Je prends tes vidéos dans le désordre et je me régale. Lectrice compulsive,autrice de débuts de livres pour tiroir, je me souviens de mon très lointain passage en fac de lettre, à l’époque du structuralisme triomphant, ( début des années 70), où on m’a cassé mon trésor à force de dépiauter les textes comme d’autres les pinces de crabes. Un massacre. Tu arrives en croyant que tu vas danser, et tu tombes en plein cours d’anatomie. A presque 50 ans de distance, je me souviens encore du programme... de sa pesanteur, de la détresse de perdre l’amour de ma vie. Le rejet du ”classique” a été énorme, je n’ai gardé que Flaubert et Proust, parceque oui, je les trouvais plein d’humour. ( mais si,si, Proust est souvent drôle). Après cette diète j’ai retrouvé le goût de lire, tout les genres nobles ou pas, sauf les russes dont les noms à rallonge me perdent en route ( voir le pastiche rigolo que Woody Allen a fait de ”guerre et paix”, ”guerre et amour” ) et les livres sinistres de ceux que Nancy Huston appelle les professeurs de désespoir. Curieuse expérience de l’institution en tant que tueuse de passion.
Très chouette vidéo, je passe enfin sur ta chaîne via les recommandations de Guillaume :) Ton témoignage fait écho au mien, à la différence (majeure!) près que je n'ai pas fait de prépa, mais ai suivi un parcours fac en distanciel. Je suis cela dit passée d'une famille dans laquelle aucun de mes deux parents n'a le bac, à un statut d'agrégée de philosophie. Parcours marqué par des "rush" de compensation culturelle que tu décris, un peu moins méthodiques et exigeants cela dit :D Ado je lisais assez peu, mais dès le lycée j'ai traversé mes premières phases d'exaltation littéraire avec un grand L. J'ai adoré Madame Bovary, Guerre et Paix, le Guépard, la poésie russe, etc. Arrivée en fac je lisais pour la fac, pour le boulot. L'année de prépa agreg se rapproche sans doute de ce que tu décris pour la prépa, avec un objectif de performance culturelle à la fois éreintant et stimulant. Je me souviens m'être dit à l'époque: maintenant que tu as le concours en poche, tu vas pouvoir te mettre à *vraiment* lire de la philosophie, sans objectif bassement scolaire. Je me revois encore faire le plein de Kant chez Vrin, et... je n'ai jamais lu ces bouquins. En fait, une fois le cap de l'agreg passé, je n'ai presque plus lu de philo. Je lis des articles pour les besoins de mes cours, quelques essais contemporains, mais je n'ai jamais fait cette grande plongée dans les classiques que je m'étais promise. Mon rapport à la littérature a aussi complètement changé. N'ayant plus rien à prouver, je me suis mise à lire tout ce que les gens de mon âge lisaient ado: je me suis fait tous les Tolkien, Harry Potter, à la Croisée des Mondes, etc. Et j'ai adoré. Je continue de lire des classiques, mais avec la nonchalance que permet le fait d'être passée de l'autre côté de la barrière. Je ressens toujours une forme de culpabilité à l'idée de lire "pour rien", ou de ne pas finir un livre, mais je combats ça par l'humour et l'autodérision. Discuter de mes lectures sans prétention sur les réseaux m'a aussi beaucoup aidée, idem pour les communautés comme Goodreads, qui peuvent être stimulantes quand elles sont bien utilisées. Désolée pour ce pavé, et bravo pour ta chaîne et la grande qualité de ton propos! PS: tu as une voix très agréable à écouter!
Hello Louise, merci beaucoup de ton long commentaire, c'est vraiment super intéressant. Ces sujets demeurent hyper tabous, surtout dans les milieux intello/universitaires, et ça fait du bien de partager et de se sentir moins seul.e. J'avoue avoir eu quelques moments de stress en tournant la vidéo, alors que je pensais être méga sereine vis-à-vis de tout ça... Pour rebondir sur la culpabilité, moi aussi je la sens poindre régulièrement, et perso j'essaie de la combattre à la source en me martelant à moi-même "le bien-être avant tout", ou "te laisse pas voir par cette pression sociale à la con"^^ Et merci ++ aussi pour les encouragements, ça fait grave plaisir :) A bientôt !
Bonjour Darah. Je ne commente jamais mais je suis tombée sur ta chaîne par hasard et j'ai déjà regardé quelques vidéos. Attention commentaire long ! Je suis hyper heureuse de trouver une chaîne comme la tienne qui parle de sociologie et de littérature. Je me sens assez proche de ton parcours et j'ai les même interrogations et réflexions. Pour ma part je suis d'un milieu classe moyenne basse, mais contrairement à toi je n'ai pas réussi à en sortir. Je suis ok avec ça et je le vis très bien. Un heureux hasard a fait que j'ai toujours aimé lire et ça m'a réellement sauvé la vie. La lecture (fiction et essais sociologiques principalement, un peu de philo depuis quelques années) m'a donné les armes intellectuelles pour prendre du recul par rapport à mon milieu social, mon parcours et la façon dont je me positionne dans la société. La notion de culpabilité que tu soulèves dans la vidéo est hyper intéressante parce que je l'ai souvent ressentie. Quand je traversais des périodes (et encore aujourd'hui) sans lecture je me culpabilisais : en plus d'être une beauf, je n'étais même pas capable de me bouger le cul pour ne plus l'être... Donc merci de rappeler que la lecture de classiques ou de livres "sérieux" n'est pas une activité linéaire, il y a des périodes avec et des périodes sans... Et tant pis si je ne comprends pas Barthes (j'ai vraiment vraiment du mal, un échec total) il y a plein d'autres choses à lire !
kiwitate Hello ! Merci++ de ce partage. Et oui, combattons cette culpabilité, qui nous vient clairement de la société violente dans laquelle on vit. La question d’être « beauf », de ne pas avoir d’occupation noble etc., renvoie au classisme qu’on subit tout le temps : on nous fait nous sentir responsables et honteux en tant qu’individus alors qu’on fait partie d’un système mega violent qui est à la fois l’origine et le moteur des inégalités, notamment culturelles... Et je rebondis sur ta remarque sur Barthes, car ça me fait penser aux questions de posture face à la culture dominante. J’ai longtemps été grave impressionnée par les personnes cultivées/privilégiées qui osaient juger les livres classiques. Un de mes proches, après sa lecture des Fragments d’un discours amoureux, avait dit qu’il trouvait que c’était de la merde en mode psychanalyse à la con + style adolescent, et que ça lui parlait pas du tout. Alors je dis pas qu’il faut prendre ce genre d’attitude, mais osons dire qu’un truc nous apporte rien plutôt que de toujours penser qu’on « n’arrive pas » à le comprendre. Enfin je sais que c’est pas facile à faire mais ça aide de se donner le droit :)
Merci beaucoup pour cette vidéo ! Voulant moi-même faire des études littéraires (je pense davantage à la prépa) et ayant été une grosse lectrice étant plus jeune, avec un rapport à la lecture que je qualifierais a posteriori de "sain" (pas de pression, un réel plaisir...), c'est très déculpabilisant. En effet, depuis deux ans que j'envisage de faire des études littéraires, je me dis souvent qu'il faut que je lise "plus de classiques", ce que j'essaie de faire mais évidemment je n'y arrive pas ou peu. De plus en plus, ça vient, mais la lecture n'est plus pour moi le plaisir qu'elle fût auparavant. Je vais donc essayer d'appliquer tes conseils et éviter de vouloir me mettre tout de suite à lire Proust ! L'idée de "tordre" un classique me plaît également beaucoup, évidemment j'ai beaucoup de mal à le faire. Je suis aussi passée complètement à côté de l'Etranger, j'ai davantage aimé la Peste où je ne sais pas si la notion d'absurde est si présente. Je commence aussi beaucoup de livres que je ne finis pas et je culpabilise vraiment beaucoup par rapport à ça, mais ta vidéo précédente m'a déjà fait un peu relativiser. En tout cas, je suis super heureuse d'avoir trouvé ta chaîne, une véritable mine d'or pour moi, qui m'apporte beaucoup !! :)
Précisons ceci : l'important n'est pas de se "gaver" de livres (ou de "bouquins", terme vulgaire trop souvent utilisé autant par les intellectuels que les non intellectuels), mais de les choisir, quitte à en lire moins. La surconsommation caractérisant notre société concerne aussi les librairies ; et l'excès de lectures finit par tuer le sens de la lecture en tant que loisir et acte intellectuel. On lit pour comprendre, découvrir, retenir, transmettre, rêver, réfléchir. Mais jamais pour s'assurer de n'avoir rien manqué dans ce qui est médiatisé à outrance (le dernier "Onfray", le dernier "BHL", le dernier "Pancol", le dernier "Musso", etc., etc.).
Totalement d'accord avec l'agacement de l'élitisme et de la sacralisation des livres surtout classiques et de la lecture par rapport à d'autres passions! Je savais ce que c'était que l'élitisme, cette attitude juste condescendante et con et moi je suis surtout une fan de séries tv et j'aimais pas lire et le lycée m'avait encore plus dégoûté de ça! J'ai détesté tous les classiques imposés au lycée et non on ne devrait pas être obligé de les lire du tout et si on a jamais lu de classiques, non on n'a pas raté sa vie! Ne pas lire et ne pas aimer lire ne nous fait pas rater notre vie non plus au contraire! Je savais tout ça et je méprisais surtout ceux qui jugeaient les goûts et passions des gens! Quant à la lecture, j'ai aimé ça qu'en 2017 qu'à mes 27 ans après avoir fini mes études depuis un moment et que j'ai pris un livre comme ça à la fnac. Et j'ai découvert mes goûts en livres que depuis 2017 car au lycée, on n'avait pas du tout de lectures variés, on nous faisait bouffer que des classiques et que des classiques littéraires, pas de classiques de polar, policier, ni classiques de SFFF par ex! Tellement pas varié du tout dans les genres imposés au lycée! Ensuite, je fais déjà ce que t'as dit comme conseils qui sont de bons conseils! Je lis si j'en ai envie, si j'ai pas du tout envie de lire, je lis pas, aucune culpabilisation en plus que lire n'est pas une grande passion donc ça ne me manque pas comme d'autres passionnés Je peux ne pas lire mais je ne peux pas m'arrêter de regarder des séries tv en étant accro et en regardant ça et adorant ça depuis petite jusqu'à maintenant! Et la lecture est en dernier dans mes centres d'intérêt tellement divers: J'adore regarder des séries tv, j'adore chanter, j'adore regarder des vidéos c'est ce que je fais tout le temps! J'adore aussi écrire et d'ailleurs je préfère écrire à lire! Et dans les genres que j'aime en lecture: J'aime lire du policier, des thrillers, du contemporain comédie ou militant sérieux, je lis aussi des BD, mangas, webtoon et je lis aussi des essais accessibles et surtout militants! Et même si la sociologie m'intéresse, j'ai jamais lu de bourdieu en livres, j'ai surtout lu un livre d'un sociologue sur "le refus du travail" avec une critique et remise en cause total du travail!
Je vous remercie pour ce partage, pour vos conseils et votre discours; vous êtes également très agréable à écouter (vocabulaire, syntaxe...): j'incite ma fille ado à vous suivre.
Merci pour ce moment^^ une belle reflexion. ça resonne d'autant plus que j'ai commence a avoir du mal a lire pendant le premier confinement (et ça m'angoissait. Mon background avec ça, c'est: dans ma famille a part mon pere, tout le monde aime lire, meme si de maniere variable, ma mere me lisait des bouquins avant de dormir quand j'etais petit. Elle est libraire actuellement. J'ai toujours aime lire, et comme de base j'etais assez solitaire... je me sentais pas oblige, c'etait vraiment un plaisir "Julien il a appris a lire en CP, et depuis il s'est plus arrete. C'etait son refuge, il lisait tout ce qu'il pouvait" disait mon pere) et j'ai assez mal vecu ce moment sans lire, c'etait tellement inhabituel... avant mon record c'etais genre 2 semaines sans lire, a peu pres? mais apres... en fait je lisais sur internet, un e-book sur la revolution française, d'autres trucs... donc bon. Il y a aussi des bouquins qu'on lit dont on ne garde rien ("Salammbo" de flaubert, lu en prepa: aucun souvenir precis) et des choses classiques que j'ai absolument pas aime ("Le dernier jour d'un condamne" Victor Hugo.... je trouve meme pas ça bien ecrit pour un Hugo, le personnage me semble completement generique sans substance, on s'attache pas, manque d'humanite dans le traitement ce qui est un comble vu le sujet. "Belle du seigneur" Albert Cohen personnages detestables, heros d'une misogynie militante, pas une histoire d'amour, une histoire de mepris profond. Lu en 4 jours parce que je voulais finir le plus vite possible^^) ainsi que des auteurs tres reconnus dont j'apprecie le travail et qui sont parfois en dessous... (Jean Starobinski "La relation critique", genial, jubilatoire, tout fait sens d'une maniere lumineuse. "Action et reaction. Vie et aventures d'un couple" Mouais. D'une erudition etourdissante, comme toujours chez Starobinski, donc on apprend evidemment des choses... mais c'est une erudition un peu vide dont on ne voit pas bien ou elle mene... parfois c'est une accumulation. Un biais anti-marxiste assez clair a un moment precis du livre. Lecture de la revolution française actuellement completement depassee par l'historiographie)
Je sais pas si tu as lu "Le premier homme" de Camus, mais il y a un magnifique passage, qui semble très autobiographique, ou Camus, lui aussi évidemment transclasse, parle du rapport enfant et adolescent aux livres, très similaire à ce que tu appelle lecture ''joyeuse'' de divertissement : "dévorant tout pêle-mêle, les deux goinfres avalaient le meilleur en même temps que le pire, sans se soucier d’ailleurs de rien retenir, et ne retenant à peu près rien en effet, qu’une étrange et puissante émotion qui, à travers les semaines, les mois et les années, faisait naître et grandir en eux tout un univers d’images et de souvenirs irréductibles à la réalité où ils vivaient tous les jours, mais certainement non moins présents pour ces enfants ardents qui vivaient leurs rêves aussi violemment que leur vie." (...) "II importait peu que le livre fût mal écrit et grossièrement composé, pourvu qu’il fût clairement écrit et plein de vie violente ; ces livres-là, et eux seuls, leur donnaient leur pâté de rêves, sur lesquels ils pouvaient ensuite dormir lourdement". C'est seulement un petit extrait du passage, mais la description pourrait presque être appliquée mot pour mot à a "littérature pour adolescente" d'héroic fantasy par laquelle beaucoup de nouveau lecteur entrent dans la littérature aujourd'hui. Personnellement je trouve ça très bien, parce que ca prouve dès le départ qu'on peut jouir d'une lecture, comme d'un film, d'un jeu vidéo ou d'autres objets culturels, et ca me parait etre un rapport très vrai et direct à la littérature, qui se traduit d'une manière ou d'une autre dans le rapport ensuite aux classiques et à la littérature plus intellectuelle, un rapport aux livres que n'ont d'ailleurs pas forcément les gens qui ont commencé par les classiques, parce qu'il ''fallait'' absolument les lire
C'est hyper intéressant ! Personnellement, j'ai un rapport plutôt sain je pense au livre du fait que je consomme beaucoup de fanfictions et que j'écris de temps en temps. Il y a un documentaire sur UA-cam sur la fanfiction qui est super !
La réflexion est intéressante, et j'en comprends le principe, mais j'ai encore du mal a l'intégré. De mon côté mon parcours est de classe pauvre - moyenne, (comme dans un autre commentaire je vois), mais plutôt pauvre que moyenne. Mon père est déménageur, ma mère infirmière. Je me retrouve a galérer dans mes études, probablement a cause de problème de neuroatypicité que je ne découvrirai que 20-30 ans plus tard. Bref, je voulais faire L, mais mon niveau en langue étrangère était médiocre. On m'a, comme on dit "conseillé la réonrientation", c'est à dire : on veut pas faire baisser nos quota de réussite, donc pas redoublement, et vous allez ailleurs. Résultat, je fais un BEP électronique, un BAC PRO informatique et réseau... et une fois cela fait je vais en philo à la fac. Autant dire que j'ai galéré. Que je n'avais pas le niveau, et que je crois que la clémence de mes professeurs m'a permis d'y rester. J'ai fini après 7 ans à la fac par avoir mon master 2. Aujourd'hui je suis enseignant contractuel (du coup je reste précaire) en philosophie. Et j'ai toujours la menace autour de moi, que pour tous les autres : c'est normal d'avoir lu, et je devrais avoir certaines bases (que je n'ai pas). Je me suis tournée vers la philo analytique parce que j'en avait marre de ne pas comprendre ce que je lisais, et il faut dire que certains auteurs écrivent extrêmement mal, mais bon, on nous dit "ce sont des classiques", il faut les comprendre, etc. Je galère encore, j'ai beaucoup de livre a lire, mais ne les lit pas a présent car j'ai l'impression qu'en fait ils n'ont aucune utilité, que ça ne sert a rien. Que peu de gens lisent réellement, et que une fois qu'on a lu, et bien : juste rien. Jamais de retour positif, tout le monde s'en fou. P.ê aussi que c'est parce que le milieu dans lequel je suis plus ou moins s'en fou. Après de toute façon, je n'ai plus vraiment de milieu, plus de contact, et je n'arrive pas a me concentrer pour lire donc. Je voulais faire un commentaire positif et constructif, et je me retrouve a vider mon sac. désolé.
Moi j'aime bien ton commentaire, non pas que je sois légitime à valider ou quoi, mais juste pour répondre à la dernière phrase. Nos institutions sont tellement violentes et absurdes, mais c'est pas nouveau... Quand tu parles des livres qui restent à lire et qui te semblent d'aucune utilité, je te suis totalement. Depuis assez peu de temps (genre 1 ou 2 ans max), je me rends compte que beaucoup de "classiques" sont totalement surévalués. En littérature par exemple, c'est un délire, beaucoup de livres de mecs qui se branlent - qui écrivent bien, mais qui écrivent des conneries. Et en philo - je me sens moins légitime à critiquer en vrai car j'ai toujours l'impression que c'est juste moi qui suis conne - mais j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de grosses conneries aussi, beaucoup d’œuvres où l'auteur se base sur rien et raconte n'importe quoi mais en mode érudit. Après, certains classiques peuvent avoir un intérêt dans l'histoire des idées etc., mais de là à tout lire pour avoir tout lu, la flemme. Et au contraire, beaucoup de livres super justes et utiles dans nos vies sont sous-estimés, moqués etc. Le souci, c'est que la violence symbolique et la pression sociale sont si grandes qu'il m'a fallu d'abord "tout" lire pour ensuite oser critiquer...
@@darah1250 J'arrive sur le tard, mais j'utilise tes vidéos pour mes élèves (zone rurale, avec un bon pool d'élèves qui veulent aller en prépa ) notamment en HLP, bref, ce serait quoi du coup pour toi les livres super justes et utiles qui sont sous estimés? Merci d'avance pour ta réponse.
Bonjour Darah, Je suis comme vous tombé sous le charme du livre de Pierre Bayard. Je viens d’ailleurs de le relire (oups…une autre typologie : les livres relus 😉) pour en parler auprès d’un public d’étudiants en Master de littérature. J’ai eu le bonheur de voir votre vidéo dans laquelle vous parlez brillamment du livre de M. Bayard (j’espère qu’il en a pris connaissance). M’autorisez-vous à leur montrer les 10 dernières minutes relatives à votre expérience personnelle d’étudiante (à partir de la 19ème minute) ? J’aimerais tellement que votre témoignage puisse trouver un écho auprès de ces étudiants à qui je m’adresse non pas en tant qu’enseignant mais professionnel de l’édition. Je vais de ce pas visionner votre intervention sur votre parcours transclasse qui aura forcément une résonance pour moi. Merciiii
Merci pour cette vidéo et pour toutes les autres! Je me retrouve dans certaines choses que tu dis, notamment ce devoir moral envers soi-même qu'on a de finir tout livre qu'on a commencé, et duquel j'ai encore du mal à me détacher. Mais pour le reste je pense avoir eu toujours un rapport assez libre aux livres et aux classiques littéraires, n'étant pas passé par la classe prépa. J'ai l'impression d'avoir connu un changement de milieu inverse au tien (je ne dirais pas réellement de classe sociale, mais plutôt de milieu socio-culturel): étant promis vu mes résultats scolaires et mon milieu plutôt aisé à des études intellectuelles (type prépa-grandes écoles), j'ai préféré faire un BTS audiovisuel car je voulais travailler dans le cinéma (but atteint aujourd'hui, en tant que technicien caméra). J'aurais juste une question, est-ce que depuis ton adolescence tu t'es remis à lire de la fantasy? J'étais un grand lecteur quand j'étais ado (Tolkien, Harry Potter, à la croisée des mondes, chroniques de Krondor, etc) et j'ai arrêté pendant longtemps d'en lire, mais maintenant j'essaye de m'y remettre, avec mon exigence littéraire qui a grandi entre temps (je n'arrive plus à lire un livre que je trouve trop mal écrit). En tout cas je trouve que c'est un genre sous valorisé, notamment en France mais qui peut être très riche, il a plein de potentialités qu'on réserve d'habitude à la science fiction (notamment sur les enjeux politiques, écologiques, féministes...)
On parle de culture dominante associée à la lecture de livres classiques mais cette vision n'est possible qu'en focalisant son attention sur un microcosme de personnes passées par une prépa dans un pays riche fortement marquée par son histoire littéraire et d'autant plus en vivant à Paris, capitale de la culture. En echangeant avec des personnes d'autres milieux, pays, on prend compte de ce relativisme de ce qui a de la valeur. Il n'y a pas de loisir supérieur. Tout peut apporter quelque chose dans nos vies. Tout peut susciter des réflexions, prises de conscience, actions. L'excès de tout est mauvais. Le bonheur réside dans l'équilibre.
Je ressens chez toi, dans ton passé du moins, comme chez moi, ancien étudiant de classe préparatoire littéraire, ce rapport quelque peu névrotique à la lecture comme devoir, lié à ce sentiment angoissant d'urgence acquis en classe prépa et que diagnostique Muriel Darmon. Intériorisation d'un productivisme des loisirs dont tu transmets le sentiment. Vidéo qui m'a fait pensé à la confession de ma professeure de lettres modernes de prépa, lors d'un dîner chez elle. Entourée de son étouffante bibliothèque, elle nous lâche : "Parfois, j'ai bien envie de brûler tous mes livres"....
Et ma professeure de philosophie : "On ne change pas le monde avec une bibliothèque"... Un rapport au livre problématique non seulement pour les transclasses, mais pour tous les productivistes de la lecture...
Apres la lecture d un ouvrage théorique, j ai l impression que qqes semaines après il ne me reste plus rien Toutes les idées que je trouvais géniales sont oubliées.. Aurais tu une recette pour faciliter l appropriation des connaissances, garder en mémoire le point de vue de l auteur, des phrases clés.. ? NB la domination masculine.. impossible de lire..phrase trop longue et vocabulaire très trop stylisé,.faut il resister a la difficulté ?
Je suppose que c’est une question sur Louis le Grand ? J’y étais entre 2010 et 2013, et je crois que tous les profs que j’ai eus à l’époque sont désormais à la retraite.
@@darah1250 ok lol! je me tape tes vidéos après en être sorti et avant d’entrer à l’ens; cependant mes années à Llg (en mp) m’ont pas laissé le même goût que toi: j’ai pas eu l’impression en MP* d’un vrai décalage avec les camarades tant la plupart avait des hobbies plutôt normaux (foot, jeux videos, youtube etc)
11:05 "clore" serait plus adapté que "clôturer". Je me permets de le préciser. Tu parles très bien, et en évitant cette erreur tu parleras mieux encore. :)
C'est un vrai plaisir d'écouter quelqu'un parler avec une tel allocution, qui plus est nous donne sont ressenti. C'est vraiment motivant
Je prends tes vidéos dans le désordre et je me régale. Lectrice compulsive,autrice de débuts de livres pour tiroir, je me souviens de mon très lointain passage en fac de lettre, à l’époque du structuralisme triomphant, ( début des années 70), où on m’a cassé mon trésor à force de dépiauter les textes comme d’autres les pinces de crabes. Un massacre. Tu arrives en croyant que tu vas danser, et tu tombes en plein cours d’anatomie. A presque 50 ans de distance, je me souviens encore du programme... de sa pesanteur, de la détresse de perdre l’amour de ma vie.
Le rejet du ”classique” a été énorme, je n’ai gardé que Flaubert et Proust, parceque oui, je les trouvais plein d’humour. ( mais si,si, Proust est souvent drôle).
Après cette diète j’ai retrouvé le goût de lire, tout les genres nobles ou pas, sauf les russes dont les noms à rallonge me perdent en route ( voir le pastiche rigolo que Woody Allen a fait de ”guerre et paix”, ”guerre et amour” ) et les livres sinistres de ceux que Nancy Huston appelle les professeurs de désespoir.
Curieuse expérience de l’institution en tant que tueuse de passion.
Un plaisir de visionner vos vidéos. Merci pour vos efforts
Très chouette vidéo, je passe enfin sur ta chaîne via les recommandations de Guillaume :)
Ton témoignage fait écho au mien, à la différence (majeure!) près que je n'ai pas fait de prépa, mais ai suivi un parcours fac en distanciel. Je suis cela dit passée d'une famille dans laquelle aucun de mes deux parents n'a le bac, à un statut d'agrégée de philosophie. Parcours marqué par des "rush" de compensation culturelle que tu décris, un peu moins méthodiques et exigeants cela dit :D Ado je lisais assez peu, mais dès le lycée j'ai traversé mes premières phases d'exaltation littéraire avec un grand L. J'ai adoré Madame Bovary, Guerre et Paix, le Guépard, la poésie russe, etc. Arrivée en fac je lisais pour la fac, pour le boulot. L'année de prépa agreg se rapproche sans doute de ce que tu décris pour la prépa, avec un objectif de performance culturelle à la fois éreintant et stimulant. Je me souviens m'être dit à l'époque: maintenant que tu as le concours en poche, tu vas pouvoir te mettre à *vraiment* lire de la philosophie, sans objectif bassement scolaire. Je me revois encore faire le plein de Kant chez Vrin, et... je n'ai jamais lu ces bouquins. En fait, une fois le cap de l'agreg passé, je n'ai presque plus lu de philo. Je lis des articles pour les besoins de mes cours, quelques essais contemporains, mais je n'ai jamais fait cette grande plongée dans les classiques que je m'étais promise. Mon rapport à la littérature a aussi complètement changé. N'ayant plus rien à prouver, je me suis mise à lire tout ce que les gens de mon âge lisaient ado: je me suis fait tous les Tolkien, Harry Potter, à la Croisée des Mondes, etc. Et j'ai adoré. Je continue de lire des classiques, mais avec la nonchalance que permet le fait d'être passée de l'autre côté de la barrière. Je ressens toujours une forme de culpabilité à l'idée de lire "pour rien", ou de ne pas finir un livre, mais je combats ça par l'humour et l'autodérision. Discuter de mes lectures sans prétention sur les réseaux m'a aussi beaucoup aidée, idem pour les communautés comme Goodreads, qui peuvent être stimulantes quand elles sont bien utilisées.
Désolée pour ce pavé, et bravo pour ta chaîne et la grande qualité de ton propos!
PS: tu as une voix très agréable à écouter!
Hello Louise, merci beaucoup de ton long commentaire, c'est vraiment super intéressant. Ces sujets demeurent hyper tabous, surtout dans les milieux intello/universitaires, et ça fait du bien de partager et de se sentir moins seul.e. J'avoue avoir eu quelques moments de stress en tournant la vidéo, alors que je pensais être méga sereine vis-à-vis de tout ça... Pour rebondir sur la culpabilité, moi aussi je la sens poindre régulièrement, et perso j'essaie de la combattre à la source en me martelant à moi-même "le bien-être avant tout", ou "te laisse pas voir par cette pression sociale à la con"^^ Et merci ++ aussi pour les encouragements, ça fait grave plaisir :) A bientôt !
Bonjour Darah. Je ne commente jamais mais je suis tombée sur ta chaîne par hasard et j'ai déjà regardé quelques vidéos. Attention commentaire long ! Je suis hyper heureuse de trouver une chaîne comme la tienne qui parle de sociologie et de littérature. Je me sens assez proche de ton parcours et j'ai les même interrogations et réflexions. Pour ma part je suis d'un milieu classe moyenne basse, mais contrairement à toi je n'ai pas réussi à en sortir. Je suis ok avec ça et je le vis très bien. Un heureux hasard a fait que j'ai toujours aimé lire et ça m'a réellement sauvé la vie. La lecture (fiction et essais sociologiques principalement, un peu de philo depuis quelques années) m'a donné les armes intellectuelles pour prendre du recul par rapport à mon milieu social, mon parcours et la façon dont je me positionne dans la société. La notion de culpabilité que tu soulèves dans la vidéo est hyper intéressante parce que je l'ai souvent ressentie. Quand je traversais des périodes (et encore aujourd'hui) sans lecture je me culpabilisais : en plus d'être une beauf, je n'étais même pas capable de me bouger le cul pour ne plus l'être... Donc merci de rappeler que la lecture de classiques ou de livres "sérieux" n'est pas une activité linéaire, il y a des périodes avec et des périodes sans... Et tant pis si je ne comprends pas Barthes (j'ai vraiment vraiment du mal, un échec total) il y a plein d'autres choses à lire !
kiwitate Hello ! Merci++ de ce partage. Et oui, combattons cette culpabilité, qui nous vient clairement de la société violente dans laquelle on vit. La question d’être « beauf », de ne pas avoir d’occupation noble etc., renvoie au classisme qu’on subit tout le temps : on nous fait nous sentir responsables et honteux en tant qu’individus alors qu’on fait partie d’un système mega violent qui est à la fois l’origine et le moteur des inégalités, notamment culturelles... Et je rebondis sur ta remarque sur Barthes, car ça me fait penser aux questions de posture face à la culture dominante. J’ai longtemps été grave impressionnée par les personnes cultivées/privilégiées qui osaient juger les livres classiques. Un de mes proches, après sa lecture des Fragments d’un discours amoureux, avait dit qu’il trouvait que c’était de la merde en mode psychanalyse à la con + style adolescent, et que ça lui parlait pas du tout. Alors je dis pas qu’il faut prendre ce genre d’attitude, mais osons dire qu’un truc nous apporte rien plutôt que de toujours penser qu’on « n’arrive pas » à le comprendre. Enfin je sais que c’est pas facile à faire mais ça aide de se donner le droit :)
Merci beaucoup pour cette vidéo ! Voulant moi-même faire des études littéraires (je pense davantage à la prépa) et ayant été une grosse lectrice étant plus jeune, avec un rapport à la lecture que je qualifierais a posteriori de "sain" (pas de pression, un réel plaisir...), c'est très déculpabilisant. En effet, depuis deux ans que j'envisage de faire des études littéraires, je me dis souvent qu'il faut que je lise "plus de classiques", ce que j'essaie de faire mais évidemment je n'y arrive pas ou peu. De plus en plus, ça vient, mais la lecture n'est plus pour moi le plaisir qu'elle fût auparavant. Je vais donc essayer d'appliquer tes conseils et éviter de vouloir me mettre tout de suite à lire Proust !
L'idée de "tordre" un classique me plaît également beaucoup, évidemment j'ai beaucoup de mal à le faire. Je suis aussi passée complètement à côté de l'Etranger, j'ai davantage aimé la Peste où je ne sais pas si la notion d'absurde est si présente. Je commence aussi beaucoup de livres que je ne finis pas et je culpabilise vraiment beaucoup par rapport à ça, mais ta vidéo précédente m'a déjà fait un peu relativiser.
En tout cas, je suis super heureuse d'avoir trouvé ta chaîne, une véritable mine d'or pour moi, qui m'apporte beaucoup !! :)
Précisons ceci : l'important n'est pas de se "gaver" de livres (ou de "bouquins", terme vulgaire trop souvent utilisé autant par les intellectuels que les non intellectuels), mais de les choisir, quitte à en lire moins. La surconsommation caractérisant notre société concerne aussi les librairies ; et l'excès de lectures finit par tuer le sens de la lecture en tant que loisir et acte intellectuel. On lit pour comprendre, découvrir, retenir, transmettre, rêver, réfléchir. Mais jamais pour s'assurer de n'avoir rien manqué dans ce qui est médiatisé à outrance (le dernier "Onfray", le dernier "BHL", le dernier "Pancol", le dernier "Musso", etc., etc.).
Totalement d'accord avec l'agacement de l'élitisme et de la sacralisation des livres surtout classiques et de la lecture par rapport à d'autres passions! Je savais ce que c'était que l'élitisme, cette attitude juste condescendante et con et moi je suis surtout une fan de séries tv et j'aimais pas lire et le lycée m'avait encore plus dégoûté de ça! J'ai détesté tous les classiques imposés au lycée et non on ne devrait pas être obligé de les lire du tout et si on a jamais lu de classiques, non on n'a pas raté sa vie!
Ne pas lire et ne pas aimer lire ne nous fait pas rater notre vie non plus au contraire!
Je savais tout ça et je méprisais surtout ceux qui jugeaient les goûts et passions des gens!
Quant à la lecture, j'ai aimé ça qu'en 2017 qu'à mes 27 ans après avoir fini mes études depuis un moment et que j'ai pris un livre comme ça à la fnac.
Et j'ai découvert mes goûts en livres que depuis 2017 car au lycée, on n'avait pas du tout de lectures variés, on nous faisait bouffer que des classiques et que des classiques littéraires, pas de classiques de polar, policier, ni classiques de SFFF par ex!
Tellement pas varié du tout dans les genres imposés au lycée! Ensuite, je fais déjà ce que t'as dit comme conseils qui sont de bons conseils!
Je lis si j'en ai envie, si j'ai pas du tout envie de lire, je lis pas, aucune culpabilisation en plus que lire n'est pas une grande passion donc ça ne me manque pas comme d'autres passionnés
Je peux ne pas lire mais je ne peux pas m'arrêter de regarder des séries tv en étant accro et en regardant ça et adorant ça depuis petite jusqu'à maintenant! Et la lecture est en dernier dans mes centres d'intérêt tellement divers: J'adore regarder des séries tv, j'adore chanter, j'adore regarder des vidéos c'est ce que je fais tout le temps!
J'adore aussi écrire et d'ailleurs je préfère écrire à lire! Et dans les genres que j'aime en lecture: J'aime lire du policier, des thrillers, du contemporain comédie ou militant sérieux, je lis aussi des BD, mangas, webtoon et je lis aussi des essais accessibles et surtout militants! Et même si la sociologie m'intéresse, j'ai jamais lu de bourdieu en livres, j'ai surtout lu un livre d'un sociologue sur "le refus du travail" avec une critique et remise en cause total du travail!
Vous parlez très bien de la lecture, c'est un plaisir de vous écouter en parler. Bravo!
Je vous remercie pour ce partage, pour vos conseils et votre discours; vous êtes également très agréable à écouter (vocabulaire, syntaxe...): j'incite ma fille ado à vous suivre.
Merci pour ce moment^^ une belle reflexion. ça resonne d'autant plus que j'ai commence a avoir du mal a lire pendant le premier confinement (et ça m'angoissait. Mon background avec ça, c'est: dans ma famille a part mon pere, tout le monde aime lire, meme si de maniere variable, ma mere me lisait des bouquins avant de dormir quand j'etais petit. Elle est libraire actuellement. J'ai toujours aime lire, et comme de base j'etais assez solitaire... je me sentais pas oblige, c'etait vraiment un plaisir "Julien il a appris a lire en CP, et depuis il s'est plus arrete. C'etait son refuge, il lisait tout ce qu'il pouvait" disait mon pere) et j'ai assez mal vecu ce moment sans lire, c'etait tellement inhabituel... avant mon record c'etais genre 2 semaines sans lire, a peu pres? mais apres... en fait je lisais sur internet, un e-book sur la revolution française, d'autres trucs... donc bon. Il y a aussi des bouquins qu'on lit dont on ne garde rien ("Salammbo" de flaubert, lu en prepa: aucun souvenir precis) et des choses classiques que j'ai absolument pas aime ("Le dernier jour d'un condamne" Victor Hugo.... je trouve meme pas ça bien ecrit pour un Hugo, le personnage me semble completement generique sans substance, on s'attache pas, manque d'humanite dans le traitement ce qui est un comble vu le sujet. "Belle du seigneur" Albert Cohen personnages detestables, heros d'une misogynie militante, pas une histoire d'amour, une histoire de mepris profond. Lu en 4 jours parce que je voulais finir le plus vite possible^^) ainsi que des auteurs tres reconnus dont j'apprecie le travail et qui sont parfois en dessous... (Jean Starobinski "La relation critique", genial, jubilatoire, tout fait sens d'une maniere lumineuse. "Action et reaction. Vie et aventures d'un couple" Mouais. D'une erudition etourdissante, comme toujours chez Starobinski, donc on apprend evidemment des choses... mais c'est une erudition un peu vide dont on ne voit pas bien ou elle mene... parfois c'est une accumulation. Un biais anti-marxiste assez clair a un moment precis du livre. Lecture de la revolution française actuellement completement depassee par l'historiographie)
Je sais pas si tu as lu "Le premier homme" de Camus, mais il y a un magnifique passage, qui semble très autobiographique, ou Camus, lui aussi évidemment transclasse, parle du rapport enfant et adolescent aux livres, très similaire à ce que tu appelle lecture ''joyeuse'' de divertissement :
"dévorant tout pêle-mêle, les deux goinfres avalaient le meilleur en même temps que le pire, sans se soucier d’ailleurs de rien retenir, et ne retenant à peu près rien en effet, qu’une étrange et puissante émotion qui, à travers les semaines, les mois et les années, faisait naître et grandir en eux tout un univers d’images et de souvenirs irréductibles à la réalité où ils vivaient tous les jours, mais certainement non moins présents pour ces enfants ardents qui vivaient leurs rêves aussi violemment que leur vie." (...) "II importait peu que le livre fût mal écrit et grossièrement composé, pourvu qu’il fût clairement écrit et plein de vie violente ; ces livres-là, et eux seuls, leur donnaient leur pâté de rêves, sur lesquels ils pouvaient ensuite dormir lourdement".
C'est seulement un petit extrait du passage, mais la description pourrait presque être appliquée mot pour mot à a "littérature pour adolescente" d'héroic fantasy par laquelle beaucoup de nouveau lecteur entrent dans la littérature aujourd'hui. Personnellement je trouve ça très bien, parce que ca prouve dès le départ qu'on peut jouir d'une lecture, comme d'un film, d'un jeu vidéo ou d'autres objets culturels, et ca me parait etre un rapport très vrai et direct à la littérature, qui se traduit d'une manière ou d'une autre dans le rapport ensuite aux classiques et à la littérature plus intellectuelle, un rapport aux livres que n'ont d'ailleurs pas forcément les gens qui ont commencé par les classiques, parce qu'il ''fallait'' absolument les lire
Cette vidéo est vraiment intéressante, je m'y reconnais. Merci
C'est hyper intéressant !
Personnellement, j'ai un rapport plutôt sain je pense au livre du fait que je consomme beaucoup de fanfictions et que j'écris de temps en temps.
Il y a un documentaire sur UA-cam sur la fanfiction qui est super !
La réflexion est intéressante, et j'en comprends le principe, mais j'ai encore du mal a l'intégré.
De mon côté mon parcours est de classe pauvre - moyenne, (comme dans un autre commentaire je vois), mais plutôt pauvre que moyenne. Mon père est déménageur, ma mère infirmière. Je me retrouve a galérer dans mes études, probablement a cause de problème de neuroatypicité que je ne découvrirai que 20-30 ans plus tard.
Bref, je voulais faire L, mais mon niveau en langue étrangère était médiocre. On m'a, comme on dit "conseillé la réonrientation", c'est à dire : on veut pas faire baisser nos quota de réussite, donc pas redoublement, et vous allez ailleurs. Résultat, je fais un BEP électronique, un BAC PRO informatique et réseau... et une fois cela fait je vais en philo à la fac.
Autant dire que j'ai galéré. Que je n'avais pas le niveau, et que je crois que la clémence de mes professeurs m'a permis d'y rester. J'ai fini après 7 ans à la fac par avoir mon master 2.
Aujourd'hui je suis enseignant contractuel (du coup je reste précaire) en philosophie. Et j'ai toujours la menace autour de moi, que pour tous les autres : c'est normal d'avoir lu, et je devrais avoir certaines bases (que je n'ai pas).
Je me suis tournée vers la philo analytique parce que j'en avait marre de ne pas comprendre ce que je lisais, et il faut dire que certains auteurs écrivent extrêmement mal, mais bon, on nous dit "ce sont des classiques", il faut les comprendre, etc.
Je galère encore, j'ai beaucoup de livre a lire, mais ne les lit pas a présent car j'ai l'impression qu'en fait ils n'ont aucune utilité, que ça ne sert a rien. Que peu de gens lisent réellement, et que une fois qu'on a lu, et bien : juste rien.
Jamais de retour positif, tout le monde s'en fou. P.ê aussi que c'est parce que le milieu dans lequel je suis plus ou moins s'en fou. Après de toute façon, je n'ai plus vraiment de milieu, plus de contact, et je n'arrive pas a me concentrer pour lire donc.
Je voulais faire un commentaire positif et constructif, et je me retrouve a vider mon sac. désolé.
Moi j'aime bien ton commentaire, non pas que je sois légitime à valider ou quoi, mais juste pour répondre à la dernière phrase. Nos institutions sont tellement violentes et absurdes, mais c'est pas nouveau... Quand tu parles des livres qui restent à lire et qui te semblent d'aucune utilité, je te suis totalement. Depuis assez peu de temps (genre 1 ou 2 ans max), je me rends compte que beaucoup de "classiques" sont totalement surévalués. En littérature par exemple, c'est un délire, beaucoup de livres de mecs qui se branlent - qui écrivent bien, mais qui écrivent des conneries. Et en philo - je me sens moins légitime à critiquer en vrai car j'ai toujours l'impression que c'est juste moi qui suis conne - mais j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de grosses conneries aussi, beaucoup d’œuvres où l'auteur se base sur rien et raconte n'importe quoi mais en mode érudit. Après, certains classiques peuvent avoir un intérêt dans l'histoire des idées etc., mais de là à tout lire pour avoir tout lu, la flemme. Et au contraire, beaucoup de livres super justes et utiles dans nos vies sont sous-estimés, moqués etc. Le souci, c'est que la violence symbolique et la pression sociale sont si grandes qu'il m'a fallu d'abord "tout" lire pour ensuite oser critiquer...
@@darah1250 J'arrive sur le tard, mais j'utilise tes vidéos pour mes élèves (zone rurale, avec un bon pool d'élèves qui veulent aller en prépa ) notamment en HLP, bref, ce serait quoi du coup pour toi les livres super justes et utiles qui sont sous estimés? Merci d'avance pour ta réponse.
@@lilaechard4029 Hello 🙂 Merci de ton message. Grosse question ! Tu es sur Insta ou Twitter pour en parler en mp?
@@darah1250 ni l'un ni l'autre mais ça tombe bien... Je voulais te contacter. Tu n'es pas sur Facebook ?
Commentaire très intéressant en tout cas. Tu devrais vider ton sac plus souvent.
Bonjour Darah,
Je suis comme vous tombé sous le charme du livre de Pierre Bayard. Je viens d’ailleurs de le relire (oups…une autre typologie : les livres relus 😉) pour en parler auprès d’un public d’étudiants en Master de littérature. J’ai eu le bonheur de voir votre vidéo dans laquelle vous parlez brillamment du livre de M. Bayard (j’espère qu’il en a pris connaissance).
M’autorisez-vous à leur montrer les 10 dernières minutes relatives à votre expérience personnelle d’étudiante (à partir de la 19ème minute) ?
J’aimerais tellement que votre témoignage puisse trouver un écho auprès de ces étudiants à qui je m’adresse non pas en tant qu’enseignant mais professionnel de l’édition.
Je vais de ce pas visionner votre intervention sur votre parcours transclasse qui aura forcément une résonance pour moi.
Merciiii
Bonjour et merci mille fois pour tes vidéos. Oserais-je te demander quelle liste de livres et films tu as utilisé s'il te plaît?
les livres sont toujours venus à moi, les livres qu'on me suggère, je les fuis en général, sauf si la suggestion m'aimante
Merci pour cette vidéo et pour toutes les autres! Je me retrouve dans certaines choses que tu dis, notamment ce devoir moral envers soi-même qu'on a de finir tout livre qu'on a commencé, et duquel j'ai encore du mal à me détacher. Mais pour le reste je pense avoir eu toujours un rapport assez libre aux livres et aux classiques littéraires, n'étant pas passé par la classe prépa. J'ai l'impression d'avoir connu un changement de milieu inverse au tien (je ne dirais pas réellement de classe sociale, mais plutôt de milieu socio-culturel): étant promis vu mes résultats scolaires et mon milieu plutôt aisé à des études intellectuelles (type prépa-grandes écoles), j'ai préféré faire un BTS audiovisuel car je voulais travailler dans le cinéma (but atteint aujourd'hui, en tant que technicien caméra).
J'aurais juste une question, est-ce que depuis ton adolescence tu t'es remis à lire de la fantasy? J'étais un grand lecteur quand j'étais ado (Tolkien, Harry Potter, à la croisée des mondes, chroniques de Krondor, etc) et j'ai arrêté pendant longtemps d'en lire, mais maintenant j'essaye de m'y remettre, avec mon exigence littéraire qui a grandi entre temps (je n'arrive plus à lire un livre que je trouve trop mal écrit). En tout cas je trouve que c'est un genre sous valorisé, notamment en France mais qui peut être très riche, il a plein de potentialités qu'on réserve d'habitude à la science fiction (notamment sur les enjeux politiques, écologiques, féministes...)
Je n'ai pas encore lu Comment parler des livres qu'on a pas lus . Je vais le lire, ça me permettra d'en parler ! ;-)
On parle de culture dominante associée à la lecture de livres classiques mais cette vision n'est possible qu'en focalisant son attention sur un microcosme de personnes passées par une prépa dans un pays riche fortement marquée par son histoire littéraire et d'autant plus en vivant à Paris, capitale de la culture. En echangeant avec des personnes d'autres milieux, pays, on prend compte de ce relativisme de ce qui a de la valeur.
Il n'y a pas de loisir supérieur. Tout peut apporter quelque chose dans nos vies. Tout peut susciter des réflexions, prises de conscience, actions.
L'excès de tout est mauvais. Le bonheur réside dans l'équilibre.
Excellent merci
Quand tu dis que tu as acquis la culture dominante, c est par le biais de tes études ? Vidéo intéressante
Je ressens chez toi, dans ton passé du moins, comme chez moi, ancien étudiant de classe préparatoire littéraire, ce rapport quelque peu névrotique à la lecture comme devoir, lié à ce sentiment angoissant d'urgence acquis en classe prépa et que diagnostique Muriel Darmon. Intériorisation d'un productivisme des loisirs dont tu transmets le sentiment. Vidéo qui m'a fait pensé à la confession de ma professeure de lettres modernes de prépa, lors d'un dîner chez elle. Entourée de son étouffante bibliothèque, elle nous lâche : "Parfois, j'ai bien envie de brûler tous mes livres"....
Et ma professeure de philosophie : "On ne change pas le monde avec une bibliothèque"... Un rapport au livre problématique non seulement pour les transclasses, mais pour tous les productivistes de la lecture...
Wouuuuuuuuuh
Apres la lecture d un ouvrage théorique, j ai l impression que qqes semaines après il ne me reste plus rien
Toutes les idées que je trouvais géniales sont oubliées..
Aurais tu une recette pour faciliter l appropriation des connaissances, garder en mémoire le point de vue de l auteur, des phrases clés.. ?
NB la domination masculine.. impossible de lire..phrase trop longue et vocabulaire très trop stylisé,.faut il resister a la difficulté ?
Darah tu as eu Froloff en français ou Robin?
Je suppose que c’est une question sur Louis le Grand ? J’y étais entre 2010 et 2013, et je crois que tous les profs que j’ai eus à l’époque sont désormais à la retraite.
@@darah1250 ok lol! je me tape tes vidéos après en être sorti et avant d’entrer à l’ens; cependant mes années à Llg (en mp) m’ont pas laissé le même goût que toi: j’ai pas eu l’impression en MP* d’un vrai décalage avec les camarades tant la plupart avait des hobbies plutôt normaux (foot, jeux videos, youtube etc)
J’aime pas sait video >:(
11:05 "clore" serait plus adapté que "clôturer". Je me permets de le préciser. Tu parles très bien, et en évitant cette erreur tu parleras mieux encore. :)