France Gall • Ma Vie À Dakar (2001-10-09 • Interview)

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  • Опубліковано 28 чер 2024
  • “Il y a une force sur cette île, qui m’a consolée.” (1)
    Extrait du documentaire "France Gall Par France Gall" diffusé le 9 octobre 2001.
    C’est à la fin des années 60 que France Gall se rend pour la première fois au Sénégal, un appareil photo à la main : “J’y suis allée comme n’importe quel touriste. J’ai commencé à sortir mon appareil photo pour prendre des clichés, tout de suite… On m’a fait comprendre qu’on n’avait pas à faire ça. J’ai fait mon éducation directement sur le terrain. Je les comprends tellement maintenant.”(2)
    La vraie rencontre s’est déroulée 15 ans plus tard.
    “Ça a commencé avec ma prise de conscience au milieu des années 80 des problèmes que pouvait rencontrer le monde. L’Afrique, entre autres, mais pas seulement l’Afrique.”(3)
    En 1985, avec quelques amis artistes et personnalités du show-business, France Gall fonde Action-École, une organisation humanitaire non-gouvernementale. Elle se rend plusieurs fois “sur le terrain”, l’objectif étant de parvenir à cibler les besoins précis et prioritaires des villages visités afin de pouvoir créer des projets d’aide concrets et le plus directs possible, tandis qu’en France, des comités d’écoliers se créent afin de récolter des fonds et des vivres. L’opération rencontrera un très grand succès.
    Après quelques années, Action École est confiée à Médecins Du Monde. Et l’amour et l’engagement de France pour l’Afrique perdurera jusqu’à ses derniers jours, en toute discrétion. Peu de temps après le décès de ses amis Daniel Balavoine et Coluche en 1986, France Gall ne veut plus hésiter, elle ne veut plus attendre. De passage sur cette petite île, au large de Dakar, qui la fait rêver depuis si longtemps, elle aperçoit un panneau à vendre en façade d’une modeste ferme normande, et elle décide de s’offrir ce rêve. À cette époque, la chanteuse songe à se retirer. Son album Babacar et le spectacle qui a suivi l’ont portée si loin, si haut, qu’elle ne pense plus pouvoir continuer, sauf à se répéter. Ce qu’elle fuit. Raccrocher enfin son statut de star, c’est retrouver le temps nécessaire à son équilibre. Digérer une vie menée à 100 à l’heure. Se consacrer encore davantage à ses deux enfants. Assimiler le chagrin que représente au quotidien les souffrances physiques d’une petite fille pour laquelle on prédit une mort plus que précoce. En porter le secret. Et s’offrir du temps pour soi, malgré tout. Pour être soi, et l’accepter. Se retrouver. Vivre le calme et tenter d’inviter dans son quotidien les joies de l’anonymat, aussi. Car c’est aussi ce que représente cette maison, ce sont les désirs simples et fous qu’elle incarne. En faisant appel aux artisans du coin, France la réhabilitera, effacera son caractère normand, et la décorera à son goût, dans la tradition africaine. Elle la baptisera Noflaye, qui signifie “se la couler douce”.
    Au Sénégal, France Gall nouera de solides amitiés au fil des ans. Elle s’investira dans la vie du village et de ses habitants, de l’école, financera des projets éducatifs. Elle s’engagera pour que soit créée une maison destinée à accueillir les femmes vivant dans les rues de Dakar. Elle ouvrira un restaurant. Elle fera vivre les artistes. Et elle y vivra ses deuils : son compagnon, d’abord en 1992, et leur fille cinq ans plus tard. Dans sa maison sur l’île de Ngor, elle vivra un autre temps.
    “Le silence guérit, mais il faut l’apprivoiser. Quand j’ai acheté ici, j’étais très entourée. je rêvais de m’y retrouver seule, et en même temps ça me paraissait le summum de la solitude. Désormais, lorsque je suis dans cette maison sans électricité à laquelle on accède qu’en pirogue, je vis dans un autre temps, seule avec mes livres, face à l’Atlantique. Je vis dans l’instant, sans peur du lendemain.” (4)
    “Il y a une force sur cette île, qui m’a consolée.”(1)
    (1) C’Est Votre Vie, 2015, propos recueillis par Stéphane Bern
    (2) L’Humanité, Nov. 2002, propos recueillis par Victor Hache
    (3) Vu Du Ciel, 2010, propos recueillis par Yann Arthus-Bertrand
    (4) L’Express, Oct. 2004, propos recueillis par Gilles Medioni

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