Giovanna Marini "Il numero d'appello" (Gianni Nebbiosi)

Giovanna Marini
"Il numero d'appello" (Gianni Nebbiosi)
Pendant l'occupation de la patisserie industrielle « Pantanella »
extrait d'une émission de la RAI "Turno C. Attualità e problemi del lavoro"1971
Le professeur Gianni Nebbiosi, psychiatre et psychanalyste de renom, son combat pour une psychiatrie démocratique le conduit, dans les années bouillonnantes 60 et 70 à composer des chansons dénonçant les conditions inhumaines d'internement des malades mentaux en Italie. Les chansons seront rassemblées dans un album « E ti chiamaron matta » en 1972.
Quand en essayant de se faire comprendre,
il voit les gens se détourner
comme s'ils ne pouvaient plus le comprendre ;
Quand ils l'ont attaché à la civière,
lui criait :« Assez, assez, pour l'amour de Dieu ! »
Quand il réalisa tout d'un coup qu'il était devenu fou,
qu'une porte s'ouvrait et que son esprit s'éloignait.
Il voyait la tête des médecins penchés le questionnant
avec des paroles creuses d'une autre réalité
Quand ils le calmaient avec des électro-chocs
parce qu'il criait et pleurait :
« Je veux récupérer mes vêtements, ma liberté » ;
il réalisa soudain ce que signifiait être fou :
il entendit une porte se fermer et son cerveau en même temps.
Quand les premiers coups ont commencé
parce qu'il essayait de s'échapper
à cause de la peur et de la douleur.
Quand ils ont réglé son cerveau comme une vieille machine
pour obéir et dire oui :
il avait l'impression que sa colère se noyait dans le sable,
car au lieu d'un cerveau il y avait un numéro d'appel.
Aujourd'hui, il ne pleure plus, ne sourit plus, ne pense plus,
il ne peut plus penser, c'est maintenant un bon interné stérilisé
et il se rend compte seulement qu'il n'a plus d'esprit
parce qu'au lieu d'un cerveau, il y a un numéro d'appel.