C'est quand même drôle de voir comment les « socialistes » en viennent à reproduire les poncifs de la critique conservatrice - voir fasciste - de la philosophie et de la praxis politique contemporaine... Le spectre rouge-brun est jamais très loin. Fortement décevant comme analyse : on reproduit les mêmes stéréotypes, la même généalogie tronquée, le même déni de lecture des auteur.ices discuté.es (comme quand on fait le contresens absolu qui consiste à affirmer que l'archiécriture serait chez Derrida une écriture « plus adéquate » parce non-phonétique et donc plus immédiate (?) - Derrida critiquant justement le fantasme idéaliste d'une « langue parfaite »), le même renfrognement dans une « praxis » unilatérale (« améliorer les conditions de la classe ouvrière », autrement dit : renforcer l'empire du capital en favorisant l'égalisation des conditions qui produisent à la fois le prolétariat et le consommariat) que les évolutions du capitalisme contemporain ont rendu caduque, la même accusation d'inaction (« textualisme »), le même reproche infondé de « relativisme » ou d'obscurantisme volontaire (comme si l'oeuvre de Marx elle-même n'était pas truffée de néologismes ou ne faisait pas usage du vocabulaire technique hérité de la pensée idéaliste de Hegel, peu accessible et pourtant essentielle), le même raccourci grossier qui réduit des pensées hétérogènes et conflictuelles à un « rejet » de la rationalité ou de la modernité (par exemple quand on opère le saut logique et qu'on se met à affirmer une absurdité du genre « Lyotard est un positiviste » - on omet du même coup de en rappeler le fait que Marx est aussi un critique radical de la modernité capitaliste et de la rationalité qu'elle induit, cette raison dont il dit dans une lettre à Engels qu'elle a toujours existé, mais pas toujours sous une forme raisonnable) et enfin, la même logique de propriétaire vis-à-vis de la pensée de Marx et de la tradition socialiste. Derrida, Deleuze et autres sont de meilleurs « marxistes » que tous les pantins du « marxisme » orthodoxe - particulièrement parce qu'iels ont pris au sérieux l'impératif d'autotransformation de la pensée de Marx.
La pensée de Deleuze n'est absolument pas un prolongement de la philosophie de Marx mais s'inscrit au contraire en faux vis-à-vis de celle-ci. Je vous rappelle que ce chère Deleuze parlait de "l'infâme dialectique". Il faut quand même un certain courage pour oser prétendre que Marx aurait un rapport avec ce courant de pensée ! De même, faire passer le mouvement ouvrier pour l'idiot utile du capital lorsqu'il améliore ses conditions de travail est le discours gauchiste traditionnel. Le "consommariat" n'a aucune valeur conceptuelle. La critique de la "société de consommation" est un piège dans lequel tous les nouveaux intellectuels tombent quasiment sans distinction sur un spectre qui va de Soral à Lordon. Car cette nouvelle critique de la consommation se fait sans jamais distinguer ne serait-ce que les biens de consommation et les biens d'équipements. N'importe qui comprend qu'on ne peut pas mettre sur le même plan la consommation du champagne acheté par Berlusconi pour arrosé le corps d'une stripteaseuse lors d'une soirée et l'achat d'un frigidaire ou d'un lave-vaisselle par une famille de prolos. Si la société de consommation existait réellement, nous devrions nous en réjouir, ce serait le communisme réalisé car ça voudrait dire mise en rapport de la consommation et de la production.
C'est quand même drôle de voir comment les « socialistes » en viennent à reproduire les poncifs de la critique conservatrice - voir fasciste - de la philosophie et de la praxis politique contemporaine... Le spectre rouge-brun est jamais très loin. Fortement décevant comme analyse : on reproduit les mêmes stéréotypes, la même généalogie tronquée, le même déni de lecture des auteur.ices discuté.es (comme quand on fait le contresens absolu qui consiste à affirmer que l'archiécriture serait chez Derrida une écriture « plus adéquate » parce non-phonétique et donc plus immédiate (?) - Derrida critiquant justement le fantasme idéaliste d'une « langue parfaite »), le même renfrognement dans une « praxis » unilatérale (« améliorer les conditions de la classe ouvrière », autrement dit : renforcer l'empire du capital en favorisant l'égalisation des conditions qui produisent à la fois le prolétariat et le consommariat) que les évolutions du capitalisme contemporain ont rendu caduque, la même accusation d'inaction (« textualisme »), le même reproche infondé de « relativisme » ou d'obscurantisme volontaire (comme si l'oeuvre de Marx elle-même n'était pas truffée de néologismes ou ne faisait pas usage du vocabulaire technique hérité de la pensée idéaliste de Hegel, peu accessible et pourtant essentielle), le même raccourci grossier qui réduit des pensées hétérogènes et conflictuelles à un « rejet » de la rationalité ou de la modernité (par exemple quand on opère le saut logique et qu'on se met à affirmer une absurdité du genre « Lyotard est un positiviste » - on omet du même coup de en rappeler le fait que Marx est aussi un critique radical de la modernité capitaliste et de la rationalité qu'elle induit, cette raison dont il dit dans une lettre à Engels qu'elle a toujours existé, mais pas toujours sous une forme raisonnable) et enfin, la même logique de propriétaire vis-à-vis de la pensée de Marx et de la tradition socialiste. Derrida, Deleuze et autres sont de meilleurs « marxistes » que tous les pantins du « marxisme » orthodoxe - particulièrement parce qu'iels ont pris au sérieux l'impératif d'autotransformation de la pensée de Marx.
La pensée de Deleuze n'est absolument pas un prolongement de la philosophie de Marx mais s'inscrit au contraire en faux vis-à-vis de celle-ci. Je vous rappelle que ce chère Deleuze parlait de "l'infâme dialectique". Il faut quand même un certain courage pour oser prétendre que Marx aurait un rapport avec ce courant de pensée ! De même, faire passer le mouvement ouvrier pour l'idiot utile du capital lorsqu'il améliore ses conditions de travail est le discours gauchiste traditionnel. Le "consommariat" n'a aucune valeur conceptuelle. La critique de la "société de consommation" est un piège dans lequel tous les nouveaux intellectuels tombent quasiment sans distinction sur un spectre qui va de Soral à Lordon. Car cette nouvelle critique de la consommation se fait sans jamais distinguer ne serait-ce que les biens de consommation et les biens d'équipements. N'importe qui comprend qu'on ne peut pas mettre sur le même plan la consommation du champagne acheté par Berlusconi pour arrosé le corps d'une stripteaseuse lors d'une soirée et l'achat d'un frigidaire ou d'un lave-vaisselle par une famille de prolos. Si la société de consommation existait réellement, nous devrions nous en réjouir, ce serait le communisme réalisé car ça voudrait dire mise en rapport de la consommation et de la production.