plupart du temps comme un ensemble de contraintes qui crée une interactivité inédite entre deux ou plusieurs joueurs. Quand il n’est pas multijoueur un jeu vidéo, bien souvent, simule l’adversité. Dans un FPS, rien ne différencie vraiment un monstre (en solo) d’un autre joueur (en multi) mis à part que l’un est maîtrisé par une IA tandis que l’autre par une intelligence humaine.
De la même manière, je suis d’accord pour dire que le jeu vidéo partage les mêmes supports que le film (l’image animée), la musique (le son) ou la littérature (le texte) mais à mon sens il ne va pas au-delà, il est autre chose. Le jeu s’inspire du cinéma et, récemment, l’influence commence même à être réciproque. Pour autant, le jeu vidéo a ses spécificités (notamment ludiques) qui rendent nécessaire le développement d’une forme de narration unique. Le jeu vidéo n’est pas un film interactif et les tentatives de le traiter de cette manière restent marginales et, à mon sens, décevantes (je pense notamment aux productions de David Cage, comme Heavy Rain). D’autant qu’il n’est pas obligé d’aller dans cette direction. Des jeux sans narration (ou presque) peuvent être de vrais chefs-d’oeuvre. Je pense notamment à Super Mario, qui ne va pas bien loin avec son histoire de princesse à sauver, mais qui a pourtant marqué fortement les joueurs.
Je n’aime pas bien l’idée que l’aspect ludique du jeu vidéo cacherait son potentiel. Le jeu en lui-même est bourré de potentiel. D’ailleurs, le jeu vidéo est foisonnant d’idées et d'innovations. Ce qui nous les cachent c’est plutôt notre manière de voir le jeu. Nous ne sommes pas encore tout à fait séparés de l’idée que le jeu est une activité futile, frivole et infantile.
Je pense sincèrement que le jeu, vidéo ou non, n’a pas à se comparer à un autre média. Il n’est ni plus, ni moins qu’un autre. Il peut s’inspirer de ce qui se fait ailleurs mais sans jamais oublier ses spécificités qui font de lui un média unique.
Très bonne vidéo et très stimulantes réflexions ;)
Petite question sur un point de ta vidéo : J'aimerais bien savoir pourquoi tu considères que nos jeux d'enfants ne sont pas les mêmes que nos jeux d'adultes. D'après mon expérience, je n'y vois pourtant aucune différence. Et ayant aujourd'hui des enfants, je ne vois pas non plus de différences entre leurs activités ludiques et les miennes. Et j'irai même plus loin : je ne vois pas de différences entre leurs activités "tout-court" et les miennes.
Au plaisir de lire ton point de vue ;)
J'en ferais une vidéo mais, selon moi, la différence fondamentale entre activité ludique de l'enfant et de l'adulte est l'existence ou non d'une règle prédéfinie.Le jeu de société qui est une forme de jeu foncièrement adulte. Sauf exceptions, ce ne sont pas les enfants qui créent les jeux de société, ce sont les adultes. Parce que la manière de jouer de l'adulte nécessite de poser les règles avant de commencer à jouer. Alors que l'enfant, lui, se lance à corps perdu dans le jeu. Il réfléchira aux règles plus tard, quand viendra une difficulté. Ca n'a l'air de rien mais c'est une différence d'approche qui change fondamentalement son rapport au jeu.
@@ludiculture567 Alors, je me permets d'exprimer mon vif désaccord envers ton argumentation ;)
Et je m'excuse par avance du ton de ma réponse, car sache que ce n'est que par amour du sujet que je cherche à y voir un peu plus clair en échangeant nos points de vue, et pas du tout pour être celui qui aura le dernier mot. Mais dans tout débats honnête, il faut parfois dire ouvertement ce que l'on pense et malmener les idées, ce qui ne veut pas dire malmener ceux qui les expriment ;)
Donc,
J'ai l'impression que tu parts du fait qu'il va de soi de faire l'amalgame "jeu d'enfants"/"jeu sans règle" et "jeu d'adulte"/"jeu de société". Et bien je suis désolé mais il y a de nombreux exemples qui déconstruisent ce postulat : jouer aux billes et à Cache-cache sont considéré être des jeux d'enfants et pourtant ce sont bien des jeux avec des règles. Faire une improvisation musicale ou flâner en ville ou dans la nature sont des activités ludiques pratiquées par les adultes et pourtant elles n'ont pas de règle (sauf pour les simulacres d'improvisation musicales).
Ensuite tu dis que ce ne sont pas les enfants qui créent les jeux de société, et donc que cela serait une preuve que ce n'est pas une activité d'enfant.
Mais tu confonds un peu tout là ! Car ce n'est pas une activité ludique que de créer un jeu de société mais c'est, sinon un métier, tout du moins une activité intellectuelle qui n'a rien de ludique (bien qu'elle utilise des mécanismes ludiques) !
Et donc je peux te répondre que ce ne sont pas non-plus les joueurs adultes qui créent les jeux de sociétés mais les auteurs (qu'ils soient adultes ou, plus rarement en effet, enfants).
J'ai bien l'impression que ta réponse est nourrie d'amalgames erronés et part du postulat malheureux qu'il y aurait un monde pour les enfants et un monde pour les adultes. Je veux bien comprendre que dans une société consumériste ce postulat soit pratique pour expliquer sagement à chacun ce qu'il doit faire et surtout acheter, mais il en va, heureusement pour l'humain, bien autrement dans la réalité ;)
@@julesmessaud Pas de soucis pour le ton. Un débat contradictoire avec des arguments de fond ne me dérange jamais.
D'ailleurs, si on se lance dans un débat, je définirais bien les notions principales pour voir si on parle bien des mêmes choses... L'activité ludique, d'abord. En France, on utilise généralement les critères de Caillois (un jeu est une activité libre, improductive, incertaine, gratuite, réglée et fictive) Personnellement, j'ai une préférence pour la définition de Suits pour qui jouer consisterait à "s'imposer des obstacles inutiles". Ces définitions disqualifient le fait de "flâner" car elles supposent toutes deux une forme de contrainte volontaire. Et je suis plutôt d'accord avec elles. Le jeu est une activité hédonique (que l'on fait dans le but de rechercher du plaisir) mais toutes les activités hédoniques ne sont pas du jeu. Sinon cela voudrait dire que se masturber ou manger un gâteau devrait être considéré comme du jeu. Ce qui ne l'est pas le cas, ni à mon sens, ni dans le sens commun.
Ensuite l'enfant. Déjà, considérons une tranche d'âge qui va de 2 ans environ à 8-9 ans. Pas plus tôt car ce qu'on apprend en psychologie du développement c'est que le bébé et le nourrisson ne maîtrisent pas encore le second degré. Ils sont incapables de représentation symbolique, autrement dit ils ne savent pas faire la différence entre faire la cuisine et jouer à faire la cuisine. Au-delà de 9 ans, par contre, on arrive à la pré-adolescence ou l'adolescence selon avec qui on parle et, là, c'est plus du tout la même histoire. L'enfance est une étape de la vie humaine entre la petite enfance et l'adolescence puis l'âge adulte. Si l'enfant est une personne qui a des besoins affectifs, ce n'est pas un adulte et il ne doit pas être considéré comme tel.
En ce qui concerne les différentes formes de jeux, les ludothécaires utilisent un système de classification appelés ESAR hérité des travaux de Piaget. Si les théories piagétiennes sont, par la plupart, obsolètes l'idée que les compétences physiques et cognitives de l'être humain s'étoffent graduellement reste relativement vraie. ESAR est basée sur cette idée d'ordre d'apparition graduelle du jeu. Le jeu d'exercice, puis le symbolique, puis le jeu d'assemblage et enfin le jeu de règles. Les jeux d'exercice seraient les jeux de manipulation sensible (agiter son hochet pour faire du bruit ou empiler des cubes) et apparaîtrait très tôt. Je soutiens le psychologue Georges Reddé dans l'idée qu'il ne s'agit pas d'activité ludique pour les raisons que j'ai évoqué ci-dessus. Donc le jeu commencerait avec le symbolique. Le symbolique c'est le jeu de faire semblant en se mettant soi-même en jeu (comme jouer au papa ou à la maman), soit en mettant cela en scène via des figurines. Ce jeu-là n'a pas de règles préétablies. Pour moi c'est véritablement LE jeu de la période infantile car il apparaît spontanément et disparaît (presque) totalement à l'âge adulte. Et ça dans toutes les sociétés. La pratique de jeux de règles durant l'enfance, elle, est spécifique à notre culture. On peut la retrouver ailleurs mais pas de tout temps et pas partout. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose si on ne cherche pas à aller trop vite et qu'on laisse l'enfant s'épanouir dans son jeu symbolique (ce qui n'est malheureusement pas souvent le cas pour plein de raisons que je développerais si cela t'intéresse).
Le jeu de règles, càd l'ensemble des jeux ayant des règles prédéfinies, est la forme ludique qui apparaît le plus tard dans le developpement cognitif de l'Homme. Elle est spécifique à l'espèce humaine et nécessite un haut degré d'abstraction. Mon fils de bientôt 4 ans joue avec moi aux jeux de société. Il est capable de comprendre les mécaniques de jeux conçus pour sa tranche d'âge et prend plaisir dans ce moment partagé avec l'adulte. Parfois, il lui arrive de vouloir créer ses propres règles. Des règles qui n'ont aucune logique interne et aucune stabilité (elles changent au grès de ses désirs et de ses humeurs). Tout simplement parce que mon fils n'a ni l'envie, ni les capacités de créer un ensemble de contraintes cohérentes qu'on appelle une règle de jeu. Cette capacité là vient tardivement. Pratiquement à l'âge adulte. Et si l'enfant joue aux jeux de société c'est culturel et non spontané.
De nombreuses observations personnelles et professionnelles (j'ai une formation et ai exercé en tant ludothécaire) me font dire qu'enfant et adulte ne jouent pas de la même manière. D'abord, comme je l'ai expliqué plus haut parce qu'ils ont des formes de jeux différentes mais également par tout un tas de petits détails. En animant des séances de jeu de rôles pour les enfants j'ai, par exemple, remarqué qu'ils entraient bien plus rapidement dans le jeu que n'importe quel adulte, même un habitué. Je me demande du coup si le statut du "joueur" n'est pas plus naturel pour eux. J'ai remarqué aussi qu'ils "vivaient" le jeu plus intensément que l'adulte. Ce qui fait penser à bon nombre de personnes qu'ils ne savent pas bien faire la différence entre réel et imaginaire (ce qui n'est pas du tout le cas). J'ai également l'intuition que les motivations ludiques des enfants et des adultes ne sont pas du tout les mêmes. Et ce serait logique car, à ces deux périodes de la vie, nos besoins sont très différents. Je doute, par exemple, qu'on puisse définir le jeu de l'enfant comme du "divertissement". Ce qui se joue dans le jeu de l'enfant tient généralement de l'apprentissage informel. Pas toujours mais généralement.
J'espère que tu comprends que, pour moi, ce ne sont pas des distinctions consuméristes mais bien des différences fondamentales d'approches ludiques qui tiennent plus à des besoins et capacités spécifiques des différentes étapes de la vie que sont l'enfance et l'âge adulte.
@@ludiculture567 J'ai précisément cité la flânerie pour illustrer une activité sans règle, en réponse à ton affirmation comme quoi il n'y avait que les enfants qui avaient des jeux sans règle. Donc pourquoi me réponds-tu que "non la flânerie n'est pas un jeu car elle n'a pas de règle" ? Ce n'est pas toi qui vient justement de définir ainsi ce qui est propre au jeu de l'enfant ? J'apprécie ta réponse argumentée mais si tu veux que l'on puisse avoir un débat constructif il serait bien de prendre le temps de d'abord lire ma réponse ;)
Ensuite, je te rejoins pour considérer que lorsque l'on parle d'enfants c'est en effet à la tranche des 2-9 ans que l'on se réfère. Et bien, comme tu le dis par la suite, dans cette tranche d'âge il y a effectivement des enfants de 2 ans qui jouent avant tout à des jeux sans règles, mais aussi des enfants de 7-9 ans qui jouent avant tout à des jeux avec règle et cela, contrairement à ce que tu affirmes, quelque soit la culture si par "jeu à règle" on considère aussi les parties de cache-cache, de chat, de billes, de comptine associée à des gestes. Donc définir le jeu d'enfant par une partie seulement de leurs jeux est une démarche peu sérieuse, dont je perçois clairement le coté pratique à l'élaboration d'un discours, mais dont je déplore l'usage chez le chercheur.
Dernier point de ta réponse sur lequel j'aimerais revenir : tu dis douter que l'on puisse définir le jeu de l'enfant comme du divertissement, et le rapproche plutôt de l'apprentissage informel. Et bien, de nouveau, tout cela ne sont que des cases un peu simplistes, car chez l'enfant le jeu est bien sûr un moyen d'apprentissage formidable mais également une manière de se divertir, et chez l'adulte je doute que cela soit un divertissement pur qui écarte tout besoin d'apprendre. Si je peux prendre mon cas personnel en exemple, je n'ai jamais joué que pour apprendre et si, la plupart du temps, cela s'avère être aussi un divertissement, c'est un effet certes appréciable mais non recherché.
Mais tout mon argumentaire n'est qu'une accumulations de détails qui ne sont là que pour illustrer un propos plus large : je perçois que mettre ses sujets d'observation dans des cases puissent sembler être, pour le chercheur, la finalité de son travail car il produit ainsi du contenu, mais tout ceci n'est qu'un biais très nocif à l'activité même de la recherche. Et pour ma part je remarque plutôt qu'il n'y a pas d'activité intellectuelle propre à l'enfant et à l'adulte, bien que l'on puisse observer des degrés de développement de ces activités différents selon l'expérience (et non l'age !) du sujet.
@@julesmessaud Jeu symbolique et jeu à règles sont toutes les deux des activités organisées par des contraintes inutiles. La différence entre les deux c'est l'existence dans le second d'un ensemble de règles cohérentes et surtout prééxistantes. Comme je te disais je ne perçois pas la flânerie comme une activité ludique en raison de l'absence de ces contraintes inutiles. J'expliquais que si on retire ce critère là (que Caillois nomme "réglé") il était impossible de distinguer le jeu de tout autre activité dont l'objectif est de procurer du plaisir.
Il faut bien comprendre que le jeu symbolique est pour moi un élément prouvant la différence fondamentale d'approche du joueur enfant et du joueur adulte. Être joueur est comme une seconde peau pour l'enfant. Pour l'adulte, c'est plus compliqué. Il y a plus de barrières à franchir. La manière d'appréhender le jeu est différent également. Le joueur adulte cherche immédiatement la finalité de ce qu'il est en train de faire ("quel est le but du jeu"), l'enfant joue pour jouer. Je prends l'exemple de l'explication de règle. Avec l'enfant, il est possible d'expliquer un jeu de société en y jouant. C'est même souvent préférable. L'enfant va accepter de ne pas tout comprendre tout de suite tant qu'il est dans l'action. Tant qu'il joue. Pour l'adulte, cette approche est souvent problématique. L'adulte veut souvent tout comprendre tout de suite, avoir toutes les clés en main. Il veut savoir où il va, où on l'emmène.
Je pense que tu minimises trop l'importance des différences entre l'adulte et l'enfant. Un enfant n'est pas un adulte miniature, il ne raisonne pas de la même manière qu'un adulte. Il n'a pas non plus les mêmes capacités cognitives. Si la culture ludique d'un individu (enfant comme adulte !) est important pour lui conseiller un jeu, ne pas prendre en compte l'âge de l'enfants peut s'avérer problématique. Penser qu'un enfant de 9 ans peut jouer à tout tant qu'il a accumuler assez de culture ludique, par exemple, est une erreur selon moi. Il pourra donner l'impression en manipulant les pièces correctement, il pourra même y prendre du plaisir, mais l'essence de certains jeux ne lui seront pas accessibles. Un enfant dans cette situation joue, certes, mais ne joue pas vraiment le même jeu que toi. Toi tu joues à Scythe (par exemple), lui joue à jouer à Scythe.
Je découvre la chaîne avec grand plaisir ! Et ça me fait aussi penser à Olivier Caïra et les dimensions multiples de l'engagement ludique. J'aimerais beaucoup échanger avec toi là dessus car j'organise une semaine thématique autour du jeu en mars à Rennes ! A bientôt j'espère ! @gabriel_trouve
Je me souviens, il y a quelques années, d'une exposition à Lyon. Des oeuvres qui avaient toutes en commun une chose, c'est qu'elles n'étaient "complètes", "finies", qu'en présence des spectateurs. Sans eux il manquait quelque chose. J'avais trouver cela extrêmement curieux et j'en reparle à la fin de mon message. Mais dans ce cas qui est le spectateur de l'oeuvre ? Ne peut-on pas être à la fois acteur et spectateur ? Ces interrogations sont un peu à côté du sujet mais il est pour moi indubitable que oui. J'en viens au jeu. Je ne peux considérer la création de jeu autrement que comme un art. Pourquoi ? Pour plein de raisons. Tout d'abord parce que ma démarche reste la même. Créer un vecteur d'émotions. Parce que mon ressenti durant la création est comparable. Ma réflexion également. Parce que peut-être que le spectateur existe mais qu'il s'ignore. Jouer à un jeu et découvrir avec émerveillement tout ce que l'on ressent en y jouant est tout à fait comparable à tomber en admiration devant un Rembrandt. Parce que l'on peut aussi se dire, en tant qu'initié, "c'est un génie" en lisant une règle de jeu comme on pourrait lire une partition. L'auteur jongle avec les mécanique comme le peintre avec ses couleur et le cuisinier avec ses ingrédients. La palette est la même pour tous les artistes, elle est juste reliée à un autre emplacement du cerveau du spectateur. Le jeu est un art, cela ne fait aucun doute, pour moi. Et si je parle de moi c'est parce que cette vision est forcément personnelle. Ensuite, il faut également comprendre ce qu'est un spectateur. Et j'en reviens à l'expo dont je parlais au début. J'avais trouvé cela curieux car une oeuvre n'existe que si elle est vécue. Une oeuvre est forcément incomplète tant qu'il n'y a pas de spectateur, car l'oeuvre ce n'est pas le tableau, la statue, le roman ou la musique. L'oeuvre c'est comment ceci parait via les sens du spectateur, comment le contenu se diffuse, se mue, engendre des idées, des émotions. Il faut plonger dans un tableau pour le voir, il faut se laisser envelopper par la musique pour la comprendre, tout comme il faut goûter le plat, rire et pleurer au théâtre, jouer au jeu.
Merci beaucoup pour cette vidéo.
Ton commentaire a le mérite de me faire réfléchir et met en lumière des points pas ou peu abordés par la vidéo. J’ai fait le choix d’un format plus court pour décourager le moins de personnes possibles et c’est bien de la compléter dans les commentaires.
Effectivement la démarche de création artistique et ludique si très très proches. Mais n’est-ce pas le cas de la plupart des démarches de créations ? Quand un enfant dessine pour son parent, quand un boulanger pétri son pain, quand un footballeur fait une belle action, tous sont créateur d’émotions et cherche volontairement à l’être. Font-ils quelque chose d’artistique pour autant ? Pourquoi pas ? Mais il faudrait alors étendre l’art à toutes les activités artificielles qui peuvent susciter en nous de l’émotion et une telle extension du concept poserait d’autres soucis je pense.
La relation entre joueur et spectateur est le point de mon argumentation qui a été le plus critiqué. Je comprends pourquoi mais je ne suis toujours pas convaincu de revoir mon jugement. Et ta remarque sur le spectateur aurait tendance à renforcer mon opinion. Tu dis que pour être spectateur il faut se plonger dans l’oeuvre. Comme le joueur le fait dans le joueur. Et là dessus je suis complètement d’accord. Pour qu’un individu devienne joueur, il faut un implication très puissante. Le problème c’est justement de faire cohabiter deux attitudes aussi prenantes. Un joueur ne peut pas être un spectateur, les états d’esprit dans lesquels doivent se mettre l’un et l’autre ne sont pas compatibles.
Quand je me lance dans ce type de questionnements philosophiques, je respecte quelques principes simples.
D'abord, je redéfinis les termes en me basant sur leur étymologie. Après un rapide coup d'oeil dans un bon dictionnaire, j'apprends, non sans amusement, que «Jeu» vient du latin classique «jucus» qui veut dire ...«plaisanterie». J'imagine, qu'il faut comprendre «plaisanterie» dans le sens d'«activité ludique», «récréation» ou encore «distraction». Ce qui en dit déjà long sur la raison d'être du jeu.
Quant l'art, je vois plusieurs entrées : il s'agit de sélectionner la bonne. On ne parle pas de l'art dans le sens de la «maîtrise», comme dans «l'art de la guerre». On ne parle pas nom plus du médium de l'art, comme la sculpture, la peinture, etc. : c'est un abus de langage qui désigne plutôt des moyens plutôt que les fins de l'art à proprement parler. Je remarque, par contre, que toutes autres définitions du terme comprennent le terme d'«expression». L'«Art», avec un grand A, c'est donc une «expression», un langage utilisé par un artiste pour s'adresser à un spectateur.
Ensuite, pour éviter toute confusion, j'établis une grammaire des termes qui pourrait faire l'objet d'interprétation. Cette grammaire doit être subjective et exclusive... ce n'est pas très sympa, mais il faut le faire pour ne laisser aucune chance au recours au relativisme (sinon, on compare tout avec tout et tout se vaut...et donc, il n'y a plus de pensée).
Pour le terme d'«art», donc, je propose la définition suivante : l'art est un langage par lequel un artiste transmet sa vision du monde à un tiers dans le but d'exalter le beau et la vérité. Voilà, ça, c'est le cadre dans lequel rentre 90% des œuvres. Le reste n'est qu'exceptions ou remises en question des normes, ça sort donc du cadre et fera l'objet de discutions séparées. C'est beaucoup plus simple comme ça pour se faire comprendre.
Maintenant que toutes ambigüités est écartées, je réponds.
Compte tenu de ce à quoi les notions de «jeu» et d'«art» renvoient, la question semble vouloir associer deux notions de natures complètement différentes, voir presque opposées. «Le jeu est il un art» sonne un peu comme «les chats sont-ils des chiens?».
Je comprends et j'adhère à l'idée développée dans la vidéo selon laquelle le jeu d'enfant est inscrit dans l'ADN du processus artistique. Le jeu pourrait donc être un moyen de l'art. J'ai vu aussi de l'art qui créait des jeux, mais c'est rare! Extrêmement marginale.
Une réponse facile consisterait à dire que ni le jeu ni l'art n'a besoin de l'autre pour exister. Ils sont complètement dissociables. Donc l'un ne peut pas être l'autre.
Pour finir, quelques contre-arguments, histoire de couper l'herbe sous le pied des sophistes.
1. La présence d'un quelconque parti-pris esthétique ne fait pas d'un jeu un art. Ça en fait un jeu ...joli.
2. Il ne faut, au contraire, pas éluder la question de l'intérêt des acteurs du marché du jeu dans ce débat. Faire du jeu un art, c'est valoriser le jeu et porter préjudice à l'art. Ce qui fait la joie de l'industrie du jeu Le souligner, est légitime.
3. Jamais deux sans trois, il faut tout de même rappeler que cette question est dans l'air depuis que les joueurs de jeux vidéo sont devenus adultes. Allons bon,...tout le monde le sait : il y a toute une générations d'adultes vivant un adolescence prolongée qui cherchent à ce convaincre que leur pratique continue du jeu vidéo n'est pas un enfantillage, mais un truc sérieux d'adulte : de l'art! Il est temps de remettre chaque chose à sa place.
Voilà.
Est-ce que votre vidéo est issue du livre de Michel Lalet:" Auteur de jeux de société, un art à part entière" ? Si non, je vous conseil de le lire :)
Ce petit hors-sujet m'a convaincu de m'abonner
Ah sinon, n'oubliez pas de rajouter les crédits pour le fond sonore ;)
Non, je n'ai pas lu le livre de Lalet et c'est dommage ne serait-ce que pour soutenir les éditions Ilynx qui ont un projet très intéressant. Concernant le fond sonore, nous payons un abonnement au site "Epidemic sound" pour avoir accès librement à différentes pistes. Nous pourrions néanmoins citer les musiques que nous utilisons dans les crédits. Je verrais ça avec boubou, c'est plutôt lui qui gère cet aspect là. Merci en tout cas de ton intérêt pour la chaîne, ça me motive pour faire d'autres hors-séries ^^
Après notre discussion je me pose une question sur ta comparaison Théatre/jeu de société. Tu présentes les joueurs comme des acteurs et tu montres donc ainsi l'absence de spectateurs qui disqualifierait donc le jeu de société de la qualification d'art. Les joueurs ne sont ils pas plutôt les spectateurs de la production artistique de l'auteur? Tu me dira sûrement que les joueurs influent sur le déroulement d'une partie et sont donc acteurs. Mais cette influence se limite au cadre posé par l'auteur. Je vois un peu ça comme le dernier épisode de black mirror ou le spectateur influe sur la création des auteurs mais tout en restant dans les limites imposées.
Du coup si il y bien des spectateurs, le jeu est il un art?
Les comédiens aussi influent sur la pièce que dans la limite du cadre posé par le texte. Ce ne sont pas des artistes ?
@@ludiculture567 On entend les comédiens se présenter comme des artistes, mais bon, ils sont censés suivre les demandes du metteur en scène, être des interprètes, des acteurs, mais pas des créateurs, ni des auteurs : les artistes, eux sont des auteurs d'une création. L'auteur de la pièce de théatre, lui, est artiste
Pourquoi "Hors-sujet" ? J'ai l'impression qu'on est pourtant en plein dans le sujet du jeu et de la culture, non ?
Sur le fond, très intéressant. Je reviendrai pour un plus long commentaire quand ça aura mûri un peu !
On a opté pour le Hors-sujet car il ne s'agit pas d'une Ludicritique :) mais c'est vrai que ce n'est pas vraiment un hors sujet :p
Tu vois, 5 mois plus tard, nous t'écoutons et changeons le nom de ce format. Maintenant ce sera Ludologie ^^
Introduction interminable... Tu peux pas taste ;-P