Infirmière aux soins intensifs : portrait - RTBF Info

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  • Опубліковано 27 жов 2024
  • Manque de lits, manque de bras : on ne compte plus le nombre de fois où on a entendu les soignants crier ces mots. Clamer leur désarroi. Mais derrière ces termes, que se cache-t-il comme réalité de terrain ? Nous avons voulu vivre ce quotidien, le comprendre de l’intérieur, en marchant dans les pas d’une infirmière en chef aux soins intensifs. De l’aube au crépuscule, Emmanuelle Desmet, 47 ans, nous a accueillis dans sa réalité.
    Il est 7 heures du matin, l’accueil du CHWAPI est encore calme. Mais au troisième étage, il est un couloir qui fourmille sans relâche. Le cœur névralgique de l’hôpital. Le service le plus critique.
    A peine sa tenue de ville troquée pour sa tenue d’infirmière, le téléphone sonne. "Je sais déjà pourquoi tu m’appelles", lâche Emmanuelle. "Deux décès hier soir et cette nuit. Je suis déjà au courant." Deux décès en unité covid. Nouveau coup de massue pour les équipes.
    Comme toujours, la journée commence sur les chapeaux de roues, avec un tour des patients et des équipes. Entre les urgences, les patients "longue durée", les transferts, le service grouille. Dans certaines chambres, les infirmiers sont à sept à s’affairer autour d’un patient. Problème ? Le personnel manque cruellement. Et chaque jour amène son lot de nouvelles absences. "Jacques, j’ai un problème", annonce Emmanuelle, au téléphone avec son supérieur hiérarchique. "J’ai une infirmière qui a été en contact à haut risque avec une personne positive. Je dois la renvoyer chez elle." Silence tendu… "Sinon on est hors la loi !", appuie-t-elle. "On n’a pas le choix." L’infirmière en question devra donc laisser son patient à ses collègues et rebrousser chemin.
    Infirmière depuis vingt ans, jamais elle n’a connu autant d’absences dans ses équipes. Pour les préserver au maximum, elle s’efforce de détecter le moindre signe de mal-être. Emmanuelle elle-même tire sur la corde. "Je tiens le coup mais je suis épuisée […] C’est la nuit que tout me revient. On est rattrapé par tous les problèmes qu’on gère la journée. Cela arrive que je passe la nuit sans dormir. Cela arrive même régulièrement."
    Tout au long de la journée, une question reste suspendue à ses lèvres : combien de places reste-t-il ? Vu les deux décès, deux lits se sont libérés en unité covid. Pour pouvoir gagner un peu de place aussi dans l’aile non-covid, des patients sont transférés de chambre en chambre. Sans place disponible aux soins intensifs, le quartier opératoire est obligé d’annuler les interventions. Les patients prévus au bloc savent donc le matin même si leur opération peut être maintenue ou pas.
    Derrière les machines et les tuyaux, le seul patient conscient du service observe les infirmiers avec une admiration sans faille. "Ce sont des petites fourmis. Il faut le voir pour le croire. C’est un monde de petites fourmis. Quand vous vous sentez étouffer et que vous ne savez rien faire, si vous n’avez personne… vous vous laissez partir. Mais ils sont là. Ils sont toujours là."
    Ils sont là, mais pour combien de temps encore ?
    Sur l’ensemble de la journée, Emmanuelle ne se sera pas assise plus de quelques minutes. "Je mange toujours debout", sourit-elle. "Je ne sais pas combien de kilomètres je fais en une journée."
    Il est 18 heures quand Emmanuelle quitte l’hôpital. "A demain, bon courage", lance-t-elle à ses collègues. Elle n’aura pas vu la lumière du jour de la journée. "Quand j’arrive, il fait noir, quand je quitte, il fait noir. Normalement, je finis à 15 heures, les journées ne sont jamais aussi longues. Ou rarement. Mais là, c’est mon quotidien."
    Un quotidien éprouvant, mêlé de détermination, de courage, de fatigue et de colère. "Ce qui me va le plus loin, c’est qu’après deux ans de pandémie, rien n’ait vraiment changé. Il n’y a aucune reconnaissance. Les gens croient qu’une infirmière ça donne à manger et ça fait les toilettes. Oui, c’est ça aussi. Mais pas seulement."
    Comme tous ses collègues, elle ne voit pas le bout du tunnel. Mais elle en reste convaincue, "son travail a du sens". Et c'est ce sens qui la maintient debout. Encore et encore.
    Un sujet initialement diffusé le 16/12/2021.
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