Lorsque Mozart entreprit d'écrire Idoméné Roi de Crète, il était de retour de Paris, où il eût l'énorme malheur de perdre sa chère Mère, qui l'accompagnait dans le voyage. A Paris Wolfgang eût l'occasion d'assister aux représentations des trois premiers grands opéras "réformés" de Gluck, c'est à dire, écrits d'après les principes de la Réforme préconisée par Gluck lui-même dans la préface de la première Alceste viennoise de 1762. Les trois avances des grands opéras français réformés de Gluck étaient Iphigénie en Aulide et les versions parisiennes d'Alceste et d'Orphée et Eurydice. Or Mozart ne fût pas du tout indifférent aux idées réformatrices de Gluck et à sa décision d'échanger les airs de bravoure napolitains par la simple déclamation mélodique et des airs d'une éloquence méditative contenue. Le résultat de cette influence de Gluck sur Mozart est Idoméné, opéra de transition entre les enthousiastes créations juvéniles du génie de Salzbourg et ses grandes créations de maturité. Le Livret de l'abbé Varesco était déjà influencé par la tragédie lyrique classique française de Racine et de Corneille. Dans Idoméné il y a déjà en semence l'opposition manichéenne entre le Bien et le Mal qui sera à son apogée dans la Flûte Enchantée. Donc Illia incarne la Princesse blanche et Elektre est la Princesse noire. Le présent air d'Elektre marque une borne relevante dans la production de Mozart, car avec elle le grand maître salzbourgeois devient antécesseur de lui-même vis-à-vis des deux airs de la Reine de la Nuit. Les Colloratures légèrement saugrenues d'Elektre introduisent déjà le sens de la folie et du malaise, concepts tout à fait Romantiques dans leur essence, prennant leur source dans le mouvement Sturm und Drang fondé par Goethe et ses acolytes Herder et Schiller et développé entre les années 1770 et 1790, qui avait déjà influencé Haydn (auteur des six Symphonies Sturm und Drang). Or avec l'air d'Elektre Mozart sied aussi la référence nécessaire pour les airs de la Folie ultérieurs, nottament celui de Lucia de Lammermoor de Donizetti et celui d'Ophélia de Hamlet de Thomas. Les accords légèrement dissonants de l'air d'Elektre marquent déjà la frontière du possible d'après les canons de l'opéra classique. Non seulement Mozart trace un portrait de la hardiesse de la Princesse fille d'Agammenon, mais il surpasse les limites de l'harmonie à la recherche de l'expression des sentiments. On pourrait établir un parallèle entre l'air d'Elektre et celui d'Illia, Zefiretti Lusinghieri qui configure avec sa belle mélodie une atmosphère d'harmonie et de calme, pour constater la différence que Wolfgang trace entre les charactères des deux personnages. Leur antagonisme ressemble assez d'ailleurs à celui d'Iphigénie et Klyptemnestre dans Iphigénie en Aulide de Gluck. Le défi d'interpréter l'air d'Elektre ne se rapporte donc pas seulement aux possibles difficultés techniques dans les suraïgus mais de donner une certaine vraisemblance à l'épanchement du personnage. Ingeborg Hallstein relevait tout les défis et en obtenait toujours du succès, car elle était la bienheureuse Ingeborg, toute adonnée à la musique et à l'esprit. Pedro Miguel, Mar del Plata, Argentine
Finally someone other than Sutherland not afraid of a high ending
Ok then. I'm impressed.
Amazing. I would have never thought she had this in her. Puts some heavier voices to shame in this.
Thanks for sharing! What a treasure
Grazie
Wow!
Wow stunning. What a shame she cut her career short to teach singing. But young singers gained a lot from her knowledge.
Lorsque Mozart entreprit d'écrire Idoméné Roi de Crète, il était de retour de Paris, où il eût l'énorme malheur de perdre sa chère Mère, qui l'accompagnait dans le voyage. A Paris Wolfgang eût l'occasion d'assister aux représentations des trois premiers grands opéras "réformés" de Gluck, c'est à dire, écrits d'après les principes de la Réforme préconisée par Gluck lui-même dans la préface de la première Alceste viennoise de 1762. Les trois avances des grands opéras français réformés de Gluck étaient Iphigénie en Aulide et les versions parisiennes d'Alceste et d'Orphée et Eurydice. Or Mozart ne fût pas du tout indifférent aux idées réformatrices de Gluck et à sa décision d'échanger les airs de bravoure napolitains par la simple déclamation mélodique et des airs d'une éloquence méditative contenue. Le résultat de cette influence de Gluck sur Mozart est Idoméné, opéra de transition entre les enthousiastes créations juvéniles du génie de Salzbourg et ses grandes créations de maturité. Le Livret de l'abbé Varesco était déjà influencé par la tragédie lyrique classique française de Racine et de Corneille. Dans Idoméné il y a déjà en semence l'opposition manichéenne entre le Bien et le Mal qui sera à son apogée dans la Flûte Enchantée. Donc Illia incarne la Princesse blanche et Elektre est la Princesse noire. Le présent air d'Elektre marque une borne relevante dans la production de Mozart, car avec elle le grand maître salzbourgeois devient antécesseur de lui-même vis-à-vis des deux airs de la Reine de la Nuit. Les Colloratures légèrement saugrenues d'Elektre introduisent déjà le sens de la folie et du malaise, concepts tout à fait Romantiques dans leur essence, prennant leur source dans le mouvement Sturm und Drang fondé par Goethe et ses acolytes Herder et Schiller et développé entre les années 1770 et 1790, qui avait déjà influencé Haydn (auteur des six Symphonies Sturm und Drang). Or avec l'air d'Elektre Mozart sied aussi la référence nécessaire pour les airs de la Folie ultérieurs, nottament celui de Lucia de Lammermoor de Donizetti et celui d'Ophélia de Hamlet de Thomas. Les accords légèrement dissonants de l'air d'Elektre marquent déjà la frontière du possible d'après les canons de l'opéra classique. Non seulement Mozart trace un portrait de la hardiesse de la Princesse fille d'Agammenon, mais il surpasse les limites de l'harmonie à la recherche de l'expression des sentiments. On pourrait établir un parallèle entre l'air d'Elektre et celui d'Illia, Zefiretti Lusinghieri qui configure avec sa belle mélodie une atmosphère d'harmonie et de calme, pour constater la différence que Wolfgang trace entre les charactères des deux personnages. Leur antagonisme ressemble assez d'ailleurs à celui d'Iphigénie et Klyptemnestre dans Iphigénie en Aulide de Gluck. Le défi d'interpréter l'air d'Elektre ne se rapporte donc pas seulement aux possibles difficultés techniques dans les suraïgus mais de donner une certaine vraisemblance à l'épanchement du personnage. Ingeborg Hallstein relevait tout les défis et en obtenait toujours du succès, car elle était la bienheureuse Ingeborg, toute adonnée à la musique et à l'esprit.
Pedro Miguel, Mar del Plata, Argentine