Bonjour, avez vous des conseils (de lecture, de documentation, de champ d'étude) concernant les révolutions que l'on pourrait qualifier d'artistiques ou culturelles
Bonjour ! Pour l'art, de multiples aspects "révolutionnaires" peuvent être étudiés. 1) D'abord, comme pour la science, on peut penser l'apparition de l'art lui-même comme une révolution dans l'histoire des mentalités. Pour penser cette apparition de l'art dans l'histoire de l'humanité, vous pouvez regarder nos deux vidéos sur l'art préhistorique : ua-cam.com/video/o7iABFqsgOE/v-deo.html et l'art antique : ua-cam.com/video/iyU_nlpKC6E/v-deo.html Nous allons faire des vidéos sur l'art médiéval et l'art de la Renaissance sous peu. 2) L'art peut aussi être considéré comme révolutionnaire chaque fois qu'il se mêle de politique et s'associe à des courants politiques révolutionnaires, ce qui arrive souvent à partir du XIXème siècle. Voir par exemple cet article, dont il faut dépasser l'introduction un peu aride pour aller voir les nombreux exemples : www.cairn.info/revue-actuel-marx-2009-1-page-12.htm On peut aussi prendre des exemples contemporains comme "Art Debout", une initiative artistique qui a accompagné Nuit Debout : lundi.am/ET-L-ART Evidemment, l'art engagé, surtout au moment des "révolutions culturelles", s'est voulu révolutionnaire. Voir l'exemple soviétique : www.grandpalais.fr/es/node/50801 Cela a pu donner une intéressante avant-garde en Russie et dans l'Europe communiste, avec un art qui se voulait pour la première fois au service du peuple, représentant les ouvriers et embellissant leur quotidien, dans les usines ou les habitations modernistes, quand les artistes collaboraient avec les designers et les architectes, comme dans les expériences du Bauhaus. Le livre de Denys Riout, Qu'est-ce que l'art moderne?, en parle bien (et c'est une lecture hautement recommandable par ailleurs pour comprendre les révolutions artistiques du XXème siècle; voir sa recension ici : journals.openedition.org/critiquedart/2343) Parfois, l'art a pu servir des révolutions totalitaires, et il n'a pas toujours produit d'excellentes choses dans ce cas, et a même pu servir de pure propagande. On a pu le reprocher au réalisme soviétique : fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9alisme_socialiste_sovi%C3%A9tique La "révolution culturelle" de Mao en Chine a même fait de terribles ravages : fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_culturelle 3) L'art peut enfin connaître des révolutions internes, des changements de technique artistique ou de vision de l'art si radicaux qu'on parle de révolution. On peut penser 1. à la Renaissance, 2. à l'impressionnisme au 19ème siècle et 3. à "l'art contemporain" au 20ème siècle : 3.1) On peut sans doute dire que la Renaissance est un tournant révolutionnaire pour l'art, car l'idée de Beaux Arts nait véritablement à cette période, quand les artisans s'affranchissent des corporations pour s'ennoblir en adhérant à des académies avec des Mécènes qui vont soutenir les artistes peintres, sculpteurs, architectes, et ensuite compositeurs, poètes et dramaturges. Vous pouvez donc essayer d'analyser un peu la "révolution" que constitue l'art de la Renaissance, une révolution en deux périodes : la première, celle de la génération de Rafael, consiste en une rupture avec l'art gothique médiéval par le retour aux textes de l'antiquité et aux théories des formes platonicienne et aristotélicienne, grâce notamment à la redécouverte des anciens à partir de la chute de Constantinople en 1453 et de la fuite des savants en Italie avec les manuscrits de la Grèce et de la Rome antique. La seconde, à la mort de Rafael, consiste dans le développement du maniérisme : le réalisme de Rafael semble si parfait et indépassable que les artistes cherchent après lui dans des directions opposées et souvent plus "subjectives", comme Le Greco, Arcimboldo ou Holbein, et à ce sujet vous pouvez lire du Daniel Arasse, par exemple La Renaissance maniériste (L'Univers des Formes). De manière, les livres de Daniel Arasse sont de bonnes clés d'interprétation des oeuvres (voir Histoires de peintures ou On n'y voit rien). 3.2) La révolution impressionniste est bien documentée, elle consiste à la fois en de nouvelles techniques (la peinture en tubes qui permet aux artistes de sortir de leurs ateliers pour peindre sur le terrain, dans la nature), de nouveaux objets d'étude (les couleurs plutôt que les formes : autrefois on les jugeait trop "féminines" et la forme était réputée "masculine", virile et rationnelle, mais ces artistes mettent au contraire en valeur la variété des lumières, des couleurs et leur composition essentielle à la formation des formes visuelles), une opposition politique à l'académisme bourgeois classique (puisque les impressionnistes se réunissent dans le "Salon des refusés" comme le Salon officiel ne veut pas d'eux) et des changements dans la manière de cadrer les paysages comme des scènes humaines, inspirés notamment par l'apparition de la photographie, que les peintres imitent, mais dont ils veulent en même temps se distancier pour trouver une originalité qui va vite manquer à la peinture de portrait classique... Pour les détails, voir par exemple impressionniste.net/ 3.3) Pour penser les révolutions qui ont eu lieu dans les Beaux Arts du 20ème siècle (naissance du cubisme, de l'abstraction, des monochromes, des readymades avec Duchamp, de l'art conceptuel, etc.), lisez Nathalie Heinich, Le paradigme de l’art contemporain. Structures d’une révolution artistique. C'est un ouvrage qui analyse les ruptures avec l'art moderne qui ont fait de l'art du XXème siècle un art à part, et peut-être une forme radicalement nouvelle d'art, un paradigme sans vrai rapport avec les Beaux-Arts classiques. Voir les recensions suivantes : journals.openedition.org/lectures/14859 journals.openedition.org/questionsdecommunication/9111 On la voit aussi en vidéo ici : ua-cam.com/video/xhclwyYYbtY/v-deo.html et ici : ua-cam.com/video/EwmuLycvFFE/v-deo.html On peut aussi lire Arthur Danto qui commente beaucoup la révolution Marcel Duchamp, notamment dans La Fin de l'art, 1984. La Transfiguration du banal : une philosophie de l'art, Paris, Seuil, 1989, ou L'Art contemporain et la clôture de l'histoire, 2000. Voir journals.openedition.org/lectures/19181 En musique, le passage de la musique tonale à la musique atonale avec Schoenberg puis l'école de Vienne est aussi une révolution. On peut l'analyser avec Adorno et sa Théorie esthétique. Voir cet article : journals.openedition.org/germanica/1838 La "révolution" culturelle du début du XXème siècle est analysée dans cette émission : www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/1913-une-revolution-artistique N'hésitez pas si vous avez des questions plus précises !
Travail remarque. Un petit retour : Je trouve agréable les nombreuses références (image et textes) qui jalonnent la vidéo. Ça la rend plus dense et incite à la regarder plusieurs fois. Du coup ça donne bcp de consistance à votre boulot. Et ça évite que l'on consomme votre vidéo comme un bien jetable. Attention toutefois à ne pas trop surcharger (ça ne me dérange pas mais je suppose que ça pourrait en rebuter certains. On peut perdre le fil en mettant pause) Vous avez tous les deux des talents certains de pédagogue. Même si c'est destiné aux concours iep votre propos arrive à intéresser les autres. Merci de faire partager tout cela.
Merci ! Oui, on peut avoir plusieurs niveaux de lecture, certains écoutent peut-être surtout notre voix en faisant autre chose, d'autres prennent le temps de tout lire... Les références nombreuses sont surtout destinées, dans le cas de cette vidéo, à ceux qui passent les concours et qui cherchent des sources ou des détails pour nourrir leurs réflexions... On peut cependant se passer de tout lire ! On espère que ce n'est pas décourageant pour les curieux, mais c'est toujours le risque, surtout avec des sujets un peu techniques : entre en faire trop et pas assez, la limite est parfois difficile à trouver. Le but est que ça parle à tout le monde, mais c'est toujours une gageure de satisfaire tous les publics !
bonjour, merci pour votre vidééo, j'ai composé sur le sujet suivant : Peut-il y avoir une fin de la science ou est-elle vouée à se révolutionner sans cesse ? Dans le film Premier Contact de Denis Villeneuve, une linguiste est appelée pour communiquer avec des aliens venus sur Terre. Le concept de langage étant complétement différent chez les deux espèces, la linguiste doit opérer une sorte de révolution du langage pour interagir avec eux, adoptant le concept alien qui n’a pas de rapport au temps. Dans l’histoire de la science, il arriverait également qu’un cadre théorique ne soit plus suffisant pour expliquer des phénomènes, au point qu’une révolution scientifique apparaisse. Une révolution scientifique s’apparente à un moment de discontinuité, une remise en cause brutale des connaissances établies, pour en définir de nouvelles à partir de nouveaux concepts, de telle sorte qu’aucun retour en arrière n’est possible. Ces révolutions pourraient remettre en cause l’idée de fin de la science qui interviendrait au moment où la cumulation des connaissances est si importante que l’homme aurait déceler tous les secrets de la nature. La science qui rassemble toutes les disciplines adoptant des méthodes pour définir des vérités, avancerait en effet dans une marche vers le progrès, c’est-à-dire que les connaissances s’amélioreraient en vue du bien. Le progrès final étant la détention de « la » vérité qui permettrait de répondre à tous les secrets de la nature. Mais cela voudrait dire qu’il existe une vérité absolu, alors que beaucoup de scientifiques avancent que la vérité est une construction sociale. De plus, considérer que la discipline se révolutionnerait sans cesse, c’est-à-dire sans fin, ce serait admettre que la fin de la science n’est alors pas envisageable. D’autant plus si l’on prend le sens premier de révolution, le « revolvere » latin qui est un « retour sur soi », un retour à l’ordre précédant. En effet, même si des révolutions scientifiques existeraient, elles n’impliqueraient pas nécessairement le progrès si l’on suit ce raisonnement. Dans ce cas, est-ce que le progrès scientifique existe ? Si c’est le cas, est-ce qu’il est le fait d’une cumulation des connaissances ou de moments de discontinuités ? En d’autres termes, une fin de la science est-elle envisageable grâce à la cumulation de la connaissance ou bien les révolutions qui s’opèrent dans la science rendent la possibilité de progrès caduc ? Nous expliquerons tout d’abord que la science est cumulative dans le but d’atteindre la fin de la science. Puis, nous observerons que la science connait des révolutions, avant d’analyser la possible absence de fin de la science qui n’empêcherait pas l’évolution de la discipline. La science est cumulative (I.a) et la multiplication de connaissances pourrait conduire à la fin de la science, lorsque les scientifiques auront tout révélé et qu’ils détiendront « la » vérité (I.b). La fin de la science peut être envisageable car la science est cumulative, cela veut dire qu’il est possible qu’un jour nous maîtriserions toutes les connaissances. Les scientifiques sont alors en marche vers le progrès. Ils s’appuient sur l’ensemble des connaissances établies pour en apporter de nouvelles et donc améliorer la discipline et le savoir humain. Le savoir et le progrès serait d’ailleurs indissociables si l’on suit la philosophie de Hegel, qui considère que l’Esprit se réalise quand l’homme comprend que les sociétés avancent vers le progrès. La pensée d’Auguste Comte est encore plus intéressante à ce sujet. Ce dernier considère que l’humanité progresse, de telle sorte qu’elle est vouée à connaitre trois états : l’état théologique correspondant aux croyances religieuses, l’état métaphysique lorsque l’homme cherche le pourquoi des choses et croient en des entités philosophiques et enfin l’état positif, lorsque l’homme renonce à la question du pourquoi et se pose à la place la question du comment. L’état positif serait ici le stade ultime du savoir humain et donc de la science. A.Comte admet ainsi que la fin de la science est envisageable, grâce à une accumulation des connaissances qui permettrait à l’humanité de détenir « la » vérité. La science permettra sans doute à l’humanité de détenir un jour « la » vérité, ce qui signifiera alors la fin de la science. La discipline scientifique part à la recherche des secrets de la nature pour en définir des vérités appuyées par des faits rationnels et non des croyances. C’est ce que rappelle le scientifique du XIXe siècle Claude Bernard lorsqu’il énonce « conquérir la nature, c’est lui arracher ses secrets et s’en servir au profit de l’homme ». En admettant que la science est cumulative comme nous l’avons vu plus haut, il est possible que les scientifiques parviennent un jour à répondre à toutes les questions et donc que toutes les vérités soient dévoilées. L’homme maîtrisera alors parfaitement son milieu et soi-même. La science aura ainsi rempli sa mission, qui sera alors terminé. Nous assisterions à la fin de la science. Seulement, cette conception part du principe qu’il existe une vérité absolue vers laquelle il faut tendre, ce que de nombreux scientifiques remettent en cause. En effet, il se pourrait que la vérité soit aussi et avant tout une construction sociale qui évolue selon le contexte de l’époque. Le développement de l’historicisme au XIXe siècle a fait émerger cette idée. Des penseurs comme Nietzche ont admis cette hypothèses, en faisant des généalogies de l’histoire. Au XXe siècle, Karl Popper va même jusqu’à dire que « le propre d’une vérité scientifique, c’est d’être réfutable » et le physicien Etienne Klein actualise ce point de vue en évoquant le fait que « la vérité n’appartient nullement aux scientifiques. Elle a vocation à devenir une affaire publique ». En clair, la vérité est débattue, elle serait alors une construction sociale. Peut-on alors encore parler de fin de la science si la vérité absolue n’existe pas ? Il semblerait que la science évolue de manière cumulative. Les connaissances s’accumulent ce qui est un progrès pour la science mais avant tout pour l’humanité, qui bénéficiera d’une maîtrise totale de son milieu lorsque la fin de la science arrivera. Cette fin de la science serait le stade ultime de la discipline, le moment où la science aura révélé tous les secrets de la nature et qu’elle détiendra toutes « la » vérité absolue. Or, cette idée de vérité absolue est de plus en plus questionnée, de nombreux scientifiques considérant que la vérité est une construction sociale. Si la vérité est changeante et que des connaissances peuvent être réfutées, cela veut dire que la science connaît des moments de discontinuités, voire de révolution ?
@@lunamehard6184 le concours des iep. Mais ma copie était juste un entraînement. D'ailleurs si tu le passes tout à l'heure (comme moi), je te souhaite bonne chance !
Très cool ! Foucault compte donc les sciences humaines dans les sciences qui peuvent connaître des révolutions? Est-ce qu'elles ont la même forme que dans les sciences naturelles? Parce que ce ne sont pas les mêmes normes de scientificité quand même, entre sciences "molles" et sciences "dures"...
Super boulot et super vidéo qui donne une bonne base pour qui commence en philo des sciences. Juste une petite remarque : ne surchargez pas trop l'écran en texte / références, ça brouille le discours qui est déjà bien assez dense et intéressant par lui même. En tous cas vous gagnez un abonné ;)
Je garde une certaine tendresse pour Kuhn ("La structure des révolutions scientifiques" est le premier livre que j'ai lu en philo des sciences) mais team Koyré quand même :) c'est marrant, parce que votre définition du postmodernisme me fait penser que j'ai toujours considéré ce terme comme une arme réthorique utilisée par certains pour décrédibiliser à peu près tout le mouvement philosophique français des années 60-70, et au delà... hors votre utilisation montre un maniement disons, académique? universitaire? du terme. Mon avis perso avant de vous visionner était que ce terme était polémique, trop large et ne permettait pas vraiment de discriminer finement des pensées au final assez diverses. On a pu parler aussi de post structuralisme (dans le dernier livre de Patrice Maniglier, "La philosophie qui se fait", celui-ci défend l'idée que les post structuralistes sont en fait des structuralistes qui s'ignorent... manière aussi de récuser une opposition trop stricte et binaire. Et c'est très stimulant)
Oui, on ne tient pas forcément au terme de "postmoderne", mais c'est souvent une façon pratique de désigner une période de la pensée, en particulier française, qui est aussi étudiée en tant que "postmodernism" ou "french theory" dans de nombreuses facs américaines sans forcément aplanir les différences entre les penseurs qu'on regroupe sous cette catégorie... Certains se sont peut-être servi abusivement de cette étiquette pour décrédibiliser à tort toute une génération, dont il faut pourtant tirer certains acquis méthodologiques importants, dont l'historicisme... En même temps, il n'est pas faux que les effets générationnels existent en philosophie, et de même qu'il y a eu une génération qu'il peut être utile de classer sous l'étiquette "postmoderne", de même on parle aujourd'hui des "nouveaux réalistes" contemporains de manière assez unifiée en dépit de tout ce qui les oppose, et notamment parce que beaucoup d'entre eux attaquent à présent la génération "postmoderne" pour son antiréalisme ou la perte de la notion de "vérité" qui va supposément avec ce courant (voir par exemple Maurizio Ferraris, dont on reparlera dans META !). C'est aussi l'objet de Maniglier de faire le point sur cette nouvelle génération "métaphysique" d'ailleurs.
@@meta2588 Mais maintenant que j'y pense, j'avais trouvé une définition du postmodernisme chez Philippe Descola ("La composition des mondes") indiquant en fait la fin des grands récits fondateurs de la modernité, comme porte d'entrée pour comprendre les diverses élaborations de Foucault, Derrida, puis Latour etc. Maniglier est captivant! Merci pour cette longue réponse :)
Notons d'ailleurs que la définition du relativisme est elle même relative :) Descola parle par exemple de "relativisme méthodologique" en anthropologie, qui permet de ne pas juger les populations et cultures étudiées, à l'aune de nos propres normes et habitudes culturelles (en gros, éviter l'ethnocentrisme)
Kuhn montre aussi que les anciens paradigmes ont leur fonction, même si elles sont a priori fausses: la théorie phlogistique avait sa raison d'être avant qu'on explique la combustion autrement. Je pense que Kuhn explique bien que des choses restent de l'ancien paradigme: on utilise toujours Newton en ingénierie malgré le paradigme d'Einstein.
Bonjour, merci pour cette vidéo. J’avais une question, les révolutions dites féministe, anarchiste, numérique, transhumaniste tout ça. Celles qui ne sont ni scientifiques, ni politiques, ni industrielles, dans quoi est ce qu’on pourrait les placer ? J’avais pensé à une sorte de catégorie de révolutions culturelles mais la seule réelle révolution culturelle est celle de Mao en Chine. Du coup j’ai du mal à organiser mes idées. Merci d’avance si qql un peut m’aider :)
Oui la catégorie de révolution culturelle fonctionne tout à fait (ce n'est pas parce qu'historiquement seule telle révolution a ce label que d'autres n'ont pas le droit d'être appelées ainsi!) : on parle aussi parfois de révolutions des moeurs dans le cas de mai 68. Mais les révolutions féministes anarchistes sont aussi fondamentalement politiques (et techniques dans le cas de la révolution féministe parce que les droits des femmes sont aussi rendus possibles par les techniques contraceptives) et les révolutions numériques et transhumanistes sont aussi techniques/politiques. Il faudrait donc même se demander si toute révolution n'est pas toujours une transformation technique/morale/culturelle/politique : c'est ce qui fait que c'est un changement structurel, radical, et non un simple événement politique.
Perdu sur internet je m'echouai alors ici, quand je ne pus m'empêcher de remarquer que le premier principe de la thermodynamique était mal écrite (il me semble, je ne suis qu'un humble étudiant) Donc premier principe de la thermodynamique : Delta U= W + Q pas W-Q. Sinon j'adore la chaîne et tout ce que je viens de découvrir !
Bonjour, avez vous des conseils (de lecture, de documentation, de champ d'étude) concernant les révolutions que l'on pourrait qualifier d'artistiques ou culturelles
Bonjour ! Pour l'art, de multiples aspects "révolutionnaires" peuvent être étudiés.
1) D'abord, comme pour la science, on peut penser l'apparition de l'art lui-même comme une révolution dans l'histoire des mentalités. Pour penser cette apparition de l'art dans l'histoire de l'humanité, vous pouvez regarder nos deux vidéos sur l'art préhistorique : ua-cam.com/video/o7iABFqsgOE/v-deo.html
et l'art antique : ua-cam.com/video/iyU_nlpKC6E/v-deo.html
Nous allons faire des vidéos sur l'art médiéval et l'art de la Renaissance sous peu.
2) L'art peut aussi être considéré comme révolutionnaire chaque fois qu'il se mêle de politique et s'associe à des courants politiques révolutionnaires, ce qui arrive souvent à partir du XIXème siècle.
Voir par exemple cet article, dont il faut dépasser l'introduction un peu aride pour aller voir les nombreux exemples : www.cairn.info/revue-actuel-marx-2009-1-page-12.htm
On peut aussi prendre des exemples contemporains comme "Art Debout", une initiative artistique qui a accompagné Nuit Debout : lundi.am/ET-L-ART
Evidemment, l'art engagé, surtout au moment des "révolutions culturelles", s'est voulu révolutionnaire. Voir l'exemple soviétique : www.grandpalais.fr/es/node/50801
Cela a pu donner une intéressante avant-garde en Russie et dans l'Europe communiste, avec un art qui se voulait pour la première fois au service du peuple, représentant les ouvriers et embellissant leur quotidien, dans les usines ou les habitations modernistes, quand les artistes collaboraient avec les designers et les architectes, comme dans les expériences du Bauhaus. Le livre de Denys Riout, Qu'est-ce que l'art moderne?, en parle bien (et c'est une lecture hautement recommandable par ailleurs pour comprendre les révolutions artistiques du XXème siècle; voir sa recension ici : journals.openedition.org/critiquedart/2343)
Parfois, l'art a pu servir des révolutions totalitaires, et il n'a pas toujours produit d'excellentes choses dans ce cas, et a même pu servir de pure propagande. On a pu le reprocher au réalisme soviétique : fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9alisme_socialiste_sovi%C3%A9tique
La "révolution culturelle" de Mao en Chine a même fait de terribles ravages : fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_culturelle
3) L'art peut enfin connaître des révolutions internes, des changements de technique artistique ou de vision de l'art si radicaux qu'on parle de révolution. On peut penser 1. à la Renaissance, 2. à l'impressionnisme au 19ème siècle et 3. à "l'art contemporain" au 20ème siècle :
3.1) On peut sans doute dire que la Renaissance est un tournant révolutionnaire pour l'art, car l'idée de Beaux Arts nait véritablement à cette période, quand les artisans s'affranchissent des corporations pour s'ennoblir en adhérant à des académies avec des Mécènes qui vont soutenir les artistes peintres, sculpteurs, architectes, et ensuite compositeurs, poètes et dramaturges. Vous pouvez donc essayer d'analyser un peu la "révolution" que constitue l'art de la Renaissance, une révolution en deux périodes : la première, celle de la génération de Rafael, consiste en une rupture avec l'art gothique médiéval par le retour aux textes de l'antiquité et aux théories des formes platonicienne et aristotélicienne, grâce notamment à la redécouverte des anciens à partir de la chute de Constantinople en 1453 et de la fuite des savants en Italie avec les manuscrits de la Grèce et de la Rome antique.
La seconde, à la mort de Rafael, consiste dans le développement du maniérisme : le réalisme de Rafael semble si parfait et indépassable que les artistes cherchent après lui dans des directions opposées et souvent plus "subjectives", comme Le Greco, Arcimboldo ou Holbein, et à ce sujet vous pouvez lire du Daniel Arasse, par exemple La Renaissance maniériste (L'Univers des Formes). De manière, les livres de Daniel Arasse sont de bonnes clés d'interprétation des oeuvres (voir Histoires de peintures ou On n'y voit rien).
3.2) La révolution impressionniste est bien documentée, elle consiste à la fois en de nouvelles techniques (la peinture en tubes qui permet aux artistes de sortir de leurs ateliers pour peindre sur le terrain, dans la nature), de nouveaux objets d'étude (les couleurs plutôt que les formes : autrefois on les jugeait trop "féminines" et la forme était réputée "masculine", virile et rationnelle, mais ces artistes mettent au contraire en valeur la variété des lumières, des couleurs et leur composition essentielle à la formation des formes visuelles), une opposition politique à l'académisme bourgeois classique (puisque les impressionnistes se réunissent dans le "Salon des refusés" comme le Salon officiel ne veut pas d'eux) et des changements dans la manière de cadrer les paysages comme des scènes humaines, inspirés notamment par l'apparition de la photographie, que les peintres imitent, mais dont ils veulent en même temps se distancier pour trouver une originalité qui va vite manquer à la peinture de portrait classique... Pour les détails, voir par exemple impressionniste.net/
3.3) Pour penser les révolutions qui ont eu lieu dans les Beaux Arts du 20ème siècle (naissance du cubisme, de l'abstraction, des monochromes, des readymades avec Duchamp, de l'art conceptuel, etc.), lisez Nathalie Heinich, Le paradigme de l’art contemporain. Structures d’une révolution artistique. C'est un ouvrage qui analyse les ruptures avec l'art moderne qui ont fait de l'art du XXème siècle un art à part, et peut-être une forme radicalement nouvelle d'art, un paradigme sans vrai rapport avec les Beaux-Arts classiques. Voir les recensions suivantes : journals.openedition.org/lectures/14859
journals.openedition.org/questionsdecommunication/9111
On la voit aussi en vidéo ici : ua-cam.com/video/xhclwyYYbtY/v-deo.html
et ici : ua-cam.com/video/EwmuLycvFFE/v-deo.html
On peut aussi lire Arthur Danto qui commente beaucoup la révolution Marcel Duchamp, notamment dans La Fin de l'art, 1984.
La Transfiguration du banal : une philosophie de l'art, Paris, Seuil, 1989, ou L'Art contemporain et la clôture de l'histoire, 2000.
Voir journals.openedition.org/lectures/19181
En musique, le passage de la musique tonale à la musique atonale avec Schoenberg puis l'école de Vienne est aussi une révolution. On peut l'analyser avec Adorno et sa Théorie esthétique. Voir cet article : journals.openedition.org/germanica/1838
La "révolution" culturelle du début du XXème siècle est analysée dans cette émission : www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/1913-une-revolution-artistique
N'hésitez pas si vous avez des questions plus précises !
La playlist des vidéos Méta#esthétique est ici : ua-cam.com/play/PLVyDAc-vYTB_J0P2gSCznGBP0iXNKLxPK.html
On en sort d'autres sous peu !
Travail remarque. Un petit retour :
Je trouve agréable les nombreuses références (image et textes) qui jalonnent la vidéo. Ça la rend plus dense et incite à la regarder plusieurs fois. Du coup ça donne bcp de consistance à votre boulot. Et ça évite que l'on consomme votre vidéo comme un bien jetable. Attention toutefois à ne pas trop surcharger (ça ne me dérange pas mais je suppose que ça pourrait en rebuter certains. On peut perdre le fil en mettant pause)
Vous avez tous les deux des talents certains de pédagogue. Même si c'est destiné aux concours iep votre propos arrive à intéresser les autres. Merci de faire partager tout cela.
Merci ! Oui, on peut avoir plusieurs niveaux de lecture, certains écoutent peut-être surtout notre voix en faisant autre chose, d'autres prennent le temps de tout lire... Les références nombreuses sont surtout destinées, dans le cas de cette vidéo, à ceux qui passent les concours et qui cherchent des sources ou des détails pour nourrir leurs réflexions... On peut cependant se passer de tout lire !
On espère que ce n'est pas décourageant pour les curieux, mais c'est toujours le risque, surtout avec des sujets un peu techniques : entre en faire trop et pas assez, la limite est parfois difficile à trouver. Le but est que ça parle à tout le monde, mais c'est toujours une gageure de satisfaire tous les publics !
bonjour, merci pour votre vidééo, j'ai composé sur le sujet suivant : Peut-il y avoir une fin de la science ou est-elle vouée à se révolutionner sans cesse ?
Dans le film Premier Contact de Denis Villeneuve, une linguiste est appelée pour communiquer avec des aliens venus sur Terre. Le concept de langage étant complétement différent chez les deux espèces, la linguiste doit opérer une sorte de révolution du langage pour interagir avec eux, adoptant le concept alien qui n’a pas de rapport au temps. Dans l’histoire de la science, il arriverait également qu’un cadre théorique ne soit plus suffisant pour expliquer des phénomènes, au point qu’une révolution scientifique apparaisse. Une révolution scientifique s’apparente à un moment de discontinuité, une remise en cause brutale des connaissances établies, pour en définir de nouvelles à partir de nouveaux concepts, de telle sorte qu’aucun retour en arrière n’est possible. Ces révolutions pourraient remettre en cause l’idée de fin de la science qui interviendrait au moment où la cumulation des connaissances est si importante que l’homme aurait déceler tous les secrets de la nature. La science qui rassemble toutes les disciplines adoptant des méthodes pour définir des vérités, avancerait en effet dans une marche vers le progrès, c’est-à-dire que les connaissances s’amélioreraient en vue du bien. Le progrès final étant la détention de « la » vérité qui permettrait de répondre à tous les secrets de la nature. Mais cela voudrait dire qu’il existe une vérité absolu, alors que beaucoup de scientifiques avancent que la vérité est une construction sociale. De plus, considérer que la discipline se révolutionnerait sans cesse, c’est-à-dire sans fin, ce serait admettre que la fin de la science n’est alors pas envisageable. D’autant plus si l’on prend le sens premier de révolution, le « revolvere » latin qui est un « retour sur soi », un retour à l’ordre précédant. En effet, même si des révolutions scientifiques existeraient, elles n’impliqueraient pas nécessairement le progrès si l’on suit ce raisonnement. Dans ce cas, est-ce que le progrès scientifique existe ? Si c’est le cas, est-ce qu’il est le fait d’une cumulation des connaissances ou de moments de discontinuités ? En d’autres termes, une fin de la science est-elle envisageable grâce à la cumulation de la connaissance ou bien les révolutions qui s’opèrent dans la science rendent la possibilité de progrès caduc ? Nous expliquerons tout d’abord que la science est cumulative dans le but d’atteindre la fin de la science. Puis, nous observerons que la science connait des révolutions, avant d’analyser la possible absence de fin de la science qui n’empêcherait pas l’évolution de la discipline.
La science est cumulative (I.a) et la multiplication de connaissances pourrait conduire à la fin de la science, lorsque les scientifiques auront tout révélé et qu’ils détiendront « la » vérité (I.b).
La fin de la science peut être envisageable car la science est cumulative, cela veut dire qu’il est possible qu’un jour nous maîtriserions toutes les connaissances. Les scientifiques sont alors en marche vers le progrès. Ils s’appuient sur l’ensemble des connaissances établies pour en apporter de nouvelles et donc améliorer la discipline et le savoir humain. Le savoir et le progrès serait d’ailleurs indissociables si l’on suit la philosophie de Hegel, qui considère que l’Esprit se réalise quand l’homme comprend que les sociétés avancent vers le progrès. La pensée d’Auguste Comte est encore plus intéressante à ce sujet. Ce dernier considère que l’humanité progresse, de telle sorte qu’elle est vouée à connaitre trois états : l’état théologique correspondant aux croyances religieuses, l’état métaphysique lorsque l’homme cherche le pourquoi des choses et croient en des entités philosophiques et enfin l’état positif, lorsque l’homme renonce à la question du pourquoi et se pose à la place la question du comment. L’état positif serait ici le stade ultime du savoir humain et donc de la science. A.Comte admet ainsi que la fin de la science est envisageable, grâce à une accumulation des connaissances qui permettrait à l’humanité de détenir « la » vérité.
La science permettra sans doute à l’humanité de détenir un jour « la » vérité, ce qui signifiera alors la fin de la science. La discipline scientifique part à la recherche des secrets de la nature pour en définir des vérités appuyées par des faits rationnels et non des croyances. C’est ce que rappelle le scientifique du XIXe siècle Claude Bernard lorsqu’il énonce « conquérir la nature, c’est lui arracher ses secrets et s’en servir au profit de l’homme ». En admettant que la science est cumulative comme nous l’avons vu plus haut, il est possible que les scientifiques parviennent un jour à répondre à toutes les questions et donc que toutes les vérités soient dévoilées. L’homme maîtrisera alors parfaitement son milieu et soi-même. La science aura ainsi rempli sa mission, qui sera alors terminé. Nous assisterions à la fin de la science. Seulement, cette conception part du principe qu’il existe une vérité absolue vers laquelle il faut tendre, ce que de nombreux scientifiques remettent en cause. En effet, il se pourrait que la vérité soit aussi et avant tout une construction sociale qui évolue selon le contexte de l’époque. Le développement de l’historicisme au XIXe siècle a fait émerger cette idée. Des penseurs comme Nietzche ont admis cette hypothèses, en faisant des généalogies de l’histoire. Au XXe siècle, Karl Popper va même jusqu’à dire que « le propre d’une vérité scientifique, c’est d’être réfutable » et le physicien Etienne Klein actualise ce point de vue en évoquant le fait que « la vérité n’appartient nullement aux scientifiques. Elle a vocation à devenir une affaire publique ». En clair, la vérité est débattue, elle serait alors une construction sociale. Peut-on alors encore parler de fin de la science si la vérité absolue n’existe pas ?
Il semblerait que la science évolue de manière cumulative. Les connaissances s’accumulent ce qui est un progrès pour la science mais avant tout pour l’humanité, qui bénéficiera d’une maîtrise totale de son milieu lorsque la fin de la science arrivera. Cette fin de la science serait le stade ultime de la discipline, le moment où la science aura révélé tous les secrets de la nature et qu’elle détiendra toutes « la » vérité absolue. Or, cette idée de vérité absolue est de plus en plus questionnée, de nombreux scientifiques considérant que la vérité est une construction sociale. Si la vérité est changeante et que des connaissances peuvent être réfutées, cela veut dire que la science connaît des moments de discontinuités, voire de révolution ?
salut, c'était pour quel concours ?
@@lunamehard6184 le concours des iep. Mais ma copie était juste un entraînement. D'ailleurs si tu le passes tout à l'heure (comme moi), je te souhaite bonne chance !
Mais là je n'ai pu publier que la première partie de ma rédaction psq ça ne passait pas
@@gabintochon3601 Alors, tu l'as eu ????
bonjour, pensez-vous que vous pourriez faire une vidéo sur les révolutions esthétiques, artistiques?
Très cool ! Foucault compte donc les sciences humaines dans les sciences qui peuvent connaître des révolutions? Est-ce qu'elles ont la même forme que dans les sciences naturelles? Parce que ce ne sont pas les mêmes normes de scientificité quand même, entre sciences "molles" et sciences "dures"...
Bonsoir ! J'apprécie beaucoup le contenu de vos vidéos ! Pensez vous réaliser une série de vidéo sur le thème des IEP, la Peur ?
Super boulot et super vidéo qui donne une bonne base pour qui commence en philo des sciences. Juste une petite remarque : ne surchargez pas trop l'écran en texte / références, ça brouille le discours qui est déjà bien assez dense et intéressant par lui même. En tous cas vous gagnez un abonné ;)
Je garde une certaine tendresse pour Kuhn ("La structure des révolutions scientifiques" est le premier livre que j'ai lu en philo des sciences) mais team Koyré quand même :) c'est marrant, parce que votre définition du postmodernisme me fait penser que j'ai toujours considéré ce terme comme une arme réthorique utilisée par certains pour décrédibiliser à peu près tout le mouvement philosophique français des années 60-70, et au delà... hors votre utilisation montre un maniement disons, académique? universitaire? du terme. Mon avis perso avant de vous visionner était que ce terme était polémique, trop large et ne permettait pas vraiment de discriminer finement des pensées au final assez diverses. On a pu parler aussi de post structuralisme (dans le dernier livre de Patrice Maniglier, "La philosophie qui se fait", celui-ci défend l'idée que les post structuralistes sont en fait des structuralistes qui s'ignorent... manière aussi de récuser une opposition trop stricte et binaire. Et c'est très stimulant)
Oui, on ne tient pas forcément au terme de "postmoderne", mais c'est souvent une façon pratique de désigner une période de la pensée, en particulier française, qui est aussi étudiée en tant que "postmodernism" ou "french theory" dans de nombreuses facs américaines sans forcément aplanir les différences entre les penseurs qu'on regroupe sous cette catégorie... Certains se sont peut-être servi abusivement de cette étiquette pour décrédibiliser à tort toute une génération, dont il faut pourtant tirer certains acquis méthodologiques importants, dont l'historicisme... En même temps, il n'est pas faux que les effets générationnels existent en philosophie, et de même qu'il y a eu une génération qu'il peut être utile de classer sous l'étiquette "postmoderne", de même on parle aujourd'hui des "nouveaux réalistes" contemporains de manière assez unifiée en dépit de tout ce qui les oppose, et notamment parce que beaucoup d'entre eux attaquent à présent la génération "postmoderne" pour son antiréalisme ou la perte de la notion de "vérité" qui va supposément avec ce courant (voir par exemple Maurizio Ferraris, dont on reparlera dans META !). C'est aussi l'objet de Maniglier de faire le point sur cette nouvelle génération "métaphysique" d'ailleurs.
@@meta2588 Mais maintenant que j'y pense, j'avais trouvé une définition du postmodernisme chez Philippe Descola ("La composition des mondes") indiquant en fait la fin des grands récits fondateurs de la modernité, comme porte d'entrée pour comprendre les diverses élaborations de Foucault, Derrida, puis Latour etc. Maniglier est captivant! Merci pour cette longue réponse :)
Notons d'ailleurs que la définition du relativisme est elle même relative :) Descola parle par exemple de "relativisme méthodologique" en anthropologie, qui permet de ne pas juger les populations et cultures étudiées, à l'aune de nos propres normes et habitudes culturelles (en gros, éviter l'ethnocentrisme)
Kuhn montre aussi que les anciens paradigmes ont leur fonction, même si elles sont a priori fausses: la théorie phlogistique avait sa raison d'être avant qu'on explique la combustion autrement. Je pense que Kuhn explique bien que des choses restent de l'ancien paradigme: on utilise toujours Newton en ingénierie malgré le paradigme d'Einstein.
Bonjour, merci pour cette vidéo. J’avais une question, les révolutions dites féministe, anarchiste, numérique, transhumaniste tout ça. Celles qui ne sont ni scientifiques, ni politiques, ni industrielles, dans quoi est ce qu’on pourrait les placer ? J’avais pensé à une sorte de catégorie de révolutions culturelles mais la seule réelle révolution culturelle est celle de Mao en Chine. Du coup j’ai du mal à organiser mes idées. Merci d’avance si qql un peut m’aider :)
Oui la catégorie de révolution culturelle fonctionne tout à fait (ce n'est pas parce qu'historiquement seule telle révolution a ce label que d'autres n'ont pas le droit d'être appelées ainsi!) : on parle aussi parfois de révolutions des moeurs dans le cas de mai 68. Mais les révolutions féministes anarchistes sont aussi fondamentalement politiques (et techniques dans le cas de la révolution féministe parce que les droits des femmes sont aussi rendus possibles par les techniques contraceptives) et les révolutions numériques et transhumanistes sont aussi techniques/politiques. Il faudrait donc même se demander si toute révolution n'est pas toujours une transformation technique/morale/culturelle/politique : c'est ce qui fait que c'est un changement structurel, radical, et non un simple événement politique.
@@meta2588 Je comprends qu’il est difficile de faire des catégories en fin de compte. Merciiii
Perdu sur internet je m'echouai alors ici, quand je ne pus m'empêcher de remarquer que le premier principe de la thermodynamique était mal écrite (il me semble, je ne suis qu'un humble étudiant)
Donc premier principe de la thermodynamique :
Delta U= W + Q
pas W-Q.
Sinon j'adore la chaîne et tout ce que je viens de découvrir !
non non c'est pas mal ecrit c'est juste une formulation tierce ^^
13:00