LES CARTES POSTALES NOUS PARLENT DES ALGERIENS VENUS TRAVAILLER EN FRANCE

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  • Опубліковано 5 жов 2024
  • La présence algérienne est de très loin la plus ancienne et la plus importante des présences non européennes en France. Les Algériens sont les premiers Maghrébins à venir travailler en France, pays auquel ils sont malgré eux juridiquement rattachés du fait de l’annexion de leur pays à la France dès 1830. En 1905, plusieurs centaines d’Algériens travaillent dans les huileries marseillaises. Entre 1907 et 1913, 10 000 Kabyles arrivent en France à l’appel d’industriels. Pendant la première Guerre mondiale, l’Etat procède en Algérie par recrutement. Les Algériens sont réquisitionnés en remplacement des Français dans les fermes et les usines d’armement. Le phénomène d’immigration algérienne s’amplifie au cours de la Seconde guerre mondiale, toujours en raison de la conscription obligatoire. Loin de leur pays natal, les Algériens rêvent d’une Algérie indépendante. De 1947 à 1953, le caractère de l’immigration algérienne est modifié. La Kabylie n’est plus le seul réservoir de main d’œuvre. Le département d’Oran, le Constantinois et même les Territoires du Sud fournissent un gros contingent de migrants qui s’implantent dans les régions parisienne, lyonnaise, dans le Nord et dans l’Est. Pour certains, c’est l’époque des regroupements familiaux. Le problème de logement se pose. On paie cher pour habiter dans des wagons-dortoirs, des maisons délabrées, des garages, des poulaillers, avec, autour des grandes villes, la formation de bidonvilles, des situations telles que nous le montre ce diaporama.
    En 1956, d’abord sous le nom de SONACOTRAL (Société Nationale de Construction pour les Travailleurs Algériens), est créé par les pouvoirs publics français. Partout où se fait sentir le besoin de main d’œuvre, l’Etat décide de construire des foyers de travailleurs migrants où habitent les hommes seuls. Les cartes postales illustrent cette vie en foyer. Dans son livre « Loger les immigrés, La Sonacotra 1956-2006 », p.18, Marc Bernardot explique « La construction et la gestion de logements-foyers de travailleurs migrants sont le résultat d’une politique mixte visant à la connaissance et au contrôle politique, administratif et social d’une population aux contours flous : les migrants. A défaut de statistiques et d’autres dispositifs, la Sonacotra a servi à la fois d’instrument d’infiltration, de comptage et de surveillance des collectivités de travailleurs algériens isolés. Ces foyers de travailleurs migrants ont été conçus dans l’optique d’accueil temporaire et séparés du reste de la ville. Ils représentent, avant 1975, l’accompagnement résidentiel d’une politique de main-d’œuvre ayant pour objectif la limitation de l’installation durable de ces travailleurs et du regroupement familial de ces derniers ».
    Yamina Benguigui, ex-ministre de la francophonie, qui réalisa le documentaire Mémoire d’immigrés, dit à ce sujet « Pendant les Trente glorieuses, l'Algérie, qui est encore un département français, sera le plus grand territoire pourvoyeur de main-d'œuvre pour la métropole, une main-d'œuvre pas chère, recrutée dans les campagnes par le patronat français ". En 1963, après l’accession de l’Algérie à son indépendance, la SONACOTRAL ouvre ses logements à tous les travailleurs immigrés, quelle que soit leur origine et devient Sonacotra (Société nationale de construction de logements pour les travailleurs). En 1966, sur 69 foyers-hôtels en service, dont 22 en région parisienne, les Nord-Africains représentent 77 % de la population dont 64 % d’Algériens. La gestion de ces foyers-hôtels est confiée à des jeunes retraités de l’armée coloniale.
    En dehors des cartes postales, sont inclus à cette présentation les extraits d’une bande dessinée intitulée « La vraie histoire de l’émigré Younès », réalisée en 1975 par le dessinateur de presse et bédéiste algérien Slim, ce qui nous ramène à ceux venus gagner « le pain des gosses » en asphaltant les routes de France, en supportant les cadences infernales des chaînes de production, toujours l’échine courbée et sans se plaindre, devenus les Chibanis. Ils avaient trouvé à se loger plus décemment. Sans doute n’imaginaient-ils pas à l’époque que le foyer-SONACOTRA qui les accueillait provisoirement deviendrait un jour pour eux un lieu de résidence quasi-définitif où ils survivraient esseulés, parfois démunis, dans l’indifférence la plus totale. Les clichés présents dans ce diaporama en sont les témoins.
    A la série SONACOTRA, éditée par C.A.P. (Cie des Arts Photomécaniques, avenue Arago à Chilly-Mazarin), s’ajoute une autre petite série de cartes postales éditées par le Musée de l’Histoire de l’Immigration. Elles ne sont ici que quatre mais leurs slogans sont suffisamment forts pour nous inviter à méditer sur un sujet qui défraie trop régulièrement la chronique : l’immigration… En accompagnement musical, nous entendrons le maître du Chaabi, Dahmane El Harrachi interpréter la chanson qu'il composa : Ya Rayah (Toi qui t’en vas).
    Martine Laurence Poinsot - 2022

КОМЕНТАРІ • 4

  • @mimounanora3190
    @mimounanora3190 2 роки тому +1

    Cela me rappel quand mon papa est venu travailler en France..c’était en 1947 juste après la deuxième guerre mondial j’étais âgée de 4 ans ,…ensuite on a rejoint mon père maman et nos deux petite sœurs et la c’était en novembre 1953 on a atterrie chez une tante dans le 14 éme Paris resssembler a un film de Renoir …on vécue dans le nord ensuite. Nanterre …les bidonvilles et j’en passe …maintenant je suis âgée de 79 je suis grand mère et arrière grand mère …la vie était très dur …merci madame pour le partage …9️⃣2️⃣🇩🇿🇩🇿🇩🇿🌴🌴🌴🌴😘😘😘🔑🔑🔑🕊🕊🕊🕊

    • @martinelaurencepoinsot
      @martinelaurencepoinsot  2 роки тому +2

      Chère madame, merci de votre commentaire. Je suis née deux après vous et dans la banlieue parisienne où j’habitais, il y avait un bidonville. J’avais 12 ans et un vent de révolte soufflait en moi devant les conditions inadmissibles dans lesquelles vivait toute une population. J’ai écrit à cette époque-là un poème « Désobéissance » sur les interrogations de l’enfant que j’étais :
      Papa, papa, qui sont ces gens sans maison ?
      Des exclus, disait le père ; n’y vas pas disait la mère.
      Papa, ils ne parlent pas comme nous !
      Ce sont des Arabes, disait le père
      Ils ont des poux, disait la mère.
      Papa, ils marchent pieds nus dans la boue !
      On vit ainsi chez eux, leurs pères sont malheureux
      Disaient les parents.
      Papa, papa, si je leur portais des haricots du jardin ?
      Tu es trop jeune, disait le père
      Vas jouer, disait la mère.
      Maman, à quoi jouent leurs petits enfants ?
      Vas te coucher, disait le père
      J’irai t’embrasser, disait la mère.
      Derrière chez moi, y’avait une mare
      Où les émigrés de la guerre
      Noyaient ensemble leur misère
      Parqués dans la tôle et le carton.
      Derrière chez moi, une frontière
      Un tas d’ordures et de bidons.
      Et j’entendais leurs cris de guerre
      Leurs plaintes, leurs lamentations
      Mais aussi les soirs de fête
      Leur musique et leurs chansons.
      Chez eux, on savait rire la pauvreté
      Et chanter l’amour
      On dansait le bonheur perdu
      Jusqu’au lever du jour.
      Papa, maman, j’voudrais bien faire un tour
      Du côté des cabanons, ça sent bon.
      Derrière chez moi, y’avait un chemin
      Que je parcourus un matin d’école buissonnière
      En pataugeant dans les ornières
      Ma bicyclette à la main.
      Loin de chez moi, un vieillard au crâne rasé m’a dit :
      « Petite, tu t’es égarée, l’école c’est de l’autre côté ».
      J’ai jeté ma bicyclette, et j’ai pleuré.
      Martine Laurence Poinsot, 1957.

    • @samiraguebli8727
      @samiraguebli8727 2 роки тому

      Merci maman

  • @yahasrah986
    @yahasrah986 Рік тому

    Merci Madame pour tous ces travaux titanesques. Ils en disent plus long que ne pourraient dire beaucoup d' historiens.