Quand j’ai appris que j’étais enceinte en 2021, j’étais extrêmement heureuse. Je prenais un médicament contenant une combinaison de levothyroxine (T4) et de liothyronine (T3, l'hormone thyroïdienne active) et ça me réussissait bien à l'époque mais les endocrinologues ont strictement refusé de me laisser prendre ce médicament plus longtemps pendant que j'étais enceinte car ce n'est pas recommandé car cela pourrait théoriquement nuire au développement cérébral de l'embryon. Je n'étais autorisée à prendre que de la lévothyroxine en monothérapie (T4, une hormone thyroïdienne inactive qui doit être convertie en T3 par l'organisme), ce qui m'a fait retomber dans l'hypothyroïdie au point que je suis devenue suicidaire pendant ma grossesse à cause de la sévérité de mes symptômes d'hypothyroïdie, y compris une myopathie, qui sont devenus si graves que j'étais à peine capable de marcher (et même de me tenir debout et de plier les jambes) et c'est à ce moment que j'ai appris que le logement je louais était sur le point d'être vendu et la difficulté de marcher était un problème pour visiter d'autres logements et le père du bébé m'a quittée à ce moment-là. Quand j'ai appris que je ne pourrais pas avorter car je venais tout juste de dépasser les 12 semaines de grossesse et ma myopathie hypothyroïdienne était si sévère (de plus en plus sévère), je voulais mettre fin à mes jours, ce qui aurait mis fin à la vie de mon petit bébé aussi. Je ne regardais plus s'il y avait des voitures venant dans ma direction pendant que je traversais péniblement des rues en souffrant tant de cette myopathie (qui aurait pu aboutir à une rhabdomyolyse si les choses avaient continué à s'aggraver). J'ai réalisé que les avortements ne sont pas toujours dus au fait qu'une femme a eu des relations sexuelles qui la font tomber enceinte alors qu'elle ne veut pas d'enfant, cela peut être pour une raison médicale qui n'est pas suffisante pour donner accès à une interruption médicale de grossesse mais suffisamment importante pour provoquer une détresse sévère chez la femme. Une heure après avoir arrêté de surveiller s'il y avait des voitures venant dans ma direction alors que je traversais les routes pour me rendre à mon rendez-vous de suivi avec mon obstétricien pour obtenir les résultats du NIPT (test prénatal non invasif) j'ai appris qu'il y avait un problème médical grave avec mon petit bébé (confirmé ultérieurement par une amniocentèse, une trisomie 21 (syndrome de Down) libre, complète et homogène et un intestin fœtal hyperéchogène), après plusieurs consultations avec deux obstétriciens (la loi exige qu'il y ait un autre obstétricien pour confirmer le diagnostic afin de permettre une interruption médicale de grossesse), une psychologue, une assistante sociale pour parler de l'enterrement (très douloureux à faire, encore plus quand le père du bébé n'était pas là avec moi, il ne se sentait plus du tout concerné), une anesthésiste (plus 3 sages-femmes le jour où on m'a déclenché le travail car c'est le seul moyen de mettre fin à une grossesse après 12 semaines en Belgique). L'accouchement (à 19 semaines et 2 jours de grossesse) en lui-même s'est très bien passé, je suis restée deux jours et une nuit à l'hôpital. J'étais soulagée. J'ai eu accès à une interruption médicale de grossesse uniquement en raison du problème médical grave du fœtus, mais que se serait-il passé si je n'avais pas été autorisée à bénéficier d'une interruption médicale de grossesse ? J'aurais mis fin à mes jours et le foetus que je portais n'aurait pas survécu de toute façon, j'étais désespérée à ce point car je n'étais pas en état de faire de faire les démarches qui me semblaient trop compliquées pour aller avorter aux Pays-Bas, je voulais aussi que cette grossesse se finisse vite car je n'en pouvais plus physiquement, je n'avais même pas les moyens d'aller avorter là-bas et j'avais trop de mal à me déplacer à cause de ma myopathie hypothyroïdienne qui affectait beaucoup mes jambes que pour pouvoir aller avorter là-bas. Et qu’en est-il des autres femmes enceintes dans un cas similaire qui souffrent de problèmes médicaux très sérieux au cours de leur grossesse, mais pas suffisamment pour leur permettre de bénéficier d’une interruption médicale de grossesse ? J'ai eu beaucoup de chance de pouvoir bénéficier de cette interruption médicale de grossesse, j'ai une pensée pour les femmes qui n'ont pas cette chance. Je n'ai jamais regretté ma décision, pas même une seule fois. J'ai également développé des premiers signes d'insuffisance cardiaque (ce qui est rare au cours du 2ème trimestre mais cela a heureusement fini par aller mieux après l'interruption médicale de grossesse mais maintenant je souffre d'un syndrome de tachycardie orthostatique posturale sévère et invalidant et la majorité de mes ECG que j'ai passés depuis lors sont anormaux maintenant (ce n'était jamais le cas avant la grossesse) et aussi une stéatose hépatique (j'avais fait une échographie de mon foie avant et après la grossesse pour d'autres raisons et c'est comme ça que j'avais découvert que j'avais développé une stéatose hépatique au cours de cette grossesse alors que je n'avais jamais eu un foie gras de ma vie (plusieurs échos pour en attester). La stéatose hépatique aiguë pendant la grossesse est très dangereuse pour la vie de la femme et peut même être mortelle. Il a fallu plus d'une demi-année pour que mon foie ne soit plus gras (et je suis une personne très mince, ce n'était pas un problème lié à l'alimentation). Si j'avais pu bénéficier de l'IVG au moment où je venais de dépasser les 12 semaines de grossesse, je n'aurais pas développer ces 2 problèmes de santé-là puisqu'ils sont apparus plus tard (que ce fut long avant d'enfin pouvoir faire cette interruption médicale de grossesse, l'amniocentèse n'ayant pas pu avoir lieu à la 1ère tentative car la poche des eaux n'avait pas encore fusionné avec le chorion, il a fallu encore attendre, revenir, attendre les résultats, prendre le rendez-vous pour l'IMG, consulter l'anesthésiste et la psychologue, etc.). J'ai également développé durant cette grossesse une intolérance sévère à la lévothyroxine, je suis désormais contrainte de prendre 4 fois par jour de la liothyronine en monothérapie ce qui est contraignant et coûte cher. La grossesse, en particulier dans la phase post-partum, a également déclenché une nécrobiose aseptique d'un fibrome utérin ainsi qu'une poussée d'une maladie auto-immune des voies biliaires (maladie dont j'ignorais l'existence auparavant). La grossesse est un état loin d'être anodin pour la santé de la femme et personne ne devrait forcer une femme à mettre sa santé en danger afin d'imposer aux autres ses croyances personnelles. Il s'agit d'une décision médicale avant tout qui ne regarde que la femme et ses médecins. Il faudrait étendre l'accès au droit à l'interruption médicale de grossesse à défaut d'étendre l'accès au droit à l'avortement car trop de médecins font passer la vie du foetus et de l'embryon avant la vie ou la santé de la femme même si, dans la législation, cela devrait être la vie de la femme qui prime mais dans la réalité, c'est assez différent. Je ne m'étais jamais renseignée sur le droit à l'avortement en Belgique tellement je voulais être une maman donc je n'y pensais même pas, mais maintenant que j'ai vu ce qu'il en était, je me dis que j'ai eu beaucoup de chance cette fois-là de pouvoir bénéficier d'une interruption médicale de grossesse suite à la trisomie 21 du foetus vu que mon état de santé qui se détériorait n'était pas une raison suffisante pour m'autoriser à avoir recours à une interruption médicale de grossesse.
Plus nos connaissances scientifiques évoluent, plus on se rend compte que le commencement de la vie débute plus tôt que nous ne le pensons. La liberté d'un individu ne devrait jamais primer sur la vie d'autrui.
Quand j’ai appris que j’étais enceinte en 2021, j’étais extrêmement heureuse. Je prenais un médicament contenant une combinaison de levothyroxine (T4) et de liothyronine (T3, l'hormone thyroïdienne active) et ça me réussissait bien à l'époque mais les endocrinologues ont strictement refusé de me laisser prendre ce médicament plus longtemps pendant que j'étais enceinte car ce n'est pas recommandé car cela pourrait théoriquement nuire au développement cérébral de l'embryon. Je n'étais autorisée à prendre que de la lévothyroxine en monothérapie (T4, une hormone thyroïdienne inactive qui doit être convertie en T3 par l'organisme), ce qui m'a fait retomber dans l'hypothyroïdie au point que je suis devenue suicidaire pendant ma grossesse à cause de la sévérité de mes symptômes d'hypothyroïdie, y compris une myopathie, qui sont devenus si graves que j'étais à peine capable de marcher (et même de me tenir debout et de plier les jambes) et c'est à ce moment que j'ai appris que le logement je louais était sur le point d'être vendu et la difficulté de marcher était un problème pour visiter d'autres logements et le père du bébé m'a quittée à ce moment-là.
Quand j'ai appris que je ne pourrais pas avorter car je venais tout juste de dépasser les 12 semaines de grossesse et ma myopathie hypothyroïdienne était si sévère (de plus en plus sévère), je voulais mettre fin à mes jours, ce qui aurait mis fin à la vie de mon petit bébé aussi. Je ne regardais plus s'il y avait des voitures venant dans ma direction pendant que je traversais péniblement des rues en souffrant tant de cette myopathie (qui aurait pu aboutir à une rhabdomyolyse si les choses avaient continué à s'aggraver). J'ai réalisé que les avortements ne sont pas toujours dus au fait qu'une femme a eu des relations sexuelles qui la font tomber enceinte alors qu'elle ne veut pas d'enfant, cela peut être pour une raison médicale qui n'est pas suffisante pour donner accès à une interruption médicale de grossesse mais suffisamment importante pour provoquer une détresse sévère chez la femme. Une heure après avoir arrêté de surveiller s'il y avait des voitures venant dans ma direction alors que je traversais les routes pour me rendre à mon rendez-vous de suivi avec mon obstétricien pour obtenir les résultats du NIPT (test prénatal non invasif) j'ai appris qu'il y avait un problème médical grave avec mon petit bébé (confirmé ultérieurement par une amniocentèse, une trisomie 21 (syndrome de Down) libre, complète et homogène et un intestin fœtal hyperéchogène), après plusieurs consultations avec deux obstétriciens (la loi exige qu'il y ait un autre obstétricien pour confirmer le diagnostic afin de permettre une interruption médicale de grossesse), une psychologue, une assistante sociale pour parler de l'enterrement (très douloureux à faire, encore plus quand le père du bébé n'était pas là avec moi, il ne se sentait plus du tout concerné), une anesthésiste (plus 3 sages-femmes le jour où on m'a déclenché le travail car c'est le seul moyen de mettre fin à une grossesse après 12 semaines en Belgique). L'accouchement (à 19 semaines et 2 jours de grossesse) en lui-même s'est très bien passé, je suis restée deux jours et une nuit à l'hôpital. J'étais soulagée.
J'ai eu accès à une interruption médicale de grossesse uniquement en raison du problème médical grave du fœtus, mais que se serait-il passé si je n'avais pas été autorisée à bénéficier d'une interruption médicale de grossesse ? J'aurais mis fin à mes jours et le foetus que je portais n'aurait pas survécu de toute façon, j'étais désespérée à ce point car je n'étais pas en état de faire de faire les démarches qui me semblaient trop compliquées pour aller avorter aux Pays-Bas, je voulais aussi que cette grossesse se finisse vite car je n'en pouvais plus physiquement, je n'avais même pas les moyens d'aller avorter là-bas et j'avais trop de mal à me déplacer à cause de ma myopathie hypothyroïdienne qui affectait beaucoup mes jambes que pour pouvoir aller avorter là-bas. Et qu’en est-il des autres femmes enceintes dans un cas similaire qui souffrent de problèmes médicaux très sérieux au cours de leur grossesse, mais pas suffisamment pour leur permettre de bénéficier d’une interruption médicale de grossesse ? J'ai eu beaucoup de chance de pouvoir bénéficier de cette interruption médicale de grossesse, j'ai une pensée pour les femmes qui n'ont pas cette chance. Je n'ai jamais regretté ma décision, pas même une seule fois.
J'ai également développé des premiers signes d'insuffisance cardiaque (ce qui est rare au cours du 2ème trimestre mais cela a heureusement fini par aller mieux après l'interruption médicale de grossesse mais maintenant je souffre d'un syndrome de tachycardie orthostatique posturale sévère et invalidant et la majorité de mes ECG que j'ai passés depuis lors sont anormaux maintenant (ce n'était jamais le cas avant la grossesse) et aussi une stéatose hépatique (j'avais fait une échographie de mon foie avant et après la grossesse pour d'autres raisons et c'est comme ça que j'avais découvert que j'avais développé une stéatose hépatique au cours de cette grossesse alors que je n'avais jamais eu un foie gras de ma vie (plusieurs échos pour en attester). La stéatose hépatique aiguë pendant la grossesse est très dangereuse pour la vie de la femme et peut même être mortelle. Il a fallu plus d'une demi-année pour que mon foie ne soit plus gras (et je suis une personne très mince, ce n'était pas un problème lié à l'alimentation). Si j'avais pu bénéficier de l'IVG au moment où je venais de dépasser les 12 semaines de grossesse, je n'aurais pas développer ces 2 problèmes de santé-là puisqu'ils sont apparus plus tard (que ce fut long avant d'enfin pouvoir faire cette interruption médicale de grossesse, l'amniocentèse n'ayant pas pu avoir lieu à la 1ère tentative car la poche des eaux n'avait pas encore fusionné avec le chorion, il a fallu encore attendre, revenir, attendre les résultats, prendre le rendez-vous pour l'IMG, consulter l'anesthésiste et la psychologue, etc.). J'ai également développé durant cette grossesse une intolérance sévère à la lévothyroxine, je suis désormais contrainte de prendre 4 fois par jour de la liothyronine en monothérapie ce qui est contraignant et coûte cher. La grossesse, en particulier dans la phase post-partum, a également déclenché une nécrobiose aseptique d'un fibrome utérin ainsi qu'une poussée d'une maladie auto-immune des voies biliaires (maladie dont j'ignorais l'existence auparavant). La grossesse est un état loin d'être anodin pour la santé de la femme et personne ne devrait forcer une femme à mettre sa santé en danger afin d'imposer aux autres ses croyances personnelles. Il s'agit d'une décision médicale avant tout qui ne regarde que la femme et ses médecins. Il faudrait étendre l'accès au droit à l'interruption médicale de grossesse à défaut d'étendre l'accès au droit à l'avortement car trop de médecins font passer la vie du foetus et de l'embryon avant la vie ou la santé de la femme même si, dans la législation, cela devrait être la vie de la femme qui prime mais dans la réalité, c'est assez différent. Je ne m'étais jamais renseignée sur le droit à l'avortement en Belgique tellement je voulais être une maman donc je n'y pensais même pas, mais maintenant que j'ai vu ce qu'il en était, je me dis que j'ai eu beaucoup de chance cette fois-là de pouvoir bénéficier d'une interruption médicale de grossesse suite à la trisomie 21 du foetus vu que mon état de santé qui se détériorait n'était pas une raison suffisante pour m'autoriser à avoir recours à une interruption médicale de grossesse.
Plus nos connaissances scientifiques évoluent, plus on se rend compte que le commencement de la vie débute plus tôt que nous ne le pensons. La liberté d'un individu ne devrait jamais primer sur la vie d'autrui.