SQP - Colloque spécial 2024. Le génie végétal, une idée géniale pour restaurer les rivières urbaines

Le génie végétal, une idée géni-ale pour restaurer les rivières urbaines ?
Par Marylise Cottet
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Le génie végétal est une solution fondée sur la nature qui peut être utilisée pour stabiliser les berges des rivières avec de la végétation vivante. Outre la protection des biens et des personnes, le génie végétal est susceptible d’apporter des bénéfices en termes de bien-être humain et de biodiversité, en particulier dans un contexte de crise de la biodiversité et de réchauffement climatique. Toutefois, son utilisation reste modeste en ville. À la croisée de l’écologie et de la géographie sociale, le projet Géni-Eaux vise à identifier les freins et les leviers pour une utilisation plus large du génie végétal en France, en interrogeant à la fois les experts (acteurs de l’eau et de l’aménagement) et les habitants. Il s’est fixé comme objectif : (1) de caractériser (à l’aide d’un questionnaire) les représentations associées à ces techniques par les habitants et les éventuelles différences avec celles des experts. Il s’agit en particulier d’étudier en quoi les services rendus par ces techniques (mesurés sur le terrain) diffèrent des services perçus ; (2) d’étudier (à l’aide d’entretiens) pourquoi et comment les acteurs ont recours (ou non) au génie végétal, en considérant la gouvernance et les jeux d’acteurs, leur expertise, leurs représentations et leurs pratiques professionnelles.
Les résultats des questionnaires et des relevés écologiques montrent qu’il existe des bénéfices variés sur les plans écologique (accroissement de la biodiversité, de la connectivité, de l’ombrage) et social (accroissement de la valeur esthétique et, dans une certaine mesure, récréative) et que ces bénéfices sont perçus tant par les acteurs de l’eau que par les habitants. Des réticences envers l’usage du génie végétal existent toutefois, notamment chez les personnes qui déclarent une faible expertise environnementale. Elles sont liées à un sentiment de vulnérabilité accrue en matière d’inondation ou à des critères esthétiques et d‘usage qui contestent la gestion des ouvrages. Les résultats des entretiens avec les experts montrent que le passage du génie civil au génie végétal n’est pas qu’un simple changement technique, mais nécessite un changement de paradigme de gestion, depuis le paradigme « prédire et contrôler » vers celui de la gestion adaptative, pour trois raisons : les techniques de génie végétal nécessitent une redéfinition de la performance des ouvrages, avec l’intégration des dimensions écologiques et sociales ; elles exigent que les praticiens, les élus et les usagers reconsidèrent l’acceptation et le partage des risques ; elles demandent aux praticiens d'adopter une nouvelle posture, où l’humilité, l’audace et les échanges entre pairs sont centraux.
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