trouble à l'ordre public !

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  • Опубліковано 17 лис 2024
  • Je suis arrivé au poste avec ce que j'avais sur moi, c'est-à-dire pratiquement rien, juste mon sac en toile de jute avec mes cordes enroulées, mes cadenas et ma carte d'identité - heureusement d'ailleurs ! - et « Oeuf » écrit sur les seins parce que « œuvre », ça rentrait pas !
    Pas de portable non plus, pas d'habits, pas d'argent !
    On me démarre à la cool, bonne ambiance, ça rigole ! Le courant semble passer, mais quand on m'explique que le Louvre a porté plainte, ça commence à riper un peu au niveau des atomes crochus !
    J'ai droit à un avocat, mais on m'en dissuade : « De toute manière ça va rien changer, en dehors de vouscoûter une blinde ! »
    Un médecin aussi... mais bon, je le saurais pour la prochaine fois !
    Et un coup de téléphone... un seul. J'appelle Maria pour la rassurer , je lui dis qu'on est sur écoute !
    18 h, direction deuxième sous-sol ou premier, ou rez-de-chaussée ; il fait froid. On me met dans une pièce avec deux meufs qui me fouille au corps, ça tripote de partout : « Ah, t'as oublié de lui passer le machin entre les jambes ! » Donc, OK, imaginez que ça sonne... je ne sais pas ce qu'elles vont faire ?
    On m'enlève mes bagues, mes boucles d'oreilles (une qui n'est jamais revenue), ma pince à cheveux et là tu te retrouves comme au premier jour, face à ta triste réalité de chair et de peau avec tes trois cheveux en désordre, tes claquettes, ton legging et un petit sweat pour couvrir ton corps de vielle fripée (quelqu'un a dit : « Elle a vraiment le physique de ses idées ! »).
    Je commence vraiment à me les peler !
    On arrive dans une zone, genre les urgences de l'hôpital ; une première porte blindée qui ne s'ouvre que dans un sens avec une carte à biper, une deuxième et ensuite un espace éclairé aux néons avec des cellules en métal de douze mètres carrés les unes à côté des autres.
    J'aperçois derrière le gras des parois en plexiglas des personnes allongées dans des couvertures jaunes, des hommes, quelques migrants je pense... Quatrième cellule, c'est pour moi !
    Je jette un œil aux toilettes : à la turque bien sûr, dégueulasses, sans cloison, et surtout pas de papier !
    Là il est 18 h et je sais que ça va être long. Le mec d'à côté commence à taper comme un malade avec ses pieds, il gueule qu'il n'a rien fait et qu'il veut sortir ! Toutes les trois ou quatre minutes, il fait des pauses de trois ou quatre secondes, et ça repart.
    À force, ça commence à plomber ! Le mec est un géant de plus de cent kilos et on sent bien que le plexiglas ne va pas tenir longtemps, du coup, direction infirmerie et retour doux comme un agneau... dodo direct !
    Assez bruyant donc, avec des moments de calme, des gens qui pleurent, des « t'as gueule ! » des policiers qui passent, des « C'est toi qui as tapé ? T'as faim ? » et quand tu veux savoir l'heure, personne te répond !
    Les gardiens surjouent l'inhumain pour bien te faire comprendre que t'es qu'une grosse merde et on sent clairement la volonté d'humilier, d'autant plus grave que ça surajoute au traumat perceptible de pas mal de détenu.
    Au fur et à mesure que le temps passe, on sent que ça s'enfonce dans le dur.
    Par une petite trappe, on me balance une couverture et un plateau de bouffe sur le sol plein de taches d'urine non nettoyées, avec l'odeur en plus : impossible de manger !
    Je me roule dans ma couverture en songeant que rester une trentaine d'heures dans le froid sans bouffer... pour le gars qu'a déjà une fragilité, ben y'a même plus besoin de procès !
    Je dois à tout prix trouver le sommeil pour m'échapper de cette merde, mais je suis toujours sans chaussures, j'ai froid aux pieds et en plus je suis claustrophobe. Du coup, je m'agite, me relève, appelle
    pour avoir du papier toilette ; on me dit qu'ils n'ont pas que ça à faire et que je n'ai qu'à me démerder - mot choisi ! - comme les autres. Heureusement, une policière prise d'un léger scrupule me balance un
    paquet de Kleenex, voilà, c'est déjà ça de gagné !
    Je demande aussi un verre parce que le robinet, c'est genre une fontaine. On me dit que je n'ai qu'à me servir de mes mains comme tout le monde !
    Mais le temps que ça arrive à ma bouche, avec mes petites mains, c'est impossible...
    Pour arrêter de penser que je suis enfermée, réenfermée, et réréenfermée à double tour dans un sous-sol sans aération et sans fenêtre, je me concentre sur les poèmes de Maria que je connais par cœur et, à force, je m'endors jusqu'à six ou sept heures malgré les néons, les gens qui passent et les portes qui s'ouvrent, se referment toute la nuit comme dans les séries Netflix, mais en plus sale...
    Quand quelqu'un part, y'a pas de nettoyage mais, à travers une grosse trace de mains sur mon plexiglas, j'entrevois des matelas très sales dans le couloir et parfois des mecs qui se ramènent avec des seaux donc il doit bien se passer des trucs, faut juste qu'il y ait eu excès apparemment !
    #artist #resist #gav #museedulouvre #joconde

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