Conférence Corine Pelluchon, Théâtre du Lucernaire (15 juin 2015)
présentée par Patrick Tudoret
Après un bref diagnostic sur la situation actuelle, que la crise écologique illustre bien, à condition qu'on la considère non comme une simple crise des ressources, mais comme une crise de la subjectivité engageant le rapport de l'homme à lui-même, aux autres êtres humains et non humains, à la nature, et le travail, nous proposerons quelques pistes de réflexion. Cependant, au lieu de nous placer au niveau des valeurs et de la morale, il s'agira de montrer ce que peut être la contribution de la philosophie, en particulier de la phénoménologie, à la réflexion sur le sens de l'existence, à la fois individuelle et collective. Le premier volet de cette réflexion, relatif à l'ontologie, prendra comme point de départ la corporéité, qui renvoie à la vulnérabilité, mais aussi à la
dimension de plaisir attachée originairement au fait de vivre. Quelle conception de la subjectivité et de l'être-avec-le-monde-et-avec-les-autres est à l'horizon de cette philosophie de la corporéité, dont la phénoménologie des nourritures est un des aboutissements ? Débouchant sur la notion de monde commun, cette partie conduira à une interrogation politique sur les finalités du contrat social et les conditions d'une possible rénovation de la démocratie. Enfin, nous esquisserons les éléments d'une éthique des vertus adaptée aux défis de notre temps en indiquant les traits moraux qu'il serait intéressant d'encourager chez les individus, afin de tenir les promesses liées à ce travail résolument constructif.