BAROIN VEUT LIER DIVIDENDES ET SALAIRES

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  • Опубліковано 13 кві 2011
  • Après le tour de passe-passe fiscal, le coup de billard à deux bandes "suppression du bouclier fiscal + relèvement du seuil-plancher de l'ISF", voici une fausse bonne idée de plus, d'un gouvernement et d'un président qui ne savent plus comment redresser le pouvoir d'achat des français et honorer leurs promesses électorales. Pour les salariés, la proposition de Baroin paraît au premier abord séduisante, et pourtant les impressions sont trompeuses. Le tollé quasi général des syndicats n'est pas fortuit. Ils dénoncent un "plan communication". Pour mieux comprendre, remettons les choses dans leur contexte. En visite dans une usine d'aluminium du Puy-de-Dôme la semaine dernière, et deux jours après l'exposé du projet socialiste vers une répartition plus équitable des richesses dans un contexte d'inflation et de paupérisation accrues, Nicolas Sarkozy reprit ses habits de "président du pouvoir d'achat". Pour couper l'herbe sous le pied aux dirigeants du PS avides de victoire à la présidentielle de 2012, le chef de l'Etat, relayé par François Fillon, s'est appliqué à railler "la démagogie" de la gauche. Ne pouvant se contenter d'une critique improductive sans desservir sa propre action, il avança des pistes de travail, susceptibles de restaurer le pouvoir d'achat des ménages. "Il faudrait réfléchir à une manière de lier les dividendes aux salaires". Quelques jours plus tard, le zélé François Baroin (ici au micro de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1) répondit à l'injonction présidentielle par la "prime dividendes".
    Avant tout, il est utile de préciser que cette prime d'intéressement obligatoire des salariés est une indexation et non une redistribution, un transfert, ou la contrepartie d'une participation individuelle. Il ne s'agit pas de taxer les actionnaires, mais de faire peser une charge supplémentaire sur le patron. Le durcissement de sa contrainte budgétaire serait perçu par lui à la fois comme de l'interventionnisme étatique, et comme un frein à l'investissement. D'autant qu'il semble difficile de contraindre le patron à verser aux salariés une prime forfaitaire (partie variable du salaire, mais discontinue avec deux valeurs, 0 ou 1000 euros si l'on se réfère à la somme minimale voulue par le gouvernement), tandis que les actionnaires, eux, voient leurs dividendes fluctuer en fonction du résultat de l'entreprise. Côté bénéficiaire à présent. Le versement s'effectuerait à priori en fin d'exercice. Autant dire que le salarié n'aurait guère l'occasion d'utiliser cette prime pour soutenir son pouvoir d'achat en cours d'année. A moins de la réserver rigoureusement à cet usage prophylactique, il sera plutôt tenté de la dépenser pour payer ses achats de fin d'année et rembourser quelques crédits. A terme, une telle mesure impliquerait des changements de stratégie de la part du patron. Cela inciterait quelques entreprises à délocaliser, ou dissuaderait certaines de s'installer en France. D'autres encore contourneraient la contrainte en réduisant leurs effectifs salariés. Pourtant, ces 1000 euros par salarié, c'est autant d'argent qu'on pourrait mobiliser pour embaucher. Aussi, cette politique risquerait d'être contreproductive, les richesses se concentrant de nouveau en changeant simplement de portefeuille ; un soutien du pouvoir d'achat certes, mais du pouvoir d'achat d'une minorité de français, et d'un nombre qui tendrait à fondre au fil des mois.
    Cela irait à l'encontre du principe recherché, celui d'un partage plus équitable des richesses, pour autant que cette prime ne concernerait qu'une poignée de français, et même d'actifs. Seraient exclus de ce dispositif légal : les retraités, les femmes au foyer, les handicapés, les étudiants, les demandeurs d'emploi, les professions libérales et les artisans ; une majorité de PME ne serait pas non plus visée. En outre, les entreprises qui versent le moins de bénéfices ressentiraient une injustice anti-compétitive à devoir rogner la source d'investissements ultérieurs qui aurait pu les maintenir dans la course concurrentielle. Cela partait d'une bonne intention, et relèverait temporairement le pouvoir d'achat des salariés, mais cet objectif nécessite une protection étendue des bénéficiaires, ainsi que des actions plus fermes et plus efficaces. Au final, reste le goût amer d'une énième mesurette, déconnectée des préoccupations de nos concitoyens, inconséquente et pas si "juste" qu'elle pouvait le laisser penser.

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