PHILOSOPHIE POLITIQUE 5 : ÉPOUVANTAILS, TRIANGULATION DE LA SERVITUDE ET FAKEWASHING

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  • Опубліковано 12 січ 2025

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  • @GePhilosophiae
    @GePhilosophiae  5 місяців тому

    LES TEXTES :
    « Une science sociale qui ne peut parler de la tyrannie avec la même assurance que la médecine par exemple, lorsqu'elle parle du cancer, ne peut pas comprendre les phénomènes sociaux dans leur réalité. Elle n'est pas scientifique. Or, la science sociale se trouve actuellement dans ce cas. » Léo Strauss, De la Tyrannie .
    « L’usage même des mots de démocratie et de république oblige à examiner avec une attention extrême les deux problèmes que voici : Comment donner en fait aux hommes qui composent le peuple de France la possibilité d’exprimer parfois un jugement sur les grands problèmes de la vie publique ? Comment empêcher, au moment où le peuple est interrogé, qu’il circule à travers lui aucune espèce de passion collective ? Si on ne pense pas à ces deux points, il est inutile de parler de légitimité républicaine. Des solutions ne sont pas faciles à concevoir. Mais il est évident, après examen attentif, que toute solution impliquerait d’abord la suppression des partis politiques. Pour apprécier les partis politiques selon le critère de la vérité, de la justice, du bien public, il convient de commencer par en discerner les caractères essentiels. On peut en énumérer trois : - Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective. - Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres. - La première fin, et, en dernière analyse, l’unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite. Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration. S’il ne l’est pas en fait, c’est seulement parce que ceux qui l’entourent ne le sont pas moins que lui. Ces trois caractères sont des vérités de fait évidentes à quiconque s’est approché de la vie des partis. » Simone Weil, Notes sur la suppression des partis politiques (1960).
    « Un autre exemple de façonnage dépolitisant des perceptions fut l’introduction du communautarisme ethnique en France par le Front national au début des années quatre-vingt. Probablement inconscient du rôle d’idiot utile qu’on allait lui faire jouer dans ce vaste plan d’ingénierie des perceptions, le FN a eu comme impact sociétal d’implanter durablement la perception de l’apparence physique dans le logiciel de la culture politique française. Avant le Front National, la couleur de la peau ou le type ethnique étaient certes perçus, mais n’entraient pas dans la composition du discours politique. […] Le degré zéro de la pensée politique était atteint, l’attention était détournée de la question du capital, le leurre avait rempli son rôle. Une nouvelle réalité politique venait d’être construite, dans laquelle la couleur de la peau et le type ethnique se mettait à jouer un rôle plus important que le salaire et le niveau de vie. […] Cette accentuation des différences secondaires au plan politique permet également de briser les solidarités au sein des classes moyennes et populaires, diviser les pauvres entre eux, les dresser les uns contre les autres pour les affaiblir. » Gouverner par le chaos (2010), p. 70-71.
    Concernant la théorie de l'épouvantail et de l'opposition contrôlée, je la dois à François Asselineau, de l'UPR, dont les analyses sont à mes yeux très intéressantes et méritent d'être prises en considération.
    Je trouve aussi ces passages de Big Mother intéressants et en rapport avec cette vidéo :
    Surinvestissment du langage, désinvestissement du réel :
    «... je déplore que ce soit surtout à gauche que s’étale l’illusion linguistique et qu’elle ait gagné des pans entiers du système symbolique. En phase avec la société française, le socialisme est devenu un nominalisme. Ne parvenant pas à réformer les choses et joignant l’inutile au désagréable, les socialistes, chaque fois qu’ils ont été au pouvoir, n’ont pas résisté à la toute-puissance imaginaire de changer les mots. » Michel Schneider (2002, 2005), Big Mother : psychopathologie de la vie politique. Odile Jacob, Paris, chap. V « Les belles différences », p. 218. Plus loin : « Mais l’irrésistible féminisation du français est en marche, et avec elle l’irrésistible maternisation de la société. […] l’État linguiste entre en scène. » (220).
    Fausse opposition de déviation :
    « La vigilance antifasciste est une autre forme, déplacée et tolérable de la haine de la société pour elle-même. Elle condamne à mort la bête immonde dont on annonce chaque jour la prochaine renaissance. […] La forme dénonciatrice de la haine politique procède par refoulement et déplacement d’objet. Puisque les groupes comme les individus définissent ce qu’ils sont par ce qu’ils n’aiment pas, il faut bien que, censurée par le refoulement et figurée sous les traits du lointain, revienne la haine du prochain. L’ennemi est alors unique, irréel, abstrait : le fascisme. La seule haine nominale que s’autorise la classe politique, c’est depuis quelques années celle du Front national. Non pas que ce parti, ses hommes, ses pratiques et son idéologie ne soient pas haïssable, mais quels autres dangers plus réels la convocation rituelle de cet épouvantail nous masque-t-elle ? » Michel Schneider, Big Mother : psychopathologie de la vie politique. Odile Jacob, Paris, 2002, 2005, chap. IV « Les plaintes contre inconnu », p. 194-195.