Poésie : “Le Voyage”, Charles Baudelaire - musique par -REK-

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  • Опубліковано 25 січ 2025

КОМЕНТАРІ • 108

  • @caineghis1642
    @caineghis1642 Рік тому +15

    Vous nous manquez. Nous avons sincèrement besoin d’autres poésies interprétées et mises en musique à la manière de toutes celles déjà disponibles. Je les ai toutes écoutées, encore et encore. Mais il m’en faut plus. Il m’en faut encore.

  • @Gromelman
    @Gromelman Рік тому +2

    Vous m'avez fait aimé cette poésie. J'ai beaucoup voyagé et j'y ai retrouvé, tristement, l'aigreur de la déception, derrière les paysages de cartes postales, toujours les mêmes issues, les mêmes écueils. Et la joie d'être triste.

  • @simonlecomte6503
    @simonlecomte6503 2 роки тому +22

    C'était il y a quatre ans... déjà ! J'écoute encore ces poèmes, ces vidéos et je pleure encore à chaque fois que j'écoute ce poème ❤
    Merci pour avoir mis ces vers dans ma vie...
    Berçant mon infini sur le fini des vers 🍃

    • @fredbegue6303
      @fredbegue6303 Рік тому +1

      La voix la lecture est belle, la musique fait crier tellement elle fait chier

    • @anthonylecazals5278
      @anthonylecazals5278 Рік тому +2

      Le voyage c'est la vie, le rétiaire cet empêchement. Et cela se termine sur le nouveau, sans doute un poème se dressant d'avant 1850 et non pas un déclinant comme ceux rajoutés dans la partie la mort.
      Baudealaire c'est une métaphysique (un type d'énonciation) de l'émancipation. L'émancipation de l'esprit vis-à-vis de l'innommable vu, c'est-à-dire le cadavre, la dépouille. C'est pour cela que sa poésie lie toujours l'instant à l'éternité, la fleur à l'existence du mal. ce qu'on érige 'piteusement' (L'albatros) sur le pourrissement.

  • @sarahlechevalier5806
    @sarahlechevalier5806 4 роки тому +14

    Cette voix grinçante qui lit avec le cœur. Il n'y a plus beau que d'entendre cet espoir émaner de ce timbre.
    Merci pour cette lecture.

  • @liotapeur
    @liotapeur 2 роки тому

    Le voyage, c'est la vie.
    On grandit curieux en découvrant le monde,
    On vit nos expérience, des moments de bonheur et d'autres plus tristes.
    Puis on s'habitue au monde, se désillusione de nos désirs de jeunesse.
    Puis arrive le jour notre mort.
    Merci Baudelaire pour avoir su expliquer aussi magnifiquement le plus beau de nos voyages, celui de la vie.

  • @patricederambuteau6083
    @patricederambuteau6083 3 роки тому +3

    J'ai appris ce poème sublime en l'écoutant. Il est sublime et la diction et le rythme sont parfaits. Les poèmes sont faits pour les apprendre avec le cœur.

  • @stefanobadini6065
    @stefanobadini6065 5 років тому +11

    MA-GNI-FI-QUE !
    (...)
    "Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
    Berçant notre infini sur le fini des mers"
    (...)
    Je suis en train de connaitre ce poème par coeur à force de l'écouter, sans devoir l'apprendre, tellement qu'il est beau !
    Merci Le Mock pour tout ce que vous faites, pour ces initiatives aussi inédites qu'essentielles pour valoriser et faire connaitre "le Beau", comme dirait ce cher Baudelaire et ses amis Parnassiens.

  • @Jessy.V
    @Jessy.V 4 роки тому +17

    Quel plaisir, je l'écoute souvent, merci a vous.

  • @ThéoREME-i9h
    @ThéoREME-i9h Рік тому +1

    Subtil et magnifiique ... Le slam de la perfection ! Un poison délicieux ... ❤

  • @maxmez11
    @maxmez11 7 років тому +154

    Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
    L'univers est égal à son vaste appétit.
    Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
    Aux yeux du souvenir que le monde est petit !
    Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
    Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
    Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
    Berçant notre infini sur le fini des mers :
    Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
    D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
    Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,
    La Circé tyrannique aux dangereux parfums.
    Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent
    D'espace et de lumière et de cieux embrasés ;
    La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
    Effacent lentement la marque des baisers.
    Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
    Pour partir, cœurs légers, semblables aux ballons,
    De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
    Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !
    Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
    Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,
    De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
    Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom !
    II
    Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule
    Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils
    La Curiosité nous tourmente et nous roule,
    Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.
    Singulière fortune où le but se déplace,
    Et, n'étant nulle part, peut être n'importe où !
    Où l'homme, dont jamais l'espérance n'est lasse,
    Pour trouver le repos court toujours comme un fou !
    Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ;
    Une voix retentit sur le pont : " Ouvre l'œil ! "
    Une voix de la hune, ardente et folle, crie .
    " Amour... gloire... bonheur ! " Enfer ! c'est un écueil !
    Chaque îlot signalé par l'homme de vigie
    Est un Eldorado promis par le Destin ;
    L'Imagination qui dresse son orgie
    Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin.
    Ô le Pauvre amoureux des pays chimériques !
    Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
    Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques
    Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?
    Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,
    Rêve, le nez en l'air, de brillants paradis ;
    Son oeil ensorcelé découvre une Capoue
    Partout où la chandelle illumine un taudis.
    III
    Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
    Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
    Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
    Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers.
    Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
    Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons,
    Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
    Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons.
    Dites, qu'avez-vous vu ?
    IV
    " Nous avons vu des astres
    Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ;
    Et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres,
    Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.
    La gloire du soleil sur la mer violette,
    La gloire des cités dans le soleil couchant,
    Allumaient dans nos cœurs une ardeur inquiète
    De plonger dans un ciel au reflet alléchant.
    Les plus riches cités, les plus grands paysages,
    Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux
    De ceux que le hasard fait avec les nuages.
    Et toujours le désir nous rendait soucieux !
    - La jouissance ajoute au désir de la force.
    Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais,
    Cependant que grossit et durcit ton écorce,
    Tes branches veulent voir le soleil de plus près !
    Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace
    Que le cyprès ? - Pourtant nous avons, avec soin,
    Cueilli quelques croquis pour votre album vorace,
    Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin !
    Nous avons salué des idoles à trompe ;
    Des trônes constellés de joyaux lumineux ;
    Des palais ouvragés dont la féerique pompe
    Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ;
    " Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ;
    Des femmes dont les dents et les ongles sont teints,
    Et des jongleurs savants que le serpent caresse. "
    V
    Et puis, et puis encore ?
    VI
    " Ô cerveaux enfantins !
    Pour ne pas oublier la chose capitale,
    Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché,
    Du haut jusques en bas de l'échelle fatale,
    Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché
    La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
    Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût ;
    L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
    Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout ;
    Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ;
    La fête qu'assaisonne et parfume le sang ;
    Le poison du pouvoir énervant le despote,
    Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;
    Plusieurs religions semblables à la nôtre,
    Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté,
    Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
    Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;
    L'Humanité bavarde, ivre de son génie,
    Et, folle maintenant comme elle était jadis,
    Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie :
    " Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! "
    Et les moins sots, hardis amants de la Démence,
    Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin,
    Et se réfugiant dans l'opium immense !
    - Tel est du globe entier l'éternel bulletin. "
    VII
    Amer savoir, celui qu'on tire du voyage !
    Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
    Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image
    Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui !
    Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
    Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
    Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
    Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,
    Comme le Juif errant et comme les apôtres,
    A qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
    Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d'autres
    Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.
    Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
    Nous pourrons espérer et crier : En avant !
    De même qu'autrefois nous partions pour la Chine,
    Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,
    Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
    Avec le cœur joyeux d'un jeune passager.
    Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,
    Qui chantent : " Par ici ! vous qui voulez manger
    Le Lotus parfumé ! c'est ici qu'on vendange
    Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim ;
    Venez vous enivrer de la douceur étrange
    De cette après-midi qui n'a jamais de fin ? "
    A l'accent familier nous devinons le spectre ;
    Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
    " Pour rafraîchir ton cœur nage vers ton Electre ! "
    Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.
    VIII
    Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre !
    Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
    Si le ciel et la terre sont noirs comme de l'encre,
    Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !
    Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
    Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
    Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
    Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !

    • @stefanobadini6065
      @stefanobadini6065 3 місяці тому +1

      Merci beaucoup 🙏🏼 une correction : un des derniers vers, c'est ; si le ciel et la terre sont noirs comme de l'encre (et non le ciel et la mer)

    • @maxmez11
      @maxmez11 3 місяці тому

      @@stefanobadini6065 Merci ! c'est corrigé :)

  • @nadianadiatoune9265
    @nadianadiatoune9265 2 роки тому +1

    Je n'arrête pas de l'écouter en boucle parce que je doit l'apprendre et ça m'aide merci

  • @thomasmichat3545
    @thomasmichat3545 7 років тому +10

    La poésie de Baudelaire portée par la douce mélancolie de cette voix, c'est envoûtant.
    Le Mock, vous avez du talent !

    • @LeMock
      @LeMock  7 років тому +1

      Merci :)

  • @Max-lp4xd
    @Max-lp4xd 6 років тому +7

    Fantastique, qu'il est rare de trouver des poèmes récité sans théâtre ! Cela faisait des mois que je cherchais du Baudelaire ou bien d'autres pour accompagner mes livraisons à vélo. Et bien, je vous remercie ! Je travaillerai sans ennui maintenant.

  • @alexandre4929
    @alexandre4929 6 років тому +4

    wow ! d'une beauté ! la lecture, la musique le texte, tout est on ne peut mieux choisi

  • @thomasd.2035
    @thomasd.2035 4 роки тому +1

    Merci de nous faire revivre Baudelaire et pour la qualité de la voix.

  • @eminenceverte6884
    @eminenceverte6884 6 років тому +3

    Mais quelle merveille!! Merci pour cette douceur dominicale.

  • @quentinsaison835
    @quentinsaison835 7 років тому +11

    Je suis en train de découvrir votre chaîne... Mais... WOUAH ! C'est si exaltant, si diversifié ! Le génie d'un poète incroyable, la forme de vidéastes talentueux, la voix d'un homme passionné. A écouter cent fois par temps de déprime, et tant de fois d'humeur sublime.

    • @LeMock
      @LeMock  7 років тому +2

      merci à toi !

  • @cauzartmatrice1455
    @cauzartmatrice1455 7 років тому +3

    Merci ^^
    Baudelaire, là où les choses vraiment sérieuses commencent.
    Vive la poésie !

  • @sébastienMBretagne
    @sébastienMBretagne 3 роки тому +1

    Magnifique ,somptueux, majestueux ,épatant 👍

  • @lalaland1427
    @lalaland1427 7 років тому +4

    J'adore cette série de poèmes lus, je les réécoute plusieurs fois ça me berce et ça fait rêver autant que réfléchir. Merci !

  • @ruhtrayen
    @ruhtrayen 7 років тому +17

    J'allais pleurer, je suis vraiment tellement admiratif de ce travail. Je sais pas quoi dire...j'ai pas de mots... Merci, simplement merci beaucoup

    • @LeMock
      @LeMock  7 років тому +2

      oh ! Merci beaucoup !

  • @francoisebianchi7282
    @francoisebianchi7282 4 роки тому +3

    La lucidité tragique de Baudelaire magnifiée ici par la diction.

  • @lucasbaran-laraconterie4871
    @lucasbaran-laraconterie4871 3 роки тому +2

    Cette lecture est tout simplement incroyable !

  • @nicolasdusseau3638
    @nicolasdusseau3638 7 років тому +13

    C'est formidable comme idée, n'hésitez pas à continuer :)

  • @seder3595
    @seder3595 7 років тому +6

    Bonjour,
    Superbe poème, très bien déclamé. La musique derrière je suis mitigée. je crois que j'aurai préféré sans, ou alors plus discrète.
    merci pour votre travail.

    • @LittleFl0yd
      @LittleFl0yd 7 років тому

      Je suis un peu d'accord, je n'ai rien contre cette musique, mais personnellement elle me distrait un peu du texte, dont j'essaie d'entendre... la musique justement.
      Trop forte peut-être ? Trop rythmée ?
      Un peu dommage car je trouve la lecture d'Antoine Gaillemain très très belle... Pas que sur cette vidéo d'ailleurs, a chaque fois.
      Très chers Le Mock, pourrait-on espérer un de ces quatre matins une version parole seule ??
      (ici ou... sur soundcloud ! Ouais ce serait bien sur soundcloud ! Alleeeez quoi...)
      PS : On aime bien se plaindre par ici, mais c'est parce qu'on vous aime tellement fort

    • @olivierbrillard1997
      @olivierbrillard1997 6 років тому +2

      Elle distrait un peu, mais c'est précisément cela qui berce. Cette vidéo stimule deux zones du cerveau : en même temps. Deux zones tellement merveilleuses...

    • @sylviestephanides8391
      @sylviestephanides8391 6 років тому +1

      La musique des mots de Baudelaire se suffit à elle même.... Cette musique m'est juste insupportable..... Répétitive et sans intérêt.... Dommage !

  • @johnmccarthy4331
    @johnmccarthy4331 4 роки тому +10

    A l age de 13 j ai lus se poème a 25 ans j ai fait le tour du monde seul 11 mois .se poeme a jouer un grand rôle dans ma vie .(les vrais voyageurs parte pour partire le coeur léger )

  • @MstrYaser
    @MstrYaser Рік тому +2

    Le Voyage
    À Maxime du Camp
    I
    Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
    L'univers est égal à son vaste appétit.
    Ah! que le monde est grand à la clarté des lampes!
    Aux yeux du souvenir que le monde est petit!
    Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
    Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
    Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
    Berçant notre infini sur le fini des mers:
    Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme;
    D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
    Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,
    La Circé tyrannique aux dangereux parfums.
    Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent
    D'espace et de lumière et de cieux embrasés;
    La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
    Effacent lentement la marque des baisers.
    Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
    Pour partir; coeurs légers, semblables aux ballons,
    De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
    Et, sans savoir pourquoi, disent toujours: Allons!
    Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
    Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,
    De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
    Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom!
    II
    Nous imitons, horreur! la toupie et la boule
    Dans leur valse et leurs bonds; même dans nos sommeils
    La Curiosité nous tourmente et nous roule
    Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.
    Singulière fortune où le but se déplace,
    Et, n'étant nulle part, peut être n'importe où!
    Où l'Homme, dont jamais l'espérance n'est lasse,
    Pour trouver le repos court toujours comme un fou!
    Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie;
    Une voix retentit sur le pont: «Ouvre l'oeil!»
    Une voix de la hune, ardente et folle, crie:
    «Amour... gloire... bonheur!» Enfer! c'est un écueil!
    Chaque îlot signalé par l'homme de vigie
    Est un Eldorado promis par le Destin;
    L'Imagination qui dresse son orgie
    Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin.
    Ô le pauvre amoureux des pays chimériques!
    Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
    Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques
    Dont le mirage rend le gouffre plus amer?
    Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,
    Rêve, le nez en l'air, de brillants paradis;
    Son oeil ensorcelé découvre une Capoue
    Partout où la chandelle illumine un taudis.
    III
    Etonnants voyageurs! quelles nobles histoires
    Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers!
    Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
    Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers.
    Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile!
    Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons,
    Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
    Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons.
    Dites, qu'avez-vous vu?
    IV
    «Nous avons vu des astres
    Et des flots, nous avons vu des sables aussi;
    Et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres,
    Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.
    La gloire du soleil sur la mer violette,
    La gloire des cités dans le soleil couchant,
    Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète
    De plonger dans un ciel au reflet alléchant.
    Les plus riches cités, les plus grands paysages,
    Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux
    De ceux que le hasard fait avec les nuages.
    Et toujours le désir nous rendait soucieux!
    - La jouissance ajoute au désir de la force.
    Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais,
    Cependant que grossit et durcit ton écorce,
    Tes branches veulent voir le soleil de plus près!
    Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace
    Que le cyprès? - Pourtant nous avons, avec soin,
    Cueilli quelques croquis pour votre album vorace
    Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin!
    Nous avons salué des idoles à trompe;
    Des trônes constellés de joyaux lumineux;
    Des palais ouvragés dont la féerique pompe
    Serait pour vos banquiers un rêve ruineux;
    Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse;
    Des femmes dont les dents et les ongles sont teints,
    Et des jongleurs savants que le serpent caresse.»
    V
    Et puis, et puis encore?
    VI
    «Ô cerveaux enfantins!
    Pour ne pas oublier la chose capitale,
    Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché,
    Du haut jusques en bas de l'échelle fatale,
    Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché:
    La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
    Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût;
    L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
    Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout;
    Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote;
    La fête qu'assaisonne et parfume le sang;
    Le poison du pouvoir énervant le despote,
    Et le peuple amoureux du fouet abrutissant;
    Plusieurs religions semblables à la nôtre,
    Toutes escaladant le ciel; la Sainteté,
    Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
    Dans les clous et le crin cherchant la volupté;
    L'Humanité bavarde, ivre de son génie,
    Et, folle maintenant comme elle était jadis,
    Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie:
    »Ô mon semblable, mon maître, je te maudis!«
    Et les moins sots, hardis amants de la Démence,
    Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin,
    Et se réfugiant dans l'opium immense!
    - Tel est du globe entier l'éternel bulletin.»
    VII
    Amer savoir, celui qu'on tire du voyage!
    Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
    Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image:
    Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui!
    Faut-il partir? rester? Si tu peux rester, reste;
    Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
    Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
    Le Temps! Il est, hélas! des coureurs sans répit,
    Comme le Juif errant et comme les apôtres,
    À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
    Pour fuir ce rétiaire infâme; il en est d'autres
    Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.
    Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
    Nous pourrons espérer et crier: En avant!
    De même qu'autrefois nous partions pour la Chine,
    Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,
    Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
    Avec le coeur joyeux d'un jeune passager.
    Entendez-vous ces voix charmantes et funèbres,
    Qui chantent: «Par ici vous qui voulez manger
    Le Lotus parfumé! c'est ici qu'on vendange
    Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim;
    Venez vous enivrer de la douceur étrange
    De cette après-midi qui n'a jamais de fin!»
    À l'accent familier nous devinons le spectre;
    Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
    «Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre!»
    Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.
    VIII
    Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre!
    Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons!
    Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
    Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons!
    Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte!
    Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
    Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe?
    Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau!

  • @TheNioui
    @TheNioui 7 років тому +15

    Retour de Berlin
    Aéroport gris
    Cœur gros
    Et je trouve votre nouvelle vidéo
    Je vous aime
    Merci ❤️

    • @LeMock
      @LeMock  7 років тому +1

      TheNioui wow merci :) bonne journée !!

  • @salome7544
    @salome7544 7 років тому +5

    J'aime tellement ce que vous faites ! Vous illuminez ma playlist de musique :D

  • @lastofenglishroses
    @lastofenglishroses 7 років тому +71

    Au début je me suis dis, la voix est gênante, mais finalement elle donne quelque chose d'original à cette vidéo, qui devient une oeuvre à nouveau.

    • @cauzartmatrice1455
      @cauzartmatrice1455 7 років тому +8

      La poésie est faite pour être lue.
      Alors seulement elle émerge à nouveau

    • @carlooblomov4255
      @carlooblomov4255 4 роки тому +5

      Moi aussi. puis je me suis dit que Baudelaire devait avoir une voix comme celle-là. Un peu âpre, et pressée (qui ne fait pas sonner les alexandrins de tout leur poids classique) et impatiente. Et cela me rend le poème plus vrai

  • @pouicx34
    @pouicx34 4 роки тому +2

    c'est brillant, tout simplement.

  • @julietteb5780
    @julietteb5780 7 років тому +8

    C'est juste beau.

  • @brewedmeditation2886
    @brewedmeditation2886 2 роки тому +3

    I don't understand french but I have read it in English. From Bangladesh

  • @danslaneko3882
    @danslaneko3882 7 років тому +4

    Génial!! C'est si poétique..

  • @matthieulejeune3869
    @matthieulejeune3869 3 роки тому +1

    Superbe, bravo à vous !

  • @marcelpatoulatchi5443
    @marcelpatoulatchi5443 4 роки тому +2

    Magnifique.

  • @pascalpierreolivierberny1503
    @pascalpierreolivierberny1503 4 роки тому +1

    Merci pour le partage.

  • @Eden-rp2th
    @Eden-rp2th 6 років тому +14

    Cet Antoine Gaillemain a similairement la même voix que celle du corbeau dans le film Le Roi et l'Oiseau

  • @kerrestcamille6553
    @kerrestcamille6553 7 років тому +3

    merveilleux

  • @nicolasc.4003
    @nicolasc.4003 3 роки тому +4

    @Le Mock Est-ce que vous pourriez les mettre sur spotify, s'il vous plait?

  • @Laoul51
    @Laoul51 6 років тому +1

    Magnifique !

  • @elmathou9668
    @elmathou9668 7 років тому +3

    wow, c'est si beau.

  • @ImTweeZy
    @ImTweeZy 7 років тому +1

    continuez pls j'adore baudelaire

  • @tomgraal
    @tomgraal 7 років тому +2

    J'adore votre chaîne

  • @lejournaldeyoutube4839
    @lejournaldeyoutube4839 6 років тому +3

    super concept !

    • @LeMock
      @LeMock  6 років тому +1

      merci à toi !

  • @conilwhitetmntlove7810
    @conilwhitetmntlove7810 7 років тому +2

    merci pour cette video originale

  • @faafiteb2333
    @faafiteb2333 3 роки тому

    Quel poème magnifique

  • @LOstiDVegan
    @LOstiDVegan 7 років тому +2

    La musique m'a tannée un moment donner, ça m'a déconcentré mais c'était bien

  • @ilianamassol8284
    @ilianamassol8284 4 роки тому

    Magnifique

  • @jodubacasable1115
    @jodubacasable1115 Рік тому

    J'ai une autre vu sur la poésie chanter c est un trésor

  • @celtiauneboissonunenation1239
    @celtiauneboissonunenation1239 3 роки тому +1

    Cette voix n’aurait pu être plus proche de la « gueule » de Baudelaire. Bravo.

  • @maestalienor
    @maestalienor 7 років тому +4

    ❤️

  • @gistar22
    @gistar22 6 років тому +3

    merci

  • @lepassant478
    @lepassant478 7 років тому +13

    Ça rend bien

  • @nath-z9l
    @nath-z9l 4 роки тому +1

    Beau!

  • @joffreydelphis8589
    @joffreydelphis8589 6 років тому +1

    c'est surprenant

  • @rebekalitz8343
    @rebekalitz8343 7 років тому

    Sublime, merci :)

  • @leopoldvirieux8961
    @leopoldvirieux8961 7 років тому +3

    "Si le ciel et la mer"

  • @Opportuniist
    @Opportuniist 5 років тому

    Je découvre votre chaînes et ces vidéos bien (trop) tard... Excellent travail.
    Cependant, il me semble qu'il y a une faute dans le texte à la 8ème partie. Dans mon recueil j'ai bien "si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre" et non "si le ciel et la terre"....

  • @peterstill3760
    @peterstill3760 4 роки тому +3

    Gaillemain a su trouver exactement la voix de Baudelaire. Brilliant. La musique est trop forte par contre.

  • @anasmcl
    @anasmcl 2 роки тому

    "Si le ciel et la mer* sont noirs comme de l’encre" :-)

  • @Detangling17
    @Detangling17 4 роки тому +1

    2:53

  • @mariongonzalez4610
    @mariongonzalez4610 3 роки тому

    Entre la musique et la voix y’a une vibe un peu « le fabuleux destin d’Amelie Poulain »

  • @cassydi8624
    @cassydi8624 2 роки тому

    Vous pourrez expliquer le poème svp ? Nous arrivons à le lire tt seule

  • @asphoredreamer6617
    @asphoredreamer6617 7 років тому

    magnifique video j'adore votre travail.
    J'aimerais vous demander quelque chose qui risque de vous importunés: pouriez vous faire une annalyse des faux monayeurs de André Gyde. cela aiderait les futurs bacheliers.

    • @LeMock
      @LeMock  7 років тому +1

      Asphore Dreamer merci beaucoup :) ça nous importune pas du tout, mais on a déjà beaucoup de projets sur le feu et on privilégie les bouquins qu'on aime beaucoup et c'est vrai que c'est pas notre livre favoris. Mais pourquoi pas un gros topo au moment du bac

    • @asphoredreamer6617
      @asphoredreamer6617 7 років тому

      Le Mock Je vous comprends parfaitement et je vous souhaite bien du courage pour tout vos projets.

  • @atticusinabluefunk6100
    @atticusinabluefunk6100 7 років тому

    Ma seul certitude: je veux voyager

  • @elpar196
    @elpar196 5 років тому

    pour la musique du poème c'est trieste de josh lippi et The overtimers

    • @LeMock
      @LeMock  5 років тому

      Bonjour,
      Non, la musique c’est un inédit de REK composé pour le morceau ;)

    • @elpar196
      @elpar196 5 років тому +1

      @@LeMock mechant shazam alors. Et on peut pas y avoir accès?

    • @LeMock
      @LeMock  5 років тому

      Sans le texte, non mais avec le texte il est sur notre soundcloud :)

  • @maelbiard6651
    @maelbiard6651 5 років тому +2

    L'instru svp

  • @giuliabonezzi2388
    @giuliabonezzi2388 6 років тому +1

    Quel accent est-il??

  • @romainlamy4982
    @romainlamy4982 6 років тому +2

    salut les gars pourriez vous mettre en ligne juste les voix sans les musiques en fonds je les trouve trop présentes merci j'ai quelques idées concernant ce que vous faites avec les poèmes Sinon j'adore et je vous remercie de ce que vous faites

  • @leoniequemener8670
    @leoniequemener8670 5 років тому

    Je rêve que vous fassiez le "Bateau ivre" de Rimbaud !!!

    • @dimancheadixheures9261
      @dimancheadixheures9261 5 років тому

      Léonie Q. On aimerait vraiment le faire mais il y a d’autres choses qui passent avant !

  • @hachification
    @hachification 7 років тому +1

    PROJET XVII ou ça y ressemble fortement

  • @michelvispress-lay2510
    @michelvispress-lay2510 3 роки тому

    Il y a Baudelaire... et les autres.

  • @Corrokia
    @Corrokia 2 роки тому

    écart involontaire🤫 'Si le ciel et la [terre] sont noirs comme de l'encre'😶‍🌫

  • @flora4611
    @flora4611 4 роки тому

    Ma.gni.fique
    A jamais merci

  • @carlooblomov4255
    @carlooblomov4255 4 роки тому

    Au début, la voix est gênante: c'est de la poésie française! cela doit couler comme coulent de beaux alexandrins: un rythme familier et un peu monotone mais belle garantie de plaisirs scolaires. Et puis, cette voix un peu âpre, d' un homme pressé. on sent que les images arrivent plus vite qu'il ne peut les dire. Il n'a pas le temps de les modeler pour en faire un ornement de salon. Comme Baudelaire (qui teignait ses cheveux en bleu) il n'a rien à foutre de la compoction et du beau style. Il crache. Un ciel liquide qui parsème d'étoiles mon coeur!

  • @novawayzen783
    @novawayzen783 7 років тому

    Monsieur c moi christopher Pauselli

    • @LeMock
      @LeMock  7 років тому

      Nova WayZen bonjour Christopher,
      Bon courage pour cette année ! J'espère que tu travailles toujours bien en français ! :)

  • @roserouge2480
    @roserouge2480 2 роки тому

    On dirait la voix de Manu Katché…. 🤔

  • @51champagne51
    @51champagne51 6 років тому

    J'aime pas la voix, je préfère celle de Fabrice Lucchini

  • @Archangina
    @Archangina 7 місяців тому +1

    Bipo

  • @nath-z9l
    @nath-z9l 4 роки тому +1

  • @lejusdorange9737
    @lejusdorange9737 3 роки тому

    2:53