Soirée d’hommage à Alfredo CORRADO

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  • Опубліковано 25 січ 2025

КОМЕНТАРІ • 2

  • @IVTParis
    @IVTParis  3 місяці тому +1

    10min45 - Discours d’Agnès Vourc'h :
    Merci à Claire de m’avoir proposé de faire ce témoignage.
    Je vais parler. Les gens qui me connaissent savent que je connais un petit peu la langue des signes. Mais je vais parler parce que je voudrais que les signes qui vont être transmis soient de bonne qualité. Comme je suis émue, je préfère parler.
    Depuis le décès d'Alfredo, sur Facebook en particulier, il y a eu énormément d'hommages. Je ne sais pas trop quoi dire de plus. Oui, effectivement, j'étais là quand il y a eu les premiers dictionnaires. J'étais la linguiste de service avec tous les sourds qui étaient autour de nous, avec Bill, posant des questions pour savoir si ce signe était un nom, un verbe ou un adjectif. Enfin, bon, c’était vraiment une recherche linguistique, sociolinguistique, presque archéologique, parce que cela faisait très longtemps que les signes n'étaient pas cités.
    Alfredo était une personne particulière, à part, comme toute personne hors du commun. C'était un personnage intriguant, voire déstabilisant, parfois dur et sévère, méfiant, mais aussi parfois tendre, gai, souriant et drôle.
    Pour moi, entendante débutante à l’IVT, au château de Vincennes, il était très intimidant. Je n'osais pas trop l'approcher, de peur de me faire repousser. Il faut dire qu'à ce moment-là, à la fin des années 70, début des années 80, l’éveil sourd n’en était qu’à ses balbutiements. Petit à petit, et surtout depuis ses retours à Paris ces dernières années, une véritable amitié s’est créée entre nous, une confiance réciproque. À vrai dire, je n’ai jamais bien compris à quoi était dû ce changement. Ma fidélité, envers et contre tout, à l'IVT ? Et au-delà, à la reconnaissance de la LSF et de la citoyenneté sourde ? Mon amitié avec Bill et Ralph, avec Rachilde, Victor, Michel, Emmanuelle, et tous les autres ? Le fait que je sois toujours restée entendante "profonde", comme l’a dit Rachilde, et n’aie jamais joué à être sourde ? Je ne sais pas, mais cette confiance m’oblige.
    Pour finir, l’action d’Alfredo et de tous les autres, outre qu’elle ait permis l’éveil sourd, a aussi permis l’éveil entendant. Nos yeux se sont décillés grâce à vous tous, à la découverte de la LSF, au théâtre, à Alfredo.
    Dans ce lieu mythique de la création sourde, n’oublions jamais que le théâtre est le plus beau passeur de culture. Merci, Alfredo, et à bientôt.
    13min48 - Claire : Merci Agnès. Je vais donner la parole maintenant à un homme qui venait souvent à IVT. Il était assez accro parce qu’il habitait à côté, et qui a travaillé aux côtés d’Alfredo parce qu’il a créé énormément de pièces, que je suis sûre que vous connaissez : LMS par exemple, EDNOM, Exercices de signes, Album.
    Il s’agit de Didier Flory, qui va nous rejoindre sur scène.
    14min20 - Discours de Didier Flory :
    Bonsoir, ça ne marche pas, bonsoir.
    Alors, du coup, comme Agnès, ma langue de l’émotion est quand même d’abord ma langue maternelle. Parler d'Alfredo… Dans le film de Julien Bourges, je dis qu’avant Alfredo, la communauté sourde vivait dans une forme d'obscurité. L'image de l'obscurité, et l'image de la lumière qui est arrivée avec Alfredo, a été reprise par Emmanuelle, par Victor, par Chantal, par Ronit, je crois aussi. Bref, elle s'impose d’un coup.
    Alors, Yann n'est pas là, mais je pense qu'il me tirerait les oreilles en me disant que la communauté sourde existait, vivait, était vivante avec le sport, avec des rencontres, avec des banquets. Évidemment, mais avec Alfredo, il y a deux mots qu'on a pu coller l'un à côté de l'autre : culture sourde. Ça, ce n'était pas évident. Comment les sourds, dont on fait une définition négative - les sourds, ce sont des gens qui n'entendent pas, ou pas très bien, ou pas beaucoup - peuvent-ils avoir une culture à eux ? Je pense que Yann en ferait une définition extrêmement pertinente ; moi, je vais simplement faire un rappel.
    Agnès parlait du château de Vincennes et des cours de langue des signes. J'ai assisté, comme élève, à ces tout premiers cours de langue des signes dans la tour du village. Un jour, Alfredo nous a fait un cours, et avec toute la finesse d'Alfredo, il nous a dit en quelques gestes ce que c'était la culture sourde. Je pense qu'Emmanuelle s'en souvient ; elle était petite à l'époque, mais je pense qu'Emmanuelle s’en souvient. Alfredo avait pris un foulard, et nous étions tous en rond. Il avait lancé le foulard, puis nous le lancions, puis nous le relancions. Alfredo venait de nous expliquer, de façon très poétique, ce qu’était la culture sourde. C’est une culture visuelle. Celui qui s’exprime doit être vu des autres, et la culture sourde, la culture visuelle, elle est merveilleuse par les spectacles extrêmement iconiques, les premiers spectacles d’Alfredo, mais elle a aussi cette contrainte. Cette contrainte, c’est : il faut que je voie le personnage, il faut que je voie celui qui joue.
    Alors, concernant mon histoire avec Alfredo, évidemment j’ai vu 50 fois Les Enfants du silence dans la première et la deuxième version, et la pièce n'était pas totalement accessible aux sourds. Je pense qu’Emmanuelle sera d’accord avec moi ; il y a beaucoup de passages où ça parle exclusivement. Il y a aussi des passages en français signé. Jean Dalric utilisait un français signé. C’était magnifique. D’abord, c’était un bel homme et, en plus de ça, il le faisait de façon extrêmement harmonieuse, extrêmement performante, je dirais. Mais bon…
    Alors, j’ai dit à Alfredo timidement : "Ben, j'ai écrit une petite pièce, ça s'appelle Ednom." Et ça se signe "le monde à l'envers". Donc, je dis : "On va faire l’envers, on va mettre un entendant dans la situation."
    Ça a été huit ans de collaboration avec Alfredo, pendant lesquels nous avons créé 5 spectacles. Nous avons créé 5 spectacles à partir d’idées que je proposais, que Alfredo recevait ou ne recevait pas. On échangeait, ça a été un travail, une vraie collaboration profonde, dans le respect de l'un et de l'autre. Accessoirement, des idées. Ça a aussi été 5 spectacles qui ont eu des styles différents, des thèmes différents.
    Et après Les Enfants du Silence, nous nous étions dit, je m’étais dit : "Voilà, nous avons captivé le public entendant avec une pièce qui a eu énormément de succès, il ne faut pas qu'on perde le public entendant non plus." Donc, nous avons chaque fois cherché une forme différente.
    Voilà, je ne voudrais pas être plus long. Je voudrais terminer en reprenant ce qu’Agnès vient de dire et ce que, pardon, Jennifer vient de dire concernant les gilets vibrants, les interprètes sur scène, etc.
    Retournons, c’est ce que voulait dire Jennifer, retournons aux sources. Enfin et surtout, je continue à créer des spectacles dans l’ouest, à Angers, bientôt au Mans, et retournons aux sources. Parce que attention, via Accès Culture, je ne suis pas un grand fan d’Accès Culture, pour ne rien vous cacher. Pourquoi ? Parce que très souvent, ça va être un interprète sur scène, avec des gens qui ont un texte, qui jouent, et on regarde l’interprète.
    Et rappelez-vous ce que disait le souffleur (?), il faut qu’on voie les comédiens, il faut que la mise en scène serve à quelque chose. Eh bien, je ne suis pas tellement d’accord avec cette solution, de plus - même pas du tout. De plus, aujourd’hui, on voit beaucoup la langue des signes à la télévision, beaucoup, beaucoup. Des entendants, des entendants, des entendants. Bon, c’est très bien qu’il y ait l’interprète, c’est très bien, hein.
    Mais n’oublions pas une chose, et c’est pour ça que je crois qu'avec Alfredo, nous avons pu travailler ensemble pendant 8 ans, parce que nous pensions d'abord aux sourds. Merci.

  • @IVTParis
    @IVTParis  3 місяці тому +1

    21min00 - Claire :
    Merci, Didier. Merci pour ces hommages.
    Je vous invite à regarder le petit montage que nous avons réalisé. Je vous laisse prendre connaissance certaines personnes sont avec nous, d’autres pas, je vous laisse regarder la vidéo.
    // Projection de la vidéo-montage -26 min //
    48min55 - Conclusion de Claire :
    Allez, c'est parti !
    Alfredo ne voulait pas que nous soyons tristes. Il voudrait que nous soyons joyeux pour lui !
    L'hommage est terminé. On se retrouve à l'extérieur. Il y a un livre d'or ; vous pouvez laisser un petit mot. Donc, c'est la salle Alfredo Corrado. Voilà, c'est gravé, ça restera toujours la salle Alfredo Corrado d’IVT.
    Je vous invite à sortir, il y a un petit bar etc, en tout cas un verre de l'amitié. Et en tout cas, je vous remercie. Toujours au cœur, merci à toutes et tous d'être venus ce soir.
    49min25 - Emmanuelle intervient :
    J'ai envie, quand même, de dire un grand merci à Claire, notre présidente d’IVT, et à toute l'équipe du CA pour avoir organisé cette soirée, pour l’équipe d’IVT également, merci, un très grand merci et merci surtout aux fondateurs. On parle d’Alfredo Corrado mais il y avait plein de personnes autour de lui. Des personnes très très importantes. Sans les autres, il n'aurait pas pu faire ce qu'il a fait. Donc, il faut valoriser toutes ces personnes qui étaient là depuis le début.
    Merci à Julien Bourge d'avoir pu créer ce film et ce portrait sur Alfredo, qui est une trace tellement importante de cette histoire. Merci à la Fédération pour la médaille et la reconnaissance d'honneur.
    Merci pour les mains d'or qu'il a eues il y a quelques années, vraiment tout ça merci merci à toutes et tous. Alfredo a eu tout ça, et c’est une promesse en tout cas, nous ne lâcherons rien, nous ne lâcherons rien !
    Claire : une petite photo souvenir peut-être ? je pense en hommage à Alfredo ce serait important, que des personnes d’IVT nous rejoignent…
    // Photo du groupe IVT //
    🔚