À propos du Déluge, les oiseaux (colombe et corbeaux) sont présents dès le récit de Gilgamesh (Mésopotamie) : « Cet homme fit le récit à Gilgamesh de la colère des grands dieux, qui avaient voulu dépeupler la Terre parce que les hommes, de plus en plus nombreux, faisaient un vacarme étourdissant qui empêchait les dieux de se reposer. Cependant, le dieu Ea des eaux souterraines, protecteur des humains, avait trahi les autres dieux en prévenant en songe son ami Atrahasis, en lui enjoignant de construire une arche étanchée au bitume et d’embarquer avec lui des spécimens de tous les êtres vivants. À peine l’écoutille avait-elle été fermée que Nergal arrachait les étais des vannes célestes, et que Ninurta se précipitait pour faire déborder les barrages d’en-haut. Adad étendit dans le ciel son silence-de-mort, réduisant en ténèbres tout ce qui avait été lumineux ! Six jours et sept nuits durant, bourrasques, pluies battantes, tonnerre, éclairs et ouragans brisèrent la Terre comme une jarre. Les dieux eux-mêmes étaient épouvantés : prenant la fuite, ils escaladèrent jusqu’au ciel d’Anu où, tels des chiens, ils demeuraient pelotonnés. Le septième jour, la mer se calma et s’immobilisa, et l’arche accosta au mont Nishir. Atrahasis prit une colombe et la lâcha ; la colombe s’en fut, mais elle revint. Plus tard, il prit une hirondelle et la lâcha ; l’hirondelle s’en fut, mais elle revint. Enfin, il prit un corbeau et le lâcha ; le corbeau s’en fut, mais ayant trouvé le retrait des eaux, il picora, croassa, s’ébroua, et ne revint pas. Alors, Atrahasis dispersa aux quatre-vents tous les spécimens des êtres-vivants qui se trouvaient encore dans l’arche, et fit un sacrifice. Lorsqu’il constata, après le cataclysme, que ses plans avaient été déjoués, Enlil retrouva néanmoins son calme, car il avait fini par comprendre que la disparition des hommes aurait ramené à la situation qui avait conduit à leur création. Il accorda l’immortalité à Atrahasis, mais fit en sorte que les hommes troublent désormais moins la quiétude des dieux, en diminuant la durée de vie des humains, en introduisant les maladies, la stérilité, etc."
Le texte fondateur (circa 1800 av J.C.) est repris dans la Genèse (entre le XVe et le XIIIe siècle av J.C.) : "Or au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre de l’arche qu’il avait faite. Il lâcha le corbeau qui s’envola, allant et revenant, jusqu’à ce que les eaux découvrent la terre ferme. Puis il lâcha la colombe pour voir si les eaux avaient baissé sur la surface du sol. Mais la colombe ne trouva pas où poser la patte ; elle revint à lui vers l’arche car les eaux couvraient toute la surface de la terre. Il tendit la main et la prit pour la faire rentrer dans l’arche. Il attendit encore sept autres jours et lâcha à nouveau la colombe hors de l’arche. Sur le soir elle revint à lui, et voilà qu’elle avait au bec un frais rameau d’olivier ! Noé sut ainsi que les eaux avaient baissé sur la terre. Il attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe qui ne revint plus vers lui. Or, en l’an six cent un, au premier jour du premier mois, les eaux découvrirent la terre ferme. Noé retira le toit de l’arche et vit que la terre était ferme. (…)"
@@annesteinberg-vieville6862 Votre vidéo m'a passionné. Pour cet aspect guerrier, Uccello m'a plutôt fait penser aux scènes de bataille qu'on voit dans Les Nibelungen de Fritz Lang, mais c'est un détail. Puisque vous prenez la peine de répondre en personne aux commentaires (et je vous en sais gré), pourriez-vous m'aider ? Plusieurs critiques mentionnent la présence d'un corbeau et d'une colombe dans le Déluge de Paolo Uccello, or je n'arrive à distinguer ces oiseaux nulle part. Où doit-on regarder ? (Selon Paul Veyne, la colombe serait au-dessus de la tête de Noé : je ne l'aperçois pas. Quant au corbeau, il pourrait se situer en bas à droite mais sa forme me demeure floue.)
Conformément au texte biblique, la colombe annonce à Noé la fin du déluge : elle est bien au dessus de sa tête légèrement à gauche ; elle tient un rameau d’olivier qui touche la main du patriarche
Quant au corbeau, il est situé en bas à droite de la fresque : la forme noire. Je n’ai pas abordé ces aspects illustratifs car, vous l’aurez compris, c’est la géométrie et la perspective qui m’intéressent.
Un agrandissement de cette image devrait vous permettre de distinguer les oiseaux : upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/72/Deluge%2C_Waters_Subsiding_and_Noah_Stories_by_Paolo_Uccello_01.jpg
Vos videos sont sublimes, a la fois limpides et érudites. Merci.
Merci à vous pour cet éloge. Sachez que vous pouvez retrouver les textes sur mon blog : annstein.unblog.fr et annstein2.unblog.fr
Good day. It's very interesting video-presentation. Thank you very much. Good luck!
Thank you
Merci à vous
Formidable! Merci beaucoup
Merci à vous
J'aime tes vidéos. Ils sont magnifiques et je les regarde une et autre fois. Les idées que contient sont une véritable source d'inspiration.
À propos du Déluge, les oiseaux (colombe et corbeaux) sont présents dès le récit de Gilgamesh (Mésopotamie) :
« Cet homme fit le récit à Gilgamesh de la colère des grands dieux, qui avaient voulu dépeupler la Terre parce que les hommes, de plus en plus nombreux, faisaient un vacarme étourdissant qui empêchait les dieux de se reposer.
Cependant, le dieu Ea des eaux souterraines, protecteur des humains, avait trahi les autres dieux en prévenant en songe son ami Atrahasis, en lui enjoignant de construire une arche étanchée au bitume et d’embarquer avec lui des spécimens de tous les êtres vivants.
À peine l’écoutille avait-elle été fermée que Nergal arrachait les étais des vannes célestes, et que Ninurta
se précipitait pour faire déborder les barrages d’en-haut.
Adad étendit dans le ciel son silence-de-mort, réduisant en ténèbres tout ce qui avait été lumineux !
Six jours et sept nuits durant, bourrasques, pluies battantes, tonnerre, éclairs et ouragans brisèrent la Terre comme une jarre. Les dieux eux-mêmes étaient épouvantés : prenant la fuite, ils escaladèrent jusqu’au ciel d’Anu où, tels des chiens, ils demeuraient pelotonnés.
Le septième jour, la mer se calma et s’immobilisa, et l’arche accosta au mont Nishir. Atrahasis prit une colombe et la lâcha ; la colombe s’en fut, mais elle revint.
Plus tard, il prit une hirondelle et la lâcha ; l’hirondelle s’en fut, mais elle revint.
Enfin, il prit un corbeau et le lâcha ; le corbeau s’en fut, mais ayant trouvé le retrait des eaux, il picora, croassa, s’ébroua, et ne revint pas.
Alors, Atrahasis dispersa aux quatre-vents tous les spécimens des êtres-vivants qui se trouvaient encore dans l’arche, et fit un sacrifice.
Lorsqu’il constata, après le cataclysme, que ses plans avaient été déjoués, Enlil retrouva néanmoins son calme, car il avait fini par comprendre que la disparition des hommes aurait ramené à la situation qui avait conduit à leur création.
Il accorda l’immortalité à Atrahasis, mais fit en sorte que les hommes troublent désormais moins la quiétude des dieux, en diminuant la durée de vie des humains, en introduisant les maladies, la stérilité, etc."
Le texte fondateur (circa 1800 av J.C.) est repris dans la Genèse (entre le XVe et le XIIIe siècle av J.C.) :
"Or au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre de l’arche qu’il avait faite. Il lâcha le corbeau qui s’envola, allant et revenant, jusqu’à ce que les eaux découvrent la terre ferme. Puis il lâcha la colombe pour voir si les eaux avaient baissé sur la surface du sol.
Mais la colombe ne trouva pas où poser la patte ; elle revint à lui vers l’arche car les eaux couvraient toute la surface de la terre. Il tendit la main et la prit pour la faire rentrer dans l’arche. Il attendit encore sept autres jours et lâcha à nouveau la colombe hors de l’arche. Sur le soir elle revint à lui, et voilà qu’elle avait au bec un frais rameau d’olivier ! Noé sut ainsi que les eaux avaient baissé sur la terre. Il attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe qui ne revint plus vers lui. Or, en l’an six cent un, au premier jour du premier mois, les eaux découvrirent la terre ferme. Noé retira le toit de l’arche et vit que la terre était ferme. (…)"
« immanquablement » ? (11:13.)
Pour moi, l’analogie avec les images d’Eisenstein est évidente
@@annesteinberg-vieville6862 Votre vidéo m'a passionné. Pour cet aspect guerrier, Uccello m'a plutôt fait penser aux scènes de bataille qu'on voit dans Les Nibelungen de Fritz Lang, mais c'est un détail.
Puisque vous prenez la peine de répondre en personne aux commentaires (et je vous en sais gré), pourriez-vous m'aider ? Plusieurs critiques mentionnent la présence d'un corbeau et d'une colombe dans le Déluge de Paolo Uccello, or je n'arrive à distinguer ces oiseaux nulle part. Où doit-on regarder ? (Selon Paul Veyne, la colombe serait au-dessus de la tête de Noé : je ne l'aperçois pas. Quant au corbeau, il pourrait se situer en bas à droite mais sa forme me demeure floue.)
Conformément au texte biblique, la colombe annonce à Noé la fin du déluge : elle est bien au dessus de sa tête légèrement à gauche ; elle tient un rameau d’olivier qui touche la main du patriarche
Quant au corbeau, il est situé en bas à droite de la fresque : la forme noire.
Je n’ai pas abordé ces aspects illustratifs car, vous l’aurez compris, c’est la géométrie et la perspective qui m’intéressent.
Un agrandissement de cette image devrait vous permettre de distinguer les oiseaux : upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/72/Deluge%2C_Waters_Subsiding_and_Noah_Stories_by_Paolo_Uccello_01.jpg