Les éclaireurs, épisode 2 : le métier de l'élu local

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  • Опубліковано 28 лип 2015
  • by Les Beaux Yeux (lesbeauxyeux.fr/)

КОМЕНТАРІ • 3

  • @DominiqueFilatre
    @DominiqueFilatre 9 років тому

    Alors, je dois dire que le passage où il est question des élus locaux devenus élus gestionnaires m'a fait tousser. Il y a eu un célèbre livre de Pierre Grémion, qui doit dater de 1976 (me semble-t-il, ça ne rajeunit pas...) qui explique que le notable tient son pouvoir de son monopole d'accès à l'administration. Et maintenant, nous avons des gestionnaires mais cela ne change pas grand chose sur un point fondamental : un élu a une légitimité en relation avec sa fonction de représentant qui concerne les finalités de l'action publique, il n'a aucune légitimité en relation avec une compétence professionnelle qui concerne la gestion des moyens de l'action publique. Tout le monde a bien conscience que les élus sont très polarisés sur les questions de moyens, eh bien c'est ça le problème...
    Il est sidérant d'entendre que ces "nouveaux élus gestionnaires se doivent de maîtriser parfaitement les nouveaux outils de management qui se répandent dans l'administration". Mais non, ah que non ! Attendez, vous voulez accepter l'idée d'un élu chef d'entreprise, autrement dit petit patron ? Mais il n'est pas propriétaire ? Un élu manager ? Mais on ne tire pas cette compétence d'une élection ! Halte au rêve de la promotion sociale par une élection qui servirait de tour extérieur dans les institutions publiques ! Le rôle des élus, c'est de faire de la politique au nom des citoyens qu'ils représentent, c'est d'être des passeurs entre l'expertise, la complexité des professionnels, et le public qui est le détenteur de la finalité (on disait la volonté générale autrefois, mais c'est bien la même chose).
    En démocratie, les élus représentent. Mais est-ce que cela les intéresse ? Nous en sommes à ce que, aujourd'hui, la procédure électorale soit mise par les citoyens pour se faire représenter : voilà où nous en sommes. Et je ne vois que les cabinets spécialisés en stratégie et ingénierie de la concertation soient débordés par la demande des collectivités...
    Personnellement, j'ai fait de la formation auprès d'élus municipaux (en finances locales) et j'ai été plusieurs fois DGS. Tout le monde sait que les élus locaux qui se prennent pour des chefs de service sont une plaie de nos collectivités, tout le monde sait que le DG a le pouvoir que le Président ou le Maire lui confie de manière discrétionnaire. Attention, il est très important que les élus comprennent, que les experts internes ou externes disent ce qu'ils savent et ce qu'ils ne savent pas, mais les élus qui se prennent pour des chefs ruinent la démocratie. Qui plus est, c'est une position qui sera de plus en plus difficile à tenir quand on voit comment les nouvelles technologies renforcent les aspirations de la génération qui veut du pair à pair, qui ne croit ni à la légitimité du propriétaire ni à la légitimité du manager dont la compétence serait héritée d'un vieux diplôme sans actualité.

    • @27eregion
      @27eregion  8 років тому

      Bonjour, et pardon pour cette réponse... pour le moins tardive ! Mieux vaut tard que jamais, dit-on ! En lisant votre réaction, je comprends que le ton neutre de la vidéo semble induire que nous faisons la promotion de l'élu gestionnaire... or ce n'est pas du tout le cas.
      Les Éclaireurs est une série qui vise à mettre en avant les résultats de la recherche et le travail des chercheurs. Ceux-ci ont beaucoup documenté le passage à l'élu gestionnaire. Cela ne veut bien sûr pas dire que c"est une tendance positive ou négative, il s'agit simplement de constater l'évolution dans le métier des élus...
      Effectivement, nombreux sont celles/ceux qui font, comme vous, la promotion d'un élu ayant une vision forte politique mais ne cherchant pas à se mêler du fonctionnement interne des services.
      Merci en tout cas pour votre retour et votre partage d'expérience très intéressant ! N'hésitez pas à nous recontacter à l'occasion si vous souhaitez nous rencontrer (la27eregion.fr -> onglet contact).
      L'équipe de La 27e Région

    • @DominiqueFilatre
      @DominiqueFilatre 8 років тому

      +27eregion Merci de m'avoir répondu - même tardivement. J'ai donc regardé à nouveau la vidéo. Je connais beaucoup mieux la 27ème région aujourd'hui qu'au moment où j'ai découvert cette vidéo, et je trouve que vous faites un travail intéressant. Ce nouveau visionnage me dit plutôt que cette vidéo pose des problèmes de niveau de lecture : à qui s'adresse-t-elle en fait ?
      Déjà le titre pose problème, le métier d'élu local... Peut-on vraiment assimiler l'exercice d'un mandat à un métier ? Faut-il vraiment que les élus locaux aient des compétences en management ? J'ai observé, il y a peu de temps, qu'un cabinet de formation d'élus proposait très officiellement et très directement ce type de formation au management. J'ai moi-même fait des centaines de journée de formation aux élus municipaux en finances, et j'ai été amené à transformer mes prestations dans le sens du management des finances, parce que je voyais des élus qui ne savaient pas ce qu'ils pouvaient demander aux services. Je voyais des adjoints aux finances pris dans le piège d'une position de chef sans repères suffisants des rouages de l'organisation des finances locales, délicieusement complexes pour conserver aux initiés leurs pouvoirs, pour atteindre l'autonomie et retrouver le chemin des questions politiques de finalités.
      Pourtant, aujourd'hui, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de trop orienter les élus vers l'expertise. Je pense que le passage du notable au gestionnaire est le contraire d'une évolution ou d'une mutation, c'est l'habillage d'une continuité où l'élu recherche son pouvoir dans la captation d'une rupture de communication entre les citoyens et la complexité administrative. A mes yeux, le cœur du problème actuel de la légitimité défaillante des élus, c'est le mandat : nous avons des élus sans réel mandat des électeurs, et sans dialogue avec les électeurs. En démocratie, il faut du lien entre les experts de la chose publique et les citoyens et surtout pas des élus qui font écran. Pour résumer ma pensée, cela ne sert à rien de faire comprendre le sabir politico-administratif aux élus si ceux-ci deviennent seulement quelques membres supplétifs d'une élite refermée sur elle-même et toujours aussi peu partageuse de la controverse sur les enjeux. C'est la zone grise, pour reprendre la terminologie de Denys Lamarzelle, lequel trouve d'ailleurs très bien que l'on trouve de plus en plus d'administrateurs et de cadres territoriaux parmi les élus locaux... (voir www.lagazettedescommunes.com/412054/denys-lamarzelle-le-passage-dun-poste-de-dgs-a-un-mandat-delu-est-devenu-naturel/ ). Vous l'aurez compris, je ne suis pas du tout d'accord !
      C'est ça le point faible de cet épisode 2 de la série des éclaireurs. Il n'est pas aussi neutre que ça, il valide tacitement le mimétisme en marche dans le secteur public local vers la fusion entre les administrateurs et les "grands élus" sur le modèle de l'État : haute administration, cabinets, ministres, médias, élus, administrateurs de grands groupes, etc, mais où, finalement, on passe d'une fonction à l'autre tout en restant en permanence dans l'entre-soi. Peut-être est-ce une validation innocente, peut-être suis-je un observateur pervers ou excessif... ou neutre moi aussi. Sincère en tous cas !
      Dominique Filatre - localidees.blogspot.fr -@Filatre