DRÔLE D'OISEAU CE BORIS un film de Fabienne Issartel, 16', décembre 2022

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  • Опубліковано 5 жов 2024
  • Réalisation, Image & Montage : Fabienne Issartel
    Musique : Ariane Issartel et Waly Loume, Improvisations
    À la recherche de mon ami l'écrivain Boris Pahor au cimetière Santa Anna de Trieste. Boris Pahor est décédé le 30 mai 2022 à Trieste où il était né le 26 août 1913, à la fin de l'Empire austro-hongrois. Je le connaissais depuis 15 ans. Il allait avoir 109 ans.
    "Mercredi 16 novembre 22.
    Je suis sur le quai N°2 à Venezia Mestre. J’attends un train pour Trieste. Je ne suis pas revenue ici depuis juin 2021, c’est à dire un an et demi. Entre-temps Boris est parti en mai 2022 pour son grand voyage. C’est fini. Je ne prendrais plus tout à l’heure le bus 44 qui serpente sur les hauteurs de la ville le long de la via del Friuli pour aller le retrouver dans sa cuisine assis sur le banc de bois. Je réalise tout à coup que Trieste sans lui ne sera plus vraiment la même. Ses yeux, son amour pour sa ville, portaient mon propre regard, nourrissait ma passion déraisonnée pour chaque pierre des trottoirs, chaque immeuble, chaque rue de la cité thérésienne. Je monte dans le train vide perdue comme une orpheline. L’esprit de Boris me manque déjà terriblement. Après Monfalcone, je regarde au loin la tour du château de Duino. Boris s’est baigné là avec sa femme Rada dans la petite crique. Il faisait beau. Ils étaient heureux dans la lumière douce de l’amour. Maintenant, qui s’en souviendra ?
    Vendredi 18 novembre 22.
    Aujourd’hui j’irai au cimetière Santa-Anna dire bonjour à Boris. Je me dis qu’il doit m’attendre un peu. Je prendrai le bus N°10 et m’arrêterai à la station « Cimenteri : les cimetières ». Je n’oublierai pas mon parapluie.
    « Une femme en cheveux doit toujours avoir un parapluie au cas où » m’avait dit Boris alors que nous marchions ensemble place Oberdan sous le sien en février 2008. C’était notre deuxième rencontre. Alors chaque fois que je prend un parapluie maintenant, je pense à lui. Voilà comment les petites choses du quotidien prennent du relief et leur charge sacrée. Par transmission. À quoi tient la vie ?
    Et pour Boris comment ça s’est passé ce moment du départ ? J’imagine qu’il a dû rester tout simplement fidèle à lui-même, qu’il a dit une fois de plus "non" comme il l’a fait toute sa vie. Non je ne veux pas mourir. Et puis il est mort.
    Le bus est bondé. C’est celui qui va vers le stade et la Risiera de San Sabba. Je suis allée à la Risiera une fois. C’est un triste endroit. Beaucoup y ont péri pendant la deuxième guerre mondiale après avoir été torturés. Slovènes, juifs et résistants. D’autres y ont séjourné en attendant leurs convois vers les camps d’extermination en Allemagne ou en Pologne. Boris a toujours dit qu’il avait eu de la chance d’être parti des cachots de la place Oberdan directement en Allemagne, sans passer par la Risiera. Tu parles d’une chance ! Enfin il pouvait dire ça puisqu’il avait finalement survécu. À quoi tient la vie ? J’espère secrètement que Boris me fera un petit signe tout à l’heure quand je serai devant sa tombe..."
    La réalisatrice Fabienne Issartel, extraits du journal de voyage déc 22
    Fabienne Issartel a réalisé entre autre "Boris Pahor, portrait d'un homme libre", un documentaire de 93' qui raconte la vie du grand écrivain et résistant.

КОМЕНТАРІ • 3

  • @totti3576
    @totti3576 Рік тому

    Je voudrait savoir qui était se monsieur qui est mort svp merci d avance

    • @fabienneissartel3467
      @fabienneissartel3467  Рік тому +3

      Boris Pahor, écrivain slovène de Trieste, doyen de la littérature mondiale était l'un des derniers Grands Témoins de la déportation nazie et fasciste. Il nous a quitté dans sa 109è année. Il a été révélé en France en 1990 avec son Pèlerin parmi les ombres, récit bouleversant de déporté politique - un Triangle rouge ! - à Nazweiler-Struthof en territoire français. Depuis l'âge de 7 ans, où il a assisté à l'incendie de la Maison slovène à Trieste, brûlée par les Chemises noires de Mussolini, il n'a eu de cesse de se battre pour la défense des cultures minoritaires et la mémoire des disparus dans les camps de la mort, trouvant en l'Amour cette force transcendante qui sauve. Écrivain slovène le plus traduit et le plus publié en France, Boris Pahor, chevalier de la Légion d’honneur, a été élevé au rang de commandeur des Arts et des Lettres en 2011. En français sont disponibles neuf de ses romans et deux recueils de nouvelles.

    • @totti3576
      @totti3576 Рік тому

      OK merci de m avoir répondu paix à son ame